Il est des noms qui font partie de l’histoire mondiale. Celui de Jimmy Carter restera de ceux-là, écho des bouleversements géopolitiques de la fin du siècle dont il fut un grand médiateur, ardemment attaché aux droits de l’Homme. Le 39ème président des États-Unis, nous a quittés à 100 ans, après une vie d’engagement récompensée par le prix Nobel de la Paix.
Petit-fils de fermiers, fils d’un épicier, il avait grandi dans un village rural de ce « Vieux Sud ». Jimmy Carter étudia à l’Académie navale d’Annapolis, United States Naval Academy, qui lui donna accès au grand large. À la mort de son père, en 1953, il prit son relai dans l’exploitation familiale et se consacra à la culture de l’arachide et des valeurs démocrates. Car après avoir passé ses vingt ans à sillonner les mers, ses trente ans à labourer la terre, il se tourna la quarantaine venue vers la politique. Élu sénateur en Géorgie pour le Parti démocrate en 1963, il en devint gouverneur en 1971 et bouscula les lignes en faisant de la lutte contre la ségrégation une de ses priorités politiques.
En 1976, les portes du bureau ovale cédèrent à ce jeune démocrate encore mal connu du grand public qui venait de remporter les élections présidentielles américaines, et qui gagna bientôt l’estime internationale. Dans un pays encore ébranlé par le scandale du Watergate qui avait contraint le président Nixon à la démission, il remit en bonne marche les rouages étatiques par sa volonté d’intégrité, s’opposa à la peine de mort, combattit le racisme et impulsa une première prise de conscience environnementale.
« Une nouvelle politique étrangère, dont les valeurs doivent être l’honnêteté et l’optimisme vis-à-vis de l’avenir », telle fut la priorité de son action. Au cœur de la Guerre froide, il devint un ferment de pacification et de dialogue. Parmi ses hauts-faits comptent les accords de Camp David, signés à la Maison Blanche et par le président égyptien et le Premier ministre israélien, qui pavèrent la voie au traité de paix israélo-égyptien de 1979. En 1979, la signature du traité SALT II sur la limitation des armements stratégiques avec l'Union soviétique couronnait son travail de médiation acharné.
Il fut un allié et un ami de la France, dont il marqua la mémoire comme le premier président américain à se rendre en Normandie, en 1978, pour se recueillir aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing sur les lieux du Débarquement, au milieu des croix blanches des soldats de son pays tombés pour la libération du nôtre.
Son engagement en faveur des droits de l’homme ne faiblit pas après son départ de la Maison-Blanche. Entre le gouvernement éthiopien et les rebelles tigréens en 1989, entre les deux Corée en juin 1994, il fut chaque fois un intermédiaire précieux. On doit également à sa fondation, The Carter Center, des investissements nombreux en faveur de la santé, ainsi qu’une centaine de missions de protection des élections démocratiques à travers le monde.
Le Président de la République et son épouse saluent un grand humaniste qui chemina aux côtés de la France vers la fin de la Guerre froide, et qui ne cessa jamais d’œuvrer à l’apaisement du monde. Ils adressent à ses proches, ainsi qu’aux citoyens des États-Unis, leurs condoléances sincères.