Chacun connaissait son allure et sa faconde, et des millions de Français, chaque année, ont guetté à la télévision la cérémonie d’élection des Miss France, qu’elle organisait et à laquelle elle avait consacré sa vie. Geneviève de Fontenay, disparue le 2 août à l’âge de 90 ans, était une figure de notre culture populaire et a durablement marqué le paysage audiovisuel français.

Si le concours de « Miss France », chaque année, révèle des personnalités issues de la France entière et transcende les conditions et les origines, s’il allie une forme de permanence des traditions et de modernité télévisuelle, et s’il rassemble les récits et les histoires de notre pays, ce fut le destin entier de Geneviève de Fontenay qui fut ainsi à l’image de l’évènement. Née le 30 août 1932 à Longwy en Lorraine dans une famille qui comptait dix enfants, celle qui s’appelait encore Geneviève Mullmann fut élevée par un père ingénieur et une mère au foyer. Elle voulut ensuite exaucer ses aspirations, et gagna Paris pour suivre des cours d’esthéticienne puis devint mannequin chez Balenciaga. A vingt ans, elle fit la connaissance de Louis Poirot, ancien journaliste, et organisateur, depuis 1946, du concours « Miss France ». Aux côtés de son compagnon, avec qui elle eut deux enfants, Ludovic et Xavier, Geneviève de Fontenay sillonna dès lors la France pour sélectionner, départager, préparer et mettre en vedette celles qui, comme elle, prisaient l’élégance et croyaient en leur bonne étoile. Pendant vingt-cinq ans, Louis Poirot et elle furent l’âme d’un concours, qui, de départements en départements, à l’échelle de milliers de nos villes, s’imposa comme une institution, à l’égal du « Tour de France ».

Cette institution devint même un véritable phénomène de société lorsqu’il fut pour la première fois diffusé à la télévision en décembre 1986. Regardé par toutes les générations, la soirée « Miss France » s’inscrivit dès lors dans les grands rendez-vous télévisuels des familles françaises. D’abord présenté par Guy Lux, puis à partir de 1996 par Jean-Pierre-Foucault, réunissant jusqu’à quatorze millions de téléspectateurs et figurant souvent comme l’audience la plus forte de l’année, le spectacle exposait à tout un pays ses territoires, de métropole et d’outremer, des parcours et une forme de savoir-faire français de la mode. Avec un mélange de paillettes et d’authenticité, immuable dans son cérémonial, il transcrivait aussi, à sa manière, les grandes transformations de la société. Le concours, enfin, fit émerger, des personnalités embrassant ensuite d’autres carrières, telles Mareva Galanter, Sophie Thalmann ou Sonia Rolland.

Devenue en 1981, au décès de Louis Poirot, figure de proue du comité Miss France, Geneviève de Fontenay veilla pendant des décennies avec une autorité incontestée sur les candidates et les lauréates, parcourant une France rurale et diverse qu’elle ne se lassait pas de mettre en lumière. Des « Miss France », elle était l’incarnation, reconnaissable à son franc-parler, son chapeau et son tailleur, qui firent aussi le succès de son personnage médiatique. Pourtant, elle choisit, en 2011, de se retirer de l’organisation du concours de Miss France, puis créa le prix Miss Prestige national, qu’elle dirigea pendant cinq ans.

Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’une femme dont l’engagement et la personnalité lui valaient l’affection de millions de nos compatriotes, changèrent des vies, firent la fierté et la joie de spectateurs, de villes, de régions. Ils adressent leurs condoléances émues à sa famille et à ses proches.

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