25 avril 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-chinoises et sur la lutte contre le chomage, à Pékin le 25 avril 2013.

LE PRESIDENT : « Mesdames et Messieurs, je veux dabord vous présenter toutes mes excuses pour le retard. Mais les discussions que nous avons eues avec le président chinois et le dîner officiel nous ont contraints de différer quelque peu cette conférence de presse. Néanmoins, cette première journée de la visite dEtat a été marquée par lattention très grande qui nous a été accordée par le président chinois sur les questions que nous voulions aborder.
Cétait en effet une visite attendue, très attendue même : la première que jeffectuais, ici en Chine, comme président de la République et la première que les autorités chinoises accordaient à un chef dEtat européen. Visite attendue aussi au regard de ce que devenait le partenariat stratégique, c'est-à-dire un cadre qui parfois peinait à trouver son contenu. Visite attendue, enfin, au regard du déséquilibre de nos échanges commerciaux avec la Chine qui appelle nécessairement une correction.
Cette visite a été longuement préparée par les ministres concernés, également par Martine AUBRY et je len remercie, et par tous ceux qui depuis longtemps comme Jean-Pierre RAFFARIN travaillent aux bons rapports, à la bonne relation avec la Chine. Je suis aujourdhui conscient que nous devons franchir une nouvelle étape. Non pas simplement parce quil y a lanniversaire du moment très important qua été la reconnaissance par le général de GAULLE, au nom de la France, de la Chine populaire, mais parce que nous devons donne un nouvel élan, une nouvelle forme, un nouveau contenu au partenariat stratégique.
Dabord, pour que nos relations soient plus étroites, que nous nous concertions davantage, que nous nous coordonnions mieux. Je lai dit, sur le plan de la politique internationale, nous avons des principes qui nous rapprochent : respect de lindépendance £ volonté dune plus grande gouvernance du monde £ attention accordée aux conflits qui peuvent déséquilibrer la planète £ lutte contre la prolifération nucléaire, contre le terrorisme £ et volonté également de mettre le réchauffement climatique au cur des décisions de la communauté internationale. Je veillerai à ce que le dialogue stratégique et le dialogue économique puissent être menés de pair, c'est-à-dire sans dissocier lun et lautre, lun de lautre.
Ensuite sur la question du déséquilibre de notre commerce extérieur, jai abordé franchement la question avec le président chinois, qui lui-même est conscient que cela ne peut pas être soutenable, durable £ que cela suppose dabord je lai dit moi-même , que nous soyons plus présents, que notre compétitivité soit améliorée à lévidence £ que lEurope elle-même reprenne le chemin de la croissance, sûrement.
Mais il convient aussi quil y ait un rééquilibrage par le haut, cest à dire une meilleure ouverture du marché chinois, un partenariat sur des coopérations qui dépassent le seul nucléaire ou laéronautique, même si nous avons enregistré des accords importants au cours de cette visite aussi bien pour le nucléaire (de la source, de la mine, jusquau retraitement et sans oublier la sûreté) et sur laéronautique (avec la vente de 60 AIRBUS, 42 A 320, 18 A 330).
Mais nous ne pouvons pas limiter nos échanges simplement à ces deux piliers de la coopération entre la France et la Chine. Doù ce forum économique qui a été organisé et surtout les intentions communes que nous avons portées, Chinois et Français, sur lagroalimentaire, sur le numérique, sur les énergies renouvelables, et également sur tout ce qui peut être des investissements davenir. Nous pensons à des nouvelles filières. A partir de là, je souhaite que nous puissions avancer dun pas plus allant vers un certain nombre de résultats.
Jai appelé aussi les investisseurs chinois à venir en France, pas simplement pour ce quils font déjà (placer des capitaux y compris sur les dettes souveraines en Europe, et la nôtre en particulier), pas simplement pour constituer des fonds communs (ils existent et nous en avons dailleurs scellé encore un autre), mais pour prendre une place dans lappareil productif français en coopération avec les entreprises et faire en sorte que les investisseurs chinois contribuent à la création demplois et dactivités.
Il ny a pas de raison quil y ait des investissements français importants, depuis longtemps en Chine, et quil ny ait pas non plus le mouvement inverse. A la condition chaque fois et cela vaut dans les deux sens que ce soit porteur demplois dans notre pays. Cest la raison pour laquelle jai visité une entreprise. Je nai pas choisi nimporte quelle entreprise : une ETI qui sest installée en Chine pour préserver et même augmenter lemploi en France, et avoir une coopération dexcellence.
Enfin, et je veux terminer là mon propos introductif, il y a la volonté entre la France et la Chine de développer une coopération culturelle, jallais dire humaine en favorisant lattribution de visas £ en augmentant le nombre détudiants chinois en France et Français en Chine £ en développant nos industries culturelles ici, je pense au cinéma, et en faisant aussi en sorte que nous puissions avoir, pour le 50ème anniversaire de la reconnaissance, bon nombre dévènements. Cest la raison pour laquelle jai également invité le président chinois à venir à Paris pour une visite dEtat.
Nous avons besoin de rapprocher nos deux sociétés, y compris pour parler des sujets qui peuvent nous différencier ou nous séparer. Et cela a été le cas dans lentretien que jai eu avec le président XI. Parce que je considère que nos principes doivent être celui du respect, sûrement cela fait partie de lamitié et de la considération que nous nous devons , mais également le principe de la franchise. Cest ce que nous avons fait. Et je crois que le dialogue est la meilleure façon de faire avancer la cause que la France entend servir partout dans le monde je parle des Droits de lHomme. Je vous laisse la parole ».
QUESTION : « Comment percevez-vous la Chine et les Chinois au cours de cette visite ? »
LE PRESIDENT : « Je ne peux pas prétendre, en une journée, avoir tout vu et tout compris. Jaurai donc tout intérêt et tout avantage à revenir en Chine. Dailleurs, nous en avons convenu le principe puisque lidée est de permettre une rencontre entre chef dEtat une fois par an. Une fois en Chine, une fois en France : je pense que cest un bon principe.
Ensuite, ce qui frappe tout visiteur, même pour une courte durée, cest la rapidité de ce qua été la renaissance chinoise. Je parle de renaissance pour bien signifier ce que représente, en trente ans, le développement de la Chine et une croissance qui, malgré la crise qui frappe une partie du monde, est ici de lordre de 8 %. Le président chinois, dans ce dîner, me donnait justement ses objectifs : doubler le niveau de vie moyen du Chinois en 2020. Et être capable, il la dit, de faire accéder au bien-être une grande partie de la population. Même sil y a des inégalités qui restent très importantes sur le territoire et entre les régions. Voilà, cest ce qui saisit.
Ensuite, ce que jai relevé cest, de la part du président XI et aussi des autorités chinoises, la volonté de travailler avec la France. Cest à dire dêtre plus conscients encore de notre responsabilité pour la gouvernance du monde, non pas pour établir je ne sais quelle stratégie de puissances, mais pour nous occuper des grands problèmes du monde.
Quels sont-ils, ces problèmes ? Problèmes de croissance ? On ne peut pas avoir une disparité aussi forte entre les continents. Problèmes dinégalité ? On ne peut pas avoir des écarts aussi importants. Problèmes environnementaux ? On ne peut pas avoir un réchauffement climatique dont la Chine, comme lEurope, comme les Etats-Unis sont pour partie responsables, compte tenu des modes de développement. Nous ne pouvons pas non plus ignorer les conflits qui menacent. Et nous avons eu aussi une discussion avec le président XI Jinping sur la Corée du Nord. Nous attendons de la Chine quelle utilise toute son influence.
Mais la Chine attend beaucoup de la France parce que la Chine a compris que la France pouvait être motrice en Europe. Motrice sur le plan économique, en appelant à une politique qui, certes réduit les déficits (déficits budgétaires, déficits commerciaux), mais appelle une nouvelle étape de croissance. Et motrice aussi sur le plan politique, parce que la France est capable de prendre ses responsabilités et des initiatives. Nous lavons montré au Mali, nous avons parlé de la question de lAfrique.
Voilà ce que jai ressenti au cours de cette première journée de visite : cest à la fois le développement considérable de la Chine dont nous devons prendre toute notre part mais nous devons aussi fixer des règles entre nous , et lattente qui est forte dune coopération, dun partenariat politique qui puisse contribuer à léquilibre du monde ».
QUESTION : « Monsieur le Président, comment pensez-vous que la France doit sadapter à la montée en puissance de la Chine ? Faut-il insister, toujours plus, sur les échanges entre la France et la Chine, en parlant de moins en moins des droits de lHomme ? Dailleurs, vous en avez parlé des droits de lHomme dans votre propos introductif, en disant quau nom des principes de franchise vous en aviez parlé. Est-ce que vous pouvez préciser ce que vous avez dit ? »
LE PRESIDENT : « Dabord, je ne distingue par la relation politique de la relation économique. Les règles que nous posons sur le plan politique, le partenariat que nous avons amplifié au cours de cette visite, tout cela doit être mis au service du développement économique et du rééquilibrage du commerce extérieur. Cest en partant de la politique que nous pouvons aller à léconomie et ce nest pas simplement en évoquant nos contrats, notre commerce, que nous regardons par ailleurs avec beaucoup dattention, car je lai dit : on ne peut pas accepter quil y ait un déficit structurel de notre commerce extérieur avec la Chine de 25 à 26 milliards deuros chaque année.
Quant aux droits de lHomme, aux principes de démocratie, cela fait partie du dialogue que nous avons. Il na pas besoin dêtre regardé comme une obligation ou comme une difficulté, parce que nous appelons au rééquilibrage de notre commerce extérieur. Mais simplement mettre cette question, comme elle doit lêtre, dans le cadre dun dialogue politique franc et respectueux. Jai évoqué cette question et notamment la liste que chacun connaît, et que lUnion européenne a établie ».
QUESTION : « Monsieur le Président, bienvenue en Chine ! Depuis votre élection à la présidence en 2012, plusieurs hauts responsables français se sont rendus en Chine pour des visites. Cela signifie-t-il que la France suit la voie des Etats-Unis, celle du virage américain vers lAsie ? Sinon, selon certaines sources, vous vous rendrez au Japon au mois de juin. Alors quel est votre avis sur les conflits récents entre la Chine et le Japon ? »
LE PRESIDENT : « Dabord je nai pas à faire je ne sais quel virage ! Il y a des relations continues entre la France et la Chine. Elles ont pu connaître parfois des périodes de forte intensité, parfois des vicissitudes, je ny reviens pas. Mais depuis mon élection, jai veillé à établir une relation constante avec la Chine. Javais rencontré lancien Premier ministre chinois lors du sommet qui rassemble pays européens et pays asiatiques et je suis très attaché à ce dialogue. Cest pour cela que jai tenu à y être personnellement.
Avec la Chine, je minscris dans le partenariat stratégique tel quil a été élaboré au cours des années. Je veux lui donner un contenu et une pratique. Dans ce partenariat, jinclus les questions économiques globales. Nous avons à faire aussi, sur le plan du système monétaire international, sur le plan des règles commerciales, ce que nous avons à faire pour la gouvernance dans le cadre du G20.
Il y a également les relations bilatérales que je veux meilleures, mais surtout plus équilibrées. Doù ce que jai dit sur lappel aux investisseurs chinois en France, louverture du marché, peut-être des coopérations vis-à-vis des pays tiers Bref, une politique qui sinscrit dans la durée, qui soit constante, cohérente pour que notre message nait pas besoin de fluctuer selon les circonstances.
Vous minterrogez sur un voyage au Japon. Oui, jaurai loccasion de me rendre au Japon. La date nest pas encore complètement arrêtée. Sur ce qui concerne des conflits qui existent en Mer de Chine, je souhaite que ce soit par le dialogue, une nouvelle fois, que ces questions puissent être réglées ».
QUESTION : « Monsieur le Président, pendant que vous êtes en Chine, il y a le climat aussi en France et le chômage. Les chiffres seront bientôt connus pour le mois de mars, peut-être que le record sera bientôt battu, le record de 97, on ne sait pas, on verra. Quest-ce que cela vous inspire, premièrement ? Est-ce quon peut, est-ce que lon doit encore vous croire quand vous dites que vous inverserez la courbe du chômage dici à la fin de lannée ?
Lié à ce sujet, deuxième sujet, il y a lamnistie sociale. Bientôt la manifestation de la fête du travail du 1er mai £ Jean-Luc MELENCHON aussi dans la rue le 5 £ quest-ce que vont dire vos électeurs du premier tour et les syndicats en renonçant à ce projet damnistie sociale ?
Et enfin, toujours dans le climat, lambiance du moment en France
LE PRESIDENT : « Vous allez me parler du mariage pour tous aussi pendant que vous y êtes ? »
QUESTION : « Non, de Claude BARTOLONE, le président de lAssemblée, qui vous réclame de réfléchir à un deuxième temps du quinquennat. Voilà sur ces trois sujets, sil vous plait ».
LE PRESIDENT : « Il y a tellement de questions dans votre intervention que je vais marrêter à la seule qui compte, à mes yeux, et qui est la question du chômage. Il y a une progression continue du chômage depuis maintenant cinq ans. Il y a eu un million de chômeurs en plus durant le précédent quinquennat et, depuis mon élection, le chômage ne cesse de progresser.
Jai pris un engagement qui est dinverser la courbe à la fin de lannée. Hélas, nous avons à subir et sans doute encore pour le mois dernier une progression du nombre des demandeurs demploi, avec ce que cela signifie de souffrance, de précarité, de difficulté. Jen suis le premier conscient. Cest pour cela que nous avons engagé des politiques.
Le cap que jai fixé, cest de faire tout pour que nous retrouvions croissance et emploi. Et dès lors que nous navons pas la croissance en 2013 nous ne laurons pas, cette chose est sûre nous travaillons pour la croissance pour 2014 et pour les années qui suivront. La seule manière de pouvoir baisser le chômage à la fin de lannée, cest dutiliser pleinement les mécanismes que nous avons introduits : emplois davenir, contrats de génération, bientôt la réforme du marché du travail. Toute laction du gouvernement je dis bien toute laction du gouvernement, tous ministères confondus cela doit donc être de poursuivre, damplifier encore la bataille pour lemploi.
Il y a une eu une année nous reviendrons sur cette année. Nous avons engagé beaucoup de réformes, certaines viennent justement à leur point daboutissement et cest bien. Mais ce que je veux, cest que les Français puissent se rassembler sur cette seule cause nationale : la lutte contre le chômage. Cest le seul rassemblement qui convienne. Il a déjà mobilisé les partenaires sociaux. Je ne demande pas quil mobilise tous les acteurs politiques, mais cela vaut pour lEtat comme pour les collectivités locales.
Cest lappel aussi que je lance aux entreprises et que jaurai loccasion encore de préciser. Car sil ny a pas dentreprise dynamique et créatrice, il ne peut pas y avoir de baisse du chômage à terme, comme je lai moi-même fixée, c'est-à-dire pour la fin de lannée et au-delà.
Si je suis en Chine, on pourrait se dire : « cest pour parler de tous les sujets sauf celui-là » Non, je suis sur le sujet du chômage et de lemploi quil convient de créer. Parce quil ne sagit pas simplement de contrats, il sagit daugmenter la présence des entreprises françaises pour quil y ait plus demplois en France. Cest le lien que jai voulu établir. Partout où je suis, partout je fais en sorte que ce soit pour lemploi que la France agit.
QUESTION : « Quel partenariat avec la Chine envisagez-vous en Afrique ? »
LE PRESIDENT : « La France, comme la Chine, considère lAfrique comme un continent davenir, comme un potentiel considérable de croissance et de développement. Mais la condition pour assurer ce développement, cest la sécurité, cest de permettre que lAfrique ne souffre pas du terrorisme, de linstabilité, de trafics de toute sorte ce qui nous a conduit, nous la France, au nom de la communauté internationale, à intervenir au Mali. Pour autant, la question terroriste nest pas réglée. On le voit bien à travers un certain nombre dattentats qui ont eu lieu ces derniers jours.
Si nous voulons développer lAfrique, il faut permettre aux Africains dassurer eux-mêmes leur propre sécurité. Cest eux qui doivent être les premiers responsables de ce rétablissement de la paix civile. Doù la nécessité également de les encadrer, de les former. Cest ce que, dailleurs, nous ferons au Mali avec les Européens.
La Chine est présente en Afrique. Elle doit prendre sa part aussi au développement durable, au respect des matières premières, et également à la démocratie et à la lutte contre la corruption. Parce que cest aussi un autre mal, qui ne frappe dailleurs pas seulement lAfrique, la corruption »
QUESTION : « Monsieur le Président, vous avez parlé des droits de lHomme. Il y a une question qui préoccupe beaucoup les Chinois et beaucoup le reste du monde, cest celle du Tibet. Est-ce que la question a été évoquée lors de votre entretien avec votre homologue chinois ? Est-ce que, par ailleurs, vous avez évoqué aussi la situation du Prix Nobel Liu XIAOBO actuellement incarcéré en Chine ? »
LE PRESIDENT : « Je le répète, nous avons abordé tous les sujets de manière franche, respectueuse, conforme à notre relation : les droits de lHomme, le Tibet où un certain nombre dimmolations récentes créent de légitimes émotions. Et, comme je lai dit tout à lheure, nous sommes revenus sur la liste qui avait été transmise par lUnion européenne.
Toutes ces questions ont donc été évoquées, avec la volonté de ne pas non plus parler que de cela. Ce nétait pas le seul but de ce déplacement. Nous venons parler du partenariat politique, de notre responsabilité à léchelle du monde, de notre relation bilatérale, de notre présence ici en Chine, de la présence de la Chine en Europe, de la croissance, de tous les sujets ».
QUESTION : « Monsieur le Président, cela fait un an bientôt que vous êtes arrivé au pouvoir. Cela fait un an que vous sillonnez le monde. Quest-ce que ces voyages, votre fonction, vous ont appris de la crise et de la façon dont elle touche singulièrement lEurope et la France ? »
LE PRESIDENT : « Oui, je sillonne le monde, je vais partout où je dois aller. Il est exact que, dès le lendemain de mon élection, jai été dans les grandes instances internationales : G8, G20, sommet de lOTAN Je me suis rendu dans la plupart des grands pays. Jai voulu aussi jai évoqué tout à lheure la rencontre Asie-Europe aller partout où il y avait un échange entre les continents.
Quest-ce que je retiens ? Cest que la crise qui a éclaté en 2008 venant dAmérique, aujourdhui, cest une crise européenne. Cétait une crise financière, cest devenu une crise des dettes souveraines. Ces crises-là sont, non pas derrière nous, mais sont en voie de règlement. Des mesures ont été prises contre la finance dérégulée £ la zone euro a été stabilisée £ sur les dettes souveraines, des programmes ont été menés. Aujourdhui, il ny a plus de risque sur un pays le dernier en date était Chypre. Mais cest en Europe quil y a la crise de la croissance.
Donc, ce que je retiens depuis un an, cest que si lEurope ne prend pas véritablement en main, à la fois, son union politique, sa capacité dagir sur le plan économique et monétaire et un clair soutien à la croissance, en même temps que lon règle les difficultés budgétaires, alors, lEurope peut être déclassée. LEurope, cest la première puissance économique du monde : elle doit reprendre sa place.
Le rôle de la France, cest, bien sûr, de mettre en ordre ses finances (nous lavons fait, enfin, nous le faisons, nous continuerons à le faire), daméliorer sa compétitivité parce que le déséquilibre entre la France et la Chine, sur le plan commercial, sinscrit dans un déséquilibre global (plus de 60 milliards de déficits du commerce extérieur et ce chiffre, ce nest pas celui de 2013 : cest celui de 2012, de 2011, de 2010, 2009). Mais la France, son rôle, cest de faire en sorte que lEurope reprenne le chemin de la croissance et pour cela, il faut prendre des mesures de compétitivité dans chacun des pays en même temps.
Il y a eu des pays qui ont anticipé. Les pays en excédent doivent relancer leur demande intérieure en Europe. Il doit y avoir une meilleure coordination des politiques économiques et des trajectoires budgétaires qui doivent être compatibles avec ce que nous voulons en termes de reprise de lactivité.
Parce que moi, je ne peux pas admettre, comme président français, que lEurope soit regardée comme une difficulté, comme un problème. Comme on le dit souvent, lEurope ne doit pas être un problème £ elle doit être une solution, une solution pour régler les problèmes globaux et une solution pour la croissance à léchelle du monde.
Une dernière question chinoise Allez-y ! Madame ».
QUESTION : « Quelle coopération envisagez-vous dans le domaine agroalimentaire ? Avez-vous des craintes sur la sécurité alimentaire ? »
LE PRESIDENT : « Oui. Dabord, je nai pas peur de manger du poulet autant quil le faudra pour vous en faire la démonstration ! Mais il ne faut pas avoir peur de manger du porc qui vient de France, car nous voulons aussi développer la charcuterie française, ici, en Chine. Il faut respecter les normes sanitaires. Ici, vous y êtes attentifs et nous, en France, nous sommes vigilants. Doù toutes les garanties que nous pouvons vous donner, pas simplement sur la charcuterie Martine AUBRY men voudrait si je ne citais pas la confiserie, la boulangerie, la pâtisserie, bref tous les produits qui viennent de France et qui, je vous le confirme, sont excellents et jen mange plus que de raison !
Sur la question, ensuite, de la coopération. Vous avez raison dinsister : la coopération sur la grippe aviaire, oui, nous sommes tout à fait prêts à la renforcer avec la Chine et la Chine elle-même est consciente du sujet. Nous faisons en sorte que nous puissions donner toute notre contribution scientifique. Je rappelle que, demain, je visiterai lInstitut Pasteur en Chine et que cet Institut, comme toujours, contribue justement à la recherche contre tout ce qui peut atteindre notre santé.
Merci à tous et pardon pour le retard ».