26 mars 2013 - Seul le prononcé fait foi
Conférence de presse conjointe de MM. François Hollande, Président de la République, et Mariano Rajoy, président du gouvernement du Royaume d'Espagne, notamment sur les relations franco-espagnoles et sur la situation financière de l'Europe, à Paris le 26 mars 2013.
LE PRESIDENT : « Mesdames, Messieurs, jai accueilli aujourdhui à Paris, pour la troisième fois, le Président du gouvernement espagnol, Mariano RAJOY. Ce soir, cest une visite un peu exceptionnelle non pas par la situation que nous avons regardée avec autant de lucidité que nécessaire mais aussi parce que nous allons nous retrouver pour le match de football. Mais nous avons surtout abordé les questions bilatérales et les questions européennes sans occulter la situation de Chypre.
Sur les relations bilatérales, un mot les qualifie : excellentes. Excellentes pas simplement dans les relations politiques et personnelles. Mais excellentes parce que nous avons été capables, ces derniers mois, de mener à bien un certain nombre de travaux dinfrastructures, aussi bien sur le plan du gazoduc puisquaujourdhui même, il y avait une inauguration que sur la question des lignes électriques, que sur la future ligne TGV entre Perpignan et Barcelone que nous avons prévu dinaugurer pour les prochains mois, peut-être à la rentrée, à loccasion du prochain sommet franco-espagnol.
Nous avons aussi évoqué les relations politiques et diplomatiques. Jai remercié le Président RAJOY pour le soutien que lEspagne a apporté à la France dans le cadre de lintervention au Mali. A la fois, par sa présence pour la formation de larmée malienne £ mais également pour sa participation pour la sécurité des forces européennes qui sont présentes sur le territoire malien et qui vont dailleurs être en nombre plus important, ces prochains mois, à mesure que nous allons nous-mêmes voir notre présence diminuer. Notre objectif pour le Mali, je le rappelle, est quil puisse y avoir une résolution du Conseil de sécurité qui décide dune opération de maintien de la paix. Cette résolution pourrait intervenir au mois davril.
Ensuite, nous avons échangé sur la situation en Europe. Depuis le mois de juin dernier, nous avons travaillé lEspagne et la France avec la même volonté, au Conseil européen de juin : faire prévaloir les objectifs de croissance mais également de stabilité financière. Ce fut un Conseil européen très important dont nous constatons encore aujourdhui les effets. Notre responsabilité, cest de traduire ce que nous avons décidé à ce sommet pour quil y ait des évolutions importantes de la situation financière de lEurope.
Cest ce qui fut fait au cours des Conseils qui ont suivi et cest la raison pour laquelle nous attachons beaucoup de prix à lUnion bancaire, aux mécanismes de résolution, comme aux mécanismes de la supervision et comme aux mécanismes de la recapitalisation. Avec la garantie des dépôts qui doit être un principe absolu, irrévocable.
Cette Union bancaire, nous voulons la faire progresser dans le calendrier tel quil est prévu. Nous en avons vu lutilité dans le règlement de la question chypriote. Si dailleurs cette Union bancaire avait existé, il ny aurait pas eu la situation de Chypre. Nous devons donc regarder laccord qui a été passé entre Chypre et la Troïka comme sinsérant dans le processus de lUnion bancaire. Avec des règles qui doivent être les plus conformes, même si la situation de Chypre est spécifique, unique et exceptionnelle.
Sur lautre objectif que nous poursuivons ensemble : cest à mesure que nous réduisons nos déficits, que nous suivons la trajectoire de rétablissement des comptes publics, nous avons une volonté de croissance. LEurope doit être stimulée pour quil puisse y avoir une perspective de reprise de la croissance, y compris dans lannée 2013. Cest léquilibre quil convient de trouver entre la part qui doit être réservée au rétablissement des comptes publics et la part qui doit être assurée pour le retour de la croissance.
Si la part est trop élevée sur le rétablissement des comptes publics, il ny aura pas de retour de la croissance. Mais sil ny a pas de rétablissement des comptes publics, il ny a pas de confiance pour la croissance. Cest donc ce chemin là que nous devons trouver. Il est différent selon les pays. En Espagne, des mesures très importantes ont été prises £ en France, nous nétions pas dans la même situation.
Mais lesprit est le même. Nous connaissons les taux de chômage : très important en Espagne et en France à des niveaux élevés. Il y a eu un million de chômeurs en plus sur les cinq dernières années. A partir de là, nous avons cette obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire revenir la croissance. Cela sera lobjet des discussions que nous aurons avec nos collègues aux Conseils européens et, pour chacun de nos pays, avec la Commission européenne.
Voilà le sens de notre rencontre. Des relations bilatérales excellentes, une position politique commune on la vu sur le Mali et enfin une vision de lEurope qui doit avoir des règles, qui doit poser des principes, avoir des mécanismes de résolution des crises cest lUnion bancaire, ce sont les mécanismes de stabilité et une Europe qui met la croissance avec la même ambition que celle de retrouver léquilibre des finances publiques. Merci Mariano.
M. Mariano RAJOY : « Merci beaucoup, M. le Président. Mesdames et Messieurs, bonsoir. Comme la dit le Président HOLLANDE, cest la troisième fois que je viens le rencontrer à Paris. Son accueil a toujours été extraordinaire et je tiens encore aujourdhui à le remercier. Le Président HOLLANDE est également venu à Madrid lannée dernière. Nous avons eu loccasion de nous réunir à plusieurs reprises, de nous rencontrer lors des Conseils européens et des réunions internationales.
Je crois que nous avons noué une relation fluide, une relation de confiance et de coopération. Je crois que cela est très important pour la relation bilatérale entre la France et lEspagne. Ensemble, nous allons pouvoir impulser les solutions à la crise que traverse lUnion européenne. Nous sommes des pays voisins, amis et alliés. Nous défendons les mêmes valeurs. Nous travaillons ensemble en faveur dune Union européenne forte, prospère et plus unie.
Jai pu constater aujourdhui le rôle central que nous accordons à nos relations bilatérales, des relations qui, comme le disait M. HOLLANDE, sont excellentes et qui sont de plus en plus profondes. Nous avons pu le démontrer lors du dernier sommet hispano-français doctobre qui commence à donner des résultats.
Il y a peu nous avons inauguré le tronçon espagnol du premier TGV entre nos deux pays, le tronçon Barcelone / Figueras. Jespère, comme la dit le Président HOLLANDE tout à lheure, que bientôt le TGV pourra réunir Perpignan à Barcelone et au reste de lEspagne. Je crois que tous nous pouvons nous réjouir de cette réussite.
Cet été nous allons remettre également le premier Airbus A 400 M acquis par les forces armées françaises à Séville. Ce sont là deux exemples de coopération très importants, de même que le soutien quapporte le président de la République française et son pays dans notre lutte contre lETA. Un soutien dont je le remercie encore. Nous allons tenir un sommet bilatérale en octobre et nous sommes déjà en train de travailler pour que ce sommet donne des résultats concrets dans le domaine des interconnections énergétiques, dans le domaine de la coopération policière et dans dautres domaines.
Notre coopération est également très intense sur la scène européenne, notamment dans les Conseil européens qui ont eu lieu lannée dernière et cette année. Ensemble, nous avons défendu le pacte pour la croissance en juin 2013 et dernièrement nous avons défendu un cadre économique réaliste pour lUnion européenne ainsi que des ressources pour la politique agricole commune. Nous avons effectivement des positions politiques semblables dans le domaine de la politique agricole commune, ce qui a été bénéfique aux secteurs agricoles français et espagnol.
Nous avons également travaillé à la création dun Fonds Emplois-jeunes puisque certains pays de lUnion européenne ont un taux de chômage déjà très élevé. Cest le cas notamment de lEspagne.
Le Président HOLLANDE a également parlé, dans son intervention, de ce qui se produit dans lUnion européenne et de la crise chypriote. Laccord auquel nous sommes parvenus à Chypre me semble un bon accord. Il est important quil y ait un programme pour aider léconomie chypriote à sen sortir. Il est également important de respecter toutes ces personnes, ces petits épargnants qui ont des dépôts inférieurs à 100 000 euros dans les banques. Cela est très important. Il faut maintenir la garantie de ces comptes. Cest un message de confiance que nous envoyons en ce sens.
Mais le problème de Chypre est un problème différent de celui des autres pays de lUnion européenne. Cest pour cette raison que la résolution qui a été adoptée est une décision exceptionnelle et unique et qui sapplique dune façon exceptionnelle et unique à Chypre. Cest bien ce qui a été dit dans la décision de lEurogroupe. Dautres personnes lont dit au cours des dernières heures. Je tiens à insister sur ce point.
Il est très important également, non seulement de prendre des décisions, mais dêtre cohérent. Quand on fait des déclarations, il faut être prudent, agir avec précision et avec une grande modération. Il faut toujours respecter les accords pris par les institutions européennes.
Je reprendrai ce que vient de dire le président HOLLANDE. Il faut dire que si lUnion bancaire était déjà une réalité, nous naurions pas dû affronter ce problème. Le Conseil européen de juin, lannée dernière, a été très important car il a fixé un objectif et une voie à suivre : Union bancaire, Union fiscale, Union économique, Union politique.
Ensuite, les choses doivent prendre leur temps, il faut faire des efforts pour que lon se mette tous daccord sur des sujets qui sont très importants. Mais un échéancier a été fixé et ce calendrier a été ratifié en décembre. Au mois de juin, lEspagne veut que le système pour la recapitalisation des entités financières soit mis en uvre et quen décembre, on approuve un système de garantie des dépôts et un mécanisme de supervision unique. Cest fondamental, jinsiste.
Je crois que les progrès qui ont été faits pour avancer vers une Union bancaire, doivent se poursuivre. Nous devons être déterminés, nous devons être convaincus, nous devons être courageux pour avancer vers cette Union. Il faudrait ensuite parler également de lUnion économique, de lUnion fiscale et de lUnion politique.
Le gouvernement espagnol comme les autres gouvernements en 2013 continuent à miser sur lintégration européenne, une intégration européenne croissante qui apportera une plus grande prospérité, une plus grande richesse à tous les peuples européens.
Je tiens à réaffirmer lengagement de lEspagne envers les décisions prises concernant le Mali. La situation est complexe, dès le début nous avons soutenu le gouvernement français, nous lui avons apporté notre soutien politique, nous avons apporté également des moyens matériels et humains. Nous allons tout faire pour que la situation se résolve le plus rapidement possible pour que le Mali devienne un espace de stabilité, où le progrès et le bien-être de tous puissent se développer. Merci ».
QUESTION : « Aujourdhui la Banque dEspagne a publié des prévisions, avec une chute du PIB de 1,5%, un taux de chômage de 27%. Vous avez dit que vous alliez revoir ces prévisions. Est-ce que vous allez aller dans ce sens ? Que pensez-vous de ce qua dit la Banque dEspagne ? Quil fallait utiliser la réforme du marché du travail pour réduire les salaires ? Un communiqué de lETA vient dêtre publié également, dans lequel il évoque des conséquences négatives depuis le début du processus de paix et critique limmobilisme du gouvernement ».
M. Mariano RAJOY : « Je suis conscient des prévisions de la Banque centrale. Il y a eu dautres prévisions, également celle du FMI, de la Commission européenne et dautres organismes internationaux et nationaux. Quand nous avons présenté les budgets, ils saccompagnaient du tableau macro-économique, avec des prévisions pour 2013.
Comme je lai dit au Congrès des députés, quand nous remettrons à la Commission européenne notre plan pour la stabilité et la croissance pour lannée prochaine, nous réviserons les chiffres. Je ne vais pas vous dire maintenant si ces chiffres iront dans le sens des prévisions de la Banque dEspagne. Ce que je tiens à vous dire, cest que oui, nous allons réviser effectivement nos prévisions économiques.
Concernant la réforme de lemploi, vous mavez parlé de la réforme du marché de lemploi. Je crois quun accord a été adopté entre les syndicats et le patronat au début de lannée, concernant les salaires. Cette réforme est importante et a permis à léconomie espagnole dêtre plus compétitive.
Si lon compare avec dautres pays européens, cest important car la compétitivité est importante et quand on parle de compétitivité, cest le bien-être et lemploi qui sont en jeu. Les syndicats et le patronat doivent se mettre daccord et bien entendu, le Gouvernement doit respecter cet accord et mettre en uvre la réforme telle quelle a été adoptée.
Quant au communiqué de lETA, jaime être positif et je veux parler de conséquences positives, des conséquences qui sont positives pour tous. Cela se fera lorsque lETA annoncera sa dissolution définitive. Ce sera là une conséquence positive qui sera bénéfique pour tous et qui sera bénéfique pour les droits individuels de tous les Espagnols ».
QUESTION : « La Commission européenne a indiqué aujourdhui que les dépôts supérieurs à 100 000 euros, pourraient être utilisés dans le cadre de plans futurs de résolution de crise bancaire. Jaimerais savoir si vous vous opposez à ce que les dépôts soient utilisés dans le futur ? Et je voulais savoir si vous trouvez que Jeroen DIJSSELBLOEM fait un bon président de lEurogroupe ? »
M. Mariano RAJOY : « Je crois que les projets de recapitalisation bancaires doivent se faire comme cela était prévu à travers le MES. Voilà ma position. Je ne serais pas favorable à une directive qui dit que les plans de recapitalisation des banques doivent se faire à travers les dépôts des épargnants. Je ne suis pas daccord avec cela. Je vais défendre cette position.
Quant à votre deuxième question, je nai rien à ajouter à ce que jai déjà dit. Nous devons tous agir dans le respect des accords adoptés. Cest ce qui rassure le plus ».
LE PRESIDENT : « Lunion bancaire, cest quoi ? Cest ce qui permet davoir une surveillance. Ce quon appelle la supervision des banques. Cest ce qui permet davoir une résolution lorsquil peut y avoir une crise. Cest la garantie des dépôts. Avec une recapitalisation qui, au terme du processus, viendra comme il a été décrit par Mariano RAJOY, par le MES, c'est-à-dire un fonds de solidarité au plan européen. Il y a donc deux principes essentiels dans lUnion bancaire au-delà de la surveillance, de la supervision.
Les deux principes essentiels, cest la garantie des dépôts. Ceux qui mettent de largent dans les banques dans la zone euro ont une garantie sur les fonds qui sont déposés. Cest un principe qui doit être respecté car il est le principe qui donne confiance et qui fonde lUnion bancaire. Quand il y a une crise, ça peut arriver, quand elle na pas été traitée assez tôt, cest par les mécanismes du MES que le règlement se produit via la recapitalisation.
Pas dautres commentaires sur les déclarations qui ont pu être faites. Ce qui est très important, par rapport à Chypre, cest un accord qui a mis du temps avant dêtre conclu, parce quil nétait pas si simple compte tenu de la spécificité de Chypre, avec un système bancaire hypertrophié par rapport à léconomie réelle et des déposants qui nétaient pas que des déposants européens de la zone euro. Cétait un traitement qui ne pouvait être quexceptionnel, que spécifique, unique. Mais qui néanmoins devait être fait et qui a été fait pour que les déposants au-dessous de 100 000 euros naient justement aucun prélèvement sur leurs comptes ».
QUESTION : « Je voulais vous poser des questions concernant les expulsions en Espagne. La déléguée du gouvernement à Madrid a relié ces mouvements à lETA. Il me semble que lopposition aujourdhui a dit que lon criminalise ces mouvements anti-expulsion. Jaimerais savoir ce que vous en pensez ? Est-ce que vous pourriez nous parler également des affaires de corruption qui minent votre parti ? Le parti ne se réunit pas depuis plusieurs semaines, le système de financement du parti est questionné depuis plusieurs années. M. BARCENAS a une quantité importante en Suisse. Il y a énormément de questions. Vous navez jamais soupçonné que ces personnes agissaient de façon frauduleuse ? Vous ne pensez pas que votre silence accroit le doute des citoyens au lieu de les rassurer et que ce serait intéressant dapporter plus de réponses ? »
M. Mariano RAJOY : « Concernant votre seconde question, après la publication des nouvelles dont vous avez parlées, je suis intervenu publiquement. Jai exprimé ma position très claire sur le sujet. Le parti que je dirige a remis tous ces comptes à la Cour des Comptes. Nous avons procédé à un audit interne. Nous lavons fait connaitre à lopinion publique et maintenant nous sommes dans lattente des décisions de la Cour de justice comme cela doit être dans un Etat de droit.
Je tiens à dire que ce nest pas démocratique, ce nest pas juste, ce nest pas propre dun pays sérieux que lon harcèle, que lon intimide des personnes à leur domicile. Je crois que cela est anti-démocratique et que tous les démocrates doivent le dire clairement. En démocratie, il faut respecter les autres, même sils ne pensent pas comme vous cest un principe de base. Même si les autres nagissent pas comme vous. Si tout le monde agissait de la même manière que les personnes dont nous venons de parler cela serait un véritable chaos. Je trouve ces attitudes anti-démocratiques.
Nous sommes conscients du problème. Mais notre gouvernement est le premier gouvernement à avoir pris des mesures en la matière. Certains citoyens traversent des situations difficiles mais il faut aussi assurer la situation juridique. Il faut respecter des lois qui ont été approuvées depuis longtemps, des normes qui permettent à beaucoup de personnes davoir accès à des emprunts. Et donc davoir eu accès à la propriété en Espagne. Notre système est bon mais il peut être amélioré. La situation actuelle est très complexe à cause de la crise, mais il faut chercher des solutions équilibrées.
Nous avançons dans la bonne voie. Le Parlement débat sur le projet de loi présenté par le gouvernement, il y a également une initiative législative et nous pourrons prendre des décisions. Mais ces décisions doivent être équilibrées car il faut préserver également la sécurité juridique et les intérêts de nombreux citoyens qui déposent dans les banques leur argent, cet argent qui est ensuite prêté à dautres citoyens. Cela il faut le savoir ».
QUESTION : « Une question de nouveau sur le chômage. Le taux de chômage en France, on la appris ce soir, frôle le record absolu de 1997. En Espagne, comme la dit ma consur espagnole, il pourrait atteindre 27% cette année. Est-ce que cela justifie à vos yeux ladoption de mesures exceptionnelles, est ce que vous envisagez toujours une inversion de la courbe du chômage à la fin de cette année ? Et puisque nous en sommes aux pronostics, une question pour le football ce soir, est ce que vous pouvez nous donner vos pronostics sur le match auquel vous allez assister ? »
LE PRESIDENT : « Sur la question du chômage, vous avez rappelé les chiffres en Espagne, vous auriez pu citer ceux de lItalie, du Portugal et vous citez à juste titre ceux de la France. Depuis 5 ans, sur les 60 mois, il y a eu 52 mois de hausse et huit mois de baisse. Le chômage a augmenté dun million et parmi les causes, cest la croissance nulle qui fait quil y a cette augmentation continue des demandeurs demploi. Sur les chiffres du mois de février, 18 400, je pourrais dire cest moins. Cest moins quau mois de janvier, deux fois moins. Mais cest trop, trop par rapport à ce que vivent des compatriotes : la précarité, le doute, linquiétude.
Les chiffres de croissance ont été rappelés tout à lheure : pour lEspagne était évoquée une récession de 1,5% en 2013, pour le Portugal, pour lItalie, 2% de récession. En France, nous ne voulons pas jouer les optimistes, nous avons un peu plus de 0,1%. Mais cest trop peu. Pour réduire le chômage, nous avons donc besoin de croissance, de croissance en France, de croissance en Europe.
Nous avons besoin dune croissance en Europe. Lessentiel de nos échanges se font sur les marchés européens et quand lEurope est en récession, la France ne peut pas être en expansion et aucun pays ne peut lêtre, y compris celui qui parait se porter le mieux et qui ne connaitra de croissance quà peine 0,8% en 2013
Vous me demandez si je suis encore convaincu que nous allons inverser la courbe du chômage. Ce nest pas un problème de conviction, ce nest pas simplement une croyance, cest une volonté, cest un objectif et je my tiendrai avec des mesures que nous avons prises tout au long de ces derniers mois et qui vont connaitre leur effet. Mais cette inversion qui ne viendra quà la fin de lannée cest lengagement que jai pris pour être durable devra être alimenté par la croissance, doù la bataille que jengage au plan national mais aussi au plan européen pour ce retour de la croissance.
Quant au match de football, cela fait un pronostic tout à fait différent du précédent. Là, pour plein de raisons à la fois amicales, sportives, le match nul serait le meilleur résultat pour la France ».
M. Mariano RAJOY : « Si tu me le permets, je ne suis pas daccord. Je crois que le meilleur résultat, ce serait une victoire pour lEspagne ! »
LE PRESIDENT : « Cest sur ce désaccord, que nous allons donc nous quitter ! Merci ».
Sur les relations bilatérales, un mot les qualifie : excellentes. Excellentes pas simplement dans les relations politiques et personnelles. Mais excellentes parce que nous avons été capables, ces derniers mois, de mener à bien un certain nombre de travaux dinfrastructures, aussi bien sur le plan du gazoduc puisquaujourdhui même, il y avait une inauguration que sur la question des lignes électriques, que sur la future ligne TGV entre Perpignan et Barcelone que nous avons prévu dinaugurer pour les prochains mois, peut-être à la rentrée, à loccasion du prochain sommet franco-espagnol.
Nous avons aussi évoqué les relations politiques et diplomatiques. Jai remercié le Président RAJOY pour le soutien que lEspagne a apporté à la France dans le cadre de lintervention au Mali. A la fois, par sa présence pour la formation de larmée malienne £ mais également pour sa participation pour la sécurité des forces européennes qui sont présentes sur le territoire malien et qui vont dailleurs être en nombre plus important, ces prochains mois, à mesure que nous allons nous-mêmes voir notre présence diminuer. Notre objectif pour le Mali, je le rappelle, est quil puisse y avoir une résolution du Conseil de sécurité qui décide dune opération de maintien de la paix. Cette résolution pourrait intervenir au mois davril.
Ensuite, nous avons échangé sur la situation en Europe. Depuis le mois de juin dernier, nous avons travaillé lEspagne et la France avec la même volonté, au Conseil européen de juin : faire prévaloir les objectifs de croissance mais également de stabilité financière. Ce fut un Conseil européen très important dont nous constatons encore aujourdhui les effets. Notre responsabilité, cest de traduire ce que nous avons décidé à ce sommet pour quil y ait des évolutions importantes de la situation financière de lEurope.
Cest ce qui fut fait au cours des Conseils qui ont suivi et cest la raison pour laquelle nous attachons beaucoup de prix à lUnion bancaire, aux mécanismes de résolution, comme aux mécanismes de la supervision et comme aux mécanismes de la recapitalisation. Avec la garantie des dépôts qui doit être un principe absolu, irrévocable.
Cette Union bancaire, nous voulons la faire progresser dans le calendrier tel quil est prévu. Nous en avons vu lutilité dans le règlement de la question chypriote. Si dailleurs cette Union bancaire avait existé, il ny aurait pas eu la situation de Chypre. Nous devons donc regarder laccord qui a été passé entre Chypre et la Troïka comme sinsérant dans le processus de lUnion bancaire. Avec des règles qui doivent être les plus conformes, même si la situation de Chypre est spécifique, unique et exceptionnelle.
Sur lautre objectif que nous poursuivons ensemble : cest à mesure que nous réduisons nos déficits, que nous suivons la trajectoire de rétablissement des comptes publics, nous avons une volonté de croissance. LEurope doit être stimulée pour quil puisse y avoir une perspective de reprise de la croissance, y compris dans lannée 2013. Cest léquilibre quil convient de trouver entre la part qui doit être réservée au rétablissement des comptes publics et la part qui doit être assurée pour le retour de la croissance.
Si la part est trop élevée sur le rétablissement des comptes publics, il ny aura pas de retour de la croissance. Mais sil ny a pas de rétablissement des comptes publics, il ny a pas de confiance pour la croissance. Cest donc ce chemin là que nous devons trouver. Il est différent selon les pays. En Espagne, des mesures très importantes ont été prises £ en France, nous nétions pas dans la même situation.
Mais lesprit est le même. Nous connaissons les taux de chômage : très important en Espagne et en France à des niveaux élevés. Il y a eu un million de chômeurs en plus sur les cinq dernières années. A partir de là, nous avons cette obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire revenir la croissance. Cela sera lobjet des discussions que nous aurons avec nos collègues aux Conseils européens et, pour chacun de nos pays, avec la Commission européenne.
Voilà le sens de notre rencontre. Des relations bilatérales excellentes, une position politique commune on la vu sur le Mali et enfin une vision de lEurope qui doit avoir des règles, qui doit poser des principes, avoir des mécanismes de résolution des crises cest lUnion bancaire, ce sont les mécanismes de stabilité et une Europe qui met la croissance avec la même ambition que celle de retrouver léquilibre des finances publiques. Merci Mariano.
M. Mariano RAJOY : « Merci beaucoup, M. le Président. Mesdames et Messieurs, bonsoir. Comme la dit le Président HOLLANDE, cest la troisième fois que je viens le rencontrer à Paris. Son accueil a toujours été extraordinaire et je tiens encore aujourdhui à le remercier. Le Président HOLLANDE est également venu à Madrid lannée dernière. Nous avons eu loccasion de nous réunir à plusieurs reprises, de nous rencontrer lors des Conseils européens et des réunions internationales.
Je crois que nous avons noué une relation fluide, une relation de confiance et de coopération. Je crois que cela est très important pour la relation bilatérale entre la France et lEspagne. Ensemble, nous allons pouvoir impulser les solutions à la crise que traverse lUnion européenne. Nous sommes des pays voisins, amis et alliés. Nous défendons les mêmes valeurs. Nous travaillons ensemble en faveur dune Union européenne forte, prospère et plus unie.
Jai pu constater aujourdhui le rôle central que nous accordons à nos relations bilatérales, des relations qui, comme le disait M. HOLLANDE, sont excellentes et qui sont de plus en plus profondes. Nous avons pu le démontrer lors du dernier sommet hispano-français doctobre qui commence à donner des résultats.
Il y a peu nous avons inauguré le tronçon espagnol du premier TGV entre nos deux pays, le tronçon Barcelone / Figueras. Jespère, comme la dit le Président HOLLANDE tout à lheure, que bientôt le TGV pourra réunir Perpignan à Barcelone et au reste de lEspagne. Je crois que tous nous pouvons nous réjouir de cette réussite.
Cet été nous allons remettre également le premier Airbus A 400 M acquis par les forces armées françaises à Séville. Ce sont là deux exemples de coopération très importants, de même que le soutien quapporte le président de la République française et son pays dans notre lutte contre lETA. Un soutien dont je le remercie encore. Nous allons tenir un sommet bilatérale en octobre et nous sommes déjà en train de travailler pour que ce sommet donne des résultats concrets dans le domaine des interconnections énergétiques, dans le domaine de la coopération policière et dans dautres domaines.
Notre coopération est également très intense sur la scène européenne, notamment dans les Conseil européens qui ont eu lieu lannée dernière et cette année. Ensemble, nous avons défendu le pacte pour la croissance en juin 2013 et dernièrement nous avons défendu un cadre économique réaliste pour lUnion européenne ainsi que des ressources pour la politique agricole commune. Nous avons effectivement des positions politiques semblables dans le domaine de la politique agricole commune, ce qui a été bénéfique aux secteurs agricoles français et espagnol.
Nous avons également travaillé à la création dun Fonds Emplois-jeunes puisque certains pays de lUnion européenne ont un taux de chômage déjà très élevé. Cest le cas notamment de lEspagne.
Le Président HOLLANDE a également parlé, dans son intervention, de ce qui se produit dans lUnion européenne et de la crise chypriote. Laccord auquel nous sommes parvenus à Chypre me semble un bon accord. Il est important quil y ait un programme pour aider léconomie chypriote à sen sortir. Il est également important de respecter toutes ces personnes, ces petits épargnants qui ont des dépôts inférieurs à 100 000 euros dans les banques. Cela est très important. Il faut maintenir la garantie de ces comptes. Cest un message de confiance que nous envoyons en ce sens.
Mais le problème de Chypre est un problème différent de celui des autres pays de lUnion européenne. Cest pour cette raison que la résolution qui a été adoptée est une décision exceptionnelle et unique et qui sapplique dune façon exceptionnelle et unique à Chypre. Cest bien ce qui a été dit dans la décision de lEurogroupe. Dautres personnes lont dit au cours des dernières heures. Je tiens à insister sur ce point.
Il est très important également, non seulement de prendre des décisions, mais dêtre cohérent. Quand on fait des déclarations, il faut être prudent, agir avec précision et avec une grande modération. Il faut toujours respecter les accords pris par les institutions européennes.
Je reprendrai ce que vient de dire le président HOLLANDE. Il faut dire que si lUnion bancaire était déjà une réalité, nous naurions pas dû affronter ce problème. Le Conseil européen de juin, lannée dernière, a été très important car il a fixé un objectif et une voie à suivre : Union bancaire, Union fiscale, Union économique, Union politique.
Ensuite, les choses doivent prendre leur temps, il faut faire des efforts pour que lon se mette tous daccord sur des sujets qui sont très importants. Mais un échéancier a été fixé et ce calendrier a été ratifié en décembre. Au mois de juin, lEspagne veut que le système pour la recapitalisation des entités financières soit mis en uvre et quen décembre, on approuve un système de garantie des dépôts et un mécanisme de supervision unique. Cest fondamental, jinsiste.
Je crois que les progrès qui ont été faits pour avancer vers une Union bancaire, doivent se poursuivre. Nous devons être déterminés, nous devons être convaincus, nous devons être courageux pour avancer vers cette Union. Il faudrait ensuite parler également de lUnion économique, de lUnion fiscale et de lUnion politique.
Le gouvernement espagnol comme les autres gouvernements en 2013 continuent à miser sur lintégration européenne, une intégration européenne croissante qui apportera une plus grande prospérité, une plus grande richesse à tous les peuples européens.
Je tiens à réaffirmer lengagement de lEspagne envers les décisions prises concernant le Mali. La situation est complexe, dès le début nous avons soutenu le gouvernement français, nous lui avons apporté notre soutien politique, nous avons apporté également des moyens matériels et humains. Nous allons tout faire pour que la situation se résolve le plus rapidement possible pour que le Mali devienne un espace de stabilité, où le progrès et le bien-être de tous puissent se développer. Merci ».
QUESTION : « Aujourdhui la Banque dEspagne a publié des prévisions, avec une chute du PIB de 1,5%, un taux de chômage de 27%. Vous avez dit que vous alliez revoir ces prévisions. Est-ce que vous allez aller dans ce sens ? Que pensez-vous de ce qua dit la Banque dEspagne ? Quil fallait utiliser la réforme du marché du travail pour réduire les salaires ? Un communiqué de lETA vient dêtre publié également, dans lequel il évoque des conséquences négatives depuis le début du processus de paix et critique limmobilisme du gouvernement ».
M. Mariano RAJOY : « Je suis conscient des prévisions de la Banque centrale. Il y a eu dautres prévisions, également celle du FMI, de la Commission européenne et dautres organismes internationaux et nationaux. Quand nous avons présenté les budgets, ils saccompagnaient du tableau macro-économique, avec des prévisions pour 2013.
Comme je lai dit au Congrès des députés, quand nous remettrons à la Commission européenne notre plan pour la stabilité et la croissance pour lannée prochaine, nous réviserons les chiffres. Je ne vais pas vous dire maintenant si ces chiffres iront dans le sens des prévisions de la Banque dEspagne. Ce que je tiens à vous dire, cest que oui, nous allons réviser effectivement nos prévisions économiques.
Concernant la réforme de lemploi, vous mavez parlé de la réforme du marché de lemploi. Je crois quun accord a été adopté entre les syndicats et le patronat au début de lannée, concernant les salaires. Cette réforme est importante et a permis à léconomie espagnole dêtre plus compétitive.
Si lon compare avec dautres pays européens, cest important car la compétitivité est importante et quand on parle de compétitivité, cest le bien-être et lemploi qui sont en jeu. Les syndicats et le patronat doivent se mettre daccord et bien entendu, le Gouvernement doit respecter cet accord et mettre en uvre la réforme telle quelle a été adoptée.
Quant au communiqué de lETA, jaime être positif et je veux parler de conséquences positives, des conséquences qui sont positives pour tous. Cela se fera lorsque lETA annoncera sa dissolution définitive. Ce sera là une conséquence positive qui sera bénéfique pour tous et qui sera bénéfique pour les droits individuels de tous les Espagnols ».
QUESTION : « La Commission européenne a indiqué aujourdhui que les dépôts supérieurs à 100 000 euros, pourraient être utilisés dans le cadre de plans futurs de résolution de crise bancaire. Jaimerais savoir si vous vous opposez à ce que les dépôts soient utilisés dans le futur ? Et je voulais savoir si vous trouvez que Jeroen DIJSSELBLOEM fait un bon président de lEurogroupe ? »
M. Mariano RAJOY : « Je crois que les projets de recapitalisation bancaires doivent se faire comme cela était prévu à travers le MES. Voilà ma position. Je ne serais pas favorable à une directive qui dit que les plans de recapitalisation des banques doivent se faire à travers les dépôts des épargnants. Je ne suis pas daccord avec cela. Je vais défendre cette position.
Quant à votre deuxième question, je nai rien à ajouter à ce que jai déjà dit. Nous devons tous agir dans le respect des accords adoptés. Cest ce qui rassure le plus ».
LE PRESIDENT : « Lunion bancaire, cest quoi ? Cest ce qui permet davoir une surveillance. Ce quon appelle la supervision des banques. Cest ce qui permet davoir une résolution lorsquil peut y avoir une crise. Cest la garantie des dépôts. Avec une recapitalisation qui, au terme du processus, viendra comme il a été décrit par Mariano RAJOY, par le MES, c'est-à-dire un fonds de solidarité au plan européen. Il y a donc deux principes essentiels dans lUnion bancaire au-delà de la surveillance, de la supervision.
Les deux principes essentiels, cest la garantie des dépôts. Ceux qui mettent de largent dans les banques dans la zone euro ont une garantie sur les fonds qui sont déposés. Cest un principe qui doit être respecté car il est le principe qui donne confiance et qui fonde lUnion bancaire. Quand il y a une crise, ça peut arriver, quand elle na pas été traitée assez tôt, cest par les mécanismes du MES que le règlement se produit via la recapitalisation.
Pas dautres commentaires sur les déclarations qui ont pu être faites. Ce qui est très important, par rapport à Chypre, cest un accord qui a mis du temps avant dêtre conclu, parce quil nétait pas si simple compte tenu de la spécificité de Chypre, avec un système bancaire hypertrophié par rapport à léconomie réelle et des déposants qui nétaient pas que des déposants européens de la zone euro. Cétait un traitement qui ne pouvait être quexceptionnel, que spécifique, unique. Mais qui néanmoins devait être fait et qui a été fait pour que les déposants au-dessous de 100 000 euros naient justement aucun prélèvement sur leurs comptes ».
QUESTION : « Je voulais vous poser des questions concernant les expulsions en Espagne. La déléguée du gouvernement à Madrid a relié ces mouvements à lETA. Il me semble que lopposition aujourdhui a dit que lon criminalise ces mouvements anti-expulsion. Jaimerais savoir ce que vous en pensez ? Est-ce que vous pourriez nous parler également des affaires de corruption qui minent votre parti ? Le parti ne se réunit pas depuis plusieurs semaines, le système de financement du parti est questionné depuis plusieurs années. M. BARCENAS a une quantité importante en Suisse. Il y a énormément de questions. Vous navez jamais soupçonné que ces personnes agissaient de façon frauduleuse ? Vous ne pensez pas que votre silence accroit le doute des citoyens au lieu de les rassurer et que ce serait intéressant dapporter plus de réponses ? »
M. Mariano RAJOY : « Concernant votre seconde question, après la publication des nouvelles dont vous avez parlées, je suis intervenu publiquement. Jai exprimé ma position très claire sur le sujet. Le parti que je dirige a remis tous ces comptes à la Cour des Comptes. Nous avons procédé à un audit interne. Nous lavons fait connaitre à lopinion publique et maintenant nous sommes dans lattente des décisions de la Cour de justice comme cela doit être dans un Etat de droit.
Je tiens à dire que ce nest pas démocratique, ce nest pas juste, ce nest pas propre dun pays sérieux que lon harcèle, que lon intimide des personnes à leur domicile. Je crois que cela est anti-démocratique et que tous les démocrates doivent le dire clairement. En démocratie, il faut respecter les autres, même sils ne pensent pas comme vous cest un principe de base. Même si les autres nagissent pas comme vous. Si tout le monde agissait de la même manière que les personnes dont nous venons de parler cela serait un véritable chaos. Je trouve ces attitudes anti-démocratiques.
Nous sommes conscients du problème. Mais notre gouvernement est le premier gouvernement à avoir pris des mesures en la matière. Certains citoyens traversent des situations difficiles mais il faut aussi assurer la situation juridique. Il faut respecter des lois qui ont été approuvées depuis longtemps, des normes qui permettent à beaucoup de personnes davoir accès à des emprunts. Et donc davoir eu accès à la propriété en Espagne. Notre système est bon mais il peut être amélioré. La situation actuelle est très complexe à cause de la crise, mais il faut chercher des solutions équilibrées.
Nous avançons dans la bonne voie. Le Parlement débat sur le projet de loi présenté par le gouvernement, il y a également une initiative législative et nous pourrons prendre des décisions. Mais ces décisions doivent être équilibrées car il faut préserver également la sécurité juridique et les intérêts de nombreux citoyens qui déposent dans les banques leur argent, cet argent qui est ensuite prêté à dautres citoyens. Cela il faut le savoir ».
QUESTION : « Une question de nouveau sur le chômage. Le taux de chômage en France, on la appris ce soir, frôle le record absolu de 1997. En Espagne, comme la dit ma consur espagnole, il pourrait atteindre 27% cette année. Est-ce que cela justifie à vos yeux ladoption de mesures exceptionnelles, est ce que vous envisagez toujours une inversion de la courbe du chômage à la fin de cette année ? Et puisque nous en sommes aux pronostics, une question pour le football ce soir, est ce que vous pouvez nous donner vos pronostics sur le match auquel vous allez assister ? »
LE PRESIDENT : « Sur la question du chômage, vous avez rappelé les chiffres en Espagne, vous auriez pu citer ceux de lItalie, du Portugal et vous citez à juste titre ceux de la France. Depuis 5 ans, sur les 60 mois, il y a eu 52 mois de hausse et huit mois de baisse. Le chômage a augmenté dun million et parmi les causes, cest la croissance nulle qui fait quil y a cette augmentation continue des demandeurs demploi. Sur les chiffres du mois de février, 18 400, je pourrais dire cest moins. Cest moins quau mois de janvier, deux fois moins. Mais cest trop, trop par rapport à ce que vivent des compatriotes : la précarité, le doute, linquiétude.
Les chiffres de croissance ont été rappelés tout à lheure : pour lEspagne était évoquée une récession de 1,5% en 2013, pour le Portugal, pour lItalie, 2% de récession. En France, nous ne voulons pas jouer les optimistes, nous avons un peu plus de 0,1%. Mais cest trop peu. Pour réduire le chômage, nous avons donc besoin de croissance, de croissance en France, de croissance en Europe.
Nous avons besoin dune croissance en Europe. Lessentiel de nos échanges se font sur les marchés européens et quand lEurope est en récession, la France ne peut pas être en expansion et aucun pays ne peut lêtre, y compris celui qui parait se porter le mieux et qui ne connaitra de croissance quà peine 0,8% en 2013
Vous me demandez si je suis encore convaincu que nous allons inverser la courbe du chômage. Ce nest pas un problème de conviction, ce nest pas simplement une croyance, cest une volonté, cest un objectif et je my tiendrai avec des mesures que nous avons prises tout au long de ces derniers mois et qui vont connaitre leur effet. Mais cette inversion qui ne viendra quà la fin de lannée cest lengagement que jai pris pour être durable devra être alimenté par la croissance, doù la bataille que jengage au plan national mais aussi au plan européen pour ce retour de la croissance.
Quant au match de football, cela fait un pronostic tout à fait différent du précédent. Là, pour plein de raisons à la fois amicales, sportives, le match nul serait le meilleur résultat pour la France ».
M. Mariano RAJOY : « Si tu me le permets, je ne suis pas daccord. Je crois que le meilleur résultat, ce serait une victoire pour lEspagne ! »
LE PRESIDENT : « Cest sur ce désaccord, que nous allons donc nous quitter ! Merci ».