12 septembre 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les priorités de politique industrielle de la France, à Paris le 12 septembre 2013.

Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs, les industriels,
Mesdames, Messieurs,
Cest un événement inédit auquel nous participons aujourdhui. Il me permet ici dexprimer toute ma gratitude à légard des industriels, mais aussi des chercheurs, des ingénieurs, des travailleurs, bref, de tous ceux qui permettent à la France de croire en son avenir. Chacun des succès qui ont été affichés, chacune des innovations qui ont été exposées, chacun des produits qui ont été présentés, est une illustration de nos capacités à préparer notre avenir.
Depuis mon élection, jai confié à Arnaud MONTEBOURG la tâche de préparer un pacte productif. Le constat que nous avons dressé, il y a quinze mois, vous le connaissez : nous avons perdu en dix ans 750 000 emplois industriels, la part de lindustrie dans la production intérieure a fléchi de 4 points, et notre déficit commercial sest creusé, puisquil atteint 60 milliards deuros.
Les explications, nous les connaissons aussi : défaut de compétitivité, manque de spécialisation et, aussi, une mentalité qui laissait penser que lindustrie avait fait son temps, que nous rentrions dans une autre société, dans un autre univers, que nous navions plus besoin dusines, dingénieurs, douvriers, et que nous pouvions, à ce moment-là, nous livrer à ce quon appelle « léconomie des services ». Nous avons besoin de lindustrie et des services, comme de lagriculture, de tout ce qui fait production, et cest le sens de laction que nous avons engagée.
Le défi qui est le nôtre, et qui est le vôtre, cest de placer notre pays au premier rang de la compétition mondiale. Pour le relever, jai défini avec le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT une stratégie.
Cette stratégie, elle est cohérente et elle est globale. Elle commence par le redressement de nos finances publiques pour préserver notre souveraineté financière. Elle se poursuit avec le pacte de compétitivité pour redresser les marges de nos entreprises. Cest le crédit dimpôt compétitivité emploi. Ce dispositif est complété par la modernisation du marché du travail, afin dassurer une sécurisation de lemploi. Enfin, cette stratégie débouche sur une réforme du financement, une mobilisation de lépargne, la loi bancaire et la création de la Banque publique dinvestissement.
Depuis quinze mois, nous avons affronté un certain nombre de plans sociaux, de restructurations, de licenciements. Le ministre du Redressement productif ainsi que ses collègues au gouvernement ont fait face, les élus locaux se sont également mobilisés. Parfois nous avons réussi, parfois nous avons échoué. Parfois nous avons trouvé des repreneurs, parfois, ils ont fait défaut.
Mais notre stratégie ne peut pas être défensive. Certes, il nous faut préserver, assurer les reconversions nécessaires. Mais notre stratégie doit être résolument offensive. Et cest ce que nous avons voulu présenter aujourdhui.
Ce que nous voulons engager, cest une nouvelle France industrielle. Lidée nest pas si nouvelle, et chacun ici, en tout cas les plus anciens, a des exemples en tête, quand les grands programmes étaient lancés den haut, du Concorde au TGV, dARIANE au nucléaire. Nous en sommes légitimement fiers, mais gardons-nous de toute nostalgie.
Aujourdhui, les conditions ont changé. Nous sommes dans un nouvel âge de la mondialisation, les pays émergents sont devenus des concurrents redoutables. LAmérique sort de la crise renforcée avec un coût de lénergie beaucoup plus bas que le nôtre. Les pays européens, ceux qui ont le plus souffert, ont retrouvé une compétitivité qui leur offre, si la reprise se confirme, de nouvelles opportunités.
Alors, nous devons nous-mêmes définir une « politique industrielle ». Une politique industrielle ! Les mots même pourraient surprendre, je ne veux pas dire « choquer » Il ne sagit plus de revenir, là non plus, aux grands plans des années 60 ou 70, où lEtat était à la fois inventeur, prescripteur, producteur et client final £ ce temps-là est terminé.
Je ne souhaite pas non plus quon revienne à un Etat qui ninterviendrait que sur lenvironnement des affaires, attendant que les initiatives germent delles-mêmes et que le marché que nous respectons nous offre notre destin.
Aujourdhui, ce qui est attendu de lEtat, dabord, cest quil affiche des priorités £ quil dégage autant quil est possible des financements £ quil assure une stabilité de lenvironnement, notamment fiscal £ quil puisse également mobiliser lensemble des acteurs régions, universités, partenaires pour que nous puissions être unis pour agir dans les secteurs de pointe £ quil assure un haut niveau de finances publiques £ quil permette, par le crédit dimpôt recherche, dassurer aussi un haut niveau de recherche privée £ et quil permette également délever le niveau de formation et de qualification des jeunes générations.
LEtat na pas à se substituer à linitiative privée, car ce sont les industriels qui connaissent les marchés ils en ont fait la démonstration , les clients, les technologies. Mais, à lEtat, il revient de définir un cadre, daccompagner, de stimuler. Jai la conviction que cest par lindustrie, par son innovation, par son dynamisme, que la France pourra gagner les points de croissance qui lui manquent aujourdhui, que la France rééquilibrera sa balance commerciale, rétablira ses comptes, recréera des emplois pas simplement dans lindustrie, mais dans tous les services qui accompagnent lindustrie, servent lindustrie et enfin, permettra aussi de redonner espoir dans lavenir.
Pour la première fois depuis longtemps, il y a un ministère de lIndustrie de plein exercice. Arnaud MONTEBOURG, ce titre a un sens, « ministre du Redressement productif », parce quil ny a pas de grandes nations sans capacités industrielles.
Pour y parvenir, la France doit renouveler sa production, proposer de nouveaux objets, utilisant les dernières avancées technologiques, les derniers équipements, les dernières machines, les dernières propositions de la création industrielle. Vous en avez fait ici, et je vous en remercie, la démonstration dans des domaines très différents, confirmant cest toujours notre orgueil national : il faut sen méfier, mais en même temps, il ne faut pas loublier que la France est une nation dinventeurs, de pionniers, dentrepreneurs, de producteurs.
Notre histoire est glorieuse, de la machine à vapeur au train à grande vitesse, de lautomobile à la puce électronique, du cinéma à la batterie rechargeable, des montgolfières jusquà lavion. Nous avons le devoir de poursuivre ce récit, tel est lesprit des plans qui ont été présentés aujourdhui, trente-quatre, qui sont autant de plans de bataille pour hisser la France et ses entreprises, au meilleur niveau de la compétition mondiale.
Ces plans ne sont pas sortis de nulle part, cest-à-dire desprits de fonctionnaires par ailleurs nécessaires mais qui nont pas toujours la connaissance de ce que peut être lindustrie de demain. Ce nest pas non plus un plan ou des plans qui auraient été conçus par des ministres.
Ces plans ont été élaborés et conçus dans le cadre dun conseil, le Conseil national de lindustrie, rassemblant tous les acteurs, les représentants des entreprises que je salue les représentants des salariés, mais aussi toutes celles et tous ceux qui participent à lémergence de produits nouveaux, à travers des filières, des pôles de compétitivité. Nous avons, avec vous, fait un examen précis de nos atouts nous en avons mais aussi de nos faiblesses, de nos avantages, mais aussi de nos failles, notre positionnement dans la bataille économique.
Ces trente-quatre plans sont autant de nouvelles frontières technologiques que nous voulons déplacer, repousser, sur des productions qui, toutes, je dis bien « toutes », sont appelées à se développer, sur des produits où les espoirs de créer des emplois sont réels, où nous avons des avances, des avancées même, en termes de solutions nouvelles sur le plan industriel, là où nous avons déjà des entreprises, capables de prendre une place éminente dans la concurrence internationale.
Trente-quatre, on dira : mais pourquoi trente-quatre ? Parce que trente-trois pouvait prêter à sourire ? Ou parce que trente-cinq aurait été de trop ? Trente-quatre, parce que cest ce qui est ressorti de tout ce travail, de toute cette évaluation. On nous dira : mais trente-quatre, cest que vous navez fait aucun choix. Au contraire, cest que nous avons préféré prendre les plans qui étaient proposés par les filières et les industriels, autant de secteurs de pointe.
Trois critères ont été retenus pour choisir un plan : dabord, sincarner dans des objets, dans des produits ou dans des services clairement identifiés nous en avons eu ici lillustration £ deuxième critère, se fonder sur des technologies où la France cest-à-dire ses entreprises maîtrise dores et déjà le sens, la direction, le contenu. Troisième critère, sintégrer dans un environnement industriel, technologique, universitaire, permettant à nos entreprises doccuper une place éminente.
Les plans incarnent également des filières particulières, et permettent, donc, de mobiliser, de fédérer les acteurs concernés. Enfin, ces trente-quatre plans permettent datteindre les trois priorités que nous avons fixées pour notre pays.
La première priorité, cest la transition écologique et énergétique. Cest à la fois une obligation environnementale, mais cest aussi un levier du développement industriel. Et là aussi, nous avons eu des acteurs majeurs et nous avons des atouts considérables. Les énergies renouvelables avec les nouveaux prototypes dhydroliennes, léolienne, avec une cellule solaire à haut rendement, tout cela fait que la France est déjà la première.
Dans lautomobile, la démonstration a été, si je puis dire, éblouissante, puisque nous avons des constructeurs, des équipementiers qui se sont regroupés pour, ensemble, avec des entreprises différentes, faire des véhicules qui vont consommer moins de deux litres au cent. Mais nous avons également retenu des plans pour développer les bornes de recharge électrique pour le véhicule électrique, des batteries de longue durée, parce que lenjeu, cest le stockage de lénergie. Nous avons des véhicules connectés, autant de nouvelles frontières, là encore, technologiques que nous avons repoussées.
Toujours dans ce domaine de la mobilité durable, les filières aéronautiques et lavion électrique. Je ne sais pas si un jour, nous aurons le droit dy monter avant 2017, si jai bien compris. Mais il y a déjà 2013 qui peut être le premier voyage. Ensuite, à lhorizon 2030, nous serons tous là pour voir cet avion nouveau du 21ème siècle, où il y aura lélectricité et dautres sources dénergie et qui disposera de toutes les qualités exceptionnelles pour être le premier au monde.
Nous avons également eu connaissance du TGV du futur, puisque, aujourdhui, à lhorizon 2018, un TGV pourra embarquer 640 passagers, à une vitesse de 350 kilomètres par heure pour une consommation dénergie diminuée de 20 à 30%. Nous serons les premiers.
La transition écologique, cest le textile innovant, avec des fibres à ce point intelligentes quelles captent lénergie, quelles nous donnent des informations sur nous-mêmes, quelles nous protègent, quelles nous soignent.
La transition écologique, cest la rénovation thermique des bâtiments, avec une filière française qui est lune des premières au monde, avec des emplois directs et indirects qui pourront être non seulement préservés, mais créés.
Il y a aussi les réseaux intelligents, avec les nouvelles technologies de linformation, qui permettront davoir des installations électriques de pointe, et pour le consommateur, une connaissance précise de ce quil peut payer à la fin du mois ou de lannée. Cest la génération de Linky. Nous devons soutenir pleinement cette innovation.
Je noublie pas la chimie verte, le bois, autant de secteurs qui nous permettent dappréhender déjà laprès-pétrole. Telle est la première priorité, qui mobilise notre pays. La seconde, cest léconomie du vivant, dabord, la santé, avec lintroduction prochaine en France de traitements médicaux sur mesure, prescrits selon le profil personnel du patient.
Nous pouvons être confiants, puisque la France a fait depuis déjà des années le virage des biotechnologies grâce à une recherche de premier rang assise sur des partenariats publics/privés, fructueux.
Nous sommes en avance en matière de santé. Nous devons être les premiers. Lavenir de la santé, cest aussi lalliage, lalliance entre des équipements traditionnels et le numérique. Lhôpital numérique, cest dêtre capable de mieux soigner, moins cher et avec des dispositifs médicaux qui peuvent être innovants.
Economie du vivant, cest également lalimentation, grand enjeu à léchelle mondiale, à léchelle française. Dois-je rappeler que lindustrie agroalimentaire est lune de nos premières industries, celle qui réalise un excédent de notre commerce extérieur.
Nous avons donc aussi la volonté de développer de nouveaux produits, de transformer, de les conserver plus longtemps, de faire quil y ait plus dinformations et de pouvoir développer, et lindustrie, et lagriculture, et la distribution.
La troisième priorité, ce sont les nouvelles technologies. Premier enjeu : nous devons garder notre souveraineté numérique. Ça veut dire quoi ? Cela veut dire soccuper de la cyber sécurité, oui, sans doute.
Cela veut dire aussi comprendre que les données dInternet sont devenues lun des carburants de léconomie et que le big data, cest à la fois le traitement de ces masses dinformation, leur collecte, leur stockage, leur analyse. Mais cest aussi un enjeu économique considérable, puisquon évalue à 8 % du PIB de lEurope en 2020 la création de valeur uniquement à travers lutilisation des données.
Cest également un sujet stratégique. Qui va posséder ces données ? Qui va pouvoir les traiter ? Qui va être capable de les protéger ? Voilà pourquoi le plan big data, cest laffaire de la France, cest davoir une référence mondiale. Cest aussi laffaire de lEurope et nous devons mettre en uvre de la formation jusquà lutilisation de ces ressources.
Dans le même esprit, la France doit présenter une offre en matière daccès et de partage des données informatiques. Ce que lon appelle le cloud computing. Cest déjà un marché de deux milliards deuros dans notre pays. Les aspects de souveraineté que chacun comprend, sajoutent à ceux de la sécurité pour le particulier et du développement pour les entreprises. Je rappelle que les trois quarts des serveurs aujourdhui sont nord-américains et que cest une perspective très importante pour la France de garder une part de souveraineté.
Mais il ny a pas que le numérique dans les nouvelles technologies. La révolution qui nous est proposée, car cen est une, cest de pouvoir faire quil y ait un lien entre les laboratoires industriels, les fabricants, le numérique et donc la production dobjets dusage courant, mais totalement modifiés et qui seront lavenir du commerce mondial. La compétitivité de notre économie va dépendre de notre capacité à développer de nouveaux types de machines. Les super calculateurs, un plan est prévu à cet effet, nous sommes en avance sur ce point. En revanche, nous sommes en retard sur la robotique, 35 000 robots industriels en France, 150 000 en Allemagne.
Le second enjeu, cest lusine du futur, elle nous a été présentée. Cette usine du futur, elle permet dêtre au rendez-vous de lhyper connexion, mais aussi de la robotique, de la réalité augmentée, de limpression 3D, de lintelligence artificielle, du design. Cest sur cette usine du futur que se joue lavenir même de notre industrie.
Ces 34 plans disent une autre chose : il nest plus possible de distinguer la vieille industrie de la nouvelle économie. Il y a des entreprises en croissance dans des secteurs que lon regarde comme en crise et il y a des entreprises en crise dans des secteurs en croissance.
Ce qui compte, ce nest pas lancienneté du secteur, on le voit bien pour le textile, pour laéronautique ou lautomobile. Ce qui compte, cest linnovation dans le secteur, le progrès des technologies, la capacité dune filière à pouvoir développer des usages, des objets, des productions que lon croyait obsolètes ou disparues.
Ces plans industriels, ces 34 plans, au-delà de cette affirmation dune volonté, de cette fédération des acteurs, ceux qui sont devant moi aujourdhui, ces 34 plans, cest aussi les contours de la société de demain, de nouvelles manières de nous déplacer, de nouvelles manières de nous loger, de nous soigner, de nous transporter, de nouvelles manières de produire, de consommer, de nous nourrir, de nous habiller et même de fabriquer.
Cest donc linnovation industrielle, cest donc léconomie, cest donc la croissance, cest souvent la souveraineté au service dune société plus harmonieuse, plus sobre, plus personnalisée. Cest donc un enjeu économique, industriel, mais aussi un enjeu sociétal.
Voilà, Mesdames et Messieurs, notre ambition, votre ambition, parce que nous sommes au service de votre volonté de développer notre pays. Je souhaite donc que tous les outils de la puissance publique soient mis au service de la réalisation de ces plans au niveau national, au niveau des territoires.
Je salue ici le président de lAssociation des Régions, parce que nous avons conscience que les emplois de demain se joueront sur lensemble du territoire national et que cest aussi une volonté daménagement à travers le choix que nous faisons de secteurs industriels.
La Banque publique dinvestissement, le Commissariat général à linvestissement, dont je salue ses responsables, la Caisse des dépôts, concourront à apporter, avec le secteur bancaire, les financements qui sont attendus par rapport aux projets qui ont été identifiés.
Les collectivités locales, et notamment les régions, les structures de promotion, de linnovation, les laboratoires de recherche, le CEA, qui a été cité à plusieurs reprises, les centres techniques industriels, les pôles de compétitivité, devront collaborer pour que les entrepreneurs, les chercheurs, les ingénieurs, les designers, les créateurs, puissent inventer les industries, les productions, de demain.
Dores et déjà, le programme des investissements davenir a dégagé 3,5 milliards deuros sur ces secteurs. Chaque plan, le ministre la rappelé, sera animé par un chef de projet, lui-même issu du monde industriel. Il aura la charge, avec les acteurs, de faire aboutir les programmes selon un calendrier précis qui ne peut pas aller au-delà de 10 ans.
Nous avons un objectif : recréer les emplois industriels qui ont été détruits lors de la précédente décennie. Telle est la politique industrielle que nous vous présentons.
Est-ce que nous sommes un cas isolé ? Est-ce que lidée davoir un projet pour notre pays fait de nous une singularité, une exception ? Je voudrais le croire, mais partout, dans les principaux pays émergents et industriels, il y a la même démarche qui est engagée, la même volonté de projeter à 10 ans ce que peut être une économie.
LAllemagne, comme le Royaume-Uni, pays de sensibilité différente, dhistoire différente, se dotent aussi de stratégies industrielles. Ces ambitions que lon voit apparaître au niveau national doivent se retrouver aussi au plan européen, ce qui implique dencadrer différemment les aides de lEtat, comme de redéfinir une doctrine de la concurrence pour faciliter les rapprochements, et non pour les dissuader, pour que nous ayons des champions européens, dans lintérêt de lEurope, pas de chacun des pays, non, de toute lEurope.
LUnion doit également se doter dune politique commerciale et combattre vigoureusement toutes les pratiques déloyales, à lintérieur, mais aussi à lextérieur. Ces exigences, la France les portera devant les institutions européennes.
Comment qualifier notre politique industrielle ? Elle nest ni libérale, ni dirigiste, elle ne se veut ni rhénane, ni anglo-saxonne. Elle est française, pragmatique et fidèle à une tradition daudace, de créativité et dexcellence scientifique et industrielle.
Elle naît de notre histoire, mais elle doit repenser par rapport à la réalité, c'est-à-dire faire que lEtat puisse apporter ce qui est attendu de lui, je lai dit, un cadre, une stabilité, un environnement, des instruments, des financements, une fiscalité moderne, mais également des priorités et une formation digne de ce nom. Il y a donc ce qui relève de lEtat et ce qui appartient aux entreprises, qui aujourdhui affirment, dans le monde en mutation que nous connaissons, un besoin de fluidité, de rapidité, de souplesse et dintelligence.
Ces 34 plans sont le visage de la nouvelle France industrielle. Tous les 6 mois nous les passerons en revue. Le Premier ministre, avec les ministres concernés, et au premier chef le ministre du Redressement productif, vérifiera létat davancement.
Aux chefs dentreprise, je leur dis que lEtat sera à vos côtés pour accomplir la troisième révolution industrielle. Nous devons unir nos forces et partager les risques.
Aux Français, je leur dis que le progrès nest pas un astre mort, quil ny a pas un âge dor qui serait celui de notre histoire.
La France a des atouts considérables. Elle a des acteurs, des entrepreneurs, qui méritent toute notre reconnaissance. Elle a une capacité dinnovation, une faculté - et la matinée daujourdhui en fait lillustration - une capacité à innover, à imaginer, à inventer.
Nous avons un tissu industriel qui demeure. Nous avons également un ensemble duniversités, de chercheurs, qui doivent travailler encore davantage avec les entreprises. Nous avons des régions qui peuvent apporter aussi, non seulement des financements, mais leur connaissance des territoires.
La troisième révolution industrielle se produira donc aussi en France. Nous allons faire naître les inventions de demain, les usines de demain et les produits de demain. Au monde, nous dirons que la France peut vous surprendre, et vous surprendra encore.
Lévénement qui nous a réunis, a valeur de symbole. Le premier de ces symboles cest lunité. Ici, il y a des forces diverses, qui ne sont pas toujours daccord, mais elles sont rassemblées : partenaires publics, partenaires privés, grands groupes, petites entreprises, entreprises de taille intermédiaire.
Parce que toutes ces entreprises, tous ces acteurs, des salariés jusquaux chefs dentreprise, contribuent au dynamisme de la France, tous sont indispensables au redressement. Si lEtat a pris linitiative, chacun de ces plans, les 34 plans, ce sont des plans des industriels et de leurs salariés.
Le second symbole cest celui de lexcellence. La France est en pointe, elle a une recherche, elle a des produits de qualité, elle doit être consciente de ses atouts mais également connaître ses faiblesses, savoir ce que nous avons encore à faire, faire un pacte entre toutes les forces vives pour que nous puissions aller dans le même sens, et pour que nous puissions donner confiance.
Enfin, le dernier symbole est celui de lanticipation, car la nouvelle France industrielle qui a été présentée ici, peut avoir par moment une image virtuelle, en se disant « mais, est-ce que ce qui nous est présenté va exister ? » Cela existe déjà.
Est-ce que cette économie numérique, cette économie que lon voit apparaître sur des écrans, cest une économie qui correspond à des emplois ? Mais bien sûr, ce nest pas parce que cest moderne quil ny a pas de salariés, dopérateurs pour fabriquer, non seulement les produits, les usages, les liens, les réseaux. Ce qui a été présenté cest léconomie de demain. Ce qui a été imaginé, cest la France dans 10 ans. Cest parce que cette France aura été capable de porter son industrie, quelle aura été capable, aussi, de préparer son avenir. Merci.