6 février 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse conjointe de MM. François Hollande, Président de la République, et Martin Schulz, Président du Parlement européen, sur la construction européenne, à Strasbourg le 6 février 2013.

LE PRESIDENT DU PARLEMENT : « Monsieur le président de la République française, cest un grand honneur pour le Parlement européen de vous accueillir aujourdhui dans linstitution qui se trouve en France. Merci Monsieur le Président pour votre discours.
Vous avez certainement tous Mesdames et Messieurs ici dans la salle suivi le débat. Je ne crois pas nécessaire de reprendre tous les éléments de ce débat. Mais trois points me semblent essentiels. La Chambre avec peut-être une seule exception a soutenu largement lengagement et lintervention de la France au Mali. En tant que Président du Parlement européen, je souligne de nouveau que le Parlement et je suis très reconnaissant, Monsieur le Président que vous layez soulevé est parmi les premières institutions qui ont soutenu les décisions et qui se sont engagées à faire le maximum dans le cadre de nos responsabilités, de soutenir la France dans ce cadre qui est un engagement de la France mais pour lEurope entièrement.
Deux, le débat autour des perspectives financière était aussi, de nouveau, un signal fort pas seulement à vous Monsieur le Président mais aux 27 chefs dEtat et de gouvernement que le Parlement européen préfère un compromis mais pas coûte que coûte. Nous avons, pendant le débat, de nouveau soulevé les points essentiels. Le Parlement européen souligne que le budget européen qui est à 94% un budget dinvestissements et de dépenses qui mène directement à des activités économiques. Si vous le permettez, jajoute lanalyse de nos propres services qui nous disent que chaque euro qui vient du budget européen attire autour de 3 euros dactivité privée.
Cela veut dire que le budget européen est vraiment un instrument de la relance économique. Le Parlement européen insiste donc pour que lon ne réduise pas le budget européen comme il était prévu dans les dernières propositions passées comme information dans nos couloirs. Le Parlement a limpression que lon se rapproche surtout avec les chiffres des dépenses des chiffres de paiement vers lannée 2005. Mais avec une durée jusquà 2020 ! Cela veut dire quen 2020, on aura un budget sur la base de 2005. Je crois que ce nest manifestement pas possible. Nous sommes à cause de ce système de clivage entre lengagement et le paiement dans notre système budgétaire européen déjà dans lannée 2013 dans une situation déficitaire autour de 16 milliards deuros sur un budget de 132 milliards.
La large majorité des députés nest donc pas prête daccepter dentrer dans un système de budget déficitaire en permanence. Ce qui se passe dans les Etats membres avec tous les moyens déquilibrer les budgets et, sur le niveau européen, dentrer dans un système déficitaire, cest pour moi personnellement, Monsieur le Président, comme pour les députés européens inacceptable. Merci beaucoup, donc, pour votre engagement de trouver un compromis.
Jajoute moi-même que je suis prêt aussi, avec mes collègues Présidents de groupe, à trouver un compromis. Ce nest pas que le Parlement veut de toute façon un « Non ». Nous sommes prêts à faire un compromis si le compromis inclut un budget qui répond aux besoins du 21ème siècle, un budget qui est plus flexible que les budgets précédents, un budget qui ne commence pas à changer tout de suite mais pas après non plus le système de ressources propres.
Ce sont les lignes rouges du Parlement. Je crois que cétait clair aujourdhui dans le débat. Je suis très heureux que vous, Monsieur le Président, nayez pas promis un compromis mais que vous vous soyez engagé devant le Parlement dessayer de trouver un compromis. Un compromis pas au détriment de lEurope mais un compromis qui renforce lEurope.
Troisième remarque : encore une fois, merci beaucoup pour votre présence ici. Je crois que vous avez aussi, avec votre présence et lexception que nous avons eue aujourdhui, honoré énormément linstitution que je préside. Normalement, les présidents de la République, les chefs dEtat, qui passent au pupitre chez nous, sadresse au Parlement dans une séance solennelle. Cétait votre droit.
Que vous ayez utilisé votre droit de dire aussi « je suis aussi un Président normal qui mène aussi un gouvernement et je suis prêt à discuter avec ceux qui représentent la démocratie européenne » est un encouragement dans un moment où dautres chefs de gouvernement renoncent à venir ici ou ne nous considèrent pas comme une institution qui représente la démocratie européenne. Votre visite et le déroulement des débats est donc un encouragement pour nous, les députés européens. Jexprime donc à titre très personnel, Monsieur le Président, mais aussi au nom de mon institution, mes remerciements ».
LE PRESIDENT : « Je vais aller à lessentiel pour pouvoir répondre à vos questions. Dabord, en remerciant le Président du Parlement européen, Martin SCHULZ, pour son invitation et pour la qualité du début qui a pu se dérouler ce matin.
Jai pu constater, et cest un élément très important pour la politique que je conduis au nom de la France, le soutien du Parlement européen à lintervention au Mali. Cest une source supplémentaire de légitimité.
Deuxièmement, jai pu relever combien, au-delà des sensibilités politiques, au-delà des différences nationales, il y avait une aspiration forte du Parlement européen à disposer pour les sept prochaines années dun budget qui permette, à la fois, la croissance et la solidarité.
Mon devoir nest pas dêtre porte-parole du Parlement européen je suis chef dEtat £ cest, fort de ce que jai entendu dans cette enceinte, pouvoir chercher le compromis qui permettra à lEurope davancer. Ce compromis doit à lévidence tenir compte de la situation budgétaire de chacun des pays, mais il doit aussi tenir compte de lutilité des dépenses européennes pour soutenir lactivité économique. Je ne peux pas avoir plaidé pour le pacte de croissance au mois de juin et accepter un budget européen qui na pas cette priorité.
Ensuite, sur la solidarité, cest toute la question des ressources et des recettes de lUnion européenne. Je comprends bien quil nest pas encore possible de mettre à bas lensemble de ces mécanismes. Mais, à tout le moins, conviendra-t-il den plafonner les contributions dun certain nombre de pays à leur financement, et notamment la France, et dimaginer à lavenir un système de ressources propres qui permette de doter lUnion sans quil soit besoin de lensemble de ces dispositifs.
Enfin, même sil na pas été lélément le plus discuté ce matin, je plaide pour une architecture différente de lEurope daujourdhui. Je suis pour lintégration, je suis pour la solidarité, je suis donc pour lUnion politique. Mais une Union politique qui ne peut pas prendre les formes que nous connaissons aujourdhui. Non pas que le Parlement européen devienne un Parlement qui serait fractionné je my refuse mais je pense que nous devons avoir une Europe différenciée, cest-à-dire une Europe qui puisse laisser un certain nombre dEtats, pas forcément les mêmes, engager des coopérations renforcées.
Il y en a une qui existe, cest la zone euro. Elle doit avoir sa place et le Parlement européen doit rester lorgane de contrôle de la zone euro. Faudra-t-il demain un budget de la zone euro ? Cela ne peut simaginer que adossé au budget européen et avec des modalités de contrôle démocratique adaptées. Mais, entre les propositions de ceux qui veulent défaire le socle et les propositions de ceux qui veulent sur le socle monter lédifice, il y a le débat que vous connaissez.
Je suis prêt à répondre à vos questions ».
QUESTION : « Monsieur le Président, vous avez insisté à plusieurs reprises sur le fait quil fallait faire des économies, certes, mais sans affaiblir léconomie. Alors qui visez-vous ? Est-ce lAllemagne, les Pays-Bas, ceux qui pourraient vous demander encore plus de defforts si par malheur la croissance est trop faible pour atteindre les 3% de déficit à la fin de lannée ? Qui visez-vous ? Y a-t-il vraiment une pression, en ce moment, sur la France pour que nous fassions plus déconomie encore ? »
LE PRESIDENT : « Il ne sagit pas déconomies dans chacun de nos budgets. Il sagit déconomies qui seraient demandées à lUnion européenne en plus de ce qui a été proposé par le Président du Conseil européen. Si lEurope venait à faire des coupes supplémentaires, ce ne serait que des éléments défavorables de plus pour la croissance.
Autant il est légitime de demander à des pays qui connaissent des déficits importants de faire des efforts de redressement de leurs comptes publics la France y souscrit , autant à linverse nous devons demander à lEurope de maintenir un niveau de dépenses qui permette dentretenir lactivité économique, parce que comme il a été démontré ce matin par un certain nombre dintervenants toute dépense européenne est à 90% une dépense dinvestissements, avec un effet multiplicateur je nose employer ce terme car il renvoie à des doctrines économiques qui paraissent aujourdhui dépassées qui est démontré.
Ce serait donc fâcheux même pour les politiques de redressement des comptes publics de chacun de nos pays, car comment atteindre nos objectifs de désendettement si nous avons une activité économique réduite ? Ma formule vaut donc pour lensemble des pays membres de lUnion européenne : « faire des économies, oui £ affaiblir léconomie, non ». »
QUESTION : « Comment voulez-vous remanier la politique du taux de change de la zone euro ? Souhaitez-vous voir un cours de leuro plus bas vis-à-vis du dollar afin de stimuler la croissance? »
LE PRESIDENT : « Un taux de change ne se décrète pas et encore moins pour celui de la zone euro. Mais nous sommes dans un système monétaire international qui nest pas régulé et avec des compétitions qui se font aussi par le biais des parités et des monnaies. Dès lors, la zone euro doit, par ses chefs dEtat et de Gouvernement, se donner un objectif de change à moyen terme.
Il ne sagit pas de faire intervenir la Banque centrale européenne sur les marchés £ ce nest pas de notre ressort puisquelle est indépendante. Mais nous devons nous déterminer, à moyen terme, sur un niveau de change qui nous paraît le plus réaliste et le plus compatible avec létat de notre économie réelle.
Sinon je lévoquais nous demandons à des pays, en particulier la France, daméliorer la compétitivité interne et la compétitivité externe, et elle se détériore par lappréciation du change ! Ce qui veut dire que certains pays comme les Etats-Unis ou comme la Chine utilisent aussi leur taux de change à des fins de soutien à leur propre croissance. Nous devons donc agir au niveau international pour que nous puissions faire valoir nos propres intérêts ».
QUESTION : « Vous avez défendu Strasbourg en tant que ville historique, mais les parlementaires évoquent le coût lié au fait de venir ici ainsi que linutilité de faire des navettes chaque mois. Que leur répondez-vous ?
LE PRESIDENT : « Ils sont parlementaires européens. Ils ont donc une conception de lEurope. Ils nont pas forcément à névoquer que des problèmes de transports qui doivent être améliorés, ou de fonctionnement, sinon ce serait lensemble des sièges quil faudrait regarder !
Je lévoquais ce matin devant le Parlement européen, parce que je pense quau-delà du Traité qui est la base juridique et qui justifie le siège cest le meilleur argument : Strasbourg a une valeur symbolique tout à fait essentielle pour lEurope. Sinon il faudrait concentrer le siège de lEurope dans une seule ville et rapatrier tout ce qui existe dans la plupart des pays européens qui le souhaitent ! Je nentends pas les parlementaires évoquer cette question ».
QUESTION : « Monsieur le Président, comment envisagez-vous un compromis avec Madame MERKEL sur les sujets qui fâchent ? »
LE PRESIDENT : « Je ne crois pas que ce soit avec Madame MERKEL que ce soit le plus difficile ! Néanmoins, nous avons déjà à chercher la meilleure position commune que nous pourrions éventuellement présenter au Conseil européen. Il se trouve que demain Madame MERKEL se trouvera à Paris pour la célébration dun match pourtant douloureux à nos mémoires pour la mémoire française ! : le match France-Allemagne de 1982 à Séville, mais là je parle pour ceux qui ont largement plus de 40 ans !
Je crois que nous pourrons chercher ensemble avec nos responsabilités, puisque la France et lAllemagne ont un rôle dans lUnion européenne que nul ne conteste pour que, sur la base qui pourrait être commune, nous puissions en convaincre dautres. Voilà ce que nous chercherons à faire. En tout cas, cest ma responsabilité.
Je vous lai dit et je lai affirmé ce matin devant le Parlement européen, je pourrais dire « voilà, jai entendu le Parlement européen, aucun accord nest possible ! ». Non je ne le crois pas. Je pense que si les chefs dEtat et de gouvernement se mettent à la hauteur de leur propre responsabilité et trouvent un équilibre, nous pourrons ensuite le défendre devant le Parlement européen ».
QUESTION : « Pourquoi ne pas simplement poser la question du maintien de la Grande-Bretagne dans lUnion européenne ? Vous avez été interrogé sur le pacte de croissance et finalement sur lincapacité de lUnion européenne à redonner de lespoir aux salariés de lindustrie, notamment de lindustrie automobile en France. Que leur répondez-vous ? Que lEtat ne peut pas tout et que lEurope est également impuissante ? »
LE PRESIDENT : « Ne faites pas les réponses à ma place ! Monsieur Cameron a présenté une conception de lEurope et il a même annoncé quil y aurait, à terme, une consultation du peuple britannique. Cest sa souveraineté et sa liberté. Ma conception de lEurope nest pas de remettre en cause les acquis, mais de construire à partir du socle pour élever le niveau de la construction européenne.
Sur le pacte de croissance : une part est déjà activée, celle de la recapitalisation de la banque européenne dinvestissement qui aura, là aussi, un effet multiplicateur. Il y a aussi les « projects bonds » « obligations de projet » en français qui, là encore, ont été introduits et correspondent à une vraie avancée. Il y a enfin les fonds structurels à hauteur de plus de 50 milliards deuros qui navaient pas été dépensés lors de la séquence antérieure et qui doivent donc être récupérés pour être réinjectés.
Mais javais demandé avec Martin SCHULZ que nous puissions, au moment de la définition du pacte de croissance, réunir lensemble des institutions de lUnion européenne pour mieux nous assurer de sa bonne application ce que lon appelle une conférence inter-institutionnelle.
Il est dommage que lidée nait pas pu être retenue, parce que le Parlement européen a sa propre responsabilité et notamment pour aller chercher les crédits qui nont pas été consommés et les réinvestir dans de nouvelles politiques.
Je suis aussi très sensible à ce que propose le Parlement européen sur ce que lon appelle la flexibilité qui na rien avoir avec la flexibilité du travail. Là en loccurrence, cest la flexibilité dans les possibilités de redéploiement entre grandes catégories de dépenses et aussi entre les années dexécution. Parce que cest la même idée : faire en sorte que nous dépensions plus vite et mieux ce que nous décidons ensemble ».
LE PRESIDENT DU PARLEMENT EUROPEEN : « En ce qui concerne la flexibilité entre les catégories et les années qui est un point clé pour le Parlement européen prenons pour exemple le Mali. Si on voulait soutenir maintenant la France avec des mesures civiles, économiques, de développement, déducation, de système médical sur place ainsi que des investissements qui sont dans notre propre intérêt, il faudrait faire avec une longue procédure et un projet de budget rectificatif £ à la place davoir la possibilité de dire « on ne dépense pas là car on en na pas besoin pour cette année, on peut être flexible pour le déployer ailleurs ».
Cest possible dans chaque budget national, mais pas ici ! Cest la raison pour laquelle nous insisterons dans les mois qui viennent sur ce point clé, car la flexibilité peut soulager tout le monde et aussi résoudre les problèmes qui demeurent dans le débat, avec comme risque majeur le clivage entre les engagements dun côté et le plafonnement des paiements de lautre côté.
Dans son discours, David CAMERON a dit un mot qui est très significatif pour moi au sujet de « la direction » : il a dit « je veux plus de libre marché, mais moins de règles de Bruxelles ». Je trouve que cest le concept qui a amené lEurope dans la crise dans laquelle nous sommes ».
QUESTION : « Sur le Mali Monsieur le Président, vous avez souligné que nous allions bientôt rentrer dans la phase critique et notamment dans celle du processus politique. Si jai bien compris, vous avez exhorté tout à lheure vos partenaires européens à prendre leurs responsabilités. Quallez-vous demander à vos homologues jeudi en matière de processus politique ? Si vous le permettez, si on revient sur la première phase diplomatique et militaire, on saperçoit que lEurope a été un peu évanescente. Monsieur JUPPE qui ne parle plus la langue de bois a même affirmé que lEurope avait été « nulle ». Quels enseignements tirez-vous en matière de politique de sécurité et de défense de la première phase militaire et diplomatique de lintervention au Mali ? »
LE PRESIDENT : « Dabord, quest-ce que je vais demander aux chefs dEtat et de gouvernement au Conseil européen, si le temps nous en est donné ? Mais je pense que nous le trouverons, compte-tenu de limportance de cette question.
Cest dabord de former larmée malienne et les troupes africaines réunies dans ce que lon appelle la MISMA. Cétait dailleurs un engagement que lEurope avait pris il y a plusieurs semaines et qui aurait dû se traduire, si les choses navaient pas dégénérer du fait des terroristes, lorsque le processus serait venu à son terme, cest-à-dire à lété. Ce que je vais donc demander à lEurope, cest de faire ce quelle avait déjà annoncé être prête à engager mais un peu plus tard. De le faire tout de suite.
Deuxièmement et lEurope est là aussi exemplaire en matière daides et de contributions, non seulement au niveau bilatéral mais au niveau européen de rassembler le plus de financements possibles. Non seulement pour couvrir les dépenses de la MISMA même si à terme ce sera une opération de maintien de la paix donc couverte par les Nations Unies, mais surtout pour aider le Mali à se reconstruire. Car la phase de dialogue politique et donc délection na de sens que si lon permet la sécurisation du territoire malien, mais également, comme lon dit, linclusion de tous dans ce processus. Or, cest plus facile sil y a une politique de développement ou sil ny en a pas.
Sur la leçon que je tire de lintervention de la France au Mali de lintervention de la seule France au Mali cest que lEurope de la défense na pas encore pris la dimension qui était attendue et quil ny a pas, par exemple, de force de projection au plan européen. Dès lors, on lavait vu dans dautres situations, ce sont des pays qui se coalisent pour intervenir. Exemple : la Libye. Ou dans une formule encore plus large, il y a quelques années, lAfghanistan.
Ce qui a conduit la France à intervenir dans les conditions que lon sait, cest quelle était le seul pays qui pouvait avoir la capacité militaire de le faire et quil y avait la proximité par sa situation géographique, cest-à-dire les bases que nous avons en Afrique. Jai donc assumé cette décision sans avoir le moindre reproche à adresser aux Européens. Jai considéré que je ne pouvais pas attendre parce quaucun pays européen, dans la situation que lon sait, ne pouvait se substituer à nous, voire venir avec nous, dans un délai aussi court.
Je nai pas de critique à adresser à lEurope, jai simplement un avertissement à lui lancer, c'est-à-dire que pour lavenir nous devrions avoir les dispositions qui nous permettent davoir la projection nécessaire.
QUESTION : « Jai une question pour le Président HOLLANDE et pour le Président SCHULZ. Madame LAGARDE lavait déjà dit, maintenant il y a des rapports du Fonds monétaire international qui disent que les mesures qui ont été imposées au Portugal ont provoqué une énorme récession et un chômage qui nétait pas attendu. Jaimerais vous demander ce quon fait et si on dit mea culpa et on continue ou si on dit mea culpa et on renégocie ? »
LE PRESIDENT DU PARLEMENT : « Vous avez certainement lu ce que jai dit au Portugal. Il faut que le Fond monétaire international décide finalement sur sa propre proposition. On ne peut pas dire un jour que unilatéralement réduire les dépenses mène au retour de la confiance des investisseurs et un autre jour on fait une conférence de presse pour la deuxième fois en disant « nos mesures sont un peu contre productives ». Je trouve quune institution comme le FMI doit être cohérente. Jétais très surpris par Madame LAGARDE qui a cette vision générale mondiale sur tout ce qui se passe. De temps en temps, il faut quon entre dans le détail, et dans le détail on voit que la position par ailleurs largement adoptée au Parlement, je ne suis pas depuis combien dannées était une combinaison entre discipline budgétaire, dun côté, et investissements durables surtout avec lobjectif que la croissance qui suit ces investissements est une contribution dans le cadre de la lutte nécessaire et immédiate contre le chômage des jeunes. Parce que cest au détriment de la cohésion sociale comme jamais en Europe.
Si maintenant le FMI trouve quil faut changer la stratégie, je ne crois pas quil soit faisable de renégocier le mémorandum, par exemple en Grèce, mais de réfléchir comment on peut aider les grecs à court terme : soit dans le cadre budgétaire, soit dans le cadre des investissements directs. Je plaide toujours pour un système de crédits pour les petites et moyennes entreprises qui sont celles capables dans limmédiat dembaucher des gens. Ce sont les mesures sur lesquelles il faut réfléchir ».
LE PRESIDENT : « Sur la position du FMI, il y a une question à poser, celle de savoir ce que va faire maintenant cette institution par rapport à des pays qui effectivement ont fait des efforts considérables et qui aujourdhui ont pu revenir sur le marché, mais à un prix social élevé.
Mais cela nous renvoie à la question budgétaire européenne. Car pour des pays comme la Grèce, le Portugal et dautres encore comme lEspagne, lidée était quil leur était demandé beaucoup peut-être trop, mais beaucoup sur le plan budgétaire national et la compétitivité industrielle, mais que lEurope viendrait en leur soutien au niveau des fonds structurels et des politiques de cohésion.
Plus nous élèverons le niveau des politiques de croissance et de cohésion, plus les pays en question auront de possibilités de connaître une reprise de lactivité économique. Tout lenjeu pour 2013 est de savoir quand la reprise va seffectuer et est-ce que nous laccélérons ou est-ce que nous la ralentissons ? »
QUESTION : « Jai cru entendre dans votre discours que vous appeliez lEurope à une renégociation du calendrier des engagements en matière de réduction des déficits budgétaires. Ai-je bien compris ? Une deuxième question dordre national et je vous prie de men excuser, mais je nai pas bien compris votre position personnelle sur la PMA. Faut-il retenir le fait quelle nest pas dans les engagements du candidat socialiste, ou faut-il retenir que vous plaidez en sa faveur - dans cette interview au magazine Têtu - ? Merci beaucoup ».
LE PRESIDENT : « Je ne voudrais pas que le débat sur la PMA vienne confondre ce que jai dit sur lEurope, ou vienne faire que cela soit le seul propos qui serait retenu de mon intervention. Je vous fais donc simplement observer quau Conseil des ministres que jai présidé, le projet de loi qui a été ensuite présenté au Parlement comprenait le mariage et ladoption.
Ensuite, sur la question que vous posez de savoir ce que nous pourrions faire en terme de poursuite de nos objectifs sil y avait un ralentissement conjoncturel : cest bien la question que nous avons à lesprit. Je lai dit nous devrions en parler collectivement et le moment venu. Ce moment nest pas venu, mais nous aurons à le faire éventuellement, le cas échéant, collectivement ».