Disparition d'Yvonne Choquet-Bruhat.

La mathématicienne et physicienne Yvonne Choquet-Bruhat nous a quittés. Première femme élue à l'Académie des sciences française, capable d’approfondir les travaux sur la relativité d'Einstein, elle défricha des voies scientifiques nouvelles pour les générations qui suivirent.

Avec une mère philosophe, un père physicien, un frère mathématicien, la famille d’Yvonne Choquet-Bruhat formait à elle seule une école d’Athènes. La jeune femme suivit les enseignements des brillants professeurs de mathématiques de l’ENS et fut reçue à l’agrégation de mathématiques en 1946, en première place.

Sa carrière fut ensuite entièrement consacrée à l’enseignement et à la recherche. Chercheuse au CNRS, elle obtint en 1951 son doctorat en sciences pour sa thèse Théorème d'existence pour certains systèmes d'équations aux dérivées partielles non linéaires sous la direction d’André Lichnerowicz. Einstein lui-même, devant qui elle présenta ses recherches à l’Université de Princeton, salua la qualité de ses conclusions qui enrichissaient la théorie de la relativité générale d’une compréhension mathématique et physique qui permirent des progrès jusque dans la compréhension des ondes gravitationnelles.

« L’homme est un milieu entre le néant et l’infini », disait Pascal. Partagée entre l’atome et l’univers, entre l’onde et le trou noir, entre techniques d’analyse et applications géométriques, Yvonne Choquet-Bruhat dédia toute sa vie à développer des modèles mathématiques adaptés et à questionner notre compréhension de la cosmologie.

Esprit de géant penchée sur l’infinitésimal, elle apporta pour la première fois la preuve mathématique de l'existence de solutions aux équations d'Einstein.

Esprit minutieux tourné vers l’infiniment grand, elle ouvrit la voie à des avancées majeures en astronomie.

Maître de conférences à Marseille, professeur à Reims, professeur titulaire de la chaire de mécanique analytique et mécanique céleste à la faculté des sciences de Paris, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, auteur de plusieurs ouvrages de physique mathématique et de centaines d’articles, cette virtuose des chiffres mania aussi les mots pour transmettre le contenu de ses recherches.

Ce 11 février 2025, la France a perdu une mathématicienne à l’intelligence spectaculaire, et une personnalité haute en couleurs qui a hissé la France à la pointe de la recherche aux termes d’une vie qu’elle résumait, dans l’épilogue de ses mémoires, comme « une vie bien remplie ».

Le président de la République adresse à ses enfants, à ses élèves, à ses collaborateurs et à la communauté scientifique ses plus sincères condoléances.