19 mars 2013 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la politique du gouvernement en faveur de l'édition et de la lecture, à Paris le 19 mars 2013.
Madame la ministre,
Messieurs les ministres,
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec beaucoup de plaisir que je vous accueille à loccasion du 33ème salon du Livre qui sera inauguré officiellement jeudi. Nous avons donc pris de lavance. Je voulais, avant de visiter les stands, vous dire ce que je pense de cette institution, car le Salon du Livre en est une £ et ce que je pense devoir être la politique du Livre conduite par la ministre de la Culture avec le ministre de lEconomie et des finances, toujours vigilant. Vigilant, vous lavez bien compris, à promouvoir le livre !
Le Salon du Livre est devenu, au cours des années, une institution : 200 000 personnes visitent le Salon, 40 000 ont moins de 18 ans. Ils viennent rencontrer des auteurs, acheter des livres. Il y a plus de 1 000 exposants pour les satisfaire.
Cest aussi un événement international. Cette année, la présence de la Roumanie avec 27 écrivains présents et de la ville de Barcelone.
Mais, je vous le disais, je veux évoquer le livre, ce quil représente dans notre pays, sa place £ mais également son avenir, sans occulter les fragilités qui existent dans ce secteur
Chacune, chacun dentre nous a une dette à légard des livres. Ils sont, en effet, nos premières découvertes denfants, nos premières émotions de jeunesse, ils ne cessent de nous accompagner tout au long de notre vie.
Les livres sont des repères dune époque, dune génération, dune société. Ils révèlent les crises avant même quelles ne surviennent, les espérances avant quelles ne saccomplissent, les ruptures avant quelles ne se produisent mais aussi les aspirations avant quelles ne deviennent des mouvements irréversibles. Cest pourquoi il faut lire, si lon veut tout comprendre et tout prévoir.
Les livres sont indissociables de la liberté. Liberté de penser, liberté de plume, liberté dédition. Ce nest pas un hasard si lorsque la barbarie sinstalle, les livres brûlent : « Là où lon brûle les livres, on finit par brûler des hommes. » disait Heinrich Heine. Nous avons pu constater, au Mali, que la haine sen prenait dabord aux manuscrits et ensuite aux femmes et aux hommes. Jai pu assister à ce spectacle désolant de manuscrits très anciens brûlés à Tombouctou.
La France, elle a un rapport avec la liberté £ elle a donc un rapport particulier avec les livres. Ils font partie de notre histoire, de notre identité, du rayonnement de notre pays. Ils font vivre la langue partout dans le monde. Notre devoir cest de rendre le livre accessible à tous et partout dans le monde. Cest notamment le rôle du service du livre et de la lecture et du Centre national du livre, qui facilitent les cessions de droits de traduction à des éditeurs étrangers.
Car le livre est aussi une économie. Vous en êtes ici, à divers titres, les représentants.
Lédition représente la moitié du marché des biens culturels. Soit plus de 4 milliards . Lédition, ce sont 10 000 emplois directs et des milliers indirects.
Mais le livre nest pas un bien comme les autres. Il ne peut pas lêtre. Dabord parce que cest une création, une uvre. Mais aussi parce que chaque livre est un prototype.
Il faut donc, pour le livre, comme pour tous les biens culturels, une économie différente, spécifique. Cest à lEtat et notamment à la ministre de la Culture dy veiller.
Je connais vos inquiétudes.
Elles touchent pour une grande part aux changements dans les modes de lecture. Cest vrai que pour beaucoup dentre nous je parle de ma génération le chemin par lequel nous accédions aux uvres, les informations qui venaient jusquà nous, cétait la « route du papier » comme lavait évoquée Erik Orsenna.
Mais le monde change et le papier nest plus, depuis déjà plus de quinze ans, le mode exclusif de lecture.
Le numérique, puisque cest son nom, nest pas en lui-même un risque, pas plus quil ne lest pour linformation. Il ne faut pas craindre la nouveauté pour la seule raison quelle est nouvelle dautant quen loccurrence elle ne lest plus guère. Cest le professeur Antoine COMPAGNON qui rappelait quen son temps que le livre de poche avait été soupçonné des mêmes effets que le livre numérique aujourdhui : « D'après certains, écrit-il, les livres de poche étaient des objets de consommation, jetables comme le mouchoir Kleenex, le briquet Cricket et le rasoir Gillette, je le cite, je ne fais aucune publicité qui venaient de faire leur apparition ». Et pourtant la nouvelle génération là, jen étais a conservé pieusement jusqu'à ce jour, avec respect, les livres de poche écornés dans lesquels nous avions découvert les grands romans qui nous ont appris à vivre.
Le livre numérique peut donc aussi être une chance. Mais à une condition : que nous sachions lui garantir les mêmes protections que celles qui sont celles du livre physique.
Le modèle, nous le connaissons bien, repose sur la loi Lang du 10 août 1981 sur le prix du livre qui rappelons-le avait été inspirée par un grand éditeur, Jérôme LINDON. Cette loi a sauvé, pour un temps, le réseau des librairies. Elle a aussi renforcé les éditeurs en leur permettant dêtre maîtres de leur prix, quels que soient le mode et le lieu dachat du livre.
La même logique doit sappliquer au livre numérique. Le gouvernement précédent a fait voter, avec laccord de tous, une loi sur le prix unique du livre numérique. La Commission européenne a contesté allez savoir pourquoi le bien fondé dune TVA à taux réduit. Malgré leffort accompli par la France et notamment par Jacques TOUBON, que je salue, qui a été missionné à cet effet, notre pays a été assigné devant la Cour de Justice. Jaffirme que nous devrons continuer à défendre ce principe, qui est un principe de bon sens, qui veut quun livre reste un livre quelle quen soit la forme. LA TVA doit être la même car le livre est unique, quil soit numérique ou quil soit physique.
Dans le même esprit, jentends faire respecter la chaîne du livre, celle qui va de lauteur au lecteur en passant par léditeur et le libraire. Tout le monde peut être lecteur, mais tout le monde ne peut pas être écrivain ou éditeur.
Il y a des règles à fixer. Je me réjouis que, sous légide de Pierre Sirinelli, auteurs et éditeurs, aient pu sentendre sur le principe du contrat dauteur dans le monde numérique. Il permettra aux auteurs et aux éditeurs de continuer dêtre reconnus comme tels, même dans lunivers virtuel où tout ne se vaut pas, où tout nest pas équivalent et où des droits doivent être perçus.
Mais les deux éléments de la chaîne du livre, qui sont aussi des maillons très importants, doivent être protégés et doivent être soutenus.
Je pense dabord au réseau des bibliothèques ou médiathèques, puisque maintenant nous ne voulons plus appeler les choses simplement par le nom du livre mais par lensemble des supports. Notre pays est lun de ceux où, sous limpulsion notamment des collectivités locales, la lecture publique a vu son essor encore se développer. Les bibliothécaires jouent ce rôle indispensable de passeurs, de prescripteurs. Cest eux qui permettent le premier contact avec le livre et qui ouvrent largement laccès aux uvres, notamment en sensibilisant les enfants.
Je veux saluer car cest trop peu fait les régions qui participent au financement des équipements, les départements qui participent également et les communes qui y contribuent y compris à travers les intercommunalités. Cest une originalité dans notre pays que ce réseau de la lecture publique. Cest un sujet légitime de fierté en terme daccès de tous à la culture.
Je sais aussi quAurélie FILIPPETTI souhaite faciliter la capacité des bibliothèques à faire davantage appel quaujourdhui aux réseaux des libraires. Je ne peux que ly encourager.
Car lautre élément de la chaîne sur lequel je veux insister, cest bien la librairie. Elle nest pas seulement un point de vente. Elle est un lieu où le livre sapprécie, se découvre, se feuillette, un lieu aussi où, de plus en plus, des débats sont organisés, où une animation peut prendre place.
Nous avons besoin dun réseau de libraires denses. Il a résisté jusque là non sans mal à de nombreuses évolutions. Il a appris à cohabiter avec dautres circuits de diffusion du livre : les grandes surfaces culturelles dont la bonne santé nous importe également et qui ne doivent pas être en opposition avec les libraires £ la grande distribution qui permet aussi à beaucoup de nos concitoyens daccéder aux livres £ les clubs de livres. Mais le réseau des libraires je lévoquais est fragile, vulnérable.
Le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT est déterminé à le préserver, en luttant contre toutes les formes de concurrence déloyale je ne les citerais pas mais vous les avez à lesprit £ en menant un combat, à léchelle internationale, européenne et nationale, pour que des opérateurs ne bénéficient pas, en matière de taxation, de fiscalité avantageuse et qui, grâce à ces moyens-là, pourraient écraser de leur puissance le réseau des libraires
Une concertation a été engagée par la ministre avec ce quon appelle le réseau des libraires indépendantes, avec plusieurs objectifs.
Dabord, le maintien des librairies dans les centre-villes, des lieux qui sont de plus en plus difficiles à tenir, compte-tenu de laugmentation du prix de limmobilier. Doù le dialogue je salue les élus qui sont ici qui doit sengager avec les maires pour exonérer de taxe les libraires labellisés. Mais il faut aussi faire en sorte que toutes les collectivités, avec lEtat, puissent intervenir, que des mécanismes de solidarité envers les libraires les plus fragiles puissent être également introduits.
Nous aurons besoin de toutes les ressources du ministre de lEconomie et des finances : un prix unique sans remise, la réorientation de certaines aides du Centre national du livre. Certains évoquent même la création dun fonds analogue à ce qui se passe pour le cinéma. Tout doit être regardé, cest le cas de le dire, mais des décisions devront être prises.
Je souhaite aussi, puisque jai loccasion de madresser aussi bien à des libraires quà des éditeurs, quil y ait une réflexion sur la répartition de la valeur.
Mais au-delà de ces dispositifs, nous devons mener une politique globale, qui aille bien au-delà de lindustrie du livre.
Je pense notamment à léducation. La lecture est une discipline. Cest aussi un apprentissage qui se transmet. Il ne sagit pas simplement de comprendre les mots cest déjà pourtant important, même à lâge adulte certains ont du mal. Il sagit dapprendre à apprécier un texte, à en saisir toutes les dimensions, à laccueillir.
De cet enjeu dépend lesprit critique, le sens que lon peut donner à une génération, louverture au monde et les capacités, grâce au livre, de se connaître et de se réaliser.
Le livre, cest une école. Une école pour celui qui écrit, une école pour celui qui lit, une école de patience et de silence, vertus rares dans le monde contemporain au regard de lagitation et à lécoute du bruit.
Cest donc un devoir de donner aux enfants lenvie de lire. Les arguments ne manquent pas, les parents les utilisent. Chacun a encore en mémoire ce que pouvaient dire notre mère ou notre père : « est-ce que tu as lu ? ». Ce nétait pas la meilleure façon de nous y encourager ! La deuxième question qui était plus intime encore : « quest-ce que tu as lu ? » pour découvrir enfin ce que nous avions, cest vrai, découvert. Si lon veut donner des arguments pour ceux qui en manqueraient, je reviens à la belle phrase de Michel Tournier : « Lisez, lisez, cela rend heureux et intelligent ».
En cette période, je pense quil faut tenir la promesse du bonheur et de lintelligence. Vous êtes là pour quelle soit diffusée largement, à travers le salon que nous aurons le plaisir dinaugurer jeudi.
Merci dêtre venus
Messieurs les ministres,
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec beaucoup de plaisir que je vous accueille à loccasion du 33ème salon du Livre qui sera inauguré officiellement jeudi. Nous avons donc pris de lavance. Je voulais, avant de visiter les stands, vous dire ce que je pense de cette institution, car le Salon du Livre en est une £ et ce que je pense devoir être la politique du Livre conduite par la ministre de la Culture avec le ministre de lEconomie et des finances, toujours vigilant. Vigilant, vous lavez bien compris, à promouvoir le livre !
Le Salon du Livre est devenu, au cours des années, une institution : 200 000 personnes visitent le Salon, 40 000 ont moins de 18 ans. Ils viennent rencontrer des auteurs, acheter des livres. Il y a plus de 1 000 exposants pour les satisfaire.
Cest aussi un événement international. Cette année, la présence de la Roumanie avec 27 écrivains présents et de la ville de Barcelone.
Mais, je vous le disais, je veux évoquer le livre, ce quil représente dans notre pays, sa place £ mais également son avenir, sans occulter les fragilités qui existent dans ce secteur
Chacune, chacun dentre nous a une dette à légard des livres. Ils sont, en effet, nos premières découvertes denfants, nos premières émotions de jeunesse, ils ne cessent de nous accompagner tout au long de notre vie.
Les livres sont des repères dune époque, dune génération, dune société. Ils révèlent les crises avant même quelles ne surviennent, les espérances avant quelles ne saccomplissent, les ruptures avant quelles ne se produisent mais aussi les aspirations avant quelles ne deviennent des mouvements irréversibles. Cest pourquoi il faut lire, si lon veut tout comprendre et tout prévoir.
Les livres sont indissociables de la liberté. Liberté de penser, liberté de plume, liberté dédition. Ce nest pas un hasard si lorsque la barbarie sinstalle, les livres brûlent : « Là où lon brûle les livres, on finit par brûler des hommes. » disait Heinrich Heine. Nous avons pu constater, au Mali, que la haine sen prenait dabord aux manuscrits et ensuite aux femmes et aux hommes. Jai pu assister à ce spectacle désolant de manuscrits très anciens brûlés à Tombouctou.
La France, elle a un rapport avec la liberté £ elle a donc un rapport particulier avec les livres. Ils font partie de notre histoire, de notre identité, du rayonnement de notre pays. Ils font vivre la langue partout dans le monde. Notre devoir cest de rendre le livre accessible à tous et partout dans le monde. Cest notamment le rôle du service du livre et de la lecture et du Centre national du livre, qui facilitent les cessions de droits de traduction à des éditeurs étrangers.
Car le livre est aussi une économie. Vous en êtes ici, à divers titres, les représentants.
Lédition représente la moitié du marché des biens culturels. Soit plus de 4 milliards . Lédition, ce sont 10 000 emplois directs et des milliers indirects.
Mais le livre nest pas un bien comme les autres. Il ne peut pas lêtre. Dabord parce que cest une création, une uvre. Mais aussi parce que chaque livre est un prototype.
Il faut donc, pour le livre, comme pour tous les biens culturels, une économie différente, spécifique. Cest à lEtat et notamment à la ministre de la Culture dy veiller.
Je connais vos inquiétudes.
Elles touchent pour une grande part aux changements dans les modes de lecture. Cest vrai que pour beaucoup dentre nous je parle de ma génération le chemin par lequel nous accédions aux uvres, les informations qui venaient jusquà nous, cétait la « route du papier » comme lavait évoquée Erik Orsenna.
Mais le monde change et le papier nest plus, depuis déjà plus de quinze ans, le mode exclusif de lecture.
Le numérique, puisque cest son nom, nest pas en lui-même un risque, pas plus quil ne lest pour linformation. Il ne faut pas craindre la nouveauté pour la seule raison quelle est nouvelle dautant quen loccurrence elle ne lest plus guère. Cest le professeur Antoine COMPAGNON qui rappelait quen son temps que le livre de poche avait été soupçonné des mêmes effets que le livre numérique aujourdhui : « D'après certains, écrit-il, les livres de poche étaient des objets de consommation, jetables comme le mouchoir Kleenex, le briquet Cricket et le rasoir Gillette, je le cite, je ne fais aucune publicité qui venaient de faire leur apparition ». Et pourtant la nouvelle génération là, jen étais a conservé pieusement jusqu'à ce jour, avec respect, les livres de poche écornés dans lesquels nous avions découvert les grands romans qui nous ont appris à vivre.
Le livre numérique peut donc aussi être une chance. Mais à une condition : que nous sachions lui garantir les mêmes protections que celles qui sont celles du livre physique.
Le modèle, nous le connaissons bien, repose sur la loi Lang du 10 août 1981 sur le prix du livre qui rappelons-le avait été inspirée par un grand éditeur, Jérôme LINDON. Cette loi a sauvé, pour un temps, le réseau des librairies. Elle a aussi renforcé les éditeurs en leur permettant dêtre maîtres de leur prix, quels que soient le mode et le lieu dachat du livre.
La même logique doit sappliquer au livre numérique. Le gouvernement précédent a fait voter, avec laccord de tous, une loi sur le prix unique du livre numérique. La Commission européenne a contesté allez savoir pourquoi le bien fondé dune TVA à taux réduit. Malgré leffort accompli par la France et notamment par Jacques TOUBON, que je salue, qui a été missionné à cet effet, notre pays a été assigné devant la Cour de Justice. Jaffirme que nous devrons continuer à défendre ce principe, qui est un principe de bon sens, qui veut quun livre reste un livre quelle quen soit la forme. LA TVA doit être la même car le livre est unique, quil soit numérique ou quil soit physique.
Dans le même esprit, jentends faire respecter la chaîne du livre, celle qui va de lauteur au lecteur en passant par léditeur et le libraire. Tout le monde peut être lecteur, mais tout le monde ne peut pas être écrivain ou éditeur.
Il y a des règles à fixer. Je me réjouis que, sous légide de Pierre Sirinelli, auteurs et éditeurs, aient pu sentendre sur le principe du contrat dauteur dans le monde numérique. Il permettra aux auteurs et aux éditeurs de continuer dêtre reconnus comme tels, même dans lunivers virtuel où tout ne se vaut pas, où tout nest pas équivalent et où des droits doivent être perçus.
Mais les deux éléments de la chaîne du livre, qui sont aussi des maillons très importants, doivent être protégés et doivent être soutenus.
Je pense dabord au réseau des bibliothèques ou médiathèques, puisque maintenant nous ne voulons plus appeler les choses simplement par le nom du livre mais par lensemble des supports. Notre pays est lun de ceux où, sous limpulsion notamment des collectivités locales, la lecture publique a vu son essor encore se développer. Les bibliothécaires jouent ce rôle indispensable de passeurs, de prescripteurs. Cest eux qui permettent le premier contact avec le livre et qui ouvrent largement laccès aux uvres, notamment en sensibilisant les enfants.
Je veux saluer car cest trop peu fait les régions qui participent au financement des équipements, les départements qui participent également et les communes qui y contribuent y compris à travers les intercommunalités. Cest une originalité dans notre pays que ce réseau de la lecture publique. Cest un sujet légitime de fierté en terme daccès de tous à la culture.
Je sais aussi quAurélie FILIPPETTI souhaite faciliter la capacité des bibliothèques à faire davantage appel quaujourdhui aux réseaux des libraires. Je ne peux que ly encourager.
Car lautre élément de la chaîne sur lequel je veux insister, cest bien la librairie. Elle nest pas seulement un point de vente. Elle est un lieu où le livre sapprécie, se découvre, se feuillette, un lieu aussi où, de plus en plus, des débats sont organisés, où une animation peut prendre place.
Nous avons besoin dun réseau de libraires denses. Il a résisté jusque là non sans mal à de nombreuses évolutions. Il a appris à cohabiter avec dautres circuits de diffusion du livre : les grandes surfaces culturelles dont la bonne santé nous importe également et qui ne doivent pas être en opposition avec les libraires £ la grande distribution qui permet aussi à beaucoup de nos concitoyens daccéder aux livres £ les clubs de livres. Mais le réseau des libraires je lévoquais est fragile, vulnérable.
Le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT est déterminé à le préserver, en luttant contre toutes les formes de concurrence déloyale je ne les citerais pas mais vous les avez à lesprit £ en menant un combat, à léchelle internationale, européenne et nationale, pour que des opérateurs ne bénéficient pas, en matière de taxation, de fiscalité avantageuse et qui, grâce à ces moyens-là, pourraient écraser de leur puissance le réseau des libraires
Une concertation a été engagée par la ministre avec ce quon appelle le réseau des libraires indépendantes, avec plusieurs objectifs.
Dabord, le maintien des librairies dans les centre-villes, des lieux qui sont de plus en plus difficiles à tenir, compte-tenu de laugmentation du prix de limmobilier. Doù le dialogue je salue les élus qui sont ici qui doit sengager avec les maires pour exonérer de taxe les libraires labellisés. Mais il faut aussi faire en sorte que toutes les collectivités, avec lEtat, puissent intervenir, que des mécanismes de solidarité envers les libraires les plus fragiles puissent être également introduits.
Nous aurons besoin de toutes les ressources du ministre de lEconomie et des finances : un prix unique sans remise, la réorientation de certaines aides du Centre national du livre. Certains évoquent même la création dun fonds analogue à ce qui se passe pour le cinéma. Tout doit être regardé, cest le cas de le dire, mais des décisions devront être prises.
Je souhaite aussi, puisque jai loccasion de madresser aussi bien à des libraires quà des éditeurs, quil y ait une réflexion sur la répartition de la valeur.
Mais au-delà de ces dispositifs, nous devons mener une politique globale, qui aille bien au-delà de lindustrie du livre.
Je pense notamment à léducation. La lecture est une discipline. Cest aussi un apprentissage qui se transmet. Il ne sagit pas simplement de comprendre les mots cest déjà pourtant important, même à lâge adulte certains ont du mal. Il sagit dapprendre à apprécier un texte, à en saisir toutes les dimensions, à laccueillir.
De cet enjeu dépend lesprit critique, le sens que lon peut donner à une génération, louverture au monde et les capacités, grâce au livre, de se connaître et de se réaliser.
Le livre, cest une école. Une école pour celui qui écrit, une école pour celui qui lit, une école de patience et de silence, vertus rares dans le monde contemporain au regard de lagitation et à lécoute du bruit.
Cest donc un devoir de donner aux enfants lenvie de lire. Les arguments ne manquent pas, les parents les utilisent. Chacun a encore en mémoire ce que pouvaient dire notre mère ou notre père : « est-ce que tu as lu ? ». Ce nétait pas la meilleure façon de nous y encourager ! La deuxième question qui était plus intime encore : « quest-ce que tu as lu ? » pour découvrir enfin ce que nous avions, cest vrai, découvert. Si lon veut donner des arguments pour ceux qui en manqueraient, je reviens à la belle phrase de Michel Tournier : « Lisez, lisez, cela rend heureux et intelligent ».
En cette période, je pense quil faut tenir la promesse du bonheur et de lintelligence. Vous êtes là pour quelle soit diffusée largement, à travers le salon que nous aurons le plaisir dinaugurer jeudi.
Merci dêtre venus