Figure du centrisme français, membre du gouvernement sous trois Présidents de la République, Olivier Stirn incarnait une sensibilité sociale et libérale et avait porté des décennies durant une certaine idée de la France. Sa disparition est celle d’un élu enraciné et d’un acteur de notre Histoire contemporaine.
Né dans une famille portant la République au cœur, Olivier Stirn suivit les traces de son père, Alexandre, ancien préfet et haut fonctionnaire, et accomplit le parcours d’un engagé de la chose publique, de Sciences-Po à l’ENA. Après un bref passage dans la préfectorale, cet esprit libre, fort de sa vivacité et de son ambition, participe à plusieurs cabinets ministériels et choisit très vite d’embrasser la politique par l’élection pour servir ses idéaux. Député de la Manche à compter de 1968, maire de Vire trois ans plus tard, il entra au gouvernement en 1973 sous Georges Pompidou. Il s’engagea très tôt dans l’aventure devant conduire Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République. Espérance européenne, sensibilité sociale et libérale, républicain et humaniste, Olivier Stirn était en effet à la confluence intellectuelle des centrismes. Nommé secrétaire d’Etat aux DOM-TOM en 1974, ministre de Valéry Giscard d’Estaing, il veilla aux destinées des Français d’Outre-mer, évitant crises et heurts, permettant l’accession de Saint-Pierre-et-Miquelon au statut de département, lançant un plan de développement de la Guyane, négociant l’accession à l’indépendance des Comores en 1975 et de Djibouti en 1977, œuvrant pour l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie en 1977. Il fut ensuite secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
Olivier Stirn entreprit parallèlement un effort de structuration de la famille centriste : il acta la rupture avec Jacques Chirac en 1977, passa par le Parti radical, et au mitan des années 1980, se rapprocha de la sensibilité des radicaux de gauche et des écologistes, tant et si bien que le parti qu’il avait fondé, l’Union centriste républicaine, fusionnât finalement avec le Parti socialiste en 1986. Ce fut sous cette bannière qu’il fut élu député de la Manche puis en 1988 élu à Cherbourg. Ce dépassement le mena à entrer dans le gouvernement de Michel Rocard cette même année, en charge du tourisme, fonctions qu’il occupa pendant deux ans. Nommé ambassadeur de France auprès du Conseil de l’Europe en 1991, il prit une part active aux débats nationaux et s’engagea pour l’élection de Jacques Chirac en 1995. Revenu à droite, toujours tenant d’une ligne humaniste et centriste, il devint conseiller du Président Nicolas Sarkozy, en charge de l’Union pour la Méditerranée.
À travers un exceptionnel parcours en République, Olivier Stirn avait défendu ses idéaux laïques, universels et humanistes. Par son érudition et son expérience, il était un combattant de la fraternité républicaine et de l’unité de la Nation en métropole et en Outre-mer. Le Président de la République et son épouse s’inclinent devant la mémoire d’une figure incontournable de notre histoire politique.