Le Président de la République a reçu Giorgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres d’Italie, le mardi 20 juin au Palais de l’Élysée.

Les deux dirigeants ont évoqué les relations bilatérales qui unissent la France et l’Italie, et notamment la mise en œuvre du Traité du Quirinal.
 

Ils ont également abordé les questions européennes, et profité de cet entretien pour préparer le Conseil européen qui se tiendra à Bruxelles les 29 et 30 juin prochains. Il a aussi été question du sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius, les 11 et 12 juillet.

Leurs échanges ont été l’occasion de réaffirmer leur soutien commun à l’Ukraine sur les volets militaire, humanitaire, économique, diplomatique et judiciaire.

Revoir la déclaration conjointe :

20 juin 2023 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président Emmanuel Macron.

Bonjour à toutes et à tous,
Madame la présidente du Conseil, 

Merci d’être avec nous à Paris aujourd’hui. Je tenais à te remercier pour cette visite et cette réunion de travail. Nous avons évidemment déjà eu plusieurs occasions de nous rencontrer depuis votre prise de fonction. L’échange de ce jour va nous permettre d'avancer sur beaucoup de sujets. Mais avant toute chose, je veux aussi réitérer les sincères condoléances de la France après la disparition de l'ancien président du Conseil, Silvio BERLUSCONI, qui, durant ces dernières décennies, a été à plusieurs reprises en fonction à la tête de votre pays et est décédé lundi dernier. 

Évidemment, nous allons d'abord échanger sur l'Ukraine, avant deux échéances importantes que sont le Conseil européen à venir et le sommet de Vilnius de l'OTAN, les 11 et 12 juillet. En tant qu'Européens et alliés, il est de notre responsabilité commune de continuer à faire front pour soutenir les Ukrainiennes et les Ukrainiens sur le plan économique, humanitaire, mais aussi militaire. Je veux vous remercier pour la très grande clarté de votre engagement, de votre soutien et de notre coopération en la matière. Nous devons continuer afin, en particulier, que la contre-offensive lancée il y a quelques jours puisse être la plus efficace possible. 

A très court terme, notre aide à l'Ukraine, bien évidemment, comme je le disais, est militaire, et nous pouvons nous féliciter de l'excellente coopération en la matière entre nos deux pays puisque le système sol-air franco-italien SAMP/T est désormais déployé et opérationnel en Ukraine. Comme je le soulignais hier, il s'agit d'une contribution importante à la défense anti-aérienne du pays qui permet de protéger les populations civiles, les installations clés contre les missiles russes. C'est le fruit de notre coopération. C'est un exemple très concret de ce que l'Italie et la France ensemble peuvent faire, ici, au service de l'Ukraine, et j'appelle de mes vœux que nous puissions poursuivre sur cette voie. 

Nous échangerons par ailleurs sur notre volonté commune d'une politique méditerranéenne plus ambitieuse, afin de renforcer les liens entre les deux rives en matière de culture, de climat, de biodiversité, d'énergie, mais aussi de politique migratoire et d'économie. Il y a beaucoup que nous pouvons, là aussi, faire ensemble. Cet échange nous permettra en particulier de revenir sur la situation de la Tunisie. J'ai eu l'occasion, ces dernières semaines, d'échanger à plusieurs reprises avec le président SAÏED après la visite que j'avais effectuée à Djerba, il y a quelques mois. Vous vous êtes-vous même rendue à deux reprises ces dernières semaines en Tunisie et je veux ici dire que nous avons une vision partagée de l'urgence de la situation et d’une volonté d’avoir un accord efficace en attendant les avancées avec le FMI. 

En amont du Conseil européen, notre entretien nous permettra également d’échanger sur les sujets à l’ordre du jour, qu’il s’agisse de défense européenne, de politique économique au niveau européen ou encore des enjeux liés aux migrations. En matière économique, nous avons souhaité, France comme Italie, que l’Union porte nos missions fortes en matière de politique industrielle, pour répondre à tous les enjeux de transition écologique, mais également de concurrence internationale. Nous avons beaucoup avancé ces derniers mois en Européens, nous y reviendrons, là aussi, ensemble. Mais notre volonté est très clairement que nous ayons une réponse la plus efficace possible pour permettre de localiser des capacités de production sur le sol européen et créer des emplois, tout en relevant le défi du climat. Nous avons poussé de manière très coordonnée cet agenda. Nous souhaitons aussi avoir une politique macroéconomique cohérente avec cet agenda et qui permette véritablement de faire face à cette nécessité de continuer à investir dans nos économies face à ces urgences. 

En matière migratoire ensuite, nous continuons de connaître des drames en Méditerranée. Il nous faut être en mesure d'organiser plus efficacement l'asile et l'immigration en Europe en étant fidèle à nos valeurs. Là aussi, je veux dire que la coordination et le bon travail entre nos deux pays doit se poursuivre. Nous voulons mieux travailler avec les pays d'origine et de transit pour éviter les flux entrants. C'est la politique que nous essayons de conduire depuis 6 ans, avec plusieurs réunions qui se sont tenues ici avec certains de vos prédécesseurs et d'autres collègues européens. Il faut maintenant la renforcer. C'est d'ailleurs tout le sens aussi de l'initiative tunisienne que j'évoquais à l'instant. 

Nous souhaitons renforcer le contrôle de nos frontières extérieures ; l'Italie en fait partie en tant que premier pays de première entrée. Et je redis ici qu'il n'y a pas de bonne politique migratoire en Europe, s’il n'y a pas une politique cohérente de protection de nos frontières communes. Et puis, il nous faut réussir à trouver le bon couple responsabilité, efficacité, solidarité, entre tous les pays. C’était le sens d'ailleurs du paquet qui avait été négocié sous présidence française et qui a pu donner lieu à un accord de nos ministres de l'Intérieur qui est un bon accord à nos yeux et que nous soutenons pleinement. C'est sur cette approche pragmatique que je souhaite continuer à avancer et je pense que l'Italie et la France peuvent continuer d'avancer utilement ensemble dans les prochaines semaines et les prochains mois et les prochaines années. 

Nous évoquerons aussi d'autres sujets comme l'accès européen à l'espace, la coopération en la matière et j’en passe. 

Alors que nous avons signé le traité du Quirinal qui scelle l'amitié et la coopération entre nos deux pays, il y a plus d'un an, et demi et nous en rappelions avec le président MATTARELLA il y a quelques jours à peine, dont il venait pour une magnifique exposition à la Capodimonte et le Louvre, nous le rappelons ici même les liens entre nos sociétés, nos économies, nos universités qui chaque jour démontrent que ce rapport si unique existe entre l’Italie et la France. 

Cette amitié qui m’importe en premier lieu, vous le savez, Madame la présidente du Conseil, celle qui permet de faire vivre parfois les controverses et des accords mais dans un cadre toujours respectueux parce qu’il s’inscrit dans une Histoire plus grande que nous, plus profonde, qui a nourri nos imaginaires, nos artistes, les aventures collectives. C'est bien le sens du traité du Quirinal et c'est bien aussi le sens du dialogue franc, ambitieux et exigeant que nous continuons d’avoir. 

Merci d'être à Paris aujourd'hui, chère Giorgia.

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