Le Président de la République, accompagné de Madame Brigitte Macron, a présidé ce jeudi une cérémonie en hommage aux trois policiers tués en intervention dimanche 21 mai à Roubaix.

À l’École Nationale de Police de Roubaix, le Président Emmanuel Macron s’est entretenu avec les familles des victimes et leurs collègues.

Il a ensuite prononcé un discours en hommage aux trois policiers tués en intervention et leur a remis les insignes de la Légion d’honneur à titre posthume.


Plus largement, il a rappelé son respect et sa considération pour tous les serviteurs de l’État et salué leur engagement.


Revoir la cérémonie :

25 mai 2023 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE EN HOMMAGE AUX POLICIERS DECEDES EN INTERVENTION

Monsieur le ministre, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
Monsieur le président du Conseil régional des Hauts de France,  
Monsieur le président du Conseil départemental, 
Monsieur le préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord, 
Monsieur le Maire, 
Monsieur le président de la métropole, 
Monsieur le directeur général de la Police nationale, 
Monsieur le préfet de police, mon général, 
Madame la directrice de l'ENP de Roubaix, 
Mesdames et Messieurs les représentants de l'autorité judiciaire, 
Monsieur le contrôleur général, 
Monsieur le Commissaire général du commissariat central de Roubaix, 
Vous les chefs et les collègues de Paul, Steven et Manon, 
Vous leur famille, 
Mesdames et Messieurs. 

Devant la douleur de leurs familles, devant la peine de leurs collègues, devant le deuil des Français, il faudrait que le silence suffise. Mais parler d'eux devient nécessaire pour rendre hommage à leur destin, dire respect et affection à ceux qui servent et protègent et dénoncer les comportements irresponsables qui tuent. 

Ce 21 mai était un dimanche comme vous en connaissez tous, qui représentent pour beaucoup de Français la liberté d'un repos familial et amical et qui représentent pour d'autres le devoir de servir encore, de parer au malheur et au crime qui peuvent frapper chaque jour indistinctement. Les seconds, sentinelles des premiers. 

Ce dimanche matin, il était six heures au commissariat de Roubaix quand la nouvelle est tombée : il fallait emmener une jeune fille à l'hôpital Jeanne de Flandres pour un examen médical, pour déterminer si elle avait été agressée. Paul MEDEIROS, Steven GREBLAC et Manon RAUX] ont pris place dans le véhicule bleu et blanc de la police nationale aux côtés de cette adolescente qui avait besoin de soins et de réconfort. 

Ils s'engagent alors sur la rocade de Villeneuve-d'Ascq en direction de l'hôpital. A contre-sens, à tombeau ouvert, un véhicule qu'il ne pouvait ni voir ni prévoir ; au volant, un chauffard alcoolisé sous l'emprise de stupéfiants. C'est la collision. Dans le fracas des tôles froissées, Manon, Steven et Paul rendent leur dernier souffle. À 24 et 25 ans. Au cœur de l'exercice de leur métier, dans sa grandeur quotidienne. 

Comme tous ceux qui, à leur tâche, chaque jour, servent seulement les Français. Comme l'agent de sécurité routière décédé il y a trois jours près de La Rochelle, emporté par une voiture en plein service. Comme l'infirmière assassinée mardi à Reims au sein de son hôpital parce qu'elle portait la blouse blanche de sa vocation. Comme nos trois gendarmes tués à Ambert à l'hiver 2020. Comme trop de nos agents publics emportés ainsi dans l'exercice de leurs missions ces dernières années, à qui je rends ici aussi hommage. 

Notre France a le visage des femmes et des hommes de devoir qui la servent et nous protègent. Qui méritent respect et considération et dont le quotidien fait de dévouement n'est jamais exempt de risques. 

Paul MEDEIROS aimait cette terre du Nord où il était né. Il avait vu comme une chance d'avoir été affecté ici au commissariat de Roubaix, parce qu'ici, il se savait utile. S'attaquer à la délinquance sur la voie publique, retrouver les personnes qui devaient rendre des comptes à la justice, là étaient ses valeurs, celles de sa famille, modèle d'intégration républicaine. 

Dans la brigade J3, il avait rencontré « plus que des collègues », des amis fraternels. Une rencontre plus belle encore que les autres, sa compagne qui attend leur premier enfant. Chère Stecy, nous pensons à vous, à cet enfant qui va naître et qui sera pupille de la Nation. Son père a donné sa vie en exerçant sa mission de servir et de protéger, alors nous veillerons sur vous deux. 

Steven GREBLAC, lui aussi, servait la France avec la conviction ardente que chaque intervention peut changer les choses et sauver des vies. Il avait manifesté la même joie quand il avait été affecté à Roubaix, non loin de sa famille, à Denain, près d'Amandine. Ancien de l’EPIDE de Cambrai, il n'abandonnait jamais, s'investissait dans chaque interpellation avec la brigade de mandat et de recherche, allant jusqu'à escalader murs et gouttières pour rattraper un criminel condamné, pour qu'il purge sa peine, pour que justice soit faite, pour que l'ordre républicain règne. 

Pour fêter le premier anniversaire de son fils, Robin, dans quelques jours, son père ne sera pas là. Mais il y aura la grande famille de la police, parmi laquelle je vois comme un honneur d'être présent aujourd’hui, à vos côtés, parmi vous. Cette chaîne fraternelle toute sa vie lui rappellera quel héros discret était son père, teinté de pudeur et de dévouement. En mémoire de lui, Robin sera pupille de la Nation. 

C'est pour la France aussi que Manon RAUX avait choisi cette vie de service. Elle avait fait sien ce territoire de Roubaix, si proche de sa région du Douaisis. Manon rêvait de la police équestre. Elle avait le goût de la randonnée, de la nature, des animaux, des défis, des chevauchées. Mais sa grande aventure était la police, qu'elle avait choisie entre mille autres destins. Elle avait gagné l'estime de toute la brigade dans laquelle elle allait, à 24 ans, être titularisée dans quelques jours. 

Votre fille, votre sœur, votre compagne n'avait pas fait le choix de la facilité, du confort et des routes rectilignes. Elle avait fait le choix du cœur, la police qui protège, au service des plus vulnérables sur un terrain difficile. 

Manon, Steven et Paul étaient trois enfants de la République. Trois jeunes Français qui avaient décidé de servir la Nation et la République à Roubaix, pour y combattre la délinquance, les violences, les trafics. Ils avaient conscience, tous les trois, que les premiers à souffrir de l'insécurité sont les plus fragiles, ceux qui ne peuvent se défendre seuls. Que les premiers à pâtir des trafics de drogue sont les familles, les jeunes, qui choisissent l'argent facile et tombent en esclavage. Que les premières victimes de la violence sont toujours les enfants, les femmes battues, les plus vulnérables, comme cette jeune fille qu’ils accompagnaient vers l'hôpital, ce dimanche matin. 

Alors dans cette cour où, il y a quelques mois, aux côtés de votre ministre, je dessinais devant vous l'avenir de votre Police nationale, inspiré par vos travaux, pour lui donner des moyens et des ambitions nouvelles et réaffirmer nos exigences., je veux vous redire le respect et le soutien de la Nation toute entière. Et devant tous nos jeunes qui ont choisi de servir la République et ont rejoint l’école nationale de Police, je veux vous redire que vous n’avez pas simplement choisi une carrière, un métier, mais bien un engagement et cet engagement est digne et beau. 

Les policiers nationaux, les gendarmes, les policiers municipaux, les pompiers, les secouristes, les infirmiers, les médecins, les enseignants et tant d'autres ; tous ceux qui, dans l'humilité du service s'occupent de nos compatriotes et protègent, méritent respect et considération. 

Aujourd'hui, nous accompagnons trois familles dans la douleur, tant de collègues dans la peine ; les trois jeunes enfants de la République dans leur dernière demeure. Autour de vous, Steven, Paul, Manon les clameurs se sont tues. À la vue de vos trois cercueils n'existent que la sidération devant l'injustice et l'absurde. Demeure la douleur et le respect profond. 

Hommage à tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent pour en sauver tant d'autres. Pour prendre soin des autres et leur venir en aide à ce que leur mort nous donne en exemple. Puissions-nous y trouver la force de faire notre devoir chaque jour où que nous soyons, quelle que soit notre mission et notre quotidien, pour nous montrer dignes d’eux et de ce qu'ils défendaient. 

Gardien de la paix, Steven GREBLAC.
Gardien de la paix, Paul MEDEIROS. 
Gardienne de la paix Manon RAUX. 

Nous vous nommons capitaine de Police. Et au nom de la République française, je vous remets les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur. 

Vive la police nationale ! 
Vive la République ! 
Vive la France !

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers