Le médecin général Valérie André, aviatrice, parachutiste et pilote d’hélicoptère, nous a quittés à 103 ans. Elle fut sa vie durant un exemple d’élévation :  héroïne de la médecine aérospatiale, pionnière de l’accession des femmes aux sommets de l’armée française, et parangon de valeur humaine.

« Madame Ventilateur », tel était son surnom ; son obsession pour les objets à hélice remontait à son adolescence, alors qu’elle prenait des cours de pilotage à l'aéroclub de Strasbourg. Le deuxième objet de sa passion fut la médecine, qu’elle étudia à l’université de Strasbourg, sous l’occupation, avant de se réfugier à Paris en 1942, pour échapper aux autorités allemandes qui déportaient les étudiants alsaciens en Allemagne. Sa thèse sur la « pathologie du parachutisme » associait ses deux vocations, aviation et médecine.

Forte de son doctorat d’un côté et de son brevet de parachutisme de l’autre, elle rejoignit l'Indochine en 1948 en tant que médecin militaire. À l'hôpital de Saïgon, ses supérieurs ne tardèrent pas à repérer l’alliage rare de ses deux talents, et la formèrent en chirurgie de guerre pour l’envoyer servir dans une zone frontalière entre le Viêt-Nam et le Laos impossible à atteindre autrement que par parachutage. Malgré le danger, l’épuisement, la rusticité, la pression de vie ou de mort qui régnaient dans cet environnement, ou peut-être précisément à cause de tout cela, Valérie André prit goût à cette mission extrême au plus près de nos soldats. Pour les servir toujours plus intensément, elle se forma au pilotage d’hélicoptère. Son carnet de vols afficha rapidement des centaines d’évacuations de blessés, d’abord sur le théâtre vietnamien, puis en Algérie.

À la fin de la guerre d’Algérie, elle reprit en France sa carrière d'officier du service de santé : chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM), médecin général inspecteur, directrice du service de santé de la 4e puis de la 2e région aérienne, elle continua sans relâche à servir ceux qui avaient versé leur sang pour la France.

Et parce qu’elle était de cette trempe de héros de nos quotidiens qui se cherchent toujours plus d’engagement, elle mit sa retraite à profit pour défendre la place des femmes au sein de l'Armée. Son exemple était à lui seul une harangue : elle fut la première femme à devenir officier général en France, et accrocha sur sa manche les trois étoiles de médecin général inspecteur du Service de santé des armées.

« J'ai eu une vie extraordinaire. La seule chose que je peux souhaiter maintenant, c'est un beau matin ne pas me réveiller et d’être là-haut, parmi les étoiles », avait-elle dit un jour.

Aujourd’hui que son souhait s’est réalisé, et que nos armées pleurent une de leurs grandes dames, le Président de la République salue l’ascension extraordinaire de cette Française étoilée, qui fit autant pour la médecine de guerre que pour les femmes en uniforme, et édifia tous ceux qui la croisèrent.

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