Le Président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Nikol Pachinian, Premier ministre d’Arménie, ce mercredi au Palais de l’Elysée, en marge de la cérémonie d’entrée de Missak Manouchian et de ses camarades de résistance au Panthéon.

Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour réaffirmer le soutien indéfectible de la France à l’indépendance de l’Arménie, son intégrité territoriale et son aspiration à la paix.

Les deux dirigeants ont ausi évoqué l’état des discussions en vue de la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. 

Cet entretien a permis également d’approfondir la coopération bilatérale entre les deux pays, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie et de l’eau mais également en matière de défense.

Enfin, le Président de la République a réitéré son soutien entier au développement des relations entre l’Union européenne et l’Arménie, dans toutes leurs dimensions.

21 février 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président Emmanuel Macron à l’occasion de la visite du Premier ministre d’Arménie Nikol Pachinian.

Monsieur le Premier Ministre, 
Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames, Messieurs,

Merci Monsieur le Premier Ministre Nikol d'être à Paris aujourd'hui en ce jour important. Le 21 février était la date à laquelle, en effet, Missak Manouchian et ses camarades de résistance, tombaient dans la clairière du Mont-Valérien ; ce sera désormais jour où la patrie les a pleinement reconnus et celle de leur entrée au Panthéon. 

En effet, tout à l'heure avec son épouse Mélinée, Missak Manouchian entrera au Panthéon, là où la France met ses grands destins. C'est aussi une reconnaissance de la contribution des Arméniens à la nation française, à l'esprit de résistance et à la lutte pour la liberté. Votre présence en cette journée est très importante pour nous tous. Je tiens à le redire devant vous. 

En ce moment, vous pouvez compter sur le soutien de la France à l'Arménie, à son indépendance, à son intégrité territoriale, à son cours démocratique, et au fond, à son aspiration à la paix. Et je veux saluer ici, Monsieur le Premier Ministre, cher Nikol, votre courage personnel et votre détermination à maintenir ce cap. Cet engagement vient encore de se matérialiser à travers l'adhésion de l'Arménie à la Cour pénale internationale et au moment où nous célébrons en effet la mémoire de Missak et Mélinée Manouchian. 

Et alors que des crimes de guerre continuent d'être perpétués sur notre continent européen, le combat pour la liberté passe plus que jamais par la lutte contre l'impunité. Notre réunion permettra d'évoquer l'état des discussions en vue de la normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Des incidents survenus récemment dans la région arménienne de Syunik montrent que le risque d'escalade sur le terrain reste réel. La France déplore justement le tir arménien qui a causé un blessé du côté azerbaïdjanais le 12 février, comme l'ont fait les autorités arméniennes elles-mêmes avec beaucoup de transparence. Mais nous regrettons très fermement la riposte disproportionnée de l'Azerbaïdjan, qui a fait 4 morts et un blessé dans les rangs arméniens. 
La France continuera à soutenir les efforts en faveur d'une paix juste et durable. Notre conviction est qu'il ne peut y avoir de paix juste et durable, précisément que dans le respect du droit international, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'inviolabilité des frontières. À Prague, en 2022, vous aviez réaffirmé avec le président ALIYEV votre attachement commun au respect de la déclaration d'Almaty. C'est l'une des pierres angulaires pour la signature d'un traité de paix entre les deux pays. À cet égard, il importe que l'Azerbaïdjan lève toute ambiguïté. Ça me paraît plus nécessaire que jamais s'agissant du respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie et en particulier toute ambiguïté sur les cartes de référence pour un travail de bonne foi sur la délimitation et la démarcation de ces frontières qui devront aussi servir de base pour le nécessaire retrait des forces de part et d'autre de la frontière. Nous appelons également à ce que l'ordonnance de la Cour internationale de justice du 17 novembre 2023 soit mise en œuvre. Aux termes de cette ordonnance, je la cite, la République d'Azerbaïdjan doit veiller à ce que toute personne qui aurait quitté le Haut-Karabakh après le 19 septembre 2023 et qui souhaiterait y retourner, soit en mesure de le faire en toute sécurité, librement et rapidement. 

Nous souhaitons que le Sud Caucase soit un espace de paix, d'intégration, de coopération avec des frontières ouvertes. Il importe à ce titre que les projets de connectivité soient des facteurs d'intégration et non de fracture. Je me suis rendu à l'automne dernier en Asie centrale pour réaffirmer tout l'intérêt que la France porte au déploiement justement d'une connectivité entre l'Asie centrale, le Caucase du Sud et l'Union européenne. Et je salue la contribution qu'apporte votre initiative des carrefours de la paix à cette ambition commune. 

Nous évoquerons également les voies et moyens du renforcement de nos coopérations bilatérales dans le prolongement des échanges très riches que nous avons eus le 9 novembre dernier. Nous avons beaucoup de choses très concrètes. Nous continuerons à appuyer le développement d'infrastructures stratégiques pour la résilience de l'Arménie avec la participation de nos entreprises, qu'il s'agisse du transport, de l'énergie, de l'eau. Nous poursuivrons aussi le développement de notre coopération de défense avec l'Arménie : elle a donné son accord à la conclusion de contrats pour la livraison de matériel militaire à vocation défensive et la France continuera à agir dans ce domaine dans un esprit de responsabilité et sans volonté d'escalade. La France poursuit par ailleurs le renforcement de son engagement humanitaire en faveur de l'Arménie et des réfugiés du Haut-Karabakh, avec une aide qui s'élève désormais à 29 millions d'euros en 2023. 

La France continuera également à soutenir résolument le développement des relations entre l'Union européenne et l'Arménie dans toutes leurs dimensions. Là aussi, les choses avancent au service de nos intérêts stratégiques communs. La mission d'observation de l'Union européenne a d'ores et déjà été renforcée et son action est essentielle pour contribuer à la stabilité, à l'information impartiale de la communauté internationale et à la réassurance des populations vulnérables des zones de contact militaire. Les discussions sont en cours pour que l'Arménie bénéficie de la facilité européenne de paix, c'est important. L'Union européenne et l'Arménie ont en outre décidé d'établir un nouvel agenda de partenariat que nous voulons le plus concret, le plus ambitieux possible. 

Voilà les quelques mots que je voulais ici rappeler pour vous dire que de toute façon, vous le savez, au-delà des mots, la France se tient aux côtés de votre pays parce que c'est là qu'est le camp de la justice, de l'indépendance, de la liberté et du droit international. 

Et je salue une fois encore, Monsieur le Premier ministre, le courage avec lequel vous menez tous ces combats et vous redit en ce jour si particulier le soutien de la France et le soutien à tous les Arméniens.

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