29 octobre 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-slovaques et la construction européenne, à Bratislava le 29 octobre 2013.


Je mesure lhonneur qui mest fait, à un moment qui est celui de plusieurs anniversaires. 20 ans que la Slovaquie est indépendante, 10 ans quelle a rejoint lUnion européenne, 5 ans quelle a adhéré à la zone euro. Cétait loccasion parfaite pour venir rappeler la relation entre la France et la Slovaquie.
Parce que la France a toujours été aux côtés de la Slovaquie dans notre histoire. Jen ai eu une nouvelle preuve avec cette exposition au château de Bratislava où jen félicite ceux qui lont organisée on a exhumé des archives. Je ne parle pas simplement des archives du Quai dOrsay, mais également des documents très anciens qui prouvent que dès le Moyen-Age, il y avait des relations entre nos deux pays.
Nous avons été aux côtés des Slovaques, comme les Slovaques ont été à nos côtés lors de la Première Guerre mondiale. Nous avons été aussi ensemble dans les combats contre le nazisme. La France a été également aux côtés des Slovaques pour, lors de la « Révolution de velours », assurer leur liberté et, selon leur propre vu, leur indépendance. Jai retrouvé, dans cette exposition, les photos de François MITTERRAND venant mais cétait la Tchécoslovaquie, saluer cette Révolution de velours.
20 ans ! Que de chemin parcouru par la Slovaquie ! Qui aurait pu imaginer quen 20 ans la Slovaquie ait pu se transformer à ce point ? A la fois se doter dinstitutions solides, stables, démocratiques, être capable de pouvoir ouvrir son économie et enfin être le premier pays de lEurope centrale à rejoindre la zone euro. Alors si on se dit que les Slovaques ont été capables de faire cela en 20 ans, vous imaginez pour les 20 prochaines années ce qui est devant nous, comme autant de défis que nous pouvons relever !
Nous sommes souvent - je ne parle pas des Slovaques, je parle des Français - toujours en train de nous interroger : savoir sil y a un sens de lHistoire, si nous avançons encore, sil y a une perspective de progrès Il y en a même qui pensent que cétait mieux hier je parle dhier ou davant-hier avec ce doute sur nous-mêmes Oui, lhistoire avance ! Elle peut même saccélérer. Cest tout le sens de ce que nous avons à faire pour lEurope.
LEurope, les Slovaques en attendaient beaucoup, en attendent encore énormément, en reçoivent néanmoins, à la fois par la stabilité que lEurope procure et également par la solidarité, à travers son budget notamment. Noublions pas que 75% des investissements publics slovaques sont financés par lUnion européenne.
LEurope, nous aussi, nous en attendons beaucoup. Nous en attendons une protection par rapport aux aléas des marchés. Nous attendons aussi quelle nous permette davancer vers de nouveaux enjeux : la transition énergétique, les nouvelles technologies et tant dautres investissements que nous avons à porter ensemble. Ce que nous attendons de lEurope, cest quelle nous procure davantage de croissance, de lemploi et également toujours une forme didéal : quavons-nous à faire ensemble ? Sûrement était-ce plus simple quand lEurope était à 12 ou 15. Elle est à 28 et peut-être que dautres pays nous rejoindront.
Alors il faut se donner de nouvelles étapes dans la construction. Cest ce que nous avons fait avec le président de la République et le Premier ministre slovaque. Nous avons réfléchi ensemble à ce que nous pouvions faire. On dira, mais quel est le rapport entre la France, pays fondateur, et la Slovaquie, pays nouvellement adhérent ? Quel est le rapport entre une grande économie, la deuxième dEurope et une économie qui nest pas aujourdhui la plus prospère dEurope même si elle est dynamique ?
Ce que nous avons à faire, cest porter le même état desprit, cest-à-dire la même volonté. Nous sommes conscients quil y a des menaces : menace de désespérance des peuples, menace aussi de montée des extrémismes. Mais il y a aussi de beaux enjeux à relever et cest ce que vous faites.
Cet après-midi, jai rencontré les acteurs économiques : 400 entreprises françaises présentes ici, investissant, créant des emplois 35 000. Quelques fois cela inquiète en France On se dit : est-ce que ces investissements, qui sont fait dans des pays dEurope centrale, ne sont pas au détriment de ce que lon pourrait faire dans notre propre pays ? Il faut y faire attention.
Je pense quil y a des courants déchanges, des courants dinvestissements qui sont utiles aux deux pays, en loccurrence la Slovaquie et la France. Jencourage les entreprises françaises à continuer à travailler ici et à appeler un niveau dactivité plus élevé encore dans notre pays. Nous avons signé un partenariat stratégique. Il existait déjà. Nous lui avons donné un contenu, dabord sur lénergie.
Il se trouve que la France et la Slovaquie ont choisi loption du nucléaire pour la production délectricité. Cest un legs de lhistoire, cest aussi un choix stratégique. Nous devons le valoriser et travailler ensemble. Cest ce que nous avons décidé de faire. Je sais quil y a ici des représentants dentreprises énergétiques et je pense que nous pouvons avoir une certaine fierté. Nous sommes capables de préparer un réacteur de nouvelle génération ensemble. Nous avons également les économies dénergie. Nous avons des entreprises tout à fait performantes en France sur ce terrain-là. Le partenariat stratégique inclut cette dimension.
Ensuite, les infrastructures. Jétais dans ce forum à côté du Premier ministre Robert FICO. Il me disait toute sa fierté davoir des autoroutes - je ne dirais pas construites par une entreprise française pour ne pas donner le sentiment dune confusion - mais je pense que nous avons une marque France à développer.
La coopération entre nos deux pays, ce nest pas simplement léconomie - cest beaucoup léconomie -, mais cest aussi la culture et la langue.
Je salue tous ceux qui y contribuent. Dabord, le réseau scolaire français à létranger, ici, en Slovaquie. Tous les enseignants et les personnels sy dévouent parce que cest à la fois un droit, le vôtre, de pouvoir mettre dans de bonnes conditions vos enfants dans lécole même si cela a un coût, je le connais. Mais cest aussi un devoir pour nous, Français, de faire rayonner notre culture et notre langue. Je salue donc ceux qui y contribuent.
Je parlais de lexposition de lInstitut français qui, avec les alliances françaises, font en sorte que lon parle un peu plus - je ne dis pas un peu mieux - le français. La Slovaquie est membre observateur de lorganisation internationale de la Francophonie. Le français nest pas simplement une langue que nous voulons voir parler pour lhonneur dêtre français et la fierté davoir une langue internationale. Cest aussi un élément de diversité, de culture et de promotion économique.
Je voulais aussi dire combien je souhaite que les Français dits de létranger soient bien représentés. Il y a des élus. Je salue le députe, M. LE BORGN' qui maccompagne. Il y a des conseillers qui représentent les Français de létranger. On va même augmenter leur nombre. Cest très important que ces élus puissent être à vos côtés pour traiter les questions qui vous concernent directement.
Je naime pas beaucoup le mot « expatrié ». Cest comme si lon était loin de sa patrie On est toujours patriote et Français, où que lon soit. On lest parfois même davantage à lextérieur quà lintérieur. On a limpression de défendre nos couleurs tout en servant les intérêts du pays où lon est.
Cest la raison pour laquelle, chaque fois que je me déplace - loccasion était trop belle, ici, à Bratislava, pour ces anniversaires - je veux rencontrer ceux que lon appelle « les Françaises et les Français de létranger », cest-à-dire vous, pour vous donner des nouvelles du pays si vous en manquiez, si vous naviez pas les actualités, les informations.
Notre pays a accompli beaucoup defforts ces derniers mois, ces dernières années. Ces derniers mois, tout particulièrement parce que cela a été dur. Il fallait redresser les comptes publics, remettre léconomie dans le bon sens, sortir de la récession, faire en sorte que nous puissions retrouver un niveau dinvestissement et de croissance.
Il y a toujours des impatiences. Il y a toujours des incompréhensions, des colères. Quel est le rôle du président de la République ? Cest dapaiser, de comprendre. Et, en même temps, de tracer la voie, de continuer. Si lon relâche la pression qui doit être sur nous pour nous élever, pour nous permettre dêtre plus forts pas simplement dans la compétition, cest déjà un point important, mais plus forts ensemble alors, le risque, cest que nous perdions confiance en nous-mêmes.
La France est un grand pays, leader en Europe, qui a besoin davoir aussi une relation amicale avec les Allemands parce que nous avons cette responsabilité de conduire lEurope. La France est un pays influent dans le monde et vous en faites également lexpérience. On attend la France, on regarde la France pour les valeurs quelle porte, pour les principes qui lont fondée. Nous avons donc un devoir : être toujours en capacité de donner à notre pays le sentiment quil est un grand pays. Vous y contribuez et cest pourquoi je tenais à vous exprimer toute ma gratitude.
Ce soir, il y aura encore un dîner officiel avec les autorités slovaques qui attendent beaucoup de nous et de la France. Il ne sagit plus simplement de libertés, elles sont acquises ici. Il sagit de savoir si nous serons capables de donner un contenu à la construction européenne, si nous serons capables, ensemble, tous ensemble, de tracer la voie.
Dans les discussions que jai eues avec le Premier ministre comme avec le Président, cétait le message qui nous était passé : « la France, vous devez ouvrir le chemin ! » Aujourdhui encore, vingt ans après lindépendance de la Slovaquie, il nous revient, avec les Slovaques douvrir le chemin.
Merci.