Le soir du 5 juin 1944, deux vers de Verlaine résonnèrent sur les ondes de la BBC : « Les sanglots longs des violons de l'automne, Blessent mon cœur d'une langueur monotone. » C’était là le coup d’envoi de la plus vaste opération interarmées de l'histoire, le signal guetté par les résistants français depuis les villes et les maquis, celui du lancement de l’opération Overlord par le général Eisenhower.

Le lendemain à l’aube, sur 35 kilomètres, la côte normande se couvrit de 10 000 navires, à bord desquels 130 000 hommes américains, canadiens, et britanniques, et parmi eux, les 177 Français du commando Kieffer. Fruit de mois entiers de préparation, de coordination, de diversion pour faire croire à une autre offensive dans le Nord, le débarquement de Normandie mettait les forces alliées aux prises avec les divisions du général Rommel. 

Le même jour, depuis les terres, la Résistance sabotait les chemins de fer, paralysait les routes, coupait des dizaines de lignes téléphoniques nazies, retardant l'organisation de leur riposte. L’armée de l’Ombre joignait ses forces à celle du plein jour.

Les Alliés débarquèrent sous le feu nourri des canons allemands. Plus de 3800 hommes y laissèrent la vie ; mais, selon les mots de Léon GAUTIER, le dernier des bérets verts du commando encore en vie aujourd’hui : « Nous avions décidé que nous ne rembarquions pas. » 
Ils tinrent parole. Au soir du 6 juin, les Alliés avaient établi une tête de pont sur la côte, nœud logistique et militaire par où put se déverser un flot de renforts, et à partir duquel notre pays fut progressivement libéré. 

Ce jour-là, ils ramenèrent la France à elle-même. Cette promesse de la grandeur de la France que le Mont-Saint-Michel dresse vers le ciel à quelques centaines de kilomètre de là, sur la même côte, fut relevée par des hommes qui se reconnaissaient dans les valeurs universelles du peuple qui l’avait édifié. En ce D-Day, ils contribuèrent, eux aussi, à construire ce que nous sommes aujourd’hui. Mettant leurs pas dans ceux des bâtisseurs de l’an mille, ils firent vivre cet héritage, qui, sans eux, aurait été vidé de son sens et de sa substance, et ajoutèrent à la chaîne des temps un maillon de plus. 

Au lendemain de la célébration du millénaire du Mont, en ce 79ᵉ anniversaire du Débarquement, le Président de la République s’incline devant leur héroïsme qui redonna à notre pays et à notre continent la dignité et la liberté dont ils avaient été dépouillés.

Le nouveau musée du débarquement d’Arromanches-les-Bains, agrandi et modernisé, portera leur souvenir. 

Dans la perspective des 80 ans du Débarquement en juin 2024, la création d’un Groupement d’Intérêt Public, la « Mission de la Libération », dirigé par l'ambassadeur Philippe ETIENNE, ouvert aux collectivités, permettra de fédérer les initiatives et l’organisation des célébrations locales, nationales et internationales. Sous l’autorité de la Première ministre, des travaux seront engagés pour choisir les lieux où commémorer ces combattants d’hier dont l’engagement résonne toujours dans les batailles que nous menons aujourd’hui.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers