3 mai 2013 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la politique du gouvernement en faveur de l'emploi, à Avoudrey le 3 mai 2013.
Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs les élus de cette région, de ce département, de cette commune,
Je suis très sensible à laccueil qui mest réservé, ici, ainsi quaux professionnels qui sont autour de moi.
Je suis dans une école exceptionnelle, car cette école qui remonte à loin, pour sa création en 1888 a fait la démonstration de sa capacité dadaptation. Aujourdhui, elle forme des jeunes et des moins jeunes, avec des niveaux différents, de lapprentissage jusquaux licences professionnelles, voire même davantage £ elle forme également des demandeurs demploi £ elle forme aussi des futurs chefs dexploitation. Nous avons donc, là, le meilleur de ce que peut produire lenseignement.
Je suis très attaché à lenseignement agricole qui, dailleurs, ne forme pas que des futurs agriculteurs £ qui aussi forme bon nombre de professionnels qui vont se retrouver dans vos filières, dans vos exploitations ou dans vos lieux de production. Je viens à un moment où beaucoup sinterrogent sur la capacité du système de formation à offrir des emplois. Or, ici pas simplement à Mamirolle mais dans tous les établissements denseignement agricole plus de 90% de ceux qui y sont accueillis trouvent un emploi à la fin de leur parcours de formation.
Or, vous savez la situation de notre pays et le chômage qui est pour nous une obsession et pour beaucoup de Français une somme de difficultés ou une angoisse. Nous avons une progression continue du chômage depuis 5 ans : plus dun million sur la période 2008/2012. A partir de là, nous navons quun seul objectif : mener la bataille pour lemploi. Nous aurons besoin du concours de tous et nous allons en avoir, ici, une illustration. Cest le sens, Monsieur le Président Xavier BEULIN, de la convention, de la charte sur linsertion que vous avez proposée aux pouvoirs publics.
Ce document nest pas quun document, une simple somme dengagements. Cest une réalité. Il y a ici, autour de moi, 15 partenaires de ce que lon appelle « les filières agroalimentaires », de lagriculture jusquà la commercialisation £ et surtout tous les acteurs qui font vivre la nature et qui y travaillent. Cela représente 4 500 000 emplois, 3 500 000 salariés. Cest un secteur qui crée, qui embauche, qui investit, qui exporte.
Nous avons, devant nous, cette filière agroalimentaire qui connaît une expansion il ny a pas beaucoup de secteurs qui vivent cette situation en ce moment et qui ne trouve pas tous les personnels dont elle a besoin : 50 000 disiez-vous ! Cest-à-dire 50 000 emplois qui pourraient être créés si des jeunes pouvaient trouver des lieux de formation. Eh bien, cest le sens de cette charte : permettre quil y ait 60 000 emplois qui soient créés, dans les prochains mois, pour la seule année 2013. 50 000 sous forme de contrats dapprentissage, 4 000 sous forme de contrats de professionnalisation et dautres pour permettre à des demandeurs demploi de trouver, justement, une solution professionnelle durable.
Quelle est lidée de cette charte, de cette convention ? Cest, à la fois, offrir une formation adaptée pour les entreprises toutes les entreprises et je noublie pas la forêt et, en même temps, favoriser laccès à la professionnalisation de jeunes et de moins jeunes £ de jeunes qui attendent un emploi, qui espèrent un emploi et dautres, moins jeunes, qui lont perdu et veulent en trouver un autre.
Je le disais : la filière que vous représentez a des atouts considérables. Dabord, elle bénéficie dune demande mondiale favorable. Ensuite, nous avons une image de qualité, nous en parlions. Jétais en Chine et jy emmenais le président de Juraflore qui y est toujours cest vous dire sil a du travail et quil continue à promouvoir les produits ! Javais le sentiment, en Chine, que notre filière agroalimentaire pouvait être en conquête sur un marché considérable. Mais pourquoi avons-nous des espoirs de conquête, de victoire, de marché ? Parce que nous apportons, non pas simplement une quantité cest important la quantité mais nous apportons une qualité, une tradition, une innovation, un savoir-faire, celui-là même qui doit être enseigné dans un établissement comme celui où nous sommes.
Je sais exactement, par le ministre de lAgriculture, ce quil reste à faire. Parce que si on veut avoir un élevage de qualité, faut-il encore quil y ait un élevage. Or nous savons bien que, compte-tenu du prix des « intrans » ce que lon appelle les matières premières, les céréales cest difficile pour les producteurs, pour tous les producteurs. Surtout sils ne peuvent pas répercuter leurs prix dans de bonnes conditions. Nous avons pris, de ce point de vue, nos responsabilités. Dans la prochaine loi sur la consommation, il y aura des moyens de contourner ce que lon appelle « la loi LME » mais quimportent les sigles pour permettre quil y ait la répercussion sur les prix de vente.
Je veux aussi que le ministre de lEconomie et des Finances, Pierre MOSCOVICI, et le ministre de lAgriculture se mobilisent pour lexportation des produits agricoles. Longtemps, il y a eu un débat : faut-il exporter, pas exporter ? Heureusement que lon exporte nos produits agricoles ! Car dans notre balance commerciale, cela nous fait 3 milliards qui nous permettent de compenser dautres déficits, notamment le déficit énergétique. Mais, pour cela, il ne faut pas simplement exporter les produits agricoles, il faut exporter toute la filière. Nous ferons donc une politique spécifique pour la certification sanitaire, pour lorigine des produits.
Il ma été demandé, et jy ai bien sûr consenti, que la Banque publique dinvestissement puisse accompagner les entreprises agroalimentaires dans leurs projets de développement. Parce que cest un enjeu davenir et pas simplement pour préserver les productions. On nous dit souvent, surtout à Bruxelles dans les réunions du Conseil européen : « vous, la France, vous défendez votre agriculture et vos agriculteurs ». Cest vrai, nous défendons un modèle agricole européen, une qualité européenne et donc un atout pour lensemble du continent.
Je suis donc très heureux que cette convention puisse être signée aujourdhui. Car cela va être aussi une manière de nous adresser à dautres jeunes que ceux qui sont là et qui ont déjà compris qui peuvent sinterroger sur lenseignement agricole, sur les métiers que vous êtes capables de leur proposer £ ou même à des demandeurs demploi qui peuvent sinterroger sur une nouvelle formation professionnelle et une mutation. Cest donc aussi un appel pour quil puisse y avoir une meilleure insertion de nos jeunes et de nos demandeurs demploi vers des métiers davenir.
Jai saisi loccasion qui métait donnée de signer cette charte avec le Président de la FNSEA, avec vous, pour visiter deux entreprises du département, deux belles entreprises. Cest vrai quil y a des entreprises qui affrontent des mutations comme dans le secteur automobile qui est un secteur davenir qui investit, innove, mais qui affronte une compétition féroce et qui doit être accompagné cest notre rôle, cest notre devoir. Il y a des entreprises qui connaissent aussi, par moment, des mutations qui font quil doit y avoir des reconversions. Et cest douloureux ! Là encore, lEtat doit être présent.
Mais léconomie française, cest aussi des entreprises qui réussissent, qui embauchent, qui investissent, qui exportent. On nous dit : « oui, mais ces entreprises sont dans les grandes villes ». Cest pour partie exact, mais, ici, on a la démonstration dans le Doubs quil y a deux entreprises, dans une commune de moins de 1 000 habitants, qui sont capables de créer de lemploi, de développer des produits de grande qualité reconnus sur le marché national ou à lexportation, et dinnover. Je le disais devant les salariés : cette innovation, elle est technique cest des machines £ elle est aussi sociale, cela peut être une meilleure organisation du travail la réforme du marché du travail y contribuera £ mais elle est humaine et rien ne remplace lesprit et la main du travailleur. Cest ce qui fait la différence pour être compétitif. Ce qui suppose la formation.
La formation, cela va être la grande réforme que le gouvernement va engager désormais. Nous avons pris des mesures importantes depuis un an. Il y a eu le pacte de compétitivité, le crédit dimpôt dont jai pu constater quil était utilisé : utilisé pour embaucher, pour rémunérer, pour investir. Nous avons fait la réforme du marché du travail que personne ne pensait pouvoir accomplir ici en France. Cétait, paraît-il, trop compliqué. Cela na pas été sans discussions et parfois sans heurts. Le texte nest pas encore voté au Sénat. Il le sera bientôt. Mais cest une réforme très importante, à la fois dans la méthode et dans son résultat. Nous avons également créé cette Banque publique dinvestissement £ permis avec une loi bancaire danticiper sur les évolutions qui étaient souhaitées au plan européen pour mettre la spéculation de côté.
Mais il nous faut aller plus loin. La formation se fera donc aussi par la même méthode, avec la même volonté : permettre que ceux qui sont loin du marché du travail puissent y venir dans de bonnes conditions £ permettre que cette formation et jen ai eu la démonstration dans les entreprises que jai visitées puisse être offerte à tous les salariés pas simplement ceux qui ont déjà une formation initiale, à tous les salariés £ faire que les demandeurs demploi puissent être prioritaires alors que, souvent, ils en sont éloignés. Nous aurons besoin des partenaires sociaux. Nous aurons besoin des entreprises. Nous aurons besoin de Pôle Emploi que je veux saluer pour ses interventions et des régions qui sont déjà mobilisées.
Voilà ce qui était le sens de ma visite. Mais je veux également insister sur ce quil nous reste à faire. Je sais le scepticisme. Quand il ny a pas de croissance, comment réduire le chômage ? Or les prévisions pour 2013 nous sont confirmées par la Commission européenne, cest quil ny aura pas de croissance. Peut-être ce sera + 0,1, - 0,1 Quand on est à ces niveaux-là, cela veut dire quil ny aura pas de croissance en 2013.
Alors nous, nous devons prendre ces prévisions pour ce quelles sont et, en même temps, faire que nous préparions déjà la reprise de la croissance £ que nous nacceptions pas une forme de fatalité. Cest vrai quil ny a pas eu de croissance en 2012 et que cela sest payé avec une hausse du chômage. Depuis cinq ans, il ny a pas de croissance. Croissance zéro.
Un pays comme le nôtre ne peut pas vivre avec une croissance zéro. Dabord parce que nous avons un chômage qui est élevé, 10% de la population active. Parce que nous avons une démographie qui est dynamique. Nous, ici, nous faisons des enfants. Nous avons donc des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. On ne peut pas vivre avec une croissance zéro parce quil y a tant de besoins à satisfaire ! Il y a un territoire à occuper. Il nous faut donc aller créer de la croissance. Cest ce que nous avons engagé.
Dici là, nous mettrons tout en uvre pour toutes les formules demploi : contrats de génération, nous allons en signer £ emplois davenir, nous allons encore amplifier le dispositif pour que cela aille vers ceux qui en ont le plus besoin sans quil y ait de lourdeurs administratives. A propos de lourdeurs administratives, une manière de faire de la croissance est de simplifier. Cela ne coûte rien et cela rapporte beaucoup. Chaque fois que nous enlevons une contrainte, nous donnons des occasions demploi. Cela vaut dans tous les domaines. En agriculture, je nai pas besoin de faire de dessins. Cela vaut aussi pour lindustrie. Cela vaut pour les services. A condition, bien sûr, que lon maintienne les conditions pour la santé et pour lenvironnement. Chacun ici est conscient de ses responsabilités. Nous devons donc créer de lemploi sous toutes ses formes. Avoir une stratégie économique.
Que voulons-nous faire de notre pays ? Jen entends encore ceux qui doutent de la France. Je pense que la France est un pays qui peut être leader. On a évoqué des filières : filière agroalimentaire, filière du luxe, filière automobile, filière aéronautique, filière des nouvelles technologies, du numérique. Cest un enjeu le numérique. Il faut aussi préserver ce que nous avons, faire des alliances.
Nous avons donc toutes les conditions pour réussir. Une des conditions est davoir confiance en nous-mêmes, de penser que lon peut réussir. Cela dépend beaucoup de lemploi des jeunes. Jai veillé à ce que pour lEurope, dans le cadre même de son budget, il puisse y avoir une enveloppe pour lemploi des jeunes, là où il y a du chômage et dans certains pays, il peut aller jusquà 30-40% : une génération !
Dailleurs, dans un certain nombre de nos quartiers, on a ces chiffres-là. La confiance viendra donc aussi, et surtout, de leffort pour lemploi des jeunes. Pour cela, nous devons utiliser toute la palette, tous les instruments, tous les outils. Pour autant, la sortie de crise ne viendra pas toute seule. Nous devons la forcer : la forcer par la croissance, la forcer par la création demploi, la forcer par la formation.
La Commission européenne jen parlais tout à lheure nous a donné deux ans pour atteindre nos objectifs en matière de réduction du déficit. Je pense que cest une nouvelle importante parce quelle vient consacrer ce que la France a demandé depuis un an. Cest-à-dire que lon mette la croissance au premier rang de nos priorités.
Mais ne croyons pas pour autant parce que ce serait une vue de lesprit que parce que lon a cette souplesse, cette liberté, cette capacité maintenant qui nous est donnée dengager notre politique sans avoir une contrainte qui nous empêche dagir pour la croissance et lemploi, nous puissions nous dispenser du sérieux budgétaire indispensable. Parce que, ici, chacun comprend que nous avons besoin de maîtriser la dépense.
Si jentendais tous ceux qui sont ici, il y a toujours un moyen de contourner cette obligation. Mais léconomie budgétaire doit être un principe. Cest pour cela que, quelle que soit la liberté que nous donne lEurope, nous nous sommes fixés lobjectif que la dépense publique naugmente pas dune année sur lautre.
Puisque nous avons de la liberté, puisque nous avons de la souplesse, nous devrons faire des réformes structurelles indispensables pour la croissance. Jai cité la formation professionnelle, je pense aussi à linnovation et à linvestissement. Il y aura la réforme des retraites, parce que nous sommes toujours dans cette obligation de financer les retraites de demain. Nous avons toutes les conditions pour réussir.
Je veux en donner une dernière condition. Chacun a ses opinions, chacun a ses sensibilités jessaye de les faire changer, mais enfin ce nest pas le moment ! Il y a une condition pour réussir. Cest quau-delà de ce qui peut, à un moment, nous séparer, nous soyons unis sur un enjeu majeur. Quel est lenjeu pour chacune et chacun dentre nous ? Faire réussir notre pays, le sortir de la crise et gagner la bataille pour lemploi. Je veux ici vous remercier de contribuer à faire gagner à la France la bataille pour lemploi.
Merci.
Mesdames, Messieurs les élus de cette région, de ce département, de cette commune,
Je suis très sensible à laccueil qui mest réservé, ici, ainsi quaux professionnels qui sont autour de moi.
Je suis dans une école exceptionnelle, car cette école qui remonte à loin, pour sa création en 1888 a fait la démonstration de sa capacité dadaptation. Aujourdhui, elle forme des jeunes et des moins jeunes, avec des niveaux différents, de lapprentissage jusquaux licences professionnelles, voire même davantage £ elle forme également des demandeurs demploi £ elle forme aussi des futurs chefs dexploitation. Nous avons donc, là, le meilleur de ce que peut produire lenseignement.
Je suis très attaché à lenseignement agricole qui, dailleurs, ne forme pas que des futurs agriculteurs £ qui aussi forme bon nombre de professionnels qui vont se retrouver dans vos filières, dans vos exploitations ou dans vos lieux de production. Je viens à un moment où beaucoup sinterrogent sur la capacité du système de formation à offrir des emplois. Or, ici pas simplement à Mamirolle mais dans tous les établissements denseignement agricole plus de 90% de ceux qui y sont accueillis trouvent un emploi à la fin de leur parcours de formation.
Or, vous savez la situation de notre pays et le chômage qui est pour nous une obsession et pour beaucoup de Français une somme de difficultés ou une angoisse. Nous avons une progression continue du chômage depuis 5 ans : plus dun million sur la période 2008/2012. A partir de là, nous navons quun seul objectif : mener la bataille pour lemploi. Nous aurons besoin du concours de tous et nous allons en avoir, ici, une illustration. Cest le sens, Monsieur le Président Xavier BEULIN, de la convention, de la charte sur linsertion que vous avez proposée aux pouvoirs publics.
Ce document nest pas quun document, une simple somme dengagements. Cest une réalité. Il y a ici, autour de moi, 15 partenaires de ce que lon appelle « les filières agroalimentaires », de lagriculture jusquà la commercialisation £ et surtout tous les acteurs qui font vivre la nature et qui y travaillent. Cela représente 4 500 000 emplois, 3 500 000 salariés. Cest un secteur qui crée, qui embauche, qui investit, qui exporte.
Nous avons, devant nous, cette filière agroalimentaire qui connaît une expansion il ny a pas beaucoup de secteurs qui vivent cette situation en ce moment et qui ne trouve pas tous les personnels dont elle a besoin : 50 000 disiez-vous ! Cest-à-dire 50 000 emplois qui pourraient être créés si des jeunes pouvaient trouver des lieux de formation. Eh bien, cest le sens de cette charte : permettre quil y ait 60 000 emplois qui soient créés, dans les prochains mois, pour la seule année 2013. 50 000 sous forme de contrats dapprentissage, 4 000 sous forme de contrats de professionnalisation et dautres pour permettre à des demandeurs demploi de trouver, justement, une solution professionnelle durable.
Quelle est lidée de cette charte, de cette convention ? Cest, à la fois, offrir une formation adaptée pour les entreprises toutes les entreprises et je noublie pas la forêt et, en même temps, favoriser laccès à la professionnalisation de jeunes et de moins jeunes £ de jeunes qui attendent un emploi, qui espèrent un emploi et dautres, moins jeunes, qui lont perdu et veulent en trouver un autre.
Je le disais : la filière que vous représentez a des atouts considérables. Dabord, elle bénéficie dune demande mondiale favorable. Ensuite, nous avons une image de qualité, nous en parlions. Jétais en Chine et jy emmenais le président de Juraflore qui y est toujours cest vous dire sil a du travail et quil continue à promouvoir les produits ! Javais le sentiment, en Chine, que notre filière agroalimentaire pouvait être en conquête sur un marché considérable. Mais pourquoi avons-nous des espoirs de conquête, de victoire, de marché ? Parce que nous apportons, non pas simplement une quantité cest important la quantité mais nous apportons une qualité, une tradition, une innovation, un savoir-faire, celui-là même qui doit être enseigné dans un établissement comme celui où nous sommes.
Je sais exactement, par le ministre de lAgriculture, ce quil reste à faire. Parce que si on veut avoir un élevage de qualité, faut-il encore quil y ait un élevage. Or nous savons bien que, compte-tenu du prix des « intrans » ce que lon appelle les matières premières, les céréales cest difficile pour les producteurs, pour tous les producteurs. Surtout sils ne peuvent pas répercuter leurs prix dans de bonnes conditions. Nous avons pris, de ce point de vue, nos responsabilités. Dans la prochaine loi sur la consommation, il y aura des moyens de contourner ce que lon appelle « la loi LME » mais quimportent les sigles pour permettre quil y ait la répercussion sur les prix de vente.
Je veux aussi que le ministre de lEconomie et des Finances, Pierre MOSCOVICI, et le ministre de lAgriculture se mobilisent pour lexportation des produits agricoles. Longtemps, il y a eu un débat : faut-il exporter, pas exporter ? Heureusement que lon exporte nos produits agricoles ! Car dans notre balance commerciale, cela nous fait 3 milliards qui nous permettent de compenser dautres déficits, notamment le déficit énergétique. Mais, pour cela, il ne faut pas simplement exporter les produits agricoles, il faut exporter toute la filière. Nous ferons donc une politique spécifique pour la certification sanitaire, pour lorigine des produits.
Il ma été demandé, et jy ai bien sûr consenti, que la Banque publique dinvestissement puisse accompagner les entreprises agroalimentaires dans leurs projets de développement. Parce que cest un enjeu davenir et pas simplement pour préserver les productions. On nous dit souvent, surtout à Bruxelles dans les réunions du Conseil européen : « vous, la France, vous défendez votre agriculture et vos agriculteurs ». Cest vrai, nous défendons un modèle agricole européen, une qualité européenne et donc un atout pour lensemble du continent.
Je suis donc très heureux que cette convention puisse être signée aujourdhui. Car cela va être aussi une manière de nous adresser à dautres jeunes que ceux qui sont là et qui ont déjà compris qui peuvent sinterroger sur lenseignement agricole, sur les métiers que vous êtes capables de leur proposer £ ou même à des demandeurs demploi qui peuvent sinterroger sur une nouvelle formation professionnelle et une mutation. Cest donc aussi un appel pour quil puisse y avoir une meilleure insertion de nos jeunes et de nos demandeurs demploi vers des métiers davenir.
Jai saisi loccasion qui métait donnée de signer cette charte avec le Président de la FNSEA, avec vous, pour visiter deux entreprises du département, deux belles entreprises. Cest vrai quil y a des entreprises qui affrontent des mutations comme dans le secteur automobile qui est un secteur davenir qui investit, innove, mais qui affronte une compétition féroce et qui doit être accompagné cest notre rôle, cest notre devoir. Il y a des entreprises qui connaissent aussi, par moment, des mutations qui font quil doit y avoir des reconversions. Et cest douloureux ! Là encore, lEtat doit être présent.
Mais léconomie française, cest aussi des entreprises qui réussissent, qui embauchent, qui investissent, qui exportent. On nous dit : « oui, mais ces entreprises sont dans les grandes villes ». Cest pour partie exact, mais, ici, on a la démonstration dans le Doubs quil y a deux entreprises, dans une commune de moins de 1 000 habitants, qui sont capables de créer de lemploi, de développer des produits de grande qualité reconnus sur le marché national ou à lexportation, et dinnover. Je le disais devant les salariés : cette innovation, elle est technique cest des machines £ elle est aussi sociale, cela peut être une meilleure organisation du travail la réforme du marché du travail y contribuera £ mais elle est humaine et rien ne remplace lesprit et la main du travailleur. Cest ce qui fait la différence pour être compétitif. Ce qui suppose la formation.
La formation, cela va être la grande réforme que le gouvernement va engager désormais. Nous avons pris des mesures importantes depuis un an. Il y a eu le pacte de compétitivité, le crédit dimpôt dont jai pu constater quil était utilisé : utilisé pour embaucher, pour rémunérer, pour investir. Nous avons fait la réforme du marché du travail que personne ne pensait pouvoir accomplir ici en France. Cétait, paraît-il, trop compliqué. Cela na pas été sans discussions et parfois sans heurts. Le texte nest pas encore voté au Sénat. Il le sera bientôt. Mais cest une réforme très importante, à la fois dans la méthode et dans son résultat. Nous avons également créé cette Banque publique dinvestissement £ permis avec une loi bancaire danticiper sur les évolutions qui étaient souhaitées au plan européen pour mettre la spéculation de côté.
Mais il nous faut aller plus loin. La formation se fera donc aussi par la même méthode, avec la même volonté : permettre que ceux qui sont loin du marché du travail puissent y venir dans de bonnes conditions £ permettre que cette formation et jen ai eu la démonstration dans les entreprises que jai visitées puisse être offerte à tous les salariés pas simplement ceux qui ont déjà une formation initiale, à tous les salariés £ faire que les demandeurs demploi puissent être prioritaires alors que, souvent, ils en sont éloignés. Nous aurons besoin des partenaires sociaux. Nous aurons besoin des entreprises. Nous aurons besoin de Pôle Emploi que je veux saluer pour ses interventions et des régions qui sont déjà mobilisées.
Voilà ce qui était le sens de ma visite. Mais je veux également insister sur ce quil nous reste à faire. Je sais le scepticisme. Quand il ny a pas de croissance, comment réduire le chômage ? Or les prévisions pour 2013 nous sont confirmées par la Commission européenne, cest quil ny aura pas de croissance. Peut-être ce sera + 0,1, - 0,1 Quand on est à ces niveaux-là, cela veut dire quil ny aura pas de croissance en 2013.
Alors nous, nous devons prendre ces prévisions pour ce quelles sont et, en même temps, faire que nous préparions déjà la reprise de la croissance £ que nous nacceptions pas une forme de fatalité. Cest vrai quil ny a pas eu de croissance en 2012 et que cela sest payé avec une hausse du chômage. Depuis cinq ans, il ny a pas de croissance. Croissance zéro.
Un pays comme le nôtre ne peut pas vivre avec une croissance zéro. Dabord parce que nous avons un chômage qui est élevé, 10% de la population active. Parce que nous avons une démographie qui est dynamique. Nous, ici, nous faisons des enfants. Nous avons donc des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. On ne peut pas vivre avec une croissance zéro parce quil y a tant de besoins à satisfaire ! Il y a un territoire à occuper. Il nous faut donc aller créer de la croissance. Cest ce que nous avons engagé.
Dici là, nous mettrons tout en uvre pour toutes les formules demploi : contrats de génération, nous allons en signer £ emplois davenir, nous allons encore amplifier le dispositif pour que cela aille vers ceux qui en ont le plus besoin sans quil y ait de lourdeurs administratives. A propos de lourdeurs administratives, une manière de faire de la croissance est de simplifier. Cela ne coûte rien et cela rapporte beaucoup. Chaque fois que nous enlevons une contrainte, nous donnons des occasions demploi. Cela vaut dans tous les domaines. En agriculture, je nai pas besoin de faire de dessins. Cela vaut aussi pour lindustrie. Cela vaut pour les services. A condition, bien sûr, que lon maintienne les conditions pour la santé et pour lenvironnement. Chacun ici est conscient de ses responsabilités. Nous devons donc créer de lemploi sous toutes ses formes. Avoir une stratégie économique.
Que voulons-nous faire de notre pays ? Jen entends encore ceux qui doutent de la France. Je pense que la France est un pays qui peut être leader. On a évoqué des filières : filière agroalimentaire, filière du luxe, filière automobile, filière aéronautique, filière des nouvelles technologies, du numérique. Cest un enjeu le numérique. Il faut aussi préserver ce que nous avons, faire des alliances.
Nous avons donc toutes les conditions pour réussir. Une des conditions est davoir confiance en nous-mêmes, de penser que lon peut réussir. Cela dépend beaucoup de lemploi des jeunes. Jai veillé à ce que pour lEurope, dans le cadre même de son budget, il puisse y avoir une enveloppe pour lemploi des jeunes, là où il y a du chômage et dans certains pays, il peut aller jusquà 30-40% : une génération !
Dailleurs, dans un certain nombre de nos quartiers, on a ces chiffres-là. La confiance viendra donc aussi, et surtout, de leffort pour lemploi des jeunes. Pour cela, nous devons utiliser toute la palette, tous les instruments, tous les outils. Pour autant, la sortie de crise ne viendra pas toute seule. Nous devons la forcer : la forcer par la croissance, la forcer par la création demploi, la forcer par la formation.
La Commission européenne jen parlais tout à lheure nous a donné deux ans pour atteindre nos objectifs en matière de réduction du déficit. Je pense que cest une nouvelle importante parce quelle vient consacrer ce que la France a demandé depuis un an. Cest-à-dire que lon mette la croissance au premier rang de nos priorités.
Mais ne croyons pas pour autant parce que ce serait une vue de lesprit que parce que lon a cette souplesse, cette liberté, cette capacité maintenant qui nous est donnée dengager notre politique sans avoir une contrainte qui nous empêche dagir pour la croissance et lemploi, nous puissions nous dispenser du sérieux budgétaire indispensable. Parce que, ici, chacun comprend que nous avons besoin de maîtriser la dépense.
Si jentendais tous ceux qui sont ici, il y a toujours un moyen de contourner cette obligation. Mais léconomie budgétaire doit être un principe. Cest pour cela que, quelle que soit la liberté que nous donne lEurope, nous nous sommes fixés lobjectif que la dépense publique naugmente pas dune année sur lautre.
Puisque nous avons de la liberté, puisque nous avons de la souplesse, nous devrons faire des réformes structurelles indispensables pour la croissance. Jai cité la formation professionnelle, je pense aussi à linnovation et à linvestissement. Il y aura la réforme des retraites, parce que nous sommes toujours dans cette obligation de financer les retraites de demain. Nous avons toutes les conditions pour réussir.
Je veux en donner une dernière condition. Chacun a ses opinions, chacun a ses sensibilités jessaye de les faire changer, mais enfin ce nest pas le moment ! Il y a une condition pour réussir. Cest quau-delà de ce qui peut, à un moment, nous séparer, nous soyons unis sur un enjeu majeur. Quel est lenjeu pour chacune et chacun dentre nous ? Faire réussir notre pays, le sortir de la crise et gagner la bataille pour lemploi. Je veux ici vous remercier de contribuer à faire gagner à la France la bataille pour lemploi.
Merci.