9 juin 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur l'intervention militaire au Mali, à Tulle le 9 juin 2013.


Madame le Préfet,
Merci de nous accueillir, une fois encore, dans cet hôtel de la Préfecture.
Mon colonel,
Je vous exprime une nouvelle fois ma reconnaissance pour lintervention de votre régiment dans lopération dite SERVAL. Je salue ici les officiers et les sous-officiers qui ont mené, pendant 5 mois, une intervention décisive. Je le dis devant les parlementaires qui ont autorisé la poursuite de cette intervention.
Elle a été faite pour que les terroristes soient repoussés. Ils lont été dans les premiers jours et je me souviens de notre première rencontre ici : cétait dans le moment décisif, où il fallait envoyer des troupes pour aller au-delà de larrêt des terroristes, cest-à-dire être capables de reconquérir les villes du Nord du Mali et de poursuivre, après, aussi loin que nécessaire.
Cest ce que vous avez fait. Arrivés très tôt, vous avez réussi à rejoindre le Mali après un parcours qui na pas été simple puisquil vous a emmenés, y compris, au Sénégal. Puis, vous avez remonté de Bamako jusquà Gao et vous avez contribué à sécuriser Gao. Gao, une ville où il y avait il y a peut-être encore des terroristes qui ont porté des actions contre nos propres troupes et contre les armées maliennes et africaines. Vous avez réussi à stabiliser cette partie-là du territoire malien et je voulais, ici, vous en remercier tout particulièrement.
Pour une partie dentre vous, vous êtes allés dans lAdrar, cest-à-dire dans la zone la plus délicate de lopération. Là où on savait que les terroristes avaient caché, non seulement du matériel, mais également un certain nombre de leurs moyens de résistance ou dintervention. Vous avez mené ces opérations dans une chaleur suffocante 40 à 45 degrés et cest là que les combats les plus intenses ont été livrés. Là encore, je voulais vous féliciter. Si le Mali peut maintenant retrouver lintégrité de son territoire, cest parce que vous avez été jusquau bout de la mission qui vous avait été confiée.
Vous revenez ici, à Brive, où le maire vous accueille. Tous ne sont pas encore de retour mais enfin lessentiel est acquis. Il y a eu quelques blessés, je le sais, mais il ny a eu aucune perte. Cétait pour vous et pour nous lessentiel. Jai à ce moment une pensée pour les six soldats qui sont morts et aussi pour les blessés et les familles.
Nous avons donc réussi grâce à vous. Lopération va se terminer 5 mois après 5 mois de séparation pour vous et vos familles. Vous allez laisser la place parce que nous en avons décidé à une opération de maintien de la paix. Il y aura encore des troupes françaises dans le contingent de lONU et il y aura également des troupes françaises autour du Mali et au Mali pour accompagner le processus. Ce nest plus vous qui en aurez la mission, même sil est possible que, dans quelques mois, vous soyez appelés. Dautres feront donc en sorte de terminer lopération.
Cest quoi terminer lopération ? Cest permettre cest fait que le Mali retrouve la sécurité sur son territoire et que des élections soient organisées à la date prévue. Il y a en ce moment des pourparlers pour que ceux qui sont encore en armes puissent laisser la place à ladministration civile malienne, voire à larmée malienne, pour que les élections se tiennent sans aucun risque de perturbation partout sur le territoire. Lopération ne sera vraiment terminée quune fois ces élections accomplies et que le Mali pourra faire sa transition politique.
Vous savez, ce qui ma le plus ému quand je suis moi-même allé au Mali, cest laccueil qui a été réservé à la France par la population. Jimagine que vous lavez ressenti : le soutien constant qui vous a été prodigué, la joie de ces hommes et de ces femmes que vous avez libérés. Lorsque lon porte luniforme français avec le drapeau français, voir tout au long du parcours pas dans lAdrar ! des enfants et la population agiter des drapeaux français Je pense quil ny a rien de plus émouvant et de plus gratifiant que de vivre ces scènes-là.
Voilà la raison pour laquelle, revenant en Corrèze 5 mois après, je souhaitais avec le colonel vous dire toute ma gratitude, la reconnaissance de la Nation pour laction que vous avez conduite.
Il y aura le 14 juillet un défilé militaire. Une partie, je le sais, du régiment sera appelé à descendre les Champs-Elysées. Jai invité également pour ce défilé du 14 juillet des représentants des différentes armées de la MISMA, cest-à-dire les forces africaines qui étaient avec vous, ainsi que des représentants de larmée malienne. Cest à travers ce défilé, la preuve de la solidarité entre la France, lAfrique de lOuest, lEurope et lAfrique en général. Ce sera un moment fort où la population parisienne mais aussi beaucoup de nos concitoyens qui voudront assister à ce défilé je ne parle pas de ceux qui le regarderont à la télévision auront à cur de vous encourager, de vous applaudir, comme je le fais aujourdhui.
Nous sommes dans des contraintes budgétaires que vous connaissez bien et qui valent pour toutes les administrations, y compris pour la Défense nationale. Mais jai veillé à ce que, dans la loi de programmation militaire, nous puissions maintenir les crédits. Ce nest pas si simple à expliquer à nos concitoyens qui sont appelés à faire des sacrifices. Mais vous assurez la défense et la sécurité de notre territoire et aussi laction de la France.
Si la France est un grand pays, reconnu comme tel, influent sur la scène internationale, cest parce quelle dispose dune défense nationale équipée, encadrée, formée. Vous en êtes ici la démonstration à travers ce contingent limité mais néanmoins reconnu pour ses qualités.
Je voulais, au-delà de vous, saluer toutes les forces françaises qui se sont déployées au Mali au nom de la France. Merci.