Le monde universitaire est en deuil de l’un de ses ténors. Alain Fuchs, ancien président de l’université PSL, nous a quittés, après une vie consacrée à la quête et à la transmission du savoir.

Né à Lausanne en 1953, il avait grandi entre les grands lacs suisses et ceux de l’Afrique, au fil des postes de son père, informaticien au Zaïre, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud. Ses années de rugby lui apprennent le sens de l’effort et de la cohésion.

Quand il retrouva la Suisse à 17 ans, il choisit la chimie, qu’il étudia à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Puis c’est en France, à l’université Paris-Sud, actuelle université Paris-Saclay, qu’il poursuivit un doctorat de physico-chimie dans le laboratoire d’Henri Szwarc. Après sa thèse en 1983 sur les cristaux vitreux, suivie par un séjour postdoctoral à Édimbourg, il devint un spécialiste de la modélisation et de la simulation numérique de fluides confinés en milieux poreux.

Entré au CNRS en 1985, il devient directeur de recherche en 1991, puis est nommé professeur des universités à l’université Paris-Sud, où il dirige le laboratoire de chimie physique des matériaux amorphes, avant d’y fonder le laboratoire de chimie-physique d’Orsay, puis de diriger l’École nationale supérieure de chimie de Paris.

De retour au CNRS en 2010 comme président et directeur général, il y fit souffler un vent de transversalité, en lançant notamment l’appel à projets « Attentats-recherche » et le chantier scientifique de Notre-Dame en 2019. Désireux de davantage d’ouverture aux universités, il disait haut et fort que le potentiel scientifique parisien n’avait rien à envier à celui de Londres ou de Boston.

Conviction qu’il mit en pratique entre 2017 et 2024, lorsqu’il fut nommé président de l’Université et de la Fondation Paris Sciences et Lettres, structurant cette jeune université, qui, en réunissant les grands noms du paysage de l’enseignement supérieur de Paris et d’Île-de-France, grimpa progressivement jusqu’aux premiers rangs des classements internationaux.

Quand Alain Fuchs quitta son siège de président, en 2024, il pouvait estimer, malgré un contexte difficile, sa mission bien remplie : l’université PSL s’était hissée à la 33e place du classement de Shanghai.

La vision qu’Alain Fuchs a impulsée lui survivra : celle d’un enseignement supérieur fort, riche d’universités autonomes, innovantes, interdisciplinaires, avec des processus administratifs simplifiés, engagées pour l’égalité des chances et la formation des talents.

Le Président de la République salue le parcours d’un amoureux du savoir, qui croyait fermement à la destinée scientifique de la France, appuyée sur la nécessité vitale de la recherche et de l’enseignement. Il adresse à sa famille, à ses proches et au monde universitaire ses sincères condoléances.

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