17 janvier 2013 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les défis et priorités de la politique économique et sociale du gouvernement , à Paris le 17 janvier 2013.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les présidents des organisations socioprofessionnelles ici réunis,
Mesdames, Messieurs,
Je madresse à vous dans un moment dune exceptionnelle intensité puisquune prise dotages concernant plusieurs dizaines de personnes de toutes nationalités est intervenue hier sur un site pétrolier en Algérie et elle semble se dénouer dans des conditions dramatiques. Les autorités algériennes minforment régulièrement de la situation. Mais je ne dispose pas encore de suffisamment déléments pour en faire une évaluation. Ce qui se passe en Algérie justifie encore davantage la décision que jai prise au nom de la France de venir en aide au Mali, conformément à la charte des Nations-Unies et à la demande du président de ce pays.
Il sagit darrêter une agression terroriste et également de permettre aux Africains de se mobiliser pour rétablir lintégrité territoriale du Mali. Je voulais parce que vous êtes les forces vives de la nation vous donner ces éléments dinformation et, en même temps, vous dire que nous devons aussi faire ce que les Français attendent de nous, cest-à-dire notre devoir. Notre devoir, cest dengager la France lorsque ses valeurs sont en cause. Notre devoir, cest aussi dagir conformément à nos engagements.
Vous représentez la diversité de notre pays puisque sont présents ici des chefs dentreprise de toutes tailles, des salariés à travers leurs grandes organisations syndicales, des agriculteurs, des acteurs de léconomie sociale et solidaire et je noublie pas les fonctionnaires. Vous défendez et cest votre légitimité les intérêts de ceux qui vous ont mandatés pour y parvenir. Cest aussi votre devoir. Il peut y avoir des contradictions entre vous, des confrontations, mais vous êtes la France, vous la servez par laction que vous menez et vous portez une part de lintérêt général.
Je rappelle ici lattachement que je porte à la démocratie sociale qui na pas vocation à faire concurrence avec la démocratie politique et encore moins à sy substituer, mais qui a son rôle propre pour faire avancer, dans notre pays, par des compromis fructueux, le progrès. Cest pourquoi la place du dialogue social figurera dans le projet de loi constitutionnelle qui sera soumis cette année au Parlement.
Je connais le principe qui vous unit tous au-delà de vos sensibilités et de votre diversité. Ce principe a un nom, cest lindépendance. Vous faites vos choix en toute responsabilité et cest ainsi que je veux que sorganise la relation entre lÉtat et les acteurs sociaux. Mais mon devoir de président de la République, cest de fixer la feuille de route pour notre pays pour les cinq ans qui viennent. Cette feuille de route, je lavais précisée le 9 juillet lors de louverture de la conférence sociale et javais déjà insisté sur lenjeu que représente lemploi. Cest la seule priorité. Le chômage est en progression continue depuis deux ans, il atteint un niveau record, pour les jeunes notamment et aussi pour les seniors. Il saccompagne dune précarité qui prive grand nombre de salariés de toute visibilité pour leurs propres décisions. Inverser la courbe du chômage, cest lobjectif que jai fixé pour la fin de cette année. Je sais quil rencontre parfois le scepticisme, des interrogations. Je considère que la volonté doit être celle-là et quil doit y avoir une mobilisation générale. Le gouvernement en a la responsabilité. Mais vous aussi car nous avons pris des décisions importantes mais nous les avons prises en concertation avec vous.
Dabord la loi sur les emplois davenir. Elle a été votée le 26 octobre. Les premiers contrats ont été signés depuis le mois de novembre. Nous avons comme objectif cent mille contrats pour 2013. Cest une façon je lai dit , pour les jeunes les plus éloignés du marché du travail, de retrouver confiance mais ça suppose quon leur apporte une formation. Cest le rôle de Pôle Emploi mais cest aussi pourquoi jai voulu que lAFPA soit sauvegardée en tant quopérateur de premier plan de la formation, y compris pour les jeunes.
Le second texte qui vous a été proposé a été le contrat de génération. Il est accessible depuis le début de lannée, même sil na pas encore été voté par le Parlement. Ce projet a donné lieu, après négociation, à une adhésion unanime - je dis bien unanime - de tous les partenaires sociaux. Cest suffisamment rare pour saluer la pertinence du dispositif. Je rappelle quil incite les entreprises à embaucher des jeunes en maintenant dans lemploi les seniors qui leur assurent un tutorat et un accompagnement. Cest une réponse elle nest pas la seule à cette double anomalie française davoir un taux de chômage particulièrement élevé pour les jeunes et également une précarité importante pour les seniors.
Un accord a été conclu en ce début dannée sur la sécurisation de lemploi. Il a suscité de longues discussions. Il na pas été approuvé par toutes les organisations de salariés. Jen prends acte mais je salue le compromis auquel les signataires ont abouti après que tous les syndicats, de bout en bout, aient participé aux échanges. Cet accord fera date car cest le premier depuis quarante ans sur le sujet de lemploi. Il vise à mieux anticiper, mieux informer, mieux sécuriser.
Je veux en souligner plusieurs avancées. Dabord, lextension à tous les salariés dune couverture complémentaire santé, la création dun compte personnel de formation, lintroduction de droits rechargeables à lAssurance Chômage, lintroduction aussi de nouveaux droits de représentation dans les conseils dadministration ou de surveillance des plus grandes entreprises et également le renforcement du dialogue social en cas de difficultés économiques, dans le cadre daccords majoritaires. Tout cela me paraît un progrès. Ce texte marque aussi une étape - encore insuffisante mais cest une étape - dans la lutte contre la précarité par un renchérissement des contrats courts.
Lors de la conférence sociale, javais pris un engagement au nom de lÉtat : si un accord majoritaire était conclu, lÉtat le respecterait fidèlement. Cet engagement moblige. Le gouvernement va donc, au mois de mars, saisir le Parlement dun projet de loi transcrivant les principales dispositions de laccord. Ce résultat est le produit dune méthode, celle que le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT a privilégiée depuis huit mois. Cette méthode, cest le dialogue, non pour différer les choix, comme je lai lu parfois, entendu également, non pas pour reporter les échéances, mais pour mieux décider. Le temps de la concertation et de la négociation nest pas un temps perdu, cest un temps gagné - gagné sur les malentendus, sur limmobilisme et même sur les conflits -. Non quil aboutisse nécessairement au consensus ça ne sera dailleurs pas le cas , mais au moins à un constat partagé et à des choix assumés.
Cette méthode, elle est fondée aussi sur la responsabilité - responsabilité de ceux qui sengagent, responsabilité aussi de ceux qui sy refusent, responsabilité du gouvernement de respecter laccord, responsabilité du Parlement de le traduire dans la loi -. Ce principe de responsabilité, nul ne peut le contester puisque chacun aura à faire, devant ses mandants, la clarification nécessaire.
En 2013, je poursuivrai cette méthode du dialogue, de la concertation et de la négociation dans dautres domaines : la qualité de la vie au travail, légalité professionnelle entre les femmes et les hommes, lamélioration de notre système de formation professionnelle. Sur ce dernier sujet, nous avons deux objectifs : la formation des demandeurs demploi car il y a un paradoxe dans notre pays, cest que nous ne faisons pas suffisamment pour ceux qui sont privés demploi et parfois, nous en faisons beaucoup pour ceux qui ont un emploi depuis longtemps et à un niveau élevé de la hiérarchie sociale.
Le deuxième objectif, cest de permettre que cette formation professionnelle soit renforcée pour les jeunes sans qualification. Là encore, un accord a été trouvé entre lÉtat et les partenaires sociaux sur ce quon avait appelé le Fonds de sécurisation des parcours professionnels. Nous allons tâcher daller même au-delà en faisant que le système soit plus efficace - plus efficace en termes dorientation, de qualité des formations et de développement de lapprentissage avec une rationalisation des financements et une réduction du nombre dorganismes collecteurs- . Les fonds de lapprentissage doivent aller dans des lieux où ce sont les apprentis qui sont formés et notamment ceux qui ont les plus basses qualifications.
Ces évolutions sappuieront sur une concertation qui associera aussi les collectivités locales et notamment les régions. Dautant quelles se verront confier de nouvelles responsabilités dans les lois de décentralisation sur ces sujets. Sur les lois de décentralisation jy insiste , elles devront clarifier les compétences et en aucune façon diluer des interventions qui sont aujourdhui prévues.
Cette méthode sera aussi celle qui nous permettra de préserver lavenir de nos retraites et de notre protection sociale. Dores et déjà, le Haut Conseil de financement de la protection sociale a été installé par le Premier ministre, cétait au mois de septembre. La conférence sociale a arrêté le principe dun rendez-vous sur ce dossier en 2013. Nous y sommes. Le Conseil dorientation des retraites a publié ses projections financière à moyen et long terme : elles sont plutôt rassurantes sur le moyen et le long terme mais plus inquiétantes sur le court terme. Cest dailleurs assez paradoxal puisquil nous avait été annoncé une réforme il y a trois ans qui devait garantir léquilibre. Nous constatons un déficit de vingt milliards deuros à léchéance 2020 tout simplement parce que pour avoir un financement des retraites, il faut aller chercher de la croissance et de lemploi. Cest la condition première et cest pourquoi nous avons aussi lancé le pacte de compétitivité. Mais je reviens aux retraites. Cest sur la base de ces constats quavec les partenaires sociaux, au printemps, nous engagerons une concertation sur le financement de la protection sociale comme sur lavenir des retraites.
Sur lensemble de ces sujets, tous ce que jai évoqué comme engagements pour lavenir, je vous propose que nous nous retrouvions pour un nouveau rendez-vous de la conférence sociale au mois de juillet prochain avec le même objectif, préciser notre agenda et ouvrir les discussions, les négociations nécessaires entre partenaires sociaux et indiquer le programme législatif du gouvernement.
Les forces vives que vous êtes doivent également être les forces de la production. Nous avons le devoir de la rehausser et de retrouver de la croissance. Cest la seule manière de lutter durablement contre le chômage. Le gouvernement a donc présenté un pacte de compétitivité sur la base du rapport de Louis GALLOIS. Parmi les propositions, il y a le crédit dimpôt. On aurait tort didentifier ce rapport uniquement par rapport à cette mesure mais elle existe et je la revendique, je lassume. Ce sera un outil précieux pour investir, pour exporter, pour créer de lemploi. Ce crédit dimpôt produira ses premiers effets dès 2013 dans la mesure où son bénéfice représentant 4 % de la masse salariale, + 6 % en 2014 simputera directement dans les résultats des entreprises. À nous et aux entreprises de faire en sorte que cette marge puisse être utilisée pleinement pour lemploi, pour linvestissement, pour lexportation.
Toutes les entreprises sont concernées (un million et demi) dès lors quil y a un salarié, toutes les entreprises de tous les secteurs. Nous aurions pu chercher des distinctions et elles pouvaient se justifier par rapport à celles qui étaient confrontées à la concurrence internationale et dautres qui létaient moins ou pas du tout. Nous avons voulu faire simple, efficace, à condition quil y ait une mobilisation générale.
Le coût du travail nest pas le seul élément de la compétitivité. La qualité, linnovation celle que vous mettez en uvre dans les entreprises , les compétences celles des salariés , la formation, constituent une dimension décisive du redressement productif.
La conférence nationale de lIndustrie sera donc prochainement réunie. Elle contribuera à coordonner la mise en uvre de notre stratégie de filières. Jai indiqué les principales : transition énergétique, santé, nouvelles technologies. Voilà ce que lon pourrait appeler les filières davenir. Mais je noublie pas les filières de toujours, pas dhier, pas simplement daujourdhui, de toujours : laéronautique pour laquelle nous avons encore de grands espoirs et de grands contrats £ lautomobile qui est un secteur majeur pour notre industrie, pas simplement les groupes que nous connaissons - PSA et RENAULT-, mais tous les sous-traitants. Nous devons en faire une priorité aussi nationale.
Jintègre également dans ces filières lagriculture qui, dans la diversité de ses modes de production, est une force pour la France avec une industrie agroalimentaire particulièrement dynamique et cest pourquoi elle fait partie également du pacte de compétitivité et demploi. Je mattacherai, lors de la discussion sur le budget européen, à ce que soit préservé la politique agricole commune, non pas parce que ce serait le patrimoine national que la France devrait, de président en président, absolument sauvegarder comme un drapeau que nous aurions à agiter. Non ! Parce que la politique agricole commune, dans ses deux piliers, cest aussi un moyen de conforter, à condition de bien utiliser les crédits, lélevage, une occupation raisonnable du territoire et la valorisation de nos productions.
Plus largement, ma conviction pour redresser la France, cest dinvestir davantage, investir dans tous les domaines. Dabord, linnovation, linnovation de rupture. Il sagit de faire évoluer la spécialisation de la France en renforçant nos leaders sur des marchés stratégiques pour les vingt prochaines années. Un budget dédié y sera consacré. Les investissements qui préparent lavenir sont ceux qui rendent notre société plus mobile, qui lèvent les obstacles à la croissance, qui suppriment les freins à lemploi et je voudrais citer plusieurs exemples.
Un marché du travail dynamique a besoin de mobilité ici, tout le monde peut saccorder sur ce principe , ce qui suppose une politique du logement. Et donc nous avons comme objectif de construire deux millions et demi de logements sur la durée du quinquennat. Ce sera difficile compte tenu de la conjoncture. Nous devons y parvenir. Jai demandé à la ministre du Logement de réfléchir à la réduction des délais de construction, à une meilleure efficacité des dispositifs fiscaux, mais aussi à une mobilisation des investisseurs institutionnels parce que nous avons besoin que le prix du logement soit maîtrisé, quil puisse y avoir une accession à la propriété dans de bonnes conditions. Et si on veut que les salariés puissent être mobiles on les incite à le faire , quils puissent trouver dans de bonnes conditions un logement. Quand on sait que beaucoup de jeunes fonctionnaires ne peuvent pas parfois répondre ?? lemploi qui leur est proposé faute de pouvoir trouver un logement - je pense aux enseignants -.
Deuxième exemple, le numérique. La France devra être couverte en très haut débit dans les dix ans. Cest un champ daction considérable. Dabord, pour les entreprises technologiques concernées. Cest un enjeu pour notre pays en termes dégalité de tous sur le territoire et cest aussi une obligation pour lattractivité de notre pays.
Enfin la mobilité, cest une société où les transports sont facilités. Nous avons des infrastructures publiques, privées qui nous permettent daméliorer les transports au quotidien on peut parler de lÎle-de-France , mais également de fixer de grandes priorités pour des travaux publics avec des financements adaptés. Cest toujours ainsi que notre pays a avancé, par linvestissement, a progressé, par la mobilisation de ses acteurs et également en faisant de grands choix industriels qui ont pu paraître au départ risqués et qui se sont trouvés confortés par la réalité. Sauf que ce nest plus lÉtat seul qui peut en décider, cest lensemble des acteurs économiques.
Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs, la France doit et peut réussir. Elle a besoin néanmoins dune volonté cest la nôtre , dun engagement, de la solidarité de tous. Je veux dire par là de toutes ses institutions, sûrement, de toutes ses entreprises, nécessairement, des organisations professionnelles, syndicales qui jouent leur rôle, de léconomie sociale et solidaire sur laquelle nous pouvons nous appuyer davantage. Jai confiance dans les ressources de notre pays. Nous les citons souvent comme pour penser que nous avons des atouts. Nous en avons les savoir-faire uniques au monde et je les vérifie dans mes déplacements. Partout où je défends autant que je peux les entreprises françaises dans le cadre des grands contrats, même si je ne peux pas être un agent commercial, ce nest pas mon rôle et ce nest généralement pas le résultat qui est à la hauteur de lagitation. Mais chaque fois que jinterviens sur ces sujets, on me parle toujours de lexcellence technologique française mais on me parle aussi du défaut de commercialisation, de présence, de soutien, de formation, de partage de la technologie. Donc nous devons faire un effort dans cette direction car nous avons des produits dexcellence, un patrimoine incomparable, des industries dans des domaines variés, une grande capacité dinnovation, des chercheurs qui restent encore en France malgré des niveaux de revenus qui nont rien à voir avec ceux des traders et qui ne demandent pas de bonus mais simplement la confiance quon doit porter en eux. Et puis je pense que nous avons les ressources que vous représentez aujourdhui : des acteurs économiques et sociaux, des entrepreneurs qui font des choix risqués pour eux-mêmes, pour leur patrimoine, des salariés qui font tout ce quils peuvent pour améliorer autant quil est possible lefficacité de leur entreprise, qui sont toujours prêts à se mobiliser.
Alors, au-delà de nos différences il y en a , au-delà de ce qui peut, un moment, vous séparer - ce qui compte - cest le rassemblement, le rassemblement sur lessentiel qui est notre meilleur atout. Car la force dun pays, cest sa vitalité. Nous avons une vitalité - vitalité démographique unique en Europe, vitalité intellectuelle, culturelle, vitalité économique, jen suis sûr -.
Alors je fais confiance aux forces vives que vous êtes pour que vive la France.Merci.
Mesdames, Messieurs les membres du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les présidents des organisations socioprofessionnelles ici réunis,
Mesdames, Messieurs,
Je madresse à vous dans un moment dune exceptionnelle intensité puisquune prise dotages concernant plusieurs dizaines de personnes de toutes nationalités est intervenue hier sur un site pétrolier en Algérie et elle semble se dénouer dans des conditions dramatiques. Les autorités algériennes minforment régulièrement de la situation. Mais je ne dispose pas encore de suffisamment déléments pour en faire une évaluation. Ce qui se passe en Algérie justifie encore davantage la décision que jai prise au nom de la France de venir en aide au Mali, conformément à la charte des Nations-Unies et à la demande du président de ce pays.
Il sagit darrêter une agression terroriste et également de permettre aux Africains de se mobiliser pour rétablir lintégrité territoriale du Mali. Je voulais parce que vous êtes les forces vives de la nation vous donner ces éléments dinformation et, en même temps, vous dire que nous devons aussi faire ce que les Français attendent de nous, cest-à-dire notre devoir. Notre devoir, cest dengager la France lorsque ses valeurs sont en cause. Notre devoir, cest aussi dagir conformément à nos engagements.
Vous représentez la diversité de notre pays puisque sont présents ici des chefs dentreprise de toutes tailles, des salariés à travers leurs grandes organisations syndicales, des agriculteurs, des acteurs de léconomie sociale et solidaire et je noublie pas les fonctionnaires. Vous défendez et cest votre légitimité les intérêts de ceux qui vous ont mandatés pour y parvenir. Cest aussi votre devoir. Il peut y avoir des contradictions entre vous, des confrontations, mais vous êtes la France, vous la servez par laction que vous menez et vous portez une part de lintérêt général.
Je rappelle ici lattachement que je porte à la démocratie sociale qui na pas vocation à faire concurrence avec la démocratie politique et encore moins à sy substituer, mais qui a son rôle propre pour faire avancer, dans notre pays, par des compromis fructueux, le progrès. Cest pourquoi la place du dialogue social figurera dans le projet de loi constitutionnelle qui sera soumis cette année au Parlement.
Je connais le principe qui vous unit tous au-delà de vos sensibilités et de votre diversité. Ce principe a un nom, cest lindépendance. Vous faites vos choix en toute responsabilité et cest ainsi que je veux que sorganise la relation entre lÉtat et les acteurs sociaux. Mais mon devoir de président de la République, cest de fixer la feuille de route pour notre pays pour les cinq ans qui viennent. Cette feuille de route, je lavais précisée le 9 juillet lors de louverture de la conférence sociale et javais déjà insisté sur lenjeu que représente lemploi. Cest la seule priorité. Le chômage est en progression continue depuis deux ans, il atteint un niveau record, pour les jeunes notamment et aussi pour les seniors. Il saccompagne dune précarité qui prive grand nombre de salariés de toute visibilité pour leurs propres décisions. Inverser la courbe du chômage, cest lobjectif que jai fixé pour la fin de cette année. Je sais quil rencontre parfois le scepticisme, des interrogations. Je considère que la volonté doit être celle-là et quil doit y avoir une mobilisation générale. Le gouvernement en a la responsabilité. Mais vous aussi car nous avons pris des décisions importantes mais nous les avons prises en concertation avec vous.
Dabord la loi sur les emplois davenir. Elle a été votée le 26 octobre. Les premiers contrats ont été signés depuis le mois de novembre. Nous avons comme objectif cent mille contrats pour 2013. Cest une façon je lai dit , pour les jeunes les plus éloignés du marché du travail, de retrouver confiance mais ça suppose quon leur apporte une formation. Cest le rôle de Pôle Emploi mais cest aussi pourquoi jai voulu que lAFPA soit sauvegardée en tant quopérateur de premier plan de la formation, y compris pour les jeunes.
Le second texte qui vous a été proposé a été le contrat de génération. Il est accessible depuis le début de lannée, même sil na pas encore été voté par le Parlement. Ce projet a donné lieu, après négociation, à une adhésion unanime - je dis bien unanime - de tous les partenaires sociaux. Cest suffisamment rare pour saluer la pertinence du dispositif. Je rappelle quil incite les entreprises à embaucher des jeunes en maintenant dans lemploi les seniors qui leur assurent un tutorat et un accompagnement. Cest une réponse elle nest pas la seule à cette double anomalie française davoir un taux de chômage particulièrement élevé pour les jeunes et également une précarité importante pour les seniors.
Un accord a été conclu en ce début dannée sur la sécurisation de lemploi. Il a suscité de longues discussions. Il na pas été approuvé par toutes les organisations de salariés. Jen prends acte mais je salue le compromis auquel les signataires ont abouti après que tous les syndicats, de bout en bout, aient participé aux échanges. Cet accord fera date car cest le premier depuis quarante ans sur le sujet de lemploi. Il vise à mieux anticiper, mieux informer, mieux sécuriser.
Je veux en souligner plusieurs avancées. Dabord, lextension à tous les salariés dune couverture complémentaire santé, la création dun compte personnel de formation, lintroduction de droits rechargeables à lAssurance Chômage, lintroduction aussi de nouveaux droits de représentation dans les conseils dadministration ou de surveillance des plus grandes entreprises et également le renforcement du dialogue social en cas de difficultés économiques, dans le cadre daccords majoritaires. Tout cela me paraît un progrès. Ce texte marque aussi une étape - encore insuffisante mais cest une étape - dans la lutte contre la précarité par un renchérissement des contrats courts.
Lors de la conférence sociale, javais pris un engagement au nom de lÉtat : si un accord majoritaire était conclu, lÉtat le respecterait fidèlement. Cet engagement moblige. Le gouvernement va donc, au mois de mars, saisir le Parlement dun projet de loi transcrivant les principales dispositions de laccord. Ce résultat est le produit dune méthode, celle que le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT a privilégiée depuis huit mois. Cette méthode, cest le dialogue, non pour différer les choix, comme je lai lu parfois, entendu également, non pas pour reporter les échéances, mais pour mieux décider. Le temps de la concertation et de la négociation nest pas un temps perdu, cest un temps gagné - gagné sur les malentendus, sur limmobilisme et même sur les conflits -. Non quil aboutisse nécessairement au consensus ça ne sera dailleurs pas le cas , mais au moins à un constat partagé et à des choix assumés.
Cette méthode, elle est fondée aussi sur la responsabilité - responsabilité de ceux qui sengagent, responsabilité aussi de ceux qui sy refusent, responsabilité du gouvernement de respecter laccord, responsabilité du Parlement de le traduire dans la loi -. Ce principe de responsabilité, nul ne peut le contester puisque chacun aura à faire, devant ses mandants, la clarification nécessaire.
En 2013, je poursuivrai cette méthode du dialogue, de la concertation et de la négociation dans dautres domaines : la qualité de la vie au travail, légalité professionnelle entre les femmes et les hommes, lamélioration de notre système de formation professionnelle. Sur ce dernier sujet, nous avons deux objectifs : la formation des demandeurs demploi car il y a un paradoxe dans notre pays, cest que nous ne faisons pas suffisamment pour ceux qui sont privés demploi et parfois, nous en faisons beaucoup pour ceux qui ont un emploi depuis longtemps et à un niveau élevé de la hiérarchie sociale.
Le deuxième objectif, cest de permettre que cette formation professionnelle soit renforcée pour les jeunes sans qualification. Là encore, un accord a été trouvé entre lÉtat et les partenaires sociaux sur ce quon avait appelé le Fonds de sécurisation des parcours professionnels. Nous allons tâcher daller même au-delà en faisant que le système soit plus efficace - plus efficace en termes dorientation, de qualité des formations et de développement de lapprentissage avec une rationalisation des financements et une réduction du nombre dorganismes collecteurs- . Les fonds de lapprentissage doivent aller dans des lieux où ce sont les apprentis qui sont formés et notamment ceux qui ont les plus basses qualifications.
Ces évolutions sappuieront sur une concertation qui associera aussi les collectivités locales et notamment les régions. Dautant quelles se verront confier de nouvelles responsabilités dans les lois de décentralisation sur ces sujets. Sur les lois de décentralisation jy insiste , elles devront clarifier les compétences et en aucune façon diluer des interventions qui sont aujourdhui prévues.
Cette méthode sera aussi celle qui nous permettra de préserver lavenir de nos retraites et de notre protection sociale. Dores et déjà, le Haut Conseil de financement de la protection sociale a été installé par le Premier ministre, cétait au mois de septembre. La conférence sociale a arrêté le principe dun rendez-vous sur ce dossier en 2013. Nous y sommes. Le Conseil dorientation des retraites a publié ses projections financière à moyen et long terme : elles sont plutôt rassurantes sur le moyen et le long terme mais plus inquiétantes sur le court terme. Cest dailleurs assez paradoxal puisquil nous avait été annoncé une réforme il y a trois ans qui devait garantir léquilibre. Nous constatons un déficit de vingt milliards deuros à léchéance 2020 tout simplement parce que pour avoir un financement des retraites, il faut aller chercher de la croissance et de lemploi. Cest la condition première et cest pourquoi nous avons aussi lancé le pacte de compétitivité. Mais je reviens aux retraites. Cest sur la base de ces constats quavec les partenaires sociaux, au printemps, nous engagerons une concertation sur le financement de la protection sociale comme sur lavenir des retraites.
Sur lensemble de ces sujets, tous ce que jai évoqué comme engagements pour lavenir, je vous propose que nous nous retrouvions pour un nouveau rendez-vous de la conférence sociale au mois de juillet prochain avec le même objectif, préciser notre agenda et ouvrir les discussions, les négociations nécessaires entre partenaires sociaux et indiquer le programme législatif du gouvernement.
Les forces vives que vous êtes doivent également être les forces de la production. Nous avons le devoir de la rehausser et de retrouver de la croissance. Cest la seule manière de lutter durablement contre le chômage. Le gouvernement a donc présenté un pacte de compétitivité sur la base du rapport de Louis GALLOIS. Parmi les propositions, il y a le crédit dimpôt. On aurait tort didentifier ce rapport uniquement par rapport à cette mesure mais elle existe et je la revendique, je lassume. Ce sera un outil précieux pour investir, pour exporter, pour créer de lemploi. Ce crédit dimpôt produira ses premiers effets dès 2013 dans la mesure où son bénéfice représentant 4 % de la masse salariale, + 6 % en 2014 simputera directement dans les résultats des entreprises. À nous et aux entreprises de faire en sorte que cette marge puisse être utilisée pleinement pour lemploi, pour linvestissement, pour lexportation.
Toutes les entreprises sont concernées (un million et demi) dès lors quil y a un salarié, toutes les entreprises de tous les secteurs. Nous aurions pu chercher des distinctions et elles pouvaient se justifier par rapport à celles qui étaient confrontées à la concurrence internationale et dautres qui létaient moins ou pas du tout. Nous avons voulu faire simple, efficace, à condition quil y ait une mobilisation générale.
Le coût du travail nest pas le seul élément de la compétitivité. La qualité, linnovation celle que vous mettez en uvre dans les entreprises , les compétences celles des salariés , la formation, constituent une dimension décisive du redressement productif.
La conférence nationale de lIndustrie sera donc prochainement réunie. Elle contribuera à coordonner la mise en uvre de notre stratégie de filières. Jai indiqué les principales : transition énergétique, santé, nouvelles technologies. Voilà ce que lon pourrait appeler les filières davenir. Mais je noublie pas les filières de toujours, pas dhier, pas simplement daujourdhui, de toujours : laéronautique pour laquelle nous avons encore de grands espoirs et de grands contrats £ lautomobile qui est un secteur majeur pour notre industrie, pas simplement les groupes que nous connaissons - PSA et RENAULT-, mais tous les sous-traitants. Nous devons en faire une priorité aussi nationale.
Jintègre également dans ces filières lagriculture qui, dans la diversité de ses modes de production, est une force pour la France avec une industrie agroalimentaire particulièrement dynamique et cest pourquoi elle fait partie également du pacte de compétitivité et demploi. Je mattacherai, lors de la discussion sur le budget européen, à ce que soit préservé la politique agricole commune, non pas parce que ce serait le patrimoine national que la France devrait, de président en président, absolument sauvegarder comme un drapeau que nous aurions à agiter. Non ! Parce que la politique agricole commune, dans ses deux piliers, cest aussi un moyen de conforter, à condition de bien utiliser les crédits, lélevage, une occupation raisonnable du territoire et la valorisation de nos productions.
Plus largement, ma conviction pour redresser la France, cest dinvestir davantage, investir dans tous les domaines. Dabord, linnovation, linnovation de rupture. Il sagit de faire évoluer la spécialisation de la France en renforçant nos leaders sur des marchés stratégiques pour les vingt prochaines années. Un budget dédié y sera consacré. Les investissements qui préparent lavenir sont ceux qui rendent notre société plus mobile, qui lèvent les obstacles à la croissance, qui suppriment les freins à lemploi et je voudrais citer plusieurs exemples.
Un marché du travail dynamique a besoin de mobilité ici, tout le monde peut saccorder sur ce principe , ce qui suppose une politique du logement. Et donc nous avons comme objectif de construire deux millions et demi de logements sur la durée du quinquennat. Ce sera difficile compte tenu de la conjoncture. Nous devons y parvenir. Jai demandé à la ministre du Logement de réfléchir à la réduction des délais de construction, à une meilleure efficacité des dispositifs fiscaux, mais aussi à une mobilisation des investisseurs institutionnels parce que nous avons besoin que le prix du logement soit maîtrisé, quil puisse y avoir une accession à la propriété dans de bonnes conditions. Et si on veut que les salariés puissent être mobiles on les incite à le faire , quils puissent trouver dans de bonnes conditions un logement. Quand on sait que beaucoup de jeunes fonctionnaires ne peuvent pas parfois répondre ?? lemploi qui leur est proposé faute de pouvoir trouver un logement - je pense aux enseignants -.
Deuxième exemple, le numérique. La France devra être couverte en très haut débit dans les dix ans. Cest un champ daction considérable. Dabord, pour les entreprises technologiques concernées. Cest un enjeu pour notre pays en termes dégalité de tous sur le territoire et cest aussi une obligation pour lattractivité de notre pays.
Enfin la mobilité, cest une société où les transports sont facilités. Nous avons des infrastructures publiques, privées qui nous permettent daméliorer les transports au quotidien on peut parler de lÎle-de-France , mais également de fixer de grandes priorités pour des travaux publics avec des financements adaptés. Cest toujours ainsi que notre pays a avancé, par linvestissement, a progressé, par la mobilisation de ses acteurs et également en faisant de grands choix industriels qui ont pu paraître au départ risqués et qui se sont trouvés confortés par la réalité. Sauf que ce nest plus lÉtat seul qui peut en décider, cest lensemble des acteurs économiques.
Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs, la France doit et peut réussir. Elle a besoin néanmoins dune volonté cest la nôtre , dun engagement, de la solidarité de tous. Je veux dire par là de toutes ses institutions, sûrement, de toutes ses entreprises, nécessairement, des organisations professionnelles, syndicales qui jouent leur rôle, de léconomie sociale et solidaire sur laquelle nous pouvons nous appuyer davantage. Jai confiance dans les ressources de notre pays. Nous les citons souvent comme pour penser que nous avons des atouts. Nous en avons les savoir-faire uniques au monde et je les vérifie dans mes déplacements. Partout où je défends autant que je peux les entreprises françaises dans le cadre des grands contrats, même si je ne peux pas être un agent commercial, ce nest pas mon rôle et ce nest généralement pas le résultat qui est à la hauteur de lagitation. Mais chaque fois que jinterviens sur ces sujets, on me parle toujours de lexcellence technologique française mais on me parle aussi du défaut de commercialisation, de présence, de soutien, de formation, de partage de la technologie. Donc nous devons faire un effort dans cette direction car nous avons des produits dexcellence, un patrimoine incomparable, des industries dans des domaines variés, une grande capacité dinnovation, des chercheurs qui restent encore en France malgré des niveaux de revenus qui nont rien à voir avec ceux des traders et qui ne demandent pas de bonus mais simplement la confiance quon doit porter en eux. Et puis je pense que nous avons les ressources que vous représentez aujourdhui : des acteurs économiques et sociaux, des entrepreneurs qui font des choix risqués pour eux-mêmes, pour leur patrimoine, des salariés qui font tout ce quils peuvent pour améliorer autant quil est possible lefficacité de leur entreprise, qui sont toujours prêts à se mobiliser.
Alors, au-delà de nos différences il y en a , au-delà de ce qui peut, un moment, vous séparer - ce qui compte - cest le rassemblement, le rassemblement sur lessentiel qui est notre meilleur atout. Car la force dun pays, cest sa vitalité. Nous avons une vitalité - vitalité démographique unique en Europe, vitalité intellectuelle, culturelle, vitalité économique, jen suis sûr -.
Alors je fais confiance aux forces vives que vous êtes pour que vive la France.Merci.