La France et le Brésil continuent d’unir leurs forces pour agir d’urgence face au changement climatique au mitan de cette décennie critique.
Il y a dix ans, nos pays se sont joints à des partenaires du monde entier pour adopter l’Accord de Paris, conquête du multilatéralisme et de la coopération internationale, avec des objectifs contraignants. Il y a également dix ans, les objectifs de développement durable et l’Agenda 2030 ont été adoptés. Ces deux textes ont établi des objectifs clés face aux défis qui affectent l’humanité. Et tous deux ont besoin d’un engagement renouvelé et renforcé.
Au-delà de leurs objectifs concrets essentiels, ces accords représentent la réussite du multilatéralisme et de la coopération, fondés sur la compréhension mutuelle, l’équité et la prospérité. Les deux textes témoignent également de la pertinence de construire des accords internationaux basés sur la science, sur des recherches rigoureuses et s’appuyant sur les connaissances et savoirs des peuples autochtones et communautés traditionnelles.
En novembre 2025 se tiendra la 30ème conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) à Belém, au cœur de l´Amazonie brésilienne. Dans ce contexte, nous, France et Brésil, réaffirmons notre détermination à travailler ensemble en vue de trois objectifs majeurs : i) renforcer le multilatéralisme, en particulier en ce qui concerne la gouvernance climatique ; ii) obtenir des engagements tenant compte des conséquences économiques et sociales du changement climatique et des opportunités de l’économie bas-carbone; et iii) rehausser d’urgence notre ambition climatique collective et accélérer la mise en œuvre des engagements pris, y compris par des actions menées au-delà du cadre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris.
L’Accord de Paris, qui trace la voie de la transition vers un développement à faibles émissions de gaz à effet de serre, a impulsé une action climatique quasi universelle, dont les résultats sont aujourd’hui manifestes : son effet sur la trajectoire de nos émissions est démontré par la science. Nous devons toutefois faire mieux et plus rapidement afin de respecter l’ensemble des objectifs de l’accord, en particulier la limitation de la hausse de la température moyenne à 1,5°C, et de rendre plus concrètes les perspectives de transition juste, ne laissant personne de côté.
Ainsi, nous appelons la communauté internationale et tous les acteurs concernés à redonner un élan majeur à l’action climatique mondiale, en concrétisant nos engagements politiques et financiers. Nous appelons chacun, à tous les niveaux - national, infranational, régional, et individuel, secteur public et secteur privé-, à pleinement mettre en œuvre l’Accord de Paris, en s’appuyant sur les conclusions de son premier bilan mondial, issu de la COP28 à Dubaï.
Ces efforts commencent par la présentation de contributions déterminées au niveau national (CDN) qui reflètent le plus haut niveau d’ambition et qui intègrent des objectifs élevés de réduction des émissions à l’échelle de l’économie, couvrant tous les gaz à effet de serre, tous les secteurs et toutes les catégories et alignées sur l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, sur le fondement des données scientifiques les plus récentes.
Les CDN doivent nourrir les politiques publiques et être accompagnées par des mesures de mise en œuvre alignées avec les objectifs de l’Accord de Paris et les conclusions du premier bilan mondial. Tous les acteurs publics et privés devront collaborer à cet égard, notamment pour répondre aux appels mondiaux visant à intensifier leurs efforts en vue de mettre fin au déboisement et à la dégradation des forêts d’ici à 2030 et inverser ces tendances, ainsi qu’à intensifier, autant qu'il se peut, les actions d’atténuation et d’adaptation fondées sur l’Océan et accélérer la transition énergétique mondiale. Nous devons nous soutenir mutuellement afin de progresser collectivement vers le triplement de la capacité mondiale en énergies renouvelables, le doublement du taux moyen annuel mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030, et la sortie progressive des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et équitable.
Nous, France et Brésil, reconnaissons que ces efforts nécessitent un soutien en matière de finance, de développement, de transfert de technologies et de renforcement des capacités. Nos pays appellent à accélérer la mobilisation en vue de la mise en œuvre des objectifs financiers adoptés à la COP29, y compris ceux relatifs aux nouveaux mécanismes financiers pour réduire le coût et garantir l’investissement dans les pays en développement, ainsi que ceux permettant d’identifier des sources innovantes de financement, notamment des contributions de solidarité de certains secteurs, pour libérer de la marge de manœuvre budgétaire afin de pouvoir réaliser des investissements pour la nature et le climat.
Nous soutenons la mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris ainsi que le développement de marchés du carbone à haute intégrité, guidés par le référentiel multilatéral, contribuant à la réalisation de nos objectifs et à l’augmentation de notre ambition.
Nous appelons tous les acteurs à l’unité et à l’engagement collectif pour atteindre nos objectifs climatiques– au sein des institutions internationales, du système financier et dans nos sociétés. Nous appelons d'autres pays à rejoindre nos efforts de lutte contre la désinformation sur le climat et réaffirmons la centralité du savoir scientifique et des connaissances et savoirs des peuples autochtones et communautés traditionnelles. L’action collective au service du bien commun – tel est l’esprit du « mutirão » proposé par la présidence brésilienne de la COP 30.
Ensemble, France et Brésil, nous réaffirmons que la transition doit renforcer la lutte contre la pauvreté, la faim et les inégalités. Ces défis ne peuvent être considérés comme contradictoires. Les politiques climatiques de transition énergétique, de développement industriel bas-carbone, d’adaptation des secteurs et populations vulnérables aux impacts du changement climatique constituent des stratégies de développement viables, souhaitables et indispensables. Collectivement, nous devons réduire la vulnérabilité des populations, notamment via la mise en œuvre du cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale et l’opérationnalisation du Fonds pour répondre aux pertes et préjudices.
La France soutient les efforts du Brésil pour faire de la COP30 une étape décisive pour le multilatéralisme, en mobilisant l’ensemble de la société, des acteurs économiques et financiers dans un nouveau cycle d’ambition et d’action climatique, à la hauteur des enjeux. Nous avons les moyens d’accélérer l’action. C’est notre mobilisation sur le long terme qui assurera le succès de Belém dans dix ans, de Paris dans vingt ans, et qui offrira des perspectives durables aux générations actuelles et futures.
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