Le Président de la République s'est rendu en Charente-Maritime le mardi 4 novembre 2025.

Il a participé aux Assises de l’économie de la mer à La Rochelle. A cette occasion, il a rappelé sa vision des enjeux maritimes à l’aune des bouleversements auxquels le secteur est confronté et a dressé un bilan de l’année de la mer.

Revoir le discours du Président    :

5 novembre 2025 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Discours du Président de la République à l’occasion des Assises de l’économie de la mer.

Merci beaucoup pour votre accueil.

Madame la ministre, Monsieur le maire, Monsieur le président du Conseil régional, Monsieur le vice-président du conseil départemental, Monsieur le président de l'agglomération, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Monsieur le préfet de région, Monsieur le préfet, Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités, Je vous rassure, parce que sinon, je pourrais égrener beaucoup de titres et de grades.

En tout cas, je suis heureux de vous retrouver après Montpellier, Brest, Nantes, aujourd'hui fidèles à ce rendez-vous et, au fond, à cet élan maritime, cette stratégie maritime que vous portez, que vous incarnez, qui anime vos organismes de recherche, vos universités, vos villes, vos entreprises, vos unités et vos forces, et nous retrouver ici, à La Rochelle, qui incarne, en effet, cet esprit maritime français ô combien.

Alors, je ne vais pas ici répéter beaucoup de choses que j'ai pu dire les années précédentes, mais nous connaissons au fond la situation. Les défis sont là et ils se sont encore accrus. On a les conséquences du changement climatique et ces dérèglements qui touchent dans beaucoup d'endroits nos réserves abiotiques, qui, avec l'acidification des milieux, vient déséquilibrer très clairement la biodiversité de nos mers. Nous avons les pirateries, le terrorisme, l'écho des rivalités des tensions géopolitiques. J'y reviendrai dans un instant. Des tensions sur nos chaînes logistiques, l'inversion de la logique de mondialisation mise en branle avec l'épidémie et qu'on revoit aujourd'hui à travers les conflits tarifaires de bloc à bloc. On le voit bien, la mer est au cœur de tous ces défis. Quand on parle de changement climatique, de tensions géopolitiques, de transformation technologique, le monde de la mer est au cœur de ces défis.

Et la France, comme deuxième espace maritime international, mais comme puissance maritime qui s'assume, l'Europe avec elle, ont un rôle évidemment essentiel à jouer pour relever ces défis dans un monde où nos mers sont redevenues des espaces de prédation. Et ça, on le voit du Panama au Groenland, en passant par l'Indopacifique. Et donc, si nous voulons que la liberté de navigation, la liberté de la mer, si nous voulons que nos intérêts aussi soient préservés, il nous faut agir avec beaucoup de force. Alors, dans ce contexte-là, fort de ce que nous nous sommes déjà dit ces dernières années et de tout ce qu'on a bâti ensemble, je voudrais commencer par une note d'optimisme. C'est qu'en effet, malgré ce monde qui devient de plus en plus compliqué, le durcissement des choses, nous avons réussi ces dernières années de grandes avancées qui n'étaient pas écrites. Et ça, on l'a fait grâce à la mobilisation de l'équipe de France que vous représentez, et c'est aussi pour ça que je tenais à être là à vos côtés.

Monsieur l'ambassadeur, son présentant personnel, Olivier Poivre d'Arvor, avec lui, toute l'équipe diplomatique française, mais c’est un effort diplomatique, scientifique de défense, mobilisant le cluster maritime et toutes et tous, qui a permis, en quelque sorte, en juin dernier à Nice, de marquer une étape décisive des avancées qu'on a su bâtir. Et je veux commencer par là mon propos, parce qu'il porte aussi un optimisme qui est que, quand on se mobilise, on peut réussir de grandes choses qui n'étaient pas écrites. En effet, avec l'UNOC, qui s'est tenue à Nice en juin dernier, la France a tenu son rôle de puissance maritime et de gardienne de l'esprit français universel. L'UNOC a été un véritable succès diplomatique, et nous vous le devons collectivement, d'abord par l'appel de Nice pour un traité ambitieux contre la pollution plastique, signé par 96 pays. Et alors que les discussions diplomatiques avaient achoppé en Corée et qu'elles ont été difficiles l'été dernier en Suisse, l'étape de Nice est une étape décisive pour constituer la base de ce qui sera à coup sûr le prochain traité de lutte contre le plastique.

On le sait, le plastique étouffe nos mers. J'ai eu la chance, avec quelques-uns présents dans la salle, d'être pleinement éduqués sur ce sujet, y compris le microplastique. Quand le plastique, sous quelque forme que ce soit, arrive en mer, c'est déjà trop tard. Et donc, c'est une initiative en profondeur qui, non seulement, est une initiative de protection des écosystèmes marins, mais de prévention, comme on a su le faire ces dernières années pour lutter contre le plastique jetable à usage unique, etc. Mais c'est un travail holistique. Il a été commencé. Et je crois que cette étape de Nice, cet appel de Nice, est décisive à cet égard. Ensuite, à Nice, par cette mobilisation, nous avons franchi une étape décisive quand on parle de nos mers, c'est la confirmation des ratifications de l'accord dit BBNJ, Biodiversity Beyond National Jurisdiction, qui, grâce à cela, en janvier prochain, entrera en vigueur.

Tout ça a commencé à Brest même, comme diraient les Bretons de la salle. C'est à Brest, ensemble, qu'on a lancé cet appel. Et rappelez-vous, pendant des années et des années, on avait essayé de se battre pour faire avancer le droit international - puisque, je vous le rappelle, les deux tiers de nos mers n'étaient pas régulés. C'était le Far West, tout ce qui était au-delà des zones économiques exclusives. On a lancé l'appel. Il y a eu un très gros travail qui a été fait, qui a mobilisé les forces diplomatiques, signature de cet accord qui a été consolidé sur la route entre Montréal et Kunming. Cet accord fait, on s'en félicitait ensemble en 2023. C'était une formidable avancée. On était à Nantes. Mais si je prends le dernier grand accord qui avait marqué nos mers, Montego Bay, on avait mis 12 ans à le ratifier, 12 années. Par la mobilisation française et Nice, on a su le faire ratifier en quelques mois et il va pouvoir rentrer en vigueur. Il va donc permettre de protéger la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales, ce qui est un pas de géant pour la protection de nos océans. Et j'ai pu l'évoquer aussi, il y a quelques semaines, maintenant aussi, faire en sorte que nous allons devoir le faire entrer en vigueur, ce qui sera un travail pour les marines du monde entier absolument essentiel. Il y a toute une question maintenant de mise en œuvre.

Nous avons aussi beaucoup avancé à Nice sur la décarbonation, le ralentissement du transport maritime international. Et je le redis ici aussi pour convoquer la mobilisation française, parce que c'est un travail du cluster maritime français. C'est le cluster qui est le premier à commencer aux côtés du Gouvernement français pour le G7 de 2019 à Biarritz et on a lancé la première coalition d'acteurs pour ralentir le transport maritime et donc réduire les émissions. Vous vous y êtes tous engagés de manière exemplaire et on a pu entraîner bien au-delà. Évidemment, en ayant ce souvenir, je ne peux pas ici rendre un hommage tout particulier à Philippe-Louis Dreyfus, qui a mené ce combat avec beaucoup de courage, qui l'a porté, qui en était l'ardent défenseur et qui nous a quittés en juin dernier. J'ai une pensée à vos côtés aujourd'hui toute singulière pour lui.

Au-delà de ça, à Nice, nous avons évidemment avancé aussi sur la science. Et je le dis ici avec beaucoup d'humilité devant les grands chercheurs qui sont aussi dans cette salle, mais rien ne peut se construire sans le travail scientifique. C'est pour ça qu'on a commencé Nice par une semaine scientifique, qu'on a su mobiliser les meilleurs chercheurs du GIEC, de l'IPES, les meilleurs spécialistes, nos chercheurs : l’'Ifremer au premier chef mais évidemment le CNRS et l'ensemble de nos grands organismes et de nos grandes universités. Et nous avons lancé le programme d'exploration scientifique baptisé Mission Neptune, un programme ambitieux qui vise à mieux comprendre et protéger les profondeurs océaniques ; un domaine encore largement inexploré. On a mobilisé les financements européens sur ce projet et on a pu lancer une stratégie européenne et internationale, et nous en avons ô combien besoin dans un moment où les États-Unis d'Amérique retirent leur crédit sur beaucoup de ces recherches. Et dans un moment où, on le sait, on ne peut pas comprendre nos océans sans aussi un investissement sur le spatial, l'observation et le suivi. C'est exactement cette stratégie que nous avons portée.

Et puis, c'est aussi à Nice que nous avons consolidé le moratoire sur l'exploration des grands fonds marins, les protéger, ne pas lancer d'activités déstabilisatrices. D'abord les comprendre et privilégier les missions scientifiques. Et puis, grâce à l'effort collectif, nous avons aussi continué à renforcer la protection de nos eaux. Dès fin 2026, 78 % de la surface maritime française totale sera protégée, dont 14,8 % sous protection forte, un résultat qui sera notamment atteint grâce à la création de la plus grande aire marine protégée au monde en Polynésie française -4,8 millions de kilomètres carrés-, et la présence stratégique de la France dans nos Outre-mer. C'est un immense acquis. Et là aussi, c'est tout le travail que nous avons commencé avec la Haute coalition pour la nature, le 30x30, qui a été consolidé lors des COP biodiversité de Montréal et Kunming. La France est au rendez-vous de ses objectifs, de ce qu'elle s'est assigné à elle-même, et Nice a permis ces avancées, et nous sommes, au fond, fidèles à notre histoire. La protection de nos paysages, la protection de nos mers, de nos littoraux. Je serai cet après-midi aux côtés du Conservatoire du littoral, qui avait en quelque sorte été, par la volonté du Général de Gaulle, aux avant-postes de cette ambition française. Nous continuons à être au rendez-vous.

Voilà, je pourrais citer encore bien d'autres achèvements et bien d'autres réussites du sommet de Nice. Mais je veux vous dire ici que c'est d'abord une source d'espoir. La France s'est mobilisée. Elle a mobilisé autour d'elle la communauté internationale, et nous avons su faire avancer beaucoup de choses qui touchent à nos mers et à nos océans. Maintenant, tout ça ne doit pas nous faire oublier que nous sommes dans un monde avec de plus en plus de prédateurs. Et quand on parle de nos mers, on parle de géopolitique, et qu'au fond, le message que je suis venu vous porter aujourd'hui, c'est que nous devons continuer d'agir concrètement, non pas simplement comme un espace maritime, mais comme une puissance maritime. Et j'avais eu l'occasion de le dire il y a quelques mois, dans ce monde de carnivores, nous ne pouvons pas rester, nous, Européens, les derniers herbivores au monde. Et qu'il faut accepter d'assumer ce discours de la puissance, c'est-à-dire de dire ce que nous voulons, de défendre nos intérêts, et de regarder nos mers, nos océans, comme des espaces qui peuvent être soumis à la prédation ; et donc qui supposent un réengagement de la nation, ambitieux, universaliste, généreux, mais conscient de ses intérêts.

C'est d'ailleurs tout ce qui était au cœur aussi des objectifs du Fontenoy du maritime, que vous avez largement porté, poussé, et au rendez-vous aussi du dynamisme de notre École Nationale Supérieure Maritime. Vous êtes au rendez-vous de ses ambitions. Former les prochaines générations de marins et d'officiers, ce qui est le socle de notre souveraineté future, et le socle en fond de cette alliance scellée entre l'État et les armateurs. Et donc nous devons assumer, oui, un discours, une volonté, une ambition de souveraineté. Souveraineté alimentaire d'abord quand on parle de nos mers, de nos océans. Nous vivons, nous le savons, toujours trop dépendants de nos importations. Nous avançons pourtant, puisque nous avons adopté, en février dernier, le premier contrat de filière pour la pêche, le premier de notre histoire, ce qui est fou. Mais on s'était habitué, décennie après décennie, au fond, à avoir une dépendance alimentaire quand on parle de nos produits de la mer. C'est ce contrat de filière qui marque une volonté nouvelle de structurer notre filière pêche, de garantir des débouchés stables et durables pour nos pêcheurs. Et nous devons, point à point, le mettre en œuvre avec des financements, avec des simplifications, avec aussi des engagements de l'amont jusqu'à la transformation, évidemment, à nos tables et à l'ensemble de la filière.

Nous avons aussi mis en œuvre une meilleure protection de nos eaux contre la pêche illégale, ce qui est essentiel pour protéger nos pêcheurs, notamment en Guyane, avec un réengagement de la marine française, et en facilitant la destruction aussi par immersion des navires de pêche sans pavillon et sans propriétaire, qui sont un véritable fléau pour nos pêcheurs et notre souveraineté. S’agissant de nos Outre-mer et de notre pêche, laissez-moi vous dire un mot. Nous avons le sujet, et les experts ou ceux qui sont concernés ici en savent l’importance, celui du renouvellement de nos flottes Outre-mer. Je me suis engagé personnellement aux côtés de nos pêcheurs auprès de la Commission européenne. C’est un combat qu’on mène depuis des années ensemble et dont la lenteur n’a aucune justification, si ce n’est au fond une volonté bureaucratique de quelques-uns de nous bloquer partout. Alors, on a obtenu une première victoire en Guyane, où le renouvellement a pu commencer. J’en suis très heureux, et c’est un combat qu’on mène depuis des années. Je vous le dis très clairement, on ne va pas s’arrêter là. Et donc, on va continuer de se battre pour avoir tous nos renouvellements. On est en train de nous les accorder sur les moins de 12 m. On va continuer de se battre sur le segment 12-18 m, parce qu’il est décisif, en particulier, pour nos amis réunionnais qui en ont un besoin vital. Mais je ne lâcherai pas ce combat pour le renouvellement des flottes. Il est décisif.

Nos pêcheurs le savent, cher président. Je vous le dis, je vous le répète et vous le savez, je serai à vos côtés. J’ai encore écrit ces derniers jours à la présidente de la Commission. On ne lâchera pas ce combat et on obtiendra les résultats. Je veux ici également être clair sur la question des budgets européens. J’ai entendu la crainte de l’ensemble de la filière concernant les propositions de la Commission européenne pour le prochain cadre financier pluriannuel. Il faut que l’Union européenne s’affirme, elle aussi, comme puissance maritime et défende, elle aussi, sa souveraineté alimentaire. On ne peut pas, d’un côté, demander toujours plus à la filière européenne, demander de se décarboner et de s’adapter, d’accepter des contraintes, qui, pour développer, j’y reviendrai, de l’éolien en mer, qui, pour accepter de la protection d’espace, et ne pas lui donner la visibilité pour se transformer, innover, s’équiper et investir. La France va donc se battre dans les prochains mois pour maintenir, sous des modalités à définir, l’enveloppe de la politique commune de la pêche dans le prochain budget européen. Nous y veillerons, et nous veillerons à protéger le FEAMPA en particulier, mais nous ne lâcherons rien de ces combats.

Nous ne lâcherons rien aussi de la mobilisation européenne dans la mise en œuvre des accords que nous avons obtenus juste après Nice à l’Organisation mondiale du commerce pour couper tous les financements à ceux qui acceptent les yeux fermés la pêche illicite. Aberration qui existait dans nos systèmes, mais aberration qui donnait lieu aussi à des financements où on allait aider des pays qui donnaient des pavillons à des gens qui ne luttaient pas contre la pêche illicite. Et donc, ça aussi, on va s’attacher à ce que ce soit mis en œuvre. Vous l’avez compris, volonté, donc, de défendre notre souveraineté alimentaire. Je m’arrêterai là sur ce sujet, mais il est décisif, et notre ambition pour la pêche, pour nos pêcheurs, est française et européenne. Elle est hexagonale et ultramarine, mais nous n’y céderons rien.

Le deuxième combat, c’est celui de notre souveraineté énergétique et commerciale, parce que c’est aussi ce qu’est, évidemment, notre mer. Et en m’adressant à vous aujourd’hui, je sais, là encore, beaucoup d’inquiétudes et de doutes qui sont nés, notamment pour les acteurs de l’éolien en mer. Je veux ici redire l’importance stratégique de cette filière pour notre indépendance énergétique. L’éolien en mer, c’est une énergie renouvelable, abondante, et qui participe de notre stratégie de décarbonation. Et je le dis ici parce que j’ai vu beaucoup de combats que je pensais avoir réussi à écarter, ces derniers temps ressurgir. Vous savez, quand j’ai été élu pour la première fois, on était en train de sortir du nucléaire, rappelez-vous. Le ministre Hulot, dont ce n’était pas la conviction première, mais qui a regardé la copie en bonne foi à mes côtés, a été le premier à décaler les objectifs de sortie du nucléaire, 10 ans. Puis, nous avons bâti un consensus dans notre pays, inédit, un rapport de toutes les autorités qui font foi et qui m’a permis début 2022 à Belfort de prononcer un discours sur notre stratégie énergétique. J’ai dit : on ne peut pas tenir nos engagements climatiques, garder notre souveraineté énergétique et rester compétitif si on n'agit pas sur trois piliers en France : l'économie d'énergie, le nucléaire – qui est une force et qui suppose de réengagement, et c'est pour ça qu'on a lancé une nouvelle génération de nucléaire et qu'on vient de finir l'année dernière enfin la rénovation de notre parc existant, et que nous sommes très compétitifs – et le renouvelable.

C'est un très mauvais combat que d'opposer le renouvelable au nucléaire. Le tout renouvelable ne marche pas, pour des tas de sujets de réseau sur lesquels je ne vais pas vous embêter aujourd'hui, mais ça ne fonctionne pas. Et on l'a vu dans les épisodes qu'ont connus plusieurs de nos voisins, malheureusement pour eux. Le tout nucléaire n'est pas soutenable et il est plus cher. Et il faut donc là aussi, pardon de défendre une vieille conviction, mais un « en même temps » qui marche. Et donc ne revenons pas sur des combats du passé. Mais assumons de mettre en œuvre cet agenda. Et sur l'éolien flottant, nous sommes en retard. Et je le dis parce que c'est une des filières qui est essentielle pour notre souveraineté énergétique, notre compétitivité et nos résultats climatiques. Et c'est une filière qui permet de créer des emplois en France, partout sur notre littoral, parce que c'est une filière industrielle où, là aussi, on crée des éléments, on innove et on a de l'emploi. Et donc, nous devons avancer.

On doit aussi mieux adapter nos infrastructures portuaires pour la construction, la maintenance des capacités d'éoliennes en mer, indispensables à l'industrialisation. Alors, je sais, certains appels d'offres ont été infructueux, le gouvernement est en train d'y travailler pour qu'on puisse remettre la copie sur la table. Je pense qu'il est maintenant essentiel de redonner de la visibilité avec une programmation pluriannuelle qui permettra de redonner des capes intermédiaires à celui qu'on s'était fixé, l'horizon 2050 avec 45 gigawatts, et de permettre à la façade sud-atlantique d'être un des acteurs par tout le travail de concertation, de planification, mais de cette ambition légitime. Au-delà de cela, il faut continuer de simplifier le déploiement, la mutualisation des procédures de mise en concurrence, conduisant par le biais d'un appel d'offres attribuant plusieurs projets, permet d'accélérer la durée des premières étapes de développement, et elle est essentielle. Et il faut redonner très vite, j'espère cela du Gouvernement et du Parlement, de la visibilité aux industriels et aux territoires sur les volumes et les calendriers attendus. Mais nous ne devons pas lâcher cette ambition énergétique.

De la même manière, nous devons garder, et c'est le cas, nos ambitions commerciales. C'est tout le travail qui a été au cœur, d'abord, des grands acteurs du fret que vous êtes. On est très fiers d'avoir des champions comme CMA CGM, mais on est très fiers aussi d'avoir des ports qui se sont équipés, qui se sont modernisés, et on les défend partout à travers le monde avec beaucoup de fierté. Et là aussi, je le dis, dans un moment où on voit ressurgir des discours qui m'étonnent, mais on ne grandit pas un pays en attaquant ces champions. On peut avoir des débats, ils sont toujours légitimes, ils sont nécessaires dans la vie d'un pays pour avoir une croissance juste, trouver les bons équilibres. Mais on ne rend pas les gens plus petits quand on empêche les plus grands d'avancer. On ne rend pas un pays plus heureux quand on empêche ses champions d'aller conquérir de nouveaux marchés. Et vous le savez, ici, vous qui avez des champions dans le nautisme, des champions dans le vélique, des champions dans le fret, etc. Et donc, on va continuer d'avancer sur cette même ambition.

La France doit rester une grande puissance du commerce maritime avec des grands acteurs du commerce, de l'export, du fret, avec aussi des ports qui se sont équipés, et je veux redire ici ma conviction de continuer à accompagner les ports dans leur électrification, dans leurs aménagements. Et, au-delà de ce qui a été fait, de continuer aussi une stratégie maritime et fluviale. Si on veut développer nos ports, on doit développer la multimodalité dans nos ports, c'est-à-dire la capacité à aller tout de suite sur du ferroviaire et à aller tout de suite sur du fluvial. Et ce qu'on a su faire ces dernières années, derrière le port du Havre, sur Haropa, et donc la réunification de toute la vallée de la Seine jusqu'à Paris, donne de la compétitivité. Ce qu'on est en train de faire à Marseille avec MeRS, c'est la réunification de MeRS à Lyon et donc de tout le sillon rhodanien derrière le port de Marseille, est nécessaire aussi à sa compétitivité, à sa capacité ensuite à alimenter l'hinterland productif européen et à aller jusqu'au sud de l'Allemagne et autres. C'est comme ça que nous aurons encore plus de souveraineté commerciale en la matière.

Le troisième combat de souveraineté, de puissance maritime, c'est celui qui consiste à renforcer la coopération internationale, moderniser les flottes et avoir une meilleure régulation des flux maritimes, c'est une nécessité. La France a la chance de disposer de capacités industrielles maritimes, de savoir-faire exceptionnels, à même de soutenir la puissance navale, indispensable à la défense de nos approvisionnements et à la protection de nos intérêts, notamment d’outre-mer. Ces capacités industrielles nous permettent de disposer d'une marine dotée de navires de combat d'une exceptionnelle complexité, nos porte-avions, nos sous-marins nucléaires, toute la gamme de navires permettant d'assurer notre souveraineté sur toutes les mers. Là aussi, je veux redire ma confiance, notre volonté. Avec la Loi de programmation militaire, nous mettons en œuvre les engagements pris et nous continuons d'innover, de construire, de produire et d'exporter. Et les victoires comme au Pays-Bas ou dans d'autres géographies récentes sont une fierté.

Mais nous avons une capacité à produire, ce qui fait de notre marine et de notre sous-marinade une force internationale pleinement reconnue, et parfois ceux qui ont pu nous tourner le dos s’en mordent les doigts, croyez-moi. Parce que nous avons cette capacité unique d'innovation, de furtivité, de juste adaptation à nos besoins, de compétitivité. Et c'est là aussi la grande fierté pour moi de notre industrie et de nos armées, car là encore, nous jouons main dans la main. Et donc, nous mettrons en œuvre, non seulement ce qui est prévu dans la Loi de programmation militaire, mais ce qui a été prévu et ce que j'ai pu annoncer à Brienne avec les surmarches, et donc, là aussi, en adaptant par des moyens supplémentaires, avec en particulier la transformation, de la dronisation qui participent aussi de ces changements absolument essentiels. Mais au-delà de ça, nos filières industrielles, navales et nautiques continuent d'être compétitives et sont cette force. Elles avaient pris un temps d'avance en publiant dès 2023 une première feuille de route de décarbonation, exercice unique en son genre, piloté par le cluster maritime. Et je veux aujourd'hui saluer le monde maritime français, qui a conduit un travail extrêmement sérieux d'identification des technologies et des secteurs d'excellence français, permettant de parvenir à la neutralité carbone et de développer des filières d'avenir. Là aussi, nous ne céderons pas, et je veux le dire très clairement, je souhaite que les budgets prévus soient bien dégagés, car nous ne pouvons pas laisser nos industriels sans soutien financier. Et ce qui avait été acté au CIMer, il est important que cela puisse être pleinement décliné.

Enfin, la mer doit demeurer un espace où nous faisons valoir notre souveraineté stratégique et militaire. De la place qui est la mienne, je serai toujours et encore le garant de notre indépendance. Je salue le travail accompli par toutes les forces armées, nos marins, nos industriels, nos élus, de La Rochelle à Brest, en passant par Toulon et nos Outre-mer, pour que la France demeure cette grande puissance capable de défendre ses intérêts et ses valeurs. Nous le faisons évidemment dans nos mers hexagonales, nous le faisons aussi, je le disais, dans nos Outre-mer, mais nous l'avons fait et nous continuons de le faire partout où l'espace maritime est contesté. Je l'ai vu il y a quelques mois à Djibouti, en croisant marins qui ont travaillé sans relâche pour protéger nos bâtiments de commerce en mer Rouge. Et vous pouvez être fiers de ce que nos armées ont su faire, escortant évidemment nos propres bâtiments, mais souvent les bâtiments de beaucoup d'autres, et étant l'une des seules marines du monde à pouvoir le faire. Comme nous avons dégagé les efforts pour lutter contre la flotte fantôme qui aide la Russie dans son effort de guerre, et l'engagement de notre marine, de nos services d'intelligence et de renseignement a permis de donner un coup de boutoir, mais de lancer aussi dans la coalition des volontaires que nous avons bâtie il y a quelques mois, une action nouvelle pour empêcher ce financement, au fond, de l'effort de guerre russe et permettre de faire respecter le droit international.

Je pourrais également citer l'Indopacifique, espace de jeu et de conflictualité inédit où nous avons lancé, dès 2018, une stratégie qui nous est propre, avant de lancer deux ans plus tard une stratégie européenne. Indopacifique, où la France est devenue, en étant consciente de sa taille, par la présence de ces territoires ultramarins, par la présence aussi de ces forces armées sur nos territoires ultramarins, comme chez nos partenaires en Inde ou aux EAU, est devenue un acteur incontournable. Nous sommes aujourd'hui un des acteurs de cette troisième voie en Indopacifique, qui permet de défendre nos intérêts, mais d'être aussi, depuis quelques années, des partenaires inédits de l'Inde, de l'Indonésie et de tant d'autres territoires de cette région.

Au-delà de cela, l'année prochaine, notre Marine fêtera ses 400 ans. Ce n'est pas un anniversaire comme les autres. Et à cette occasion, j'y reviendrai, mais je voudrais que tout particulièrement, au-delà de ces engagements propres, légitimes, de ces combats premiers, de ce qu'elle porte, de la défense de nos intérêts et de la France dans ces conflictualités nouvelles, c'est que nous portions à l'échelle nationale, européenne et internationale des stratégies nouvelles de coopération alliant la défense et le climat. Nous avons une capacité, par les partenariats qui sont et seront les nôtres, à défendre le droit international que nous avons mis en œuvre, à bâtir des coalitions pour lutter contre les trafics, la pollution marine en Méditerranée et ailleurs, et à mobiliser aussi l'ensemble de ce qu'est le monde maritime français autour de notre marine, nos industriels, nos scientifiques, nos territoires, nos jeunes dans les classes défense. Et ce rendez-vous, ces 400 ans ne doivent pas être un anniversaire comme les autres. Et je voudrais qu'autour de ce rendez-vous, nous puissions mobiliser les plus jeunes pour leur montrer toute l'importance, justement, de ces combats, et l'importance de cet engagement, en particulier par cette alliance inédite entre la défense et le climat.

Voilà, mesdames et messieurs, je ne veux pas être plus long, mais je voulais, par ces quelques mots, vous redire ma conviction que la France est et doit continuer d'être, et avec elle l'Europe, une véritable puissance maritime, de l'alimentaire à l'énergie éthique, au commercial, en passant par l'industriel et, évidemment, en matière de défense et de sécurité. Que nous avons pour cela les moyens, que nous avons pour cela les forces vives, elles sont dans cette salle et au-delà, et que nous en avons la volonté. Je suis très heureux de le faire ici, à La Rochelle, devant vous, avant de continuer à cheminer sur le territoire, d'être à Rochefort, à la Corderie-Royale, auprès du Conservatoire du Littoral, puis auprès de Pierre Loti, qui s'était promis de ne pas faire long feu dans la marine française et y passa pourtant 4 décennies, et fut ce mélange inédit de ce qu'est notre pays, l'enracinement et l'aspiration à l'universel. Et là aussi, qu'on ne nous demande pas de choisir.

Mais à chaque fois qu'on a voulu expliquer à la France que le bon enracinement, c'était de tourner le dos à la mer, on s'est trompé. Et à chaque fois qu'on a voulu que l'enracinement français soit un enracinement qui ne regarde plus le grand large, on s'est trompé. Et à chaque fois qu'on a voulu expliquer à nos compatriotes qu'il fallait regarder, qu'il fallait se replier et plus vouloir le grand large, on s'est trompé. L'histoire de notre pays, c'est un peu ce ressac permanent. Mais regardez bien ces grandes pages, nous avons bâti l'avenir à chaque fois que nous avons su nous regarder nous-mêmes comme une grande puissance maritime, exploratrice de conquêtes, parfois avec des pages sombres, mais de conquêtes, d'ambition, de commerce, d'aspiration au grand large. Mais toujours revenant au port, et sachant cultiver son jardin. Nous sommes ceux-là. C'est pourquoi j'ai beaucoup de gratitude à votre endroit et qu'en m'adressant à nouveau à vous aujourd'hui, je veux vous dire ma très grande fierté, mon soutien inconditionnel et ma volonté à vos côtés de continuer à faire de la France la grande puissance maritime qu'elle doit être.

Vive la mer, vive la République et vive la France !

Le chef de l’État a également rencontré des élèves du collège La Fayette à Rochefort ainsi que leur équipe pédagogique, afin d’échanger sur la place et l’impact des réseaux sociaux dans leur vie quotidienne et les conséquences sur la santé mentale. 

Enfin, le Président de la République a profité de ce déplacement pour se rendre à la maison Pierre Loti à l’occasion de sa réouverture après plusieurs années de rénovation. Conformément à l’engagement pris en 2018, la maison Pierre Loti a bénéficié des gains du Loto du patrimoine, faisant de la préservation du patrimoine une des priorités de la politique culturelle du chef de l’État.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers