Fait partie du dossier : Visite d'État en Inde.

Le Président Emmanuel Macron s'est rendu en Inde du 25 au 26 janvier 2024. Il a passé sa deuxième journée à New Delhi.

Défilé du « Republic Day »

Le Chef de l'État s'est rendu dans la matinée au palais présidentiel à la rencontre de la Présidente d'Inde Droupadi Murmu. 

Ils se sont ensuite dirigés ensemble vers le lieu du défilé organisé dans le cadre de la fête de la Constitution indienne, « Republic Day » où ils ont été rejoints par le Premier ministre indien Narendra Modi. 

La France était représentée au début du défilé avec un contingent terrestre de 140 militaires de l'armée de Terre venant de la Légion Étrangère et un dispositif aérien composé d'un avion ravitalleur MRTT et deux Rafale

Rencontre avec la communauté française en Inde

Le Président de la République a également rencontré la communauté française présente en Inde à l’ambassade de France à New Delhi. Il a rappelé le rôle essentiel des échanges avec l'Inde ainsi que sa place dans la région indopacifique pour protéger la liberté de nos souverainetés.

Culture :

Le chef de l’État a annoncé que l’Inde serait un pays prioritaire pour le développement international de la stratégie française en faveur des métiers d’art. Cela passera notamment par le lancement d’un partenariat dans le domaine de la formation professionnelle et l’organisation en 2025 à Paris et New Delhi d’une grande exposition sur les métiers d’art en Inde et en France.

Économie :

En matière économique, le Président de la République a rappelé l’engagement des Français et des entreprises françaises en Inde pour conforter le rôle économique de la France en Inde, notamment dans le domaine de l'énergie, au travers des projets de nucléaire civil et d'hydrogène, et des engagements pour une transition écologique juste.

Défense :

Le chef de l'Etat a également réaffirmé l'importance des échanges avec l'Inde en matière de défense, en particulier dans le domaine spatial et cyber. 

Éducation / Jeunesse :

De plus, le chef de l’État a annoncé de nouvelles avancées pour la coopération educative franco-indienne. Il a notamment confirmé que l’Inde était le premier budget français de bourses éducatives au monde. 

Le Président de la République a rappelé que la coopération bilatérale en matière d’innovation est une priorité et c’est pourquoi il a annoncé le financement supplémentaire de 3,5 millions d’euros pour la coopération universitaire et notamment pour le campus franco-indien afin de développer la coopération en matière de sciences et de santé.

Le Président Emmanuel Macron a également annoncé que l’année 2026 serait l’année de l’Innovation France-Inde dessinant le nouveau visage de ce partenariat.

Revoir son discours à la communauté française :

26 janvier 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président à la communauté française en Inde.

Madame et Messieurs les ministres, 
Madame la députée, 
Monsieur l’ambassadeur, Madame, merci de nous accueillir chez vous,  
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités, 
Mes chers compatriotes. 

Je suis très heureux de vous retrouver, si je puis dire, la dernière fois c’était en mars 2018, sous cette forme, et j’étais ensuite revenu pour un sommet du G20 mais dans un contexte qui ne me permettait pas d’avoir cet échange. 
Voilà, 5 ans sans se voir, 5 ans durant lesquels beaucoup de choses se sont passées et sur le plan international bien sûr, la pandémie aussi que vous avez collectivement surmontée avec beaucoup de courage, avec aussi, je le sais ici, beaucoup de solidarité. Je vous en remercie et je vous en félicite. 

Je suis là aujourd’hui à l’invitation du premier ministre MODI, avec une abondante délégation d’entreprises, d’artistes, de scientifiques, au-delà des membres du Gouvernement et des administrations les plus impliqués, pour dire notre amitié et continuer de faire avancer la relation bilatérale. Et au fond, après avoir invité le premier ministre MODI pour le 14 juillet dernier, place de la Concorde, et nous avons eu l'immense honneur d'être invités pour Republic Day. Je voulais saluer le colonel Anne-Laure MICHEL et à travers elle toute la base d’Istres, mais également la musique de la Légion étrangère ici présente à nos côtés et qui était ce matin au défilé le 2e REI, et merci à nos forces ici présentes qui ont représenté la France lors de ce Republic Day. Bravo à vous. Merci beaucoup. 

L'Inde et la France, c'est une vieille histoire. Ce n'est pas à vous que je vais le dire. C'est une histoire de fascination réciproque, d'influences, d'imaginaires qui se sont mutuellement inspirés de Tagore à Gide et en passant par beaucoup d'autres. Ce « cœur séditieux » comme diraient certains écrivains, voyageurs, hommes d'État ayant trouvé à se nourrir de part et d'autre et retrouvant avec son ambassadeur un mot plus ancien, Jules Michelet écrivait dès 1831 : « L'Inde est une matrice du monde ». C'était sans doute vrai. Ça l'est sans doute encore davantage aujourd'hui. Matrice du monde, parce qu'ici se jouent en effet beaucoup des grandeurs et des douleurs du monde ancien. On le voit, y compris dans les débats contemporains de la société indienne ; matrice du monde moderne avec sa force de paix parvenant à renverser la colonisation. Exemple aussi singulier de démocratie dans ce continent ; et matrice du monde à venir, tant l'Inde s'est positionnée à la confluence de tous les enjeux technologiques, et ce qui va structurer le siècle qui commence. 

Notre relation bilatérale se joue au fond à l'aune de cette matrice. Et si je suis là, c'est pour continuer d'avancer sur beaucoup de ce qui nous préoccupe. D'abord, ce que je mettrai au cœur de nos enjeux de sécurité et de souveraineté, c'est à dire la défense, bien entendu, le cyber, l'énergie nucléaire, les technologies émergentes, l'hydrogène et beaucoup d'autres. Sans oublier, bien entendu, je le disais, le spatial. 

Au fond, nous avons scellé ces dernières années une alliance en termes de défense absolument inédite. Elle est le fait de nos armées, le fait de plusieurs de nos industriels. Plusieurs d'entre eux sont là aujourd'hui. Nous allons continuer de la consolider avec un objectif qui est justement d'être au rendez-vous du Make in India, mais de le faire en échangeant de manière sereine les technologies, en produisant aussi en faisant au fond de l'Inde un hub de production pour tous nos partenariats de la région. Et nous le voyons du maritime en passant par l'aérien, certaines capacités aussi innovantes, nous sommes en train de bâtir un partenariat absolument inédit. Le spatial est une terre de coopération que nous avons aussi beaucoup développée ces derniers temps. On est en train, dans le civil comme dans le militaire, avec aussi plusieurs startups du new space, de continuer cette aventure et d'aller beaucoup plus loin, car on a là une démocratie qui partage nombre de nos valeurs et qui, là aussi, sur ce terrain, positionne une offre pour nous très intéressante. 
Le cyber, je l'évoquais, l'énergie est évidemment une terre pour nous de coopération et en même temps qu’un enjeu de sécurité, de souveraineté pour l'Inde et pour nous-mêmes. Et si nous avons ces dernières années, beaucoup avancé et beaucoup bâti, nous allons continuer, là aussi, en matière de nucléaire civil, d'avancer fortement sur ce domaine avec, je l'espère, l'avancée d'un projet que nous poursuivons depuis plusieurs années avec EDF, mais également la perspective de SMR, et donc de diversifier notre offre. En tout cas, nous y tenons ô combien. 
Et puis l'hydrogène a été aussi évoqué, nous allons le poursuivre, ainsi que plusieurs autres technologies émergentes. 

Ensuite, l'Inde est au cœur de notre stratégie, bâtie maintenant il y a près de six ans, celle de l’Indo-pacifique. C'est ici même, au printemps 2018, que j'avais posé les bases de notre stratégie Indo-pacifique, avant d'aller ensuite en Australie, puis de la décliner au Japon. Et nous avons constamment, en effet, depuis 2018, consolidé une stratégie avec l'Inde, l’Indo-pacifique, qui consiste au fond à protéger la liberté de la souveraineté et à n'être ni conflictuel à l'égard de la Chine, ni à l'égard des États-Unis d'Amérique. Ce qui est relativement inédit, vous en conviendrez, dans la région. Et la France parle d'une voix singulière en la matière, celle d'un pays avec lequel les relations diplomatiques sont profondes, celles d'un pays qui a cette solidité sur le plan de la défense que j'évoquais, avec lequel les liens économiques sont forts, j'y reviendrai, mais qui est aussi une puissance de la région, avec La Réunion, Mayotte et plus loin dans la voie pacifique et nouvelle, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, sans oublier Wallis et Futuna, comme nos terres australes et antarctiques. Et donc nous avons dans la région plus d'un million et demi de compatriotes, hormis les Français de l'étranger, mais dans les terres françaises. Et 8 000 soldats constamment déployés. Ce que nous avons encore renforcé à travers des exercices conjoints. Ceci nous a permis de consolider cette intimité stratégique que j'évoquais, cette relation militaire inédite et de la poursuivre encore davantage. Nous allons chercher à donner dans les prochains mois un tour nouveau à cette stratégie indo-pacifique, en tout cas la compléter par des voies terrestres à travers le projet IMEC qui nous avons lancé en marge du G20. Gérard MESTRALLET a accepté d’assurer le pilotage de notre côté de cette aventure. Et elle va nous permettre en quelque sorte de rejoindre l’Inde à la Méditerranée. Ce qui est un projet fou qui a été pensé et voulu avec le Premier ministre MODI, et qui, j’espère, va donner à nos entreprises énormément de potentiel de développement. Parce que pour beaucoup d'entre vous, d'ailleurs, qui travaillez ici et qui y êtes déjà présents, quand on est dans les transports, la mobilité, dans l'énergie, quand on est dans la smart city, quand on est dans tout ce qui permet justement le transport de marchandises ou de personnes, ce projet est un projet de transformation profond. 

Au-delà de cela, évidemment, avec l'Inde, nous avançons sur les grands sujets globaux, en particulier sur la transition énergétique, climatique et de biodiversité. J’étais, je le rappelais ici même en 2018, et nous avions lancé avec le Premier ministre MODI notre alliance solaire internationale, qui a permis d'ailleurs de développer beaucoup d'offres et permettre à beaucoup d'entreprises qui sont ici présentes aussi d'énergie renouvelable, de développer en commun des initiatives. Nous souhaitons aller de l'avant à cet égard, engager l'Inde à nos côtés dans le pacte de Paris pour les peuples et la planète et avancer aussi pour bâtir ici un contrat de transition juste, car vous le savez mieux que moi, l'Inde est le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre et son mix énergétique est encore dépendant à 70 % du charbon. Et donc, il y a un énorme chemin à faire sur le plan énergétique et climatique. Le nucléaire fait d'ailleurs partie de celui-ci. Le renouvelable également. L'efficacité énergétique, autant de sujets sur lesquels la France a une offre industrielle et sur lesquels nous souhaitons avancer sur le plan diplomatique. 

C'est la même chose que nous souhaitons faire en matière de biodiversité, engager justement l'Inde sur notre agenda, comme d'ailleurs nous souhaitons le faire avec l'agenda pour les océans, puisque vous le savez, la France accueillera justement la conférence des Nations unies pour les océans en 2025 à Nice. Je parlais de partenariat entre les peuples, je parle de nos ambitions, je parlais justement de tout ce que nous avons commencé à bâtir, mais un tel partenariat n'existe que s'il y a une vraie dynamique humaine. C'est le sens des décisions qui ont été actées au cours de cette visite qui visent à stimuler d'une manière inédite la mobilité étudiante de recherche et artistique entre nos pays. En renforçant notre appui à l'apprentissage du français dans les alliances françaises, et je veux ici les en remercier, nous avons 15 alliances. Je ne mésestime pas les difficultés que certaines ont pu connaître. Et j'en ai d'ailleurs parlé au Premier ministre, mais nous avons décidé justement un appui supplémentaire pour l'apprentissage du français et faciliter la transition vers des études supérieures en France. Nous avons lancé formellement le dispositif des classes internationales à la rentrée 2024 pour faciliter l'accès des Indiens à des cursus universitaires entiers et en français dès le premier cycle grâce à une année préparatoire en France. 
Nous avons aussi donné de nouveaux moyens au campus franco-indien dans le domaine des sciences de la vie pour la santé, une initiative innovante qui regroupe 22 établissements d'enseignement supérieur français et indien, ainsi que 20 entreprises et 15 institutions de recherche. Nous avons aussi donné une nouvelle dynamique aux bourses au profit des étudiants indiens. L’Inde étant désormais notre premier budget de bourse au monde. Et avec l'objectif que nous nous sommes fixé, vous le savez, de pouvoir avoir 30 000 étudiants à horizon 2030, ma conviction, c'est qu'on peut aller et qu'on doit aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort. Mais nous avons commencé à nous en donner les moyens. 

Et puis, en renforçant également notre coopération scientifique entre nos deux pays, chaque pays a décidé d'augmenter significativement les moyens alloués à nos outils de financement de la recherche franco-indienne pour un total de 3,5 millions d'euros par an pour ce qui est de la France. Tout cela va nous permettre de renforcer encore plus les liens humains, mais c'est ce que nous souhaitons aussi faire sur le plan culturel. Nous l'avons évoqué hier, les ministres ont eu aussi leurs homologues sur ce sujet. Vous le savez, nous avons inscrit l'Inde sur la carte des résidences d'artistes que la France a développée dans le monde avec la création en 2023 de la villa Swagatam qui permet à des artistes, designers, écrivains de nos pays de s'immerger dans nos cultures respectives. Et j'ai pu hier à Jaipur le constater ô combien avec plusieurs artistes et avec les responsables du programme. 

En matière de patrimoine, l’Inde nous a choisis aussi pour être partenaire. Et nous avons entre le 14 juillet dernier et aujourd’hui scellé des partenariats, une feuille de route culturelle, là aussi complètement inédite. Avec d'abord la reconnaissance mutuelle de diplômes et de métiers d'art et de savoir-faire de part et d'autre qui était attendu, avec l'exposition que nous ferons justement sur les métiers d'art l'année prochaine et qui va nous permettre de faire voir justement tous les trésors de la culture et des savoir-faire indiens. Et je sais que plusieurs d'entre vous en sont déjà les partenaires, et nous aurons ensuite l'occasion de faire le match retour, si je puis dire, en Inde. Et France Muséum, nos designers, notre savoir-faire seront mis au service justement de cette aventure en même temps que nous serons partenaires de la création du futur projet de musée justement maritime comme la France a su refaire son musée justement de la mer. Ce projet qui est poursuivi par le Premier ministre MODI, nous l'accompagnerons. Des expositions et toute une liste est prévue au musée Guimet. Nous aurons, j'y reviendrai, en 2026 l'année de l'innovation qui aura une composante culturelle et 2028 sera en quelque sorte l'acmé de cette montée de nos échanges et de nos aventures culturelles. 

Vous l'avez compris, qu'il s'agisse de l'espace, de la science, qu'il s'agisse des industries de défense, du nucléaire, qu'il s'agisse de la culture, nous avons bâti et scellé des partenariats forts entre nos pays à l'occasion des visites des derniers mois. Nous ferons de même dans le sport puisque l'Inde souhaite porter sa candidature pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2036 et on verra une équipe pour suivre les travaux des derniers mois qui seront les nôtres. Tout ça n'est possible — et je viens vous le présenter aujourd'hui que comme un compte rendu de la visite effectuée avec la ministre de la Culture, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et le ministre des Armées — mais tout cela n'est possible que parce que vous êtes là et parce que beaucoup d'entre vous depuis tant d'années, parfois de décennies, avez bâti un lien unique avec l'Inde. En effet, vous êtes les premiers acteurs de ce partenariat et nous avons ici une communauté riche, vivante que je souhaite saluer, qui tisse sa toile à travers tout le pays. Et je veux tout particulièrement vous remercier, Monsieur l'ambassadeur, remercier à vos côtés nos conseils généraux et l'ensemble des services qui œuvrent justement au service de toute cette communauté, ainsi que nos élus consulaires dont je sais l'implication et le travail. Cette communauté humaine, elle est aussi au service des liens économiques et au-delà de ce que nous avons projeté. 

Beaucoup d'entre vous sont venus en Inde aussi pour travailler à l'approfondissement de nos relations économiques. Et je voudrais ici particulièrement saluer notre communauté économique à Delhi, à Bombay, Bangalore, Chennai, Pondichéry, où se trouve l'essentiel de nos implantations économiques. Ce sont 800 filiales d'entreprises françaises, mais aussi des PME, des filiales qui emploient au total plus de 400 000 personnes en Inde et qui fait de la France le troisième investisseur en Inde parmi les pays du G20. C'est une force, nous vous la devons. Elle couvre absolument tous les secteurs et je veux adresser un message particulier à notre Chambre de commerce et d'industrie franco-indienne, particulièrement dynamique, au comité Inde des conseillers du commerce extérieur qui accueillera ici à Delhi en novembre prochain le grand rendez-vous annuel des CCE dans l'Indo-pacifique, ce qui est une excellente occasion d'illustrer cette centralité de notre stratégie ici.
Je salue aussi le rôle que la French Tech joue dans ce pays d'ores et déjà devenu troisième écosystème de start-up au monde en réunissant près de 100 000 start-up, 760 incubateurs et accélérateurs et 111 licornes. Un écosystème qui ne cesse de s'internationaliser. Je voudrais également saluer le rôle de notre communauté économique dans la création en cours de la Chambre de commerce européenne, un acteur qui nous manquait ici et qui a vocation à occuper une place importante pour orchestrer notre mobilisation collective pour les années à venir et merci de cette coopération qui nous grandit et est très cohérente avec ce que la France porte en Europe. 

Tout ça pour dire que ce que je vous annonce aujourd'hui et qui est le fruit de notre travail, c'est en quelque sorte de simplement pousser un peu plus loin ce qui est votre travail au quotidien depuis tant et tant d'années. Et ce dont je vous remercie, ô combien, nous avons eu l'occasion de voir aussi plusieurs investisseurs ce midi avec Monsieur HERMELIN qui co-préside le comité conjoint et avec Pascal CAGNI pour Business France. Et nous continuerons d'avancer sur cette route. Vous l'avez compris, ces liens que vous faîtes vivre sont importants et ils le sont aussi pour notre jeunesse. En effet, je sais qu'il y a ici devant nous beaucoup, d'abord de nos volontaires, VIE, VIA, et tous les volontaires qui ont choisi une expérience professionnelle ou humaine en Inde, dans le domaine économique, mais aussi dans l'humanitaire ou dans l'administration. Je me félicite que ces programmes continuent à fonctionner et que, pour beaucoup de jeunes, ce soit une occasion de permettre à la France justement de faire et plus largement de servir des causes qui sont importantes. Je veux aussi ici féliciter le tissu associatif qui est extrêmement vivant. Je l'évoquais en creux en parlant de la période Covid, mais la solidarité ici que vous portez passe également par ce tissu associatif, à l'instar des promoteurs de la main tendue. Remarquable initiative associative française devenue un trust indien qui accompagne ici, à Delhi et dans sa région, des ONG indiennes au profit des enfants, des femmes, des plus défavorisés. Et j'ai pu voir hier plusieurs entrepreneurs qui avaient bâti leur propre fondation ici même et qui, avec une formidable exemplarité, montrent la capacité à nouer les liens et à tisser justement des liens entre la Communauté française et cette vitalité indienne au sein de laquelle vous vivez. 

Evidemment, cette force aussi passe par nos écoles. La scolarisation de vos enfants fait légitimement partie de nos préoccupations. Vous avez la chance d'avoir en Inde un réseau scolaire français qui permet aux élèves de suivre leur scolarité dans les meilleures conditions, de la maternelle au lycée. Et je veux remercier ce soir les familles, les associations de parents d'élèves, les fondations locales, les enseignants qui contribuent à l'excellence de notre enseignement en Inde. Nos établissements à Delhi, à Bombay, Pondichéry, Chennai jouent un rôle majeur. Je sais que certains ont souffert pendant la période de Covid. De nombreuses familles françaises ont quitté l'Inde, mais les effectifs augmentent à nouveau, grâce notamment à l'intérêt croissant que suscite notre modèle éducatif auprès des familles indiennes. Et c'est tout le sens de la réforme de l'AEFE que nous avons conduite il y a maintenant quelques années, qui est de continuer à promouvoir cette dynamique pour offrir à des familles, en l'occurrence indiennes et parfois d'ailleurs du monde entier, un modèle éducatif français et un enseignement en français. Et donc nous allons continuer d'être aux côtés de nos établissements. Vous pouvez compter sur moi. 

Enfin, pour conclure, mes chers compatriotes, étant ici parmi vous, je voulais simplement vous dire que les mois qui s'annoncent seront au cœur de nos ambitions. Le 31 décembre dernier, j'ai expliqué aux Françaises et aux Français que 2024 serait un millésime français puisque nous aurons les commémorations des 80 ans de notre libération au mois de juin, l'accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris à l'été, le Sommet international de la Francophonie à l'automne et la réouverture de Notre-Dame de Paris en décembre. Vous le voyez, autant de jalons qui vont nourrir pour partie aussi la relation bilatérale. Mais 2024 sera aussi l'année où Choose France, ce rendez-vous d'attractivité que nous avons bâti depuis un peu plus de 5 ans, mettra l'Inde au cœur de ce rendez-vous. C'est la première fois qu'un pays sera central pour ce rendez-vous de l'attractivité et donc nous inviterons de nombreuses entreprises et investisseurs indiens. Puis, 2025, le sommet des océans, la terre entière sera là, l'Inde sera au cœur de cette ambition. 2026, année de l'innovation où nous avons décidé d'en faire la matrice de la réinvention en quelque sorte, de la relation bilatérale dessinant le nouveau visage de notre partenariat, la culture, mais également la technologie, tous les secteurs d'avenir à travers lesquels nous devons réussir à marier nos ambitions communes et faire valoir des partenariats nouveaux et aussi les talents de nos jeunesses. 

Vous l'avez compris, les mois et les années qui viennent vont permettre à la relation bilatérale d'aller encore plus loin et encore plus fort. Voilà, mes chers compatriotes, quelques mots que je souhaitais partager avec vous presque à l'issue de ce voyage et en ce jour justement de fête nationale de Republic Day. Je veux vous dire combien le rôle qui est le vôtre ici est important. On veut souvent diviser le monde entre un Nord qui s'isole ou un monde occidental qui se rétrécit et un Sud que certains appellent global. Je n’ai jamais adopté cette grammaire, je n’y crois pas et ça n’adhère pas à l’histoire de la France. Nous sommes une puissance européenne, dotée d’un modèle d’armée complet, qui a une force de dissuasion nucléaire, une diplomatie indépendante, qui est fort d’une histoire, d’une culture qui rayonne à travers le monde, qui est le puissant d’une communauté linguistique qui représente plus de 350 millions de personnes à travers le monde, membre permanent du Conseil de sécurité. Nous avons tout à dire un pays comme l’Inde, puissance démocratique, démographique, économique et technologique qui va être au cœur de la réinvention du monde. Et ma conviction, c'est que plutôt que de plaider, en quelque sorte, des grandes divisions, cette nouvelle grammaire, nous avons à l'inventer ensemble. C'est celle d'un ordre multipolaire qu'il nous faut rebâtir. Nous le voyons bien, celui que nous connaissons, qui était le fruit de la Seconde Guerre mondiale, est en train de devenir caduc. Il est bloqué, de plus en plus de pays ne le reconnaissent plus. Nous n'arrivons plus totalement à le faire fonctionner. Nous avons donc un nouvel ordre multilatéral à bâtir. Il se fera avec des puissances émergentes, dont la démographie les met au cœur du concert des nations et qui partagent un certain nombre de nos valeurs. L'Inde est au premier rang de celle-ci. C'est donc avec l'Inde que nous aurons à bâtir les termes d'une nouvelle gouvernance internationale qui nous permettra de relever les grands défis du climat, de la paix, du dialogue entre les nations dans le siècle qui s'ouvre. C'est pourquoi votre présence ici, notre présence à tous, est extrêmement importante, pas simplement pour aujourd'hui, mais pour les années qui viennent. 

Mes chers compatriotes, voilà 65 ans, André Malraux, au terme de son premier voyage comme ministre de la Culture ici en Inde, venu apporter un message du général de Gaulle à Nehru, proclamait que « l'organisation de la Fraternité internationale », je le cite, « dans la civilisation qui commence nécessiterait la chance de l'Inde, une jeune terre d'espoir et une terre de grands rêves ». C'est toujours une terre de grands rêves. Oui. La France est aussi une terre de grands rêves. Moi, comme vous, je ne lis pas trop ce qu'on dit sur nous, ou ce qu'on voudrait nous faire croire. Nous sommes et nous restons un peuple qui a de grands rêves, qui a relevé tant et tant de défis et qu'il a fait parce qu'il sait toujours penser au-delà de ses propres frontières. C'est ça qui nous lie très profondément : Terre d'espoir, Terre de grands rêves. C'est fort de ces principes, et parce que ces mots sont encore plus actuels sans doute qu'ils ne l'étaient alors, que je veux profiter de ces derniers instants pour vous présenter tous mes vœux pour l'année qui vient parce que comme vous l'avez vu, nous avons beaucoup de travail à faire ensemble, beaucoup de travail à faire en Inde, beaucoup de travail à faire pour la France et beaucoup de travail à faire pour l'amitié entre nos deux pays. 
Tous mes vœux à toutes et à tous. Vive l'amitié entre l'Inde et la France ! Vive la République ! Et vive la France ! 

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