10 juillet 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Point de presse conjoint de MM. François Hollande, Président de la République, et Sauli Niinistö, président de la République de Finlande, sur les relations franco-finlandaises, à Paris le 10 juillet 2013.

Mesdames, Messieurs,
Jai reçu avec beaucoup de plaisir le président de la Finlande. Cela faisait huit ans quun chef dEtat finlandais nétait pas venu en France.
Nous avons évoqué nos relations politiques, qui sont excellentes. La France et la Finlande partagent la même conception des relations internationales et nous avons notamment évoqué les sujets les plus brulants de lactualité, sur lesquels nous avons la même démarche, que ce soit sur la Syrie ou lEgypte.
Jai, par ailleurs, remercié le Président pour le soutien, quil avait apporté, avec son pays, à lintervention de la France au Mali.
Ensuite, nous avons évoqué nos relations économiques, qui ne se résument pas à la question du nucléaire, même si cela fait partie de ce que les entreprises doivent faire ensemble.
Il y a eu un certain nombre de retards, mais cela reste une technologie, une innovation tout à fait précieuse, qui méritera dêtre retenue pour dautres projets, y compris certains qui peuvent ne pas être de cette dimension.
Nous avons parlé de deux sujets importants à nos yeux. Le premier, cest lemploi des jeunes, parce que la Finlande a anticipé le plan européen qui va se mettre en place dès le début de lannée prochaine pour la « garantie jeunes » et pour nous, en France, qui avons dautres expériences, dautres initiatives. Ce qua réussi la Finlande, nous pouvons le faire également ici.
Le Président a visité une mission locale pour lemploi des jeunes et je crois que nous pouvons échanger nos expériences.
Le second sujet a porté sur lEurope de la Défense, parce que même si la Finlande nest pas membre de lOTAN, et que la France en est, vous le savez, partie prenante, nous devons agir ensemble pour lEurope de la Défense. Nous ferons des propositions lors de la réunion du Conseil européen qui se tiendra à la fin de lannée sur cette question.
Voilà pourquoi jai beaucoup apprécié cette visite. Jai été très sensible, non seulement à linvitation qui ma été faite de me rendre en Finlande, mais également à cette belle manifestation sur le livre qui va se tenir lannée prochaine, à linitiative de lépouse du Président et qui a choisi la France comme invité dhonneur.
M. Sauli NIINISTÖ - Mesdames et Messieurs, cétait un grand plaisir pour moi dêtre ici, en visite en France et les discussions avec le Président HOLLANDE. Nous avons en effet eu beaucoup déchanges dont M. le Président a déjà donné les conclusions. Nous avons aussi évoqué la question du lien entre les citoyens européens et la construction européenne.
Quels sont les sentiments des Européens ? A la fois, cest une identité, et je pense que les Finlandais ont bien saisi son importance. Mais en même temps, nous avons cette machinerie européenne qui devrait mieux fonctionner, pour que les citoyens puissent mieux sadapter à la situation.
Nous avons évoqué aussi la coopération dans les questions de défense. Je suis sûr que les citoyens apprécient la sécurité, et en même temps, trouver des solutions dans ce domaine sera, dun point de vue économique, sage. Je suis content davoir entendu que la France reste active sur ces questions-là.
Nous avons aussi évoqué la question des jeunes, le chômage des jeunes. Jétais impressionné, ce matin, lorsque jai rendu visite à la mission locale pour lemploi pour voir ses activités. Nous avons, en Finlande, mis en place la garantie pour les jeunes. Nous pouvons maintenant échanger les expériences vécues. Comme les points de vue sont un peu différents, il faut les combiner pour trouver de meilleurs résultats encore.
Nous avons aussi évoqué les relations avec la Russie. Je pense quil faut renforcer les liens entre lUnion européenne et la Russie, pour davantage nouer les contacts, qui seront utiles et fructueux pour les deux parties.
Je tiens à vous remercier pour cette occasion davoir cette visite en France. Cest avec un grand intérêt que nous attendons lannée prochaine, nous allons permettre à beaucoup de Finlandais de découvrir la littérature française. »
QUESTION On a limpression quil sagit dune vraie « session finlandaise » à lElysée depuis peu de temps. Dun autre côté, vous avez souhaité reporter les négociations transatlantiques. Cela na pas été le cas. Vous entamez les discussions dans un climat qui nest pas très bon et peut être aussi lEurope qui nest pas beaucoup suivie. Quelle est votre réflexion ? Est-ce que vous êtes inquiet pour la suite ?
LE PRESIDENT - Je suis très rassuré au sujet de la relation entre la France et la Finlande. Comme vous lavez relevé, jai reçu deux fois le Premier ministre finlandais et aujourdhui le président de la République. Cest dire si nous avons des sujets communs, des préoccupations proches et une même volonté de faire lEurope sans quelle puisse être entravée par trop de procédures. Pour nous, lessentiel étant de donner de la protection, que ce soit pour lemploi, que ce soit sur la défense.
Sur les négociations, javais conditionné leur ouverture à une discussion avec les Etats-Unis sur la question de la protection des données personnelles et sur la vérification de ce que font les différents services américains, notamment en Europe. Cest cette position qui a été finalement retenue et je pense que cest la bonne.
Nous avons besoin déclaircissements, de clarifications, dexplications et dinformations. Mais parallèlement, la négociation qui sera longue - elle va durer quelques mois, voire plusieurs années - peut commencer, dès lors quil y a eu cette garantie que nous pouvons parler, de ce qui a fait lactualité ces derniers jours.
QUESTION - Concernant le plan de 12 milliards deuros, êtes-vous pour la relance dans cette situation économique actuelle ? Est-ce que cette démarche est compatible avec le sérieux budgétaire ?
LE PRESIDENT - Nous faisons en sorte de présenter des comptes qui doivent progressivement séquilibrer dici la fin de mon mandat. En même temps, nous voulons préparer lavenir et ces investissements auront donc un mode de financement qui naggravera pas le déficit public, puisque ça fait appel à des recettes de vente, notamment des participations de lEtat dans certaines entreprises et subsidiairement de quelques recettes venant de fonds dépargne.
Nous pouvons ainsi conjuguer ce que vous appelez le sérieux budgétaire et ce qui est la préparation de la croissance pour demain.
QUESTION - La France et la Finlande ne sont pas daccord sur la façon de gérer la crise économique en Europe. Quattendez-vous de la Finlande ?
LE PRESIDENT - La Finlande fait valoir les objectifs de redressement budgétaire. Nous avons toujours dit que nous étions favorables à cette perspective mais quelle ne peut pas suffire. La Finlande connaît aussi une récession et on voit bien la difficulté même de redresser les comptes publics, quand il ny a pas de croissance. Nous devons donc allier, conjuguer le redressement budgétaire avec le soutien à lactivité économique.
QUESTION - Sur la Russie, pensez-vous quil faut renforcer la coopération entre lEurope et la Russie ?
LE PRESIDENT - Le Président est revenu là-dessus. La Finlande a des rapports étroits avec la Russie. Elle peut être un trait dunion, un instrument de liaison, pour que lEurope et la Russie approfondissent encore davantage leur relation.
La Finlande connaît bien la Russie pour de multiples raisons et elle peut faire comprendre à lEurope un certain nombre de situations et faire comprendre à la Russie que lEurope peut être utile au développement économique de ce grand pays, sans quil soit besoin de faire valoir les pressions que nous pouvons connaître sur le gaz.
M. Sauli NIINISTÖ - La Finlande est un membre de lUnion européenne et cest sa qualité.