1 mai 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les efforts du gouvernement en faveur de l'emploi, à Paris le 1er mai 2013.


Monsieur le ministre du Travail, cher Monsieur SAPIN,
Mesdames et Messieurs les récipiendaires, les médaillés,
Mesdames, Messieurs,
Cest un plaisir et un honneur que de vous remettre aujourdhui cette belle distinction : la médaille du travail. Nous ne sommes pas nimporte quel jour. Nous sommes le 1er mai. Cest un jour férié, comme lon disait, et chômé. Cela veut dire que cest un jour qui compte dans la vie parce que cest un jour de liberté.
Je me souviens dune phrase que lon me répétait. Une phrase de Jean JAURES : « Le travail cest la liberté ». Pour accéder à la liberté, il convient dabord davoir la liberté du travail, de pouvoir accéder à un travail.
Cest donc une date chargée dhistoire que le 1er mai. Depuis la fin du XIXème siècle, cette journée est célébrée partout dans le monde, en tout cas, là où il est possible de manifester et de porter cette valeur de liberté.
En 1884, une loi a consacré la liberté syndicale, la possibilité pour les salariés, pour les travailleurs de se regrouper pour défendre leurs droits. Deux ans plus tard, en 1886, est créée la médaille du travail. Et il faudra attendre 1948 pour quil y ait une médaille dhonneur du travail. Avant, heureusement, au début du XXème siècle, en 1906 seulement, a été créé le ministère du Travail : il y a eu plusieurs titulaires du poste avant Michel SAPIN ! Mais, aujourdhui, ce qui est attendu du ministère du Travail, cest dêtre le ministère de lEmploi.
Cest la première fois quun président de la République remet cette médaille du travail. Je lai voulu ainsi. Dabord pour rappeler la dignité qui sattache au travail et donc aux travailleurs. Ensuite, pour évoquer cette lutte pour le travail, partout dans le monde, car il y a trop de pays, encore aujourdhui, qui voient les salariés contestés dans leurs droits, entravés dans leur liberté de se coaliser, de se réunir, de se défendre.
Jai souhaité enfin vous remettre personnellement ces médailles pour saluer, au-delà de vous, lensemble des salariés de notre pays.
Vous êtes neuf femmes et huit hommes, issus de dix régions différentes, dont la vie professionnelle sest inscrite dans des domaines très distincts : lindustrie mécanique pour certains dentre vous, lélectricité, lautomobile, le bâtiment, les travaux publics et même la presse. Chacun de ces secteurs représente une activité importante de notre pays. Pas simplement une activité dhier que votre carrière pourrait révéler, mais une activité daujourdhui et de demain.
Le travail, cest une exigence £ cest un droit qui suppose une reconnaissance celle que je veux ici affirmée £ mais aussi un effort de la part de tous les salariés, une discipline, un engagement et parfois une persévérance. Car lon peut perdre son travail, et attendre de longs mois pour en retrouver un autre, et ne jamais désespérer, ne jamais craindre pour lavenir. Voilà ce que beaucoup de nos compatriotes demandent aujourdhui pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
Cette médaille du travail est attribuée à lancienneté. Certains pourraient sen étonner mais cest la volonté du législateur et des pouvoirs publics que de vouloir justement reconnaître la durée dune activité professionnelle. Avec des grades différents dans la médaille, pour ceux qui ont déjà fait plusieurs années et puis dautres qui ont fait toute leur carrière. Une des premières décisions que jai prise, comme président de la République, a été de reconnaître les carrières longues et de permettre à ceux qui avaient travaillé longtemps de pouvoir partir à lâge de 60 ans à la retraite.
Je sais aussi que lespérance de vie nest pas la même pour tous les salariés. Que ceux qui ont fait des travaux pénibles nont pas toujours, au moment où ils partent à la retraite, la même perspective de durée de vie. Ce sera lun des principes : reconnaître la pénibilité qui inspirera la prochaine réforme des retraites. Car nous aurons à réformer, une fois encore, notre système pour mieux le conforter. Mais nous le ferons de manière juste et, je lespère, pour longtemps.
Notre pays a besoin de tous ces salariés. Vous, vous avez consacré une grande partie de votre vie à élever le niveau de productivité et de compétitivité de notre pays. Et je voulais aussi, par cette manifestation daujourdhui, vous en porter témoignage et reconnaissance. Mais vous avez fait davantage, pour les plus anciens : vous avez transmis, vous avez permis à dautres, plus jeunes, de pouvoir accéder à leur tour à lemploi et à la qualification. Cest tout le sens de ce que nous avons engagé avec les contrats de génération.
La politique que mène le gouvernement, sous mon autorité, na quun seul but : gagner la bataille pour lemploi, cest-à-dire, en fait, la bataille contre le chômage, contre cette négation du droit au travail. Or, depuis cinq ans, le nombre de demandeurs demploi dans notre pays ne cesse daugmenter. Plus dun million sur les cinq dernières années. Et cest tant de difficultés pour tant de familles dans notre pays.
Pour gagner cette bataille, il nous faut de la croissance. La croissance en France, avec le pacte de compétitivité : améliorer la situation des entreprises pour quelles puissent embaucher, investir, exporter. Nous devons le faire. Cela a été lune des premières décisions du gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, ce pacte de compétitivité, ce crédit dimpôt apporté aux entreprises. Non pas pour quelles fassent du profit, mais pour quelles utilisent ces marges, justement, pour embaucher.
Mais la croissance il faut aller la chercher également en Europe. Parce que quand il y a une récession autour de notre pays, comment faire pour en être protégé ? Nous aurons donc, une fois encore, rappelé cette évidence, que lEurope doit mettre de lordre dans ses comptes, sûrement, et la France fait sa part. Mais lEurope doit également être orientée autour de la croissance. Des pays proches de nous connaissent des taux de chômage de 25%. En Espagne, six millions de chômeurs, avec ce que cela peut représenter de désolation. Nous avons donc cette ambition. Il faudra travailler avec tous les pays, avec ceux qui vont mal et qui aspirent à un changement dorientation et des pays qui vont mieux et qui doivent faire aussi leur part, mais qui nous demandent également de faire des réformes. Cest le compromis que nous avons à nouer.
Mais, en attendant, nous avons un devoir vis-à-vis des jeunes : faire en sorte que nous puissions offrir à ces jeunes les emplois davenir 100 000 dans lannée les contrats de génération et faire que tous les salariés qui peuvent être touchés, à un moment, par des difficultés conjoncturelles de leur entreprise puissent être davantage protégés. Cela a été lesprit de laccord signé le 10 janvier entre les partenaires sociaux pas tous. Mais ceux qui ont signé cet accord, patronat comme syndicats, avaient un objectif, que nous partagions : faire que les salariés puissent être mieux protégés et les entreprises puissent être mieux accompagnées quand elles rencontrent des difficultés conjoncturelles. Nous avions aussi lambition de lutter contre la précarité de lemploi contre les contrats courts, qui pour beaucoup de jeunes sont, hélas, le seul horizon quon leur propose.
Toutes ces initiatives emplois davenir, contrats de génération, pacte de compétitivité, accord pour la sécurisation de lemploi nont quun seul objectif : gagner la bataille, la bataille contre le chômage. Et pour donner de lespoir, il faut de lespoir, il faut avoir des exemples. Et aujourdhui, cest vous, les références, les exemples, pour beaucoup de ceux qui sont aujourdhui au travail ou aspirent à accéder à lemploi.
Cest le sens de cette réunion daujourdhui : faire en sorte que lon puisse saluer des vies, des vies de travail, des vies de labeur et en même temps des vies de fierté. Car quand on a fait une bonne partie de sa vie professionnelle, on a le sens de ce quune vie peut donner : un accomplissement, aussi un dépassement, une réalisation. Et même quand les salaires nont pas été très élevés cela a pu être le cas pour un certain nombre de ceux qui sont distingués on a le sentiment davoir été utile à lentreprise, à un territoire et au pays.
Il était donc bien légitime quaujourdhui, ce soit la France qui vous exprime sa gratitude pour le travail que vous avez fait pour elle. Cest le sens de notre manifestation et des distinctions qui vous ont été remises, ou qui vont lêtre, par mon intermédiaire, aujourdhui, au nom de la République française. Merci.
Au titre de la médaille échelon Argent (20 ans de carrière)
Mme Corinne ARDHUIN
Mme Béatrice CARLIER
Mme Fernande FLORES
M. Robert MONTANT
Au titre de la médaille échelon Vermeil (30 ans de carrière)
Mme Marie-Laure PUIG
Mme Michèle SUZONNI
Mme Catherine TOSSA
M. Dominique MOSTKOWSKI
Au titre de la médaille échelon Or (35 ans de carrière)
Mme Béatrice ALLEGRE
M. Pascal BOISSEONT
M. Christian COSER
Au titre de la médaille échelon Grand Or (40 ans de carrière)
Mme Brigitte BRICOURT
Mme Micheline LASSERE
M. Christian LIBRE
M. Didier PEYTHIEU
M. Jean-Paul VAISSIERM. Claude VANDENBROUCKE