Le président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, Sylvain Amic, est décédé ce dimanche 31 août, à l’âge de 58 ans. Sa disparition brutale plonge le monde de la culture dans la tristesse.

Né le 26 avril 1967 à Dakar, Sylvain Amic se voua d’abord, dans les pas de ses parents, à l’enseignement. Instituteur et directeur d’une école française en Gambie, il démontra d’emblée sa soif d’élever et de former les esprits, à laquelle il répondit d’une nouvelle manière en devenant en 1997 conservateur général du patrimoine. Du Musée Fabre de Montpellier, il fit un laboratoire de ses brillantes intuitions muséales. Sous sa houlette, pendant onze années, l’institution se modernisa, renouvela son projet scientifique et son approche des publics, notamment en ouvrant ses portes à l’art contemporain.

Sylvain Amic poursuivit ensuite sa carrière en Normandie, terre de ses grandes amours artistiques. Il dirigea les trois musées de la ville de Rouen, avant de prendre la tête de la Réunion des musées métropolitains de Rouen Normandie, dont il accompagna la création en 2016. En une décennie, il développa un dialogue inédit entre le public et les œuvres, avec des opérations participatives inédites comme la « Chambre des visiteurs », un renouvellement de l’accrochage et des réserves intitulé « Le Temps des collections », et imprima sa marque au festival Normandie impressionniste.

Le travail extraordinaire qu’il mena en région normande poussa la ministre de la Culture Françoise Nyssen à lui confier en 2018 la tâche de codiriger le « Catalogue des désirs ». Il se fit là encore l’apôtre de la circulation, sur l’ensemble du territoire, de nos collections nationales. En 2022, il rejoignit le cabinet de la ministre Rima Abdul Malak en tant que conseiller musées et métiers d’art, et mit son expertise au service des lois-cadres sur les restitutions des restes humains et des biens spoliés.

En avril 2024, cet amoureux des époques moderne et contemporaine fut nommé à la tête des musées d'Orsay et de l'Orangerie. « Le Musée d’Orsay, disait-il, est un musée républicain, un bien commun de la nation qu’il faut restituer à l’ensemble de la nation ».  Aussi s’attacha-t-il avec passion à ouvrir plus grandes encore les portes de l’ancienne gare. Il mit sur les rails mille idées pour moderniser la médiation avec la jeunesse, et étendit, depuis la grande nef de cet emblème parisien, les passerelles avec nos territoires. Il s’engagea encore avec ferveur dans la rénovation des espaces d’accueil, enjeu crucial pour accueillir ces millions de Français, touristes, amateurs de peinture, de sculpture, de musique et de danse, qui trouvent chaque année le plaisir de déambuler entre les chefs d’œuvre de Rodin et de Van Gogh. 

Cet esprit éclectique et brillant, qui fut notamment le commissaire de deux expositions au Grand Palais, qui savait transmettre l’amour de Nolde comme de Courbet, Duchamp ou Soulages, eut à cœur de parler à tous les Français, de donner, partout, l’art en partage. Il ne verra pas le fruit de la saison artistique qui s’ouvre, et qui devait marquer les 40 ans de ce musée qu’il aimait tant, et pour lequel il avait déjà tant fait en plus d’un an.

Le Président de la République et son épouse regrettent la disparition de ce serviteur de l’État, artisan visionnaire de la modernisation muséale et de l’ambition portée pour nos territoires. Ils adressent leurs condoléances émues à ses proches, et ses collaborateurs, et en particulier aux équipes des musées d’Orsay et de l’Orangerie.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers