12 mars 2013 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la politique en faveur de l'emploi et de la croissance économique, à Dijon le 12 mars 2013.
Monsieur le maire,
Monsieur le président du conseil régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des « forces vives » de la Côte dor,
Je veux dabord remercier François REBSAMEN, pour les mots quil a prononcés et pour la médaille quil va me remettre. Certains sinterrogeraient : « mais pourquoi est-il à Dijon aujourdhui ? ». Vous avez la réponse : enfin recevoir ce titre, cette distinction qui fera de moi un citoyen exceptionnel me permettant de revenir à Dijon avec la certitude dy recevoir le meilleur accueil.
Je veux aussi saluer toutes celles et tous ceux qui, au-delà des sensibilités, sont rassemblés ici selon une belle tradition républicaine. Car un déplacement du chef de lEtat, cest sûrement un moyen de rencontrer la population pas toute la population et pas aussi librement que je voudrais le faire , mais cest aussi un moment découte et de dialogue par rapport à tant dinterpellations que beaucoup ont sur le cur et quils ne peuvent pas toujours transmettre comme ils lentendent.
Un déplacement du chef de lEtat dans une grande ville française, cest également un moyen de réunir. De réunir ceux qui dans un département, dans une agglomération, agissent pour le développement, pour la réussite économique, pour la cohésion sociale.
Cest aussi un moyen de madresser au-delà de vous à tous les Français. Je mexprime dans un moment où notre pays affronte, depuis de longues années, une crise : une crise économique, une crise financière, une crise morale même, qui est lourde, qui est éprouvante tant elle donne le sentiment de sinstaller, sans répit et parfois sans lumière vers sa sortie.
Cette crise touche la zone euro plus particulièrement. Elle a même connu, en 2012, une récession. Elle frappe tous nos voisins, parfois plus lourdement que nous, mais elle nous touche aussi directement, dans toutes nos régions, dans tous nos secteurs et donc dans toutes nos familles.
Depuis 5 ans, le nombre des demandeurs demplois a augmenté de 1 million. 1,5 million même, si lon prend toutes les catégories de chômeurs. Cela représente aujourdhui 10,5 % de la population active. Pour nous consoler, nous pourrions nous dire que cest moins que dans la moyenne de lUnion européenne où le taux de chômage atteint 12 %. Mais pour nos concitoyens frappés par le chômage, de quelle utilité serait cette comparaison ?
Mon devoir, cest donc que notre pays retrouve confiance en lui-même, en ses forces, en ses qualités, en son destin. Cest pourquoi jai fait comme la rappelé le maire de Dijon de la lutte contre le chômage la seule priorité qui vaille. Jai fixé un objectif : inverser la courbe du chômage avant la fin de lannée. Cest difficile, je le sais, et cest pourquoi jai voulu quil y ait cette perspective, cet engagement. Si cétait simple, il ny aurait quà laisser faire, il ny aurait quà rester les bras ballants, il ny aurait quà attendre je ne sais quelle reprise Elle viendra, mais si nous voulons quelle porte le plus demplois possibles, alors nous devons anticiper. Jentends donc utiliser tous les leviers de laction publique pour atteindre cet objectif de linversion de la courbe du chômage.
Nous y parviendrons à trois conditions : être lucides sur le diagnostic £ être cohérents dans la stratégie £ être rapides dans laction.
Lexigence de vérité doit dabord nous conduire à regarder en face lorigine fondamentale de la crise : cest lEurope qui connait une panne de moteur qui nexiste nulle part ailleurs dans le monde. En Chine, en Inde, dans les pays émergeants, les taux de croissance sont supérieurs à 5 7 % et peuvent atteindre même 10 %. Aux Etats-Unis, doù est partie la crise qui nest pas terminée, la croissance est de 2 à 3 %. En Europe, nous sommes frappés dun mal qui tient aux dérèglements qui sy sont produits notamment financier, à la lenteur pour les traiter et à laccumulation des politiques daustérité qui ont été imposées à des Etats qui étaient en très grande difficulté.
La première bataille, qui conditionne tout le reste, cest donc de faire en sorte que la croissance revienne.
Comment y réussir ? Nous avons fait un premier pas depuis plusieurs mois, indispensable. Cétait de sortir de la crise de la zone euro, celle qui touchait des pays vulnérables, celle qui faisait quil y ait des taux dintérêt insupportables, celle qui mettait le doute dans les comportements des marchés, celle qui nous rendait vulnérables à légard des spéculations.
Aujourdhui, je lai plusieurs fois répété, et même si lItalie connait les difficultés que lon sait, la zone euro est maintenant dotée dinstruments de protection et de solidarité efficaces. Le problème nest plus là. Le problème, il est maintenant dans le bon dosage entre lajustement budgétaire et le soutien à la croissance.
Cest ce message que je vais continuer de porter, au nom de la France, auprès des partenaires européens. Je vais le faire aussi au nom des peuples qui souffrent, qui sinterrogent et qui parfois se défient même de lEurope. Cette Europe que nous avons voulu bâtir, que nous avons voulu faire, ce grand projet que nous avons proposé au reste du monde comme référence, nous ne devons pas la laisser se diluer, se dilapider, se défaire.
Si nous voulons quil y ait toujours cette foi dans la construction européenne, notre Europe doit être capable de trouver la bonne stratégie qui est de remettre autant quil est nécessaire de lordre dans les comptes publics et autant de croissance quil est possible de trouver pour lutter contre le chômage.
Le cap que jai fixé pour la France tient en trois points : rééquilibrer les comptes publics, redresser la production française et réduire le chômage.
Ces trois priorités fonctionnent ensemble, elles ne sont pas séparées, elles sont indissociables. Elles doivent être conduites dans le même temps. Plus tôt on rétablira les comptes publics, plus tôt la confiance reviendra. Et plus tôt nous aurons retrouvé de la croissance, plus tôt nous en finirons avec les déficits et plutôt nous pourrons baisser le chômage. Cest en définitif le même processus. Ce ne sont pas plusieurs processus, cest la même stratégie.
Redresser les comptes, pourquoi donc ? Mais cest une obligation financière sinon nous allons être pris par la spirale de lendettement. Cest une obligation morale parce que nous ne pouvons pas laisser aux générations futures la charge de nos propres dépenses. Mais cest également une obligation de souveraineté parce que la France ne doit jamais être en difficulté sur les marchés, jamais elle ne doit offrir la moindre vulnérabilité.
Cest vrai que depuis 10 mois, nous avons des taux dintérêt qui sont au plus bas de notre histoire pour financer nos dépenses publiques. Ce qui permet dailleurs aux collectivités locales le même effet dentrainement et aux entreprises, quand elles peuvent accéder elles-mêmes au crédit davoir des taux dintérêt particulièrement faibles. Nous devons donc garder ce capital, cest le cas de le dire.
Lendettement de notre pays a doublé en dix ans. Il a doublé. Il était de 900 milliards deuros, nous sommes à 1 800 milliards. Je ne veux pas, à la fin du quinquennat, livrer un état de mon pays qui soit celui de lendettement.
Le sérieux budgétaire a donc été engagé par le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT. En deux ans, nous aurons accompli un redressement structurel, comme dit la Cour des comptes, qui est inédit tant il est considérable.
Le déficit public, en 2011, sélevait à un peu plus de 5 % de la richesse nationale £ 4,5 % fin 2012 et sans doute 3,7 % en 2013, même si nous essaierons de faire moins. La bonne stratégie économique est de rester dans cette trajectoire sans rien faire qui puisse affaiblir la croissance. Cest le sens du dialogue que jai engagé avec la Commission européenne pour rester dans cette trajectoire, ni plus, ni moins.
La réduction des déficits a déjà conduit les entreprises et les ménages à consentir des sacrifices importants. Jen suis conscient. Il a été beaucoup demandé aux contribuables, aux administrations. Nous lavons fait dans la justice : les grandes entreprises ont été plus sollicitées que les petites et les moyennes £ les revenus du capital davantage prélevés que ceux du travail et les plus hauts salaires davantage que les plus petits.
Mais je sais que les augmentations dimpôts, qui ont représenté les deux tiers de leffort, doivent être limitées. Nous avons donc à faire plus déconomies. Cest ce que nous ferons en 2014.
Ces économies ne doivent pas être abstraites, parce quune dépense publique on le sait, on le vit encore en ce moment avec les intempéries qui frappent notre pays ce sont des agents publics qui agissent, cest un service qui est apporté à la population, cest lesprit même du service public. Mais est-ce que nous ne pouvons pas être encore plus rigoureux dans la gestion ? Oui, sans tomber dans laustérité qui doit être proscrite.
Nous avons des priorités je les ai fixées y et il nest pas question dy renoncer. Cest léducation, cest la jeunesse, cest la sécurité publique, cest lemploi. Mais ici et au-delà de nos sensibilités nous sommes conscients quil y a des dépenses qui nont pas toutes la même efficacité, quil y a des redéploiements à faire, quil y a des frais généraux de lEtat à alléger, quil y a des avantages fiscaux que lon appelle des dépenses fiscales à réviser, quil y a des trains de vie à corriger, quil y a des procédés pour dépenser mieux - et quelque fois même dépenser moins.
Jai entendu les fonctionnaires de lEtat de ce département, me donner confirmation de ce que nous pouvons faire, pour travailler dans le meilleur esprit pour nos concitoyens sans dépenser davantage £ ou en faisant faire à nos concitoyens, entreprises comme particuliers, des économies.
De même pour les prestations sociales qui sont nécessaire, qui sont indispensables pour assurer la justice et la redistribution, là encore, il y a des évaluations à faire et des choix courageux à engager.
Je le ferai, notamment pour lavenir de nos régimes de retraites. La réforme de 2010 était supposée assurer, pour toujours, pour toute éternité, au moins jusquen 2020 cest ce qui nous était annoncé , léquilibre de notre régime par répartition. Ce devait être la dernière réforme, comme hélas on avait parlé de « dernière guerre ». Non, la réalité ne se décrète pas. Aujourdhui, quest-ce que nous constatons ? Que le déficit prévisionnel pour nos régimes de retraites pourrait atteindre 20 milliards deuros à la fin de 2020 ? Comment laccepter ? Ce serait mettre en cause ce qui fonde notre solidarité entre générations et lavenir de nos compatriotes.
Alors chacun devra prendre ses responsabilités : lEtat et cest pourquoi il a confié à une commission le soin de fixer les pistes que nous devrons emprunter £ mais aussi les partenaires sociaux qui négocient dailleurs en ce moment même pour les régimes complémentaires. Ils seront associés à ce processus parce que, sans les partenaires sociaux, il ne peut pas y avoir pas avoir de cohésion. Nous aurons à faire ces choix dans lannée, des décisions à prendre, à la fois, pour régler les urgences financières mais aussi pour assurer une réforme structurelle de nos régimes de répartition en tenant compte de la pénibilité et en réduisant les inégalités.
LEtat et les partenaires sociaux donc, mais aussi les collectivités locales. Je suis ici dans une agglomération avec des sénateurs très attachés à la liberté des collectivités locales, mais aussi responsables de lavenir de leur pays. Ils savent bien que, là encore, les charges, les missions et les rôles des collectivités locales doivent évoluer. Le cadre doit être moins lourd, les niveaux dadministration ne peuvent pas se superposer nos concitoyens ont besoin de clarté les financements ne peuvent pas senchevêtrer, au point dêtre illisibles y compris pour les acteurs publics. Ce sera le sens de la nouvelle loi de décentralisation dont le Parlement sera saisi avant lété.
Je fais confiance au Sénat pour y apporter tous les aménagements nécessaires, pour bien répartir les compétences, définir les collectivités chefs de file et faire émerger les métropoles dont notre territoire a besoin. Car, les collectivités locales, cest les trois quarts de linvestissement public. Nous avons donc besoin de ces forces-là, y compris pour assurer notre propre redressement.
Le second défi, au-delà du redressement des comptes, cest linvestissement, cest-à-dire la préparation de lavenir. Pour conserver son rang, pour stimuler lactivité économique, la France doit investir. Mais elle ne peut pas le faire dans toutes les directions, elle doit avoir une stratégie, elle doit établir des priorités et cest au président de la République de le faire.
La première priorité en ce moment, cest la construction de logements, cest lactivité du bâtiment parce que, là, ce sont des emplois localisables, cest lactivité de beaucoup dentreprises artisanales ou plus grandes. Le gouvernement arrêtera donc, dici la fin de ce mois, de nouvelles mesures visant à redonner confiance et surtout de la visibilité aux acteurs de ce secteur.
Je veux que nous agissions rapidement et que nous puissions alléger un certain nombre de contraintes, de dispositions juridiques notamment la durée des contentieux, la durée de la construction, la durée des procédures, et que nous puissions réduire le temps qui souvent entre un projet et la mise en chantier désespère un certain nombre de partenaires et dacteurs. Nous avons à cur et ma visite au Quartier des « Grésilles » a été utile de faire en sorte que les programmes de rénovation urbaine puissent être accélérés et que les logements sociaux puissent également être en nombre suffisant dans les zones où il y a des tensions.
Dans le même état desprit, je veux que nous prenions des mesures sur lefficacité énergétique des bâtiments, avant tout dans le parc privé, mais aussi dans le parc social ancien, parce que pour beaucoup de nos compatriotes, la précarité énergétique nest pas un concept. Cest, hélas, une vie quotidienne, avec tout ce que cela peut engendrer comme inquiétude, angoisse et parfois même souffrance. Là aussi, nous devrons aller vite. Le gouvernement, à la fin du mois, redéfinira les incitations financières dans le cadre dun plan de rénovation des bâtiments existants aussi bien pour les prêts que pour les dispositifs fiscaux.
La troisième priorité, outre logement et lefficacité énergétique, cest le numérique, laccès de tous au très haut débit. Là encore, de plan en plan, on avait fini par oublier lobjectif. Celui que jai fixé, cest quen 10 ans la France puisse être à 100 % couverte par le très haut débit. Pas simplement pour assurer légalité territoriale cest déjà un premier objectif mais pour faire que nos entreprises soient placées dans la meilleure des situations en terme de compétitivité, et pour que notre territoire national puisse avoir toutes les conditions de lattractivité.
Attirer, faire venir des entreprises partout en France ! Là aussi, lEtat participera au financement : 20 milliards deuros auxquels les opérateurs privés serons associés. Beaucoup passera par les collectivités locales. Il y aura des prêts de très long terme qui seront proposés. Lorsque javais décidé le relèvement du plafond du livret A, cétait pour le logement social mais cétait aussi pour que les collectivités locales puissent se financer au moindre coût avec des prêts qui pourront aller jusquà 20 ans, 25 ans, 30 ans et qui permettront à ces structures intercommunales, à ces départements ou à ces régions de pouvoir amplifier encore linstallation du très haut débit.
Mais linvestissement dun pays, ce nest pas seulement ce que peuvent faire lEtat, les collectivités publiques. Linvestissement, cest aussi les entreprises, les entreprises privées. Or depuis 10 ans et cela ne me plait pas de le dire notre appareil productif a vu sa compétitivité se dégrader, nos parts de marché se réduire. Nous étions à 13 %, de parts de marché et nous ne sommes plus quà 10 % en Europe. Si je prends les parts de marché dans le monde, nous étions à 5 % il y a 10 ans, un peu plus de 3 % aujourdhui. Nous ne pouvons pas accepter que la position de la France en Europe et dans la mondialisation puisse être dégradée ou réduite.
Je ne peux pas non plus accepter, et chacun doit le comprendre, que les marges des entreprises soient affaiblies au point quelles ne puissent plus investir par rapport à leurs concurrentes. Jen ai eu, une fois encore, confirmation à travers ce que mont dit les responsables, notamment le commissaire au Redressement productif, des difficultés que connaissent les entreprises, pourtant excellentes, pour accéder au crédit ou pour avoir une transition par rapport à une période conjoncturelle difficile.
Mais je sais aussi que nous disposons dentreprises excellentes qui réussissent parfaitement à conquérir des marchés. Jen ai eu, là aussi, lillustration à travers deux entreprises de lagglomération de Dijon ONCODESIGN hier et URGO aujourdhui dans le secteur, de léconomie du vivant qui est, précisément, une filière davenir pour léconomie française.
Conscient de ces réalités, de nos forces et de nos faiblesses, le gouvernement, suite au fameux rapport Gallois, a pris des mesures pour le pacte de compétitivité. Chacun doit sen saisir. Il y a dabord le crédit dimpôt recherche chaque fois salué, qui sera pérennisé sur 5 ans, élargi aux PME pour linnovation et avec, si nous le pouvons, une modulation par rapport aux emplois qui peuvent être créés.
Il y a le crédit dimpôt compétitivité, qui lui concerne les entreprises qui ont une masse salariale, avec un allègement de 4 % en 2013, de 6 % lannée prochaine pour permettre aux entreprises dinvestir, dembaucher, dexporter de manière à ce que ce ne soit pas un coût plus quun autre qui soit regardé puisque ce sera un allègement de la masse salariale. Plus lentreprise, en réalité, embauchera, plus elle sera soutenue. Ce crédit dimpôt sera versé dès 2013 pour toutes les entreprises qui en feront la demande et des préfinancements ont été prévus par la Banque publique dinvestissement. Je souhaite que cela aille, encore une fois, vite.
La Banque publique dinvestissement ne pouvait être créée quà Dijon. Son conseil dadministration sest donc tenu, ici même, préfigurant, jimagine, mon déplacement. Mais cette Banque publique dinvestissement doit être rapidement mise au service, avec les régions, parce quil ne sagit pas de créer un guichet supplémentaire mais de rassembler au contraire ce qui existe pour que le chef dentreprise ne puisse avoir quun interlocuteur.
Combien de fois me demande-t-on quil y ait un seul interlocuteur pour avoir laccès au financement ? Je veux que cette Banque publique dinvestissement puisse être un outil pour la production, pour linvestissement, pour lindustrie. Mais en même temps, il convient que les banques soient elles-mêmes au service de léconomie, que la finance puisse être orientée vers linvestissement productif. Comment y parvenir ?
Il y a le projet de loi bancaire que nous avons fait voter à lAssemblée nationale et qui permet justement de distinguer les activités de crédit des activités spéculatives et de faire que les banques soient tournées vers ce qui peut être utile à léconomie. Nous avons besoin des banques à condition quelles puissent elles-mêmes avoir des règles qui les protègent mais en même temps qui protègent les épargnants et que lon sache bien que les dépôts des Français puissent être affectés aux crédits vers les entreprises françaises.
De la même manière, jévoquais le relèvement du plafond du livret A qui sert aux logements sociaux et aux collectivités locales mais aussi aux entreprises. Le livret du développement durable a vu son plafond doubler. Toutes les banques ont aujourdhui les moyens et les ressources pour prêter davantage. Faut-il encore que nous puissions indiquer les grands secteurs dans lesquels léconomie française peut se spécialiser.
Notre commerce extérieur est en fait affecté non pas tant de problème de coût, mais de problème de spécialisation. Nos exportations ne portent pas sur les biens qui sont recherchés par les économies nouvelles. Alors nous avons retenu plusieurs de ces filières davenir : la transition énergétique, ce qui va transformer les modes de vie, la santé, les nouvelles technologies et en même temps renforcer nos réseaux dexcellence £ lautomobile, laéronautique, lagroalimentaire, lénergie, et je parle ici dans un département et une région où cette dimension existe.
Nous avons aussi besoin de préparer les mutations car nous sortons de la crise. Dans ces moments-là il y a forcément des transitions, des évolutions. Cest pourquoi il y a eu un accord passé par tous les partenaires sociaux et les employeurs. Cest laccord du 11 janvier sur la sécurisation de lemploi. La loi viendra transposer cet accord prochainement. Ce texte a une large portée, il donne des droits nouveaux aux salariés : le droit individuel à la formation, la Complémentaire santé, la représentation des salariés dans les conseils dadministration des grandes entreprises. Il limite la précarité de lemploi, il renchérit les CDD. Ce sont déjà des avancées que dans une période de crise, nul ne pouvait imaginer.
Mais cest vrai quil y a une contrepartie, cet accord doit donner plus de souplesse aux entreprises et notamment permettre quil puisse y avoir une adaptation. Faire en sorte que lemploi ne soit pas la variable dajustement, quil y ait une anticipation des restructurations et que les salariés ne soient pas confrontés à des plans sociaux et les entreprises à une incertitude de savoir si elles pourront éventuellement tenir dans une période de ralentissement conjoncturel. Lidée de cet accord et donc de la loi, cest de tout faire pour préserver lemploi et préparer les mutations nécessaires sans réduire les droits et les protections des salariés.
Jentends ceux qui sinquiètent, il y en a toujours et nous devons être attentifs car il y a toujours la crainte quil puisse y avoir à loccasion dune mutation, dune évolution, dune adaptation, un recul. Mais je leur dis que le risque le plus grand aujourdhui, cest le statu quo, cest limmobilisme parce que le droit actuel ne protège personne, il nempêche aucun plan social, il peut le faire traîner au risque dailleurs de sacrifier lentreprise. Nous devons donc en terminer pour les salariés comme pour les entreprises avec des procédures interminables qui plongent les uns dans langoisse : « que vais-je devenir ?» et les employeurs dans lincertitude : « que vais-je pouvoir faire ? ».
Avec des méthodes qui incitent dans ces moments-là plutôt au conflit quau compromis qui est indispensable, moi jai voulu que la démocratie sociale sinstalle dans notre pays. La démocratie sociale, cest dencourager les accords majoritaires dans les entreprises pour procéder aux évolutions indispensables pour lemploi.
Je vais en prendre une illustration : laccord qui a été signé la semaine dernière pour Renault. Que préfère-t-on ? Laisser fabriquer des voitures à létranger, faute de compétitivité, ou bien négocier une réduction des coûts qui préserve tous les sites industriels et maintiennent les postes, ici en France ? Moi jai choisi, je pense que nous devons faire en sorte de garder les emplois et dinciter à linvestissement en France. Je le fais en toute responsabilité et en pensant notamment aux jeunes, parce que cest quand même le grand enjeu.
Un jeune sur quatre est au chômage, un chômeur sur quatre est un jeune de moins de 25 ans. Ce nest pas simplement un problème pour le jeune, cest aussi un drame pour ses parents, en tout cas une inquiétude, et puis un moral qui se désagrège, et puis un risque pour notre cohésion nationale avec cette fracture générationnelle qui peut se produire, qui sest produite, dans des pays près de nous, où le taux de chômage des jeunes dépasse 50 %, où il ny a plus possibilité de trouver une activité, où un jeune ne peut pas avoir son propre logement, son indépendance, fonder sa famille.
Cest pourquoi, jai voulu que nous prenions des mesures exceptionnelles pour lemploi des jeunes. Dabord les « emplois davenir », pour ces 500 000 jeunes qui sont très éloignés du marché du travail : 100 000 seront créés à la fin de lannée, et chaque mois je ferai la vérification de la montée en charge de ce dispositif. Les préfets seront comptables de ce qui sera fait, mais les élus aussi. Ce serait trop simple, alors que ce dispositif est finalement pris en charge pour lessentiel par lEtat, même sil peut être complété, comme cest le cas ici en Bourgogne, par la région, que les élus quelle que soit leur sensibilité disent « : « mais nous, on a trop de difficultés en ce moment ! ».
Mais la pire des difficultés, cest de laisser des jeunes au chômage. Je lance donc cet appel aux collectivités locales, aux associations, y compris aux entreprises privées qui peuvent être éligibles au dispositif : « faites confiance aux jeunes, parce que vous permettrez à la confiance dans le pays de revenir ! »
Mais il ny a pas que les « emplois davenir », il y aussi les contrats de génération. Le contrat de génération, belle idée ! Elle a enfin trouvé sa traduction : un accord unanime des partenaires sociaux, une loi votée à la quasi-unanimité encore quil y a toujours des récalcitrants qui va aujourdhui être mise en uvre avec les entreprises avec ce double avantage : permettre à des séniors de rester dans lemploi et à des jeunes de rentrer avec un contrat à durée indéterminée, et permettre à lemployeur davoir une prime qui lui offre un allègement du coût du travail. Quand on ajoute lavantage donné par le contrat de génération et le crédit compétitivité, cest 25 % du coût salarial complet, pour un jeune, qui est ainsi allégé pour lentreprise
Je fais appel, malgré les difficultés actuelles, aux chefs dentreprises, aux employeurs pour quils recourent massivement à ces contrats de génération, pour en faire 80 000 dici la fin de lannée, et peut-être davantage. 80 000 cela veut dire autant de jeunes que de séniors, qui se verront ainsi sécurisés.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que jétais venu vous dire à Dijon, un message de mobilisation, un appel à surmonter les épreuves. Des épreuves, notre pays en a connues de bien plus difficiles, éprouvantes, lourdes. Chaque fois, la France a été capable de relever le défi.
Aujourdhui, quel est notre défi ? Cest de mettre notre pays dans la meilleure des situations dans la mondialisation, de lui permettre de prendre conscience que son destin est celui dune nation qui avance, que nous sommes un grands pays, respecté dans le monde, regardé comme une puissance capable, au nom de la communauté internationale, de lutter contre le terrorisme au Mali. Si nous ne lavions pas fait, nul ne laurait fait. Nous sommes un pays qui compte en Europe ce qui nous confère des responsabilités , qui pèse dans le monde, qui est regardé aussi par rapport à ses valeurs, à ses principes que nous portons, à la culture qui est la nôtre, à notre patrimoine, à notre histoire, mais aussi à notre avenir.
Nous devons donc par la confiance retrouvée, non pas simplement dans ceux qui le dirigent, mais dans le pays lui-même, surmonter lépreuve. Cest vrai que la crise, que nous avons traversée a été rude je parle déjà au passé composé, presque à limparfait Pourquoi ? Parce que nous devons en sortir, parce quil ny a rien dinéluctable, parce que si nous menons la bonne politique en Europe, mais surtout en France, nous pourrons atteindre nos objectifs. Mais pour cela la France doit agir, et cest le sens des décisions que jai prises, pour la compétitivité, pour le financement de léconomie, pour le marché du travail, pour les filières industrielles, pour lemploi des jeunes, pour le rétablissement de comptes. Je ne suis pas sûr que des gouvernements, même en 10 ans, aient pu faire autant que nous en 10 mois. Mais on juge une politique à la fin, à ses résultats et je demande à être jugé en fonction de ces résultats.
Mais pour cela nous devons lever 3 blocages, qui existent dans notre pays. Jen ai encore fait le constat ici, à loccasion de ce déplacement qui a été utile. Le premier blocage, cest la lenteur, à laquelle trop de monde shabitue partout. Nous devrons aller beaucoup plus vite, dans la mise en uvre de toutes les décisions. Cela vaut pour tous les secteurs : ladministration, les banques, les décideurs publics.
Depuis longtemps, je me suis fait cette réflexion, mais jen ai trouvé maintenant la traduction. Nous cherchons la croissance, nous devons la trouver par, je lai dit, une politique globale qui porte aussi bien sur loffre productive que sur la demande et sur une stratégie coordonnée au niveau européen. Nous cherchons la croissance, mais une manière de la trouver cette croissance, cest de faire que le projet qui était prévu lannée prochaine se fasse dès aujourdhui.
Mais on me dira : « quest ce qui va se passer lannée prochaine ? » Eh bien, ce sera le même raisonnement : ce qui devait se faire plus tard pourra se faire tout de suite. Ce nest pas simplement un problème de finances ils existent quand on sait les mobiliser c'est un problème détat desprit. Tout ce qui peut donc être fait au niveau de ladministration, au niveau des financeurs, au niveau des entreprises, pour anticiper, cest une croissance de gagner ! La bataille contre la lenteur cest une bataille pour la croissance.
Le second blocage, cest la lourdeur des procédures. Nous sommes champions, en France, de la norme, du contrôle. Dans le meilleur des sens dailleurs, pour essayer quil ny ait pas de fautes, quil ny ait pas de mise en cause de notre santé, ce qui est quand même un bon principe, de notre environnement, des règles sociales. Toutes choses excellentes mais qui, accumulées, deviennent impossibles. Il doit donc y avoir, sans remettre en cause la qualité du service public et la protection de nos concitoyens, des possibilités, je le disais, de réduire, dalléger et de faire en sorte que nous puissions être plus efficaces. Cest pourquoi je proposerai une loi qui permette par des moyens exceptionnels, prévus dailleurs par la Constitution, dalléger des normes et de raccourcir les délais.
Enfin, il y a un troisième blocage qui lui est plus psychologique et quaucune loi ne peut lever, aucun décret ne peut abroger. Ce blocage, c??est la torpeur, cest celui qui saisit les esprits à un moment, dans une crise, et aussi un certain nombre de nos concitoyens qui pensent que cela devient trop dur, que cest trop difficile, que la France na plus de place, quelle na plus davenir, parce quils vivent eux-mêmes un déclassement. Ils pensent que lon peut se recroqueviller, se barricader, se retrancher dans des frontières, éliminer leuro, éliminer la mondialisation, comme cela dun trait de plume, éliminer le chômage aussi.
On peut également trouver des adversaires, des cibles et chercher un bouc émissaire. Cela existe dans tous les pays dEurope. Jai retrouvé une belle phrase de ROOSEVELT qui affrontait une crise, celle de 1929, dune autre ampleur. Il disait à ses compatriotes : « ce que nous devons craindre le plus, cest la peur ». Encore aujourdhui, nous devons donner espoir, donner confiance, je le disais aux entreprises que jai rencontrées, aux salariés comme aux dirigeants, mais je le dit aussi à tous nos concitoyens : un Etat fort, cest un Etat simple £ un Etat puissant, cest un Etat rapide £ un Etat efficace, cest un Etat qui fait confiance et qui inspire confiance.
Cest cette conception-là de lEtat qui doit jouer tout son rôle. Mais en changeant ses méthodes, ses procédures et ses approches, nous pourrons avoir nous-mêmes la responsabilité de cette sortie de crise. Le chemin que je propose, cest celui qui permet davancer, davancer en respectant à la fois, léquité et la compétitivité, la solidarité et lefficacité.
Cest ainsi que nous marcherons ensemble, sans écarter quiconque, sans laisser personne de côté. En venant à Dijon, je suis sur ce chemin, et après Dijon, car il y aura forcément une vie après Dijon, même avec la médaille, il nous faudra forcer dallure pour atteindre la bonne direction. Merci.
Monsieur le président du conseil régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des « forces vives » de la Côte dor,
Je veux dabord remercier François REBSAMEN, pour les mots quil a prononcés et pour la médaille quil va me remettre. Certains sinterrogeraient : « mais pourquoi est-il à Dijon aujourdhui ? ». Vous avez la réponse : enfin recevoir ce titre, cette distinction qui fera de moi un citoyen exceptionnel me permettant de revenir à Dijon avec la certitude dy recevoir le meilleur accueil.
Je veux aussi saluer toutes celles et tous ceux qui, au-delà des sensibilités, sont rassemblés ici selon une belle tradition républicaine. Car un déplacement du chef de lEtat, cest sûrement un moyen de rencontrer la population pas toute la population et pas aussi librement que je voudrais le faire , mais cest aussi un moment découte et de dialogue par rapport à tant dinterpellations que beaucoup ont sur le cur et quils ne peuvent pas toujours transmettre comme ils lentendent.
Un déplacement du chef de lEtat dans une grande ville française, cest également un moyen de réunir. De réunir ceux qui dans un département, dans une agglomération, agissent pour le développement, pour la réussite économique, pour la cohésion sociale.
Cest aussi un moyen de madresser au-delà de vous à tous les Français. Je mexprime dans un moment où notre pays affronte, depuis de longues années, une crise : une crise économique, une crise financière, une crise morale même, qui est lourde, qui est éprouvante tant elle donne le sentiment de sinstaller, sans répit et parfois sans lumière vers sa sortie.
Cette crise touche la zone euro plus particulièrement. Elle a même connu, en 2012, une récession. Elle frappe tous nos voisins, parfois plus lourdement que nous, mais elle nous touche aussi directement, dans toutes nos régions, dans tous nos secteurs et donc dans toutes nos familles.
Depuis 5 ans, le nombre des demandeurs demplois a augmenté de 1 million. 1,5 million même, si lon prend toutes les catégories de chômeurs. Cela représente aujourdhui 10,5 % de la population active. Pour nous consoler, nous pourrions nous dire que cest moins que dans la moyenne de lUnion européenne où le taux de chômage atteint 12 %. Mais pour nos concitoyens frappés par le chômage, de quelle utilité serait cette comparaison ?
Mon devoir, cest donc que notre pays retrouve confiance en lui-même, en ses forces, en ses qualités, en son destin. Cest pourquoi jai fait comme la rappelé le maire de Dijon de la lutte contre le chômage la seule priorité qui vaille. Jai fixé un objectif : inverser la courbe du chômage avant la fin de lannée. Cest difficile, je le sais, et cest pourquoi jai voulu quil y ait cette perspective, cet engagement. Si cétait simple, il ny aurait quà laisser faire, il ny aurait quà rester les bras ballants, il ny aurait quà attendre je ne sais quelle reprise Elle viendra, mais si nous voulons quelle porte le plus demplois possibles, alors nous devons anticiper. Jentends donc utiliser tous les leviers de laction publique pour atteindre cet objectif de linversion de la courbe du chômage.
Nous y parviendrons à trois conditions : être lucides sur le diagnostic £ être cohérents dans la stratégie £ être rapides dans laction.
Lexigence de vérité doit dabord nous conduire à regarder en face lorigine fondamentale de la crise : cest lEurope qui connait une panne de moteur qui nexiste nulle part ailleurs dans le monde. En Chine, en Inde, dans les pays émergeants, les taux de croissance sont supérieurs à 5 7 % et peuvent atteindre même 10 %. Aux Etats-Unis, doù est partie la crise qui nest pas terminée, la croissance est de 2 à 3 %. En Europe, nous sommes frappés dun mal qui tient aux dérèglements qui sy sont produits notamment financier, à la lenteur pour les traiter et à laccumulation des politiques daustérité qui ont été imposées à des Etats qui étaient en très grande difficulté.
La première bataille, qui conditionne tout le reste, cest donc de faire en sorte que la croissance revienne.
Comment y réussir ? Nous avons fait un premier pas depuis plusieurs mois, indispensable. Cétait de sortir de la crise de la zone euro, celle qui touchait des pays vulnérables, celle qui faisait quil y ait des taux dintérêt insupportables, celle qui mettait le doute dans les comportements des marchés, celle qui nous rendait vulnérables à légard des spéculations.
Aujourdhui, je lai plusieurs fois répété, et même si lItalie connait les difficultés que lon sait, la zone euro est maintenant dotée dinstruments de protection et de solidarité efficaces. Le problème nest plus là. Le problème, il est maintenant dans le bon dosage entre lajustement budgétaire et le soutien à la croissance.
Cest ce message que je vais continuer de porter, au nom de la France, auprès des partenaires européens. Je vais le faire aussi au nom des peuples qui souffrent, qui sinterrogent et qui parfois se défient même de lEurope. Cette Europe que nous avons voulu bâtir, que nous avons voulu faire, ce grand projet que nous avons proposé au reste du monde comme référence, nous ne devons pas la laisser se diluer, se dilapider, se défaire.
Si nous voulons quil y ait toujours cette foi dans la construction européenne, notre Europe doit être capable de trouver la bonne stratégie qui est de remettre autant quil est nécessaire de lordre dans les comptes publics et autant de croissance quil est possible de trouver pour lutter contre le chômage.
Le cap que jai fixé pour la France tient en trois points : rééquilibrer les comptes publics, redresser la production française et réduire le chômage.
Ces trois priorités fonctionnent ensemble, elles ne sont pas séparées, elles sont indissociables. Elles doivent être conduites dans le même temps. Plus tôt on rétablira les comptes publics, plus tôt la confiance reviendra. Et plus tôt nous aurons retrouvé de la croissance, plus tôt nous en finirons avec les déficits et plutôt nous pourrons baisser le chômage. Cest en définitif le même processus. Ce ne sont pas plusieurs processus, cest la même stratégie.
Redresser les comptes, pourquoi donc ? Mais cest une obligation financière sinon nous allons être pris par la spirale de lendettement. Cest une obligation morale parce que nous ne pouvons pas laisser aux générations futures la charge de nos propres dépenses. Mais cest également une obligation de souveraineté parce que la France ne doit jamais être en difficulté sur les marchés, jamais elle ne doit offrir la moindre vulnérabilité.
Cest vrai que depuis 10 mois, nous avons des taux dintérêt qui sont au plus bas de notre histoire pour financer nos dépenses publiques. Ce qui permet dailleurs aux collectivités locales le même effet dentrainement et aux entreprises, quand elles peuvent accéder elles-mêmes au crédit davoir des taux dintérêt particulièrement faibles. Nous devons donc garder ce capital, cest le cas de le dire.
Lendettement de notre pays a doublé en dix ans. Il a doublé. Il était de 900 milliards deuros, nous sommes à 1 800 milliards. Je ne veux pas, à la fin du quinquennat, livrer un état de mon pays qui soit celui de lendettement.
Le sérieux budgétaire a donc été engagé par le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT. En deux ans, nous aurons accompli un redressement structurel, comme dit la Cour des comptes, qui est inédit tant il est considérable.
Le déficit public, en 2011, sélevait à un peu plus de 5 % de la richesse nationale £ 4,5 % fin 2012 et sans doute 3,7 % en 2013, même si nous essaierons de faire moins. La bonne stratégie économique est de rester dans cette trajectoire sans rien faire qui puisse affaiblir la croissance. Cest le sens du dialogue que jai engagé avec la Commission européenne pour rester dans cette trajectoire, ni plus, ni moins.
La réduction des déficits a déjà conduit les entreprises et les ménages à consentir des sacrifices importants. Jen suis conscient. Il a été beaucoup demandé aux contribuables, aux administrations. Nous lavons fait dans la justice : les grandes entreprises ont été plus sollicitées que les petites et les moyennes £ les revenus du capital davantage prélevés que ceux du travail et les plus hauts salaires davantage que les plus petits.
Mais je sais que les augmentations dimpôts, qui ont représenté les deux tiers de leffort, doivent être limitées. Nous avons donc à faire plus déconomies. Cest ce que nous ferons en 2014.
Ces économies ne doivent pas être abstraites, parce quune dépense publique on le sait, on le vit encore en ce moment avec les intempéries qui frappent notre pays ce sont des agents publics qui agissent, cest un service qui est apporté à la population, cest lesprit même du service public. Mais est-ce que nous ne pouvons pas être encore plus rigoureux dans la gestion ? Oui, sans tomber dans laustérité qui doit être proscrite.
Nous avons des priorités je les ai fixées y et il nest pas question dy renoncer. Cest léducation, cest la jeunesse, cest la sécurité publique, cest lemploi. Mais ici et au-delà de nos sensibilités nous sommes conscients quil y a des dépenses qui nont pas toutes la même efficacité, quil y a des redéploiements à faire, quil y a des frais généraux de lEtat à alléger, quil y a des avantages fiscaux que lon appelle des dépenses fiscales à réviser, quil y a des trains de vie à corriger, quil y a des procédés pour dépenser mieux - et quelque fois même dépenser moins.
Jai entendu les fonctionnaires de lEtat de ce département, me donner confirmation de ce que nous pouvons faire, pour travailler dans le meilleur esprit pour nos concitoyens sans dépenser davantage £ ou en faisant faire à nos concitoyens, entreprises comme particuliers, des économies.
De même pour les prestations sociales qui sont nécessaire, qui sont indispensables pour assurer la justice et la redistribution, là encore, il y a des évaluations à faire et des choix courageux à engager.
Je le ferai, notamment pour lavenir de nos régimes de retraites. La réforme de 2010 était supposée assurer, pour toujours, pour toute éternité, au moins jusquen 2020 cest ce qui nous était annoncé , léquilibre de notre régime par répartition. Ce devait être la dernière réforme, comme hélas on avait parlé de « dernière guerre ». Non, la réalité ne se décrète pas. Aujourdhui, quest-ce que nous constatons ? Que le déficit prévisionnel pour nos régimes de retraites pourrait atteindre 20 milliards deuros à la fin de 2020 ? Comment laccepter ? Ce serait mettre en cause ce qui fonde notre solidarité entre générations et lavenir de nos compatriotes.
Alors chacun devra prendre ses responsabilités : lEtat et cest pourquoi il a confié à une commission le soin de fixer les pistes que nous devrons emprunter £ mais aussi les partenaires sociaux qui négocient dailleurs en ce moment même pour les régimes complémentaires. Ils seront associés à ce processus parce que, sans les partenaires sociaux, il ne peut pas y avoir pas avoir de cohésion. Nous aurons à faire ces choix dans lannée, des décisions à prendre, à la fois, pour régler les urgences financières mais aussi pour assurer une réforme structurelle de nos régimes de répartition en tenant compte de la pénibilité et en réduisant les inégalités.
LEtat et les partenaires sociaux donc, mais aussi les collectivités locales. Je suis ici dans une agglomération avec des sénateurs très attachés à la liberté des collectivités locales, mais aussi responsables de lavenir de leur pays. Ils savent bien que, là encore, les charges, les missions et les rôles des collectivités locales doivent évoluer. Le cadre doit être moins lourd, les niveaux dadministration ne peuvent pas se superposer nos concitoyens ont besoin de clarté les financements ne peuvent pas senchevêtrer, au point dêtre illisibles y compris pour les acteurs publics. Ce sera le sens de la nouvelle loi de décentralisation dont le Parlement sera saisi avant lété.
Je fais confiance au Sénat pour y apporter tous les aménagements nécessaires, pour bien répartir les compétences, définir les collectivités chefs de file et faire émerger les métropoles dont notre territoire a besoin. Car, les collectivités locales, cest les trois quarts de linvestissement public. Nous avons donc besoin de ces forces-là, y compris pour assurer notre propre redressement.
Le second défi, au-delà du redressement des comptes, cest linvestissement, cest-à-dire la préparation de lavenir. Pour conserver son rang, pour stimuler lactivité économique, la France doit investir. Mais elle ne peut pas le faire dans toutes les directions, elle doit avoir une stratégie, elle doit établir des priorités et cest au président de la République de le faire.
La première priorité en ce moment, cest la construction de logements, cest lactivité du bâtiment parce que, là, ce sont des emplois localisables, cest lactivité de beaucoup dentreprises artisanales ou plus grandes. Le gouvernement arrêtera donc, dici la fin de ce mois, de nouvelles mesures visant à redonner confiance et surtout de la visibilité aux acteurs de ce secteur.
Je veux que nous agissions rapidement et que nous puissions alléger un certain nombre de contraintes, de dispositions juridiques notamment la durée des contentieux, la durée de la construction, la durée des procédures, et que nous puissions réduire le temps qui souvent entre un projet et la mise en chantier désespère un certain nombre de partenaires et dacteurs. Nous avons à cur et ma visite au Quartier des « Grésilles » a été utile de faire en sorte que les programmes de rénovation urbaine puissent être accélérés et que les logements sociaux puissent également être en nombre suffisant dans les zones où il y a des tensions.
Dans le même état desprit, je veux que nous prenions des mesures sur lefficacité énergétique des bâtiments, avant tout dans le parc privé, mais aussi dans le parc social ancien, parce que pour beaucoup de nos compatriotes, la précarité énergétique nest pas un concept. Cest, hélas, une vie quotidienne, avec tout ce que cela peut engendrer comme inquiétude, angoisse et parfois même souffrance. Là aussi, nous devrons aller vite. Le gouvernement, à la fin du mois, redéfinira les incitations financières dans le cadre dun plan de rénovation des bâtiments existants aussi bien pour les prêts que pour les dispositifs fiscaux.
La troisième priorité, outre logement et lefficacité énergétique, cest le numérique, laccès de tous au très haut débit. Là encore, de plan en plan, on avait fini par oublier lobjectif. Celui que jai fixé, cest quen 10 ans la France puisse être à 100 % couverte par le très haut débit. Pas simplement pour assurer légalité territoriale cest déjà un premier objectif mais pour faire que nos entreprises soient placées dans la meilleure des situations en terme de compétitivité, et pour que notre territoire national puisse avoir toutes les conditions de lattractivité.
Attirer, faire venir des entreprises partout en France ! Là aussi, lEtat participera au financement : 20 milliards deuros auxquels les opérateurs privés serons associés. Beaucoup passera par les collectivités locales. Il y aura des prêts de très long terme qui seront proposés. Lorsque javais décidé le relèvement du plafond du livret A, cétait pour le logement social mais cétait aussi pour que les collectivités locales puissent se financer au moindre coût avec des prêts qui pourront aller jusquà 20 ans, 25 ans, 30 ans et qui permettront à ces structures intercommunales, à ces départements ou à ces régions de pouvoir amplifier encore linstallation du très haut débit.
Mais linvestissement dun pays, ce nest pas seulement ce que peuvent faire lEtat, les collectivités publiques. Linvestissement, cest aussi les entreprises, les entreprises privées. Or depuis 10 ans et cela ne me plait pas de le dire notre appareil productif a vu sa compétitivité se dégrader, nos parts de marché se réduire. Nous étions à 13 %, de parts de marché et nous ne sommes plus quà 10 % en Europe. Si je prends les parts de marché dans le monde, nous étions à 5 % il y a 10 ans, un peu plus de 3 % aujourdhui. Nous ne pouvons pas accepter que la position de la France en Europe et dans la mondialisation puisse être dégradée ou réduite.
Je ne peux pas non plus accepter, et chacun doit le comprendre, que les marges des entreprises soient affaiblies au point quelles ne puissent plus investir par rapport à leurs concurrentes. Jen ai eu, une fois encore, confirmation à travers ce que mont dit les responsables, notamment le commissaire au Redressement productif, des difficultés que connaissent les entreprises, pourtant excellentes, pour accéder au crédit ou pour avoir une transition par rapport à une période conjoncturelle difficile.
Mais je sais aussi que nous disposons dentreprises excellentes qui réussissent parfaitement à conquérir des marchés. Jen ai eu, là aussi, lillustration à travers deux entreprises de lagglomération de Dijon ONCODESIGN hier et URGO aujourdhui dans le secteur, de léconomie du vivant qui est, précisément, une filière davenir pour léconomie française.
Conscient de ces réalités, de nos forces et de nos faiblesses, le gouvernement, suite au fameux rapport Gallois, a pris des mesures pour le pacte de compétitivité. Chacun doit sen saisir. Il y a dabord le crédit dimpôt recherche chaque fois salué, qui sera pérennisé sur 5 ans, élargi aux PME pour linnovation et avec, si nous le pouvons, une modulation par rapport aux emplois qui peuvent être créés.
Il y a le crédit dimpôt compétitivité, qui lui concerne les entreprises qui ont une masse salariale, avec un allègement de 4 % en 2013, de 6 % lannée prochaine pour permettre aux entreprises dinvestir, dembaucher, dexporter de manière à ce que ce ne soit pas un coût plus quun autre qui soit regardé puisque ce sera un allègement de la masse salariale. Plus lentreprise, en réalité, embauchera, plus elle sera soutenue. Ce crédit dimpôt sera versé dès 2013 pour toutes les entreprises qui en feront la demande et des préfinancements ont été prévus par la Banque publique dinvestissement. Je souhaite que cela aille, encore une fois, vite.
La Banque publique dinvestissement ne pouvait être créée quà Dijon. Son conseil dadministration sest donc tenu, ici même, préfigurant, jimagine, mon déplacement. Mais cette Banque publique dinvestissement doit être rapidement mise au service, avec les régions, parce quil ne sagit pas de créer un guichet supplémentaire mais de rassembler au contraire ce qui existe pour que le chef dentreprise ne puisse avoir quun interlocuteur.
Combien de fois me demande-t-on quil y ait un seul interlocuteur pour avoir laccès au financement ? Je veux que cette Banque publique dinvestissement puisse être un outil pour la production, pour linvestissement, pour lindustrie. Mais en même temps, il convient que les banques soient elles-mêmes au service de léconomie, que la finance puisse être orientée vers linvestissement productif. Comment y parvenir ?
Il y a le projet de loi bancaire que nous avons fait voter à lAssemblée nationale et qui permet justement de distinguer les activités de crédit des activités spéculatives et de faire que les banques soient tournées vers ce qui peut être utile à léconomie. Nous avons besoin des banques à condition quelles puissent elles-mêmes avoir des règles qui les protègent mais en même temps qui protègent les épargnants et que lon sache bien que les dépôts des Français puissent être affectés aux crédits vers les entreprises françaises.
De la même manière, jévoquais le relèvement du plafond du livret A qui sert aux logements sociaux et aux collectivités locales mais aussi aux entreprises. Le livret du développement durable a vu son plafond doubler. Toutes les banques ont aujourdhui les moyens et les ressources pour prêter davantage. Faut-il encore que nous puissions indiquer les grands secteurs dans lesquels léconomie française peut se spécialiser.
Notre commerce extérieur est en fait affecté non pas tant de problème de coût, mais de problème de spécialisation. Nos exportations ne portent pas sur les biens qui sont recherchés par les économies nouvelles. Alors nous avons retenu plusieurs de ces filières davenir : la transition énergétique, ce qui va transformer les modes de vie, la santé, les nouvelles technologies et en même temps renforcer nos réseaux dexcellence £ lautomobile, laéronautique, lagroalimentaire, lénergie, et je parle ici dans un département et une région où cette dimension existe.
Nous avons aussi besoin de préparer les mutations car nous sortons de la crise. Dans ces moments-là il y a forcément des transitions, des évolutions. Cest pourquoi il y a eu un accord passé par tous les partenaires sociaux et les employeurs. Cest laccord du 11 janvier sur la sécurisation de lemploi. La loi viendra transposer cet accord prochainement. Ce texte a une large portée, il donne des droits nouveaux aux salariés : le droit individuel à la formation, la Complémentaire santé, la représentation des salariés dans les conseils dadministration des grandes entreprises. Il limite la précarité de lemploi, il renchérit les CDD. Ce sont déjà des avancées que dans une période de crise, nul ne pouvait imaginer.
Mais cest vrai quil y a une contrepartie, cet accord doit donner plus de souplesse aux entreprises et notamment permettre quil puisse y avoir une adaptation. Faire en sorte que lemploi ne soit pas la variable dajustement, quil y ait une anticipation des restructurations et que les salariés ne soient pas confrontés à des plans sociaux et les entreprises à une incertitude de savoir si elles pourront éventuellement tenir dans une période de ralentissement conjoncturel. Lidée de cet accord et donc de la loi, cest de tout faire pour préserver lemploi et préparer les mutations nécessaires sans réduire les droits et les protections des salariés.
Jentends ceux qui sinquiètent, il y en a toujours et nous devons être attentifs car il y a toujours la crainte quil puisse y avoir à loccasion dune mutation, dune évolution, dune adaptation, un recul. Mais je leur dis que le risque le plus grand aujourdhui, cest le statu quo, cest limmobilisme parce que le droit actuel ne protège personne, il nempêche aucun plan social, il peut le faire traîner au risque dailleurs de sacrifier lentreprise. Nous devons donc en terminer pour les salariés comme pour les entreprises avec des procédures interminables qui plongent les uns dans langoisse : « que vais-je devenir ?» et les employeurs dans lincertitude : « que vais-je pouvoir faire ? ».
Avec des méthodes qui incitent dans ces moments-là plutôt au conflit quau compromis qui est indispensable, moi jai voulu que la démocratie sociale sinstalle dans notre pays. La démocratie sociale, cest dencourager les accords majoritaires dans les entreprises pour procéder aux évolutions indispensables pour lemploi.
Je vais en prendre une illustration : laccord qui a été signé la semaine dernière pour Renault. Que préfère-t-on ? Laisser fabriquer des voitures à létranger, faute de compétitivité, ou bien négocier une réduction des coûts qui préserve tous les sites industriels et maintiennent les postes, ici en France ? Moi jai choisi, je pense que nous devons faire en sorte de garder les emplois et dinciter à linvestissement en France. Je le fais en toute responsabilité et en pensant notamment aux jeunes, parce que cest quand même le grand enjeu.
Un jeune sur quatre est au chômage, un chômeur sur quatre est un jeune de moins de 25 ans. Ce nest pas simplement un problème pour le jeune, cest aussi un drame pour ses parents, en tout cas une inquiétude, et puis un moral qui se désagrège, et puis un risque pour notre cohésion nationale avec cette fracture générationnelle qui peut se produire, qui sest produite, dans des pays près de nous, où le taux de chômage des jeunes dépasse 50 %, où il ny a plus possibilité de trouver une activité, où un jeune ne peut pas avoir son propre logement, son indépendance, fonder sa famille.
Cest pourquoi, jai voulu que nous prenions des mesures exceptionnelles pour lemploi des jeunes. Dabord les « emplois davenir », pour ces 500 000 jeunes qui sont très éloignés du marché du travail : 100 000 seront créés à la fin de lannée, et chaque mois je ferai la vérification de la montée en charge de ce dispositif. Les préfets seront comptables de ce qui sera fait, mais les élus aussi. Ce serait trop simple, alors que ce dispositif est finalement pris en charge pour lessentiel par lEtat, même sil peut être complété, comme cest le cas ici en Bourgogne, par la région, que les élus quelle que soit leur sensibilité disent « : « mais nous, on a trop de difficultés en ce moment ! ».
Mais la pire des difficultés, cest de laisser des jeunes au chômage. Je lance donc cet appel aux collectivités locales, aux associations, y compris aux entreprises privées qui peuvent être éligibles au dispositif : « faites confiance aux jeunes, parce que vous permettrez à la confiance dans le pays de revenir ! »
Mais il ny a pas que les « emplois davenir », il y aussi les contrats de génération. Le contrat de génération, belle idée ! Elle a enfin trouvé sa traduction : un accord unanime des partenaires sociaux, une loi votée à la quasi-unanimité encore quil y a toujours des récalcitrants qui va aujourdhui être mise en uvre avec les entreprises avec ce double avantage : permettre à des séniors de rester dans lemploi et à des jeunes de rentrer avec un contrat à durée indéterminée, et permettre à lemployeur davoir une prime qui lui offre un allègement du coût du travail. Quand on ajoute lavantage donné par le contrat de génération et le crédit compétitivité, cest 25 % du coût salarial complet, pour un jeune, qui est ainsi allégé pour lentreprise
Je fais appel, malgré les difficultés actuelles, aux chefs dentreprises, aux employeurs pour quils recourent massivement à ces contrats de génération, pour en faire 80 000 dici la fin de lannée, et peut-être davantage. 80 000 cela veut dire autant de jeunes que de séniors, qui se verront ainsi sécurisés.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que jétais venu vous dire à Dijon, un message de mobilisation, un appel à surmonter les épreuves. Des épreuves, notre pays en a connues de bien plus difficiles, éprouvantes, lourdes. Chaque fois, la France a été capable de relever le défi.
Aujourdhui, quel est notre défi ? Cest de mettre notre pays dans la meilleure des situations dans la mondialisation, de lui permettre de prendre conscience que son destin est celui dune nation qui avance, que nous sommes un grands pays, respecté dans le monde, regardé comme une puissance capable, au nom de la communauté internationale, de lutter contre le terrorisme au Mali. Si nous ne lavions pas fait, nul ne laurait fait. Nous sommes un pays qui compte en Europe ce qui nous confère des responsabilités , qui pèse dans le monde, qui est regardé aussi par rapport à ses valeurs, à ses principes que nous portons, à la culture qui est la nôtre, à notre patrimoine, à notre histoire, mais aussi à notre avenir.
Nous devons donc par la confiance retrouvée, non pas simplement dans ceux qui le dirigent, mais dans le pays lui-même, surmonter lépreuve. Cest vrai que la crise, que nous avons traversée a été rude je parle déjà au passé composé, presque à limparfait Pourquoi ? Parce que nous devons en sortir, parce quil ny a rien dinéluctable, parce que si nous menons la bonne politique en Europe, mais surtout en France, nous pourrons atteindre nos objectifs. Mais pour cela la France doit agir, et cest le sens des décisions que jai prises, pour la compétitivité, pour le financement de léconomie, pour le marché du travail, pour les filières industrielles, pour lemploi des jeunes, pour le rétablissement de comptes. Je ne suis pas sûr que des gouvernements, même en 10 ans, aient pu faire autant que nous en 10 mois. Mais on juge une politique à la fin, à ses résultats et je demande à être jugé en fonction de ces résultats.
Mais pour cela nous devons lever 3 blocages, qui existent dans notre pays. Jen ai encore fait le constat ici, à loccasion de ce déplacement qui a été utile. Le premier blocage, cest la lenteur, à laquelle trop de monde shabitue partout. Nous devrons aller beaucoup plus vite, dans la mise en uvre de toutes les décisions. Cela vaut pour tous les secteurs : ladministration, les banques, les décideurs publics.
Depuis longtemps, je me suis fait cette réflexion, mais jen ai trouvé maintenant la traduction. Nous cherchons la croissance, nous devons la trouver par, je lai dit, une politique globale qui porte aussi bien sur loffre productive que sur la demande et sur une stratégie coordonnée au niveau européen. Nous cherchons la croissance, mais une manière de la trouver cette croissance, cest de faire que le projet qui était prévu lannée prochaine se fasse dès aujourdhui.
Mais on me dira : « quest ce qui va se passer lannée prochaine ? » Eh bien, ce sera le même raisonnement : ce qui devait se faire plus tard pourra se faire tout de suite. Ce nest pas simplement un problème de finances ils existent quand on sait les mobiliser c'est un problème détat desprit. Tout ce qui peut donc être fait au niveau de ladministration, au niveau des financeurs, au niveau des entreprises, pour anticiper, cest une croissance de gagner ! La bataille contre la lenteur cest une bataille pour la croissance.
Le second blocage, cest la lourdeur des procédures. Nous sommes champions, en France, de la norme, du contrôle. Dans le meilleur des sens dailleurs, pour essayer quil ny ait pas de fautes, quil ny ait pas de mise en cause de notre santé, ce qui est quand même un bon principe, de notre environnement, des règles sociales. Toutes choses excellentes mais qui, accumulées, deviennent impossibles. Il doit donc y avoir, sans remettre en cause la qualité du service public et la protection de nos concitoyens, des possibilités, je le disais, de réduire, dalléger et de faire en sorte que nous puissions être plus efficaces. Cest pourquoi je proposerai une loi qui permette par des moyens exceptionnels, prévus dailleurs par la Constitution, dalléger des normes et de raccourcir les délais.
Enfin, il y a un troisième blocage qui lui est plus psychologique et quaucune loi ne peut lever, aucun décret ne peut abroger. Ce blocage, c??est la torpeur, cest celui qui saisit les esprits à un moment, dans une crise, et aussi un certain nombre de nos concitoyens qui pensent que cela devient trop dur, que cest trop difficile, que la France na plus de place, quelle na plus davenir, parce quils vivent eux-mêmes un déclassement. Ils pensent que lon peut se recroqueviller, se barricader, se retrancher dans des frontières, éliminer leuro, éliminer la mondialisation, comme cela dun trait de plume, éliminer le chômage aussi.
On peut également trouver des adversaires, des cibles et chercher un bouc émissaire. Cela existe dans tous les pays dEurope. Jai retrouvé une belle phrase de ROOSEVELT qui affrontait une crise, celle de 1929, dune autre ampleur. Il disait à ses compatriotes : « ce que nous devons craindre le plus, cest la peur ». Encore aujourdhui, nous devons donner espoir, donner confiance, je le disais aux entreprises que jai rencontrées, aux salariés comme aux dirigeants, mais je le dit aussi à tous nos concitoyens : un Etat fort, cest un Etat simple £ un Etat puissant, cest un Etat rapide £ un Etat efficace, cest un Etat qui fait confiance et qui inspire confiance.
Cest cette conception-là de lEtat qui doit jouer tout son rôle. Mais en changeant ses méthodes, ses procédures et ses approches, nous pourrons avoir nous-mêmes la responsabilité de cette sortie de crise. Le chemin que je propose, cest celui qui permet davancer, davancer en respectant à la fois, léquité et la compétitivité, la solidarité et lefficacité.
Cest ainsi que nous marcherons ensemble, sans écarter quiconque, sans laisser personne de côté. En venant à Dijon, je suis sur ce chemin, et après Dijon, car il y aura forcément une vie après Dijon, même avec la médaille, il nous faudra forcer dallure pour atteindre la bonne direction. Merci.