Son nom figure dans d’innombrables génériques, et son succès illumina pendant plus de trente années les salles obscures. Baron du 7e art, producteur et réalisateur renommé, Jacques Dorfmann nous a quittés.

Il naquit à Toulouse, le 2 décembre 1945. Il ne connut pas la guerre, mais dans les pas de son père, Robert Dorfmann, producteur entre bien d’autres de La Grande Vadrouille, il apprit à la raconter. C’est ainsi qu’en 1969, il produisit L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, et entra dans la légende, en tissant celle de la Résistance. Dans cette épopée où se mêlent en clair-obscur toutes les contradictions d’une époque, il sut magnifier le courage de ceux qui refusèrent de ployer l’échine face au nazisme, et qui, des maquis des Alpes aux bureaux de Londres, surent redonner à la France sa liberté menacée. Derrière le personnage du gaulliste Philippe Gerbier, interné dans un camp français, évadé, aux prises avec la Gestapo, c’est à toute une génération résistante que ce film-monument rendait un hommage magnifique.

Dorfmann travailla encore avec Melville sur le polar Le Cercle rouge (1970), collabora avec Jean-Pierre Mocky et Jean-Luc Godard. Lui qui sut se faire acteur parfois, comme dans Le Grand Silence, mêla son destin à celui de Lino Ventura, Simone Signoret, Alain Delon, André Bourvil, Yves Montand, Jane Fonda, Romy Schneider, Mireille Darc.

Jacques Dorfmann narra des histoires venues de la nuit des temps, du fond des âges et des lointains de la terre. Terre antédiluvienne dans le retentissant La Guerre du feu (1981), qu’il produisit pour Jean-Jacques Annaud. Terre chinoise du Palanquin des Larmes (1988), terre de glace dans Agaguk (1992), dont il fut le scénariste et réalisateur. Terre gauloise meurtrie par la guerre, enfin, comme il la montra en 2001 dans son Vercingétorix.

Déployant ses productions du Canada à l’Italie, jouant de la comédie comme du policier, Jacques Dorfmann eut le goût du génial et de la profondeur. Lui qui connaissait les moindres rouages de la fabrication d’un film sut projeter sur le grand écran l’humanité, toute l’humanité   : les vices et les splendeurs, les crimes et les joies, que ce soit dans Nous ne vieillirons pas ensemble ou Le Témoin. Devant ou derrière la caméra, il sut donner aux histoires intimes le vibrato de l’inoubliable.

Le Président de la République et son épouse saluent l’œuvre d’un homme qui permit à plusieurs générations de spectateurs de rêver et de frissonner, et adressent leurs condoléances émues à ses proches ainsi qu’à ses collaborateurs.

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