Jeudi 19 janvier, le Président de la République s'est rendu en Espagne, à Barcelone, afin de participer aux côtés du Président du Gouvernement d’Espagne, Pedro Sánchez, au 27ème Sommet franco-espagnol.

À cette occasion, ils ont signé le premier Traité d’amitié entre la France et l’Espagne, appelé à structurer la très riche coopération que les deux pays entretiennent.

Ce Traité acte, pour chaque domaine, des objectifs européens et internationaux communs, leur déclinaison bilatérale ainsi qu'un cadre de suivi et de consultation.

Pour en apprendre davantage sur le Traité :

Revoir la conférence de presse conjointe :

19 janvier 2023 - Seul le prononcé fait foi

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DECLARATION DU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE A L’OCCASION DE LA CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE AVEC LE PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT D’ESPAGNE PEDRO SÁNCHEZ.

Merci beaucoup.

Monsieur le Président du gouvernement, cher Pedro, 
Mesdames et Messieurs les ministres, 
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, 
Mesdames et Messieurs. 

Monsieur le Président, mon cher ami, vous avez tout dit de ce qui est à la fois le contenu et l'esprit de ce traité que nous signons aujourd'hui et qui est une première. C'est le 27ᵉ sommet bilatéral franco-espagnol. Mais c'est en effet le premier traité de coopération et d'amitié que nous signons, ce qui peut paraître au fond comme une anomalie de notre histoire, tant il y a de vitalité entre, au fond, nos jeunesses, nos entrepreneurs, nos femmes et hommes de culture, nos scientifiques, nos responsables dans tous les secteurs et nous réparons ce faisant une forme d’anomalie. Nous le réparons en lui donnant du sens. Et au fond, le moment que nous vivons, je trouve l'illustre très bien. 

Nous nous retrouvons dans un lieu qui est un patrimoine historique, culturel et religieux de cette ville unique que vous avez réinvesti en musée d'art moderne. Et nous faisons ici de la grande politique puisque nous y signons ce traité. C'était, je crois, la métaphore parfaite de ce que nous sommes en train de faire. S'appuyant sur une histoire riche, plurielle comme un palimpseste, nous arrivons à inventer des solutions utiles pour nos compatriotes, pour aujourd'hui et pour demain. 

Cette décision, nous l'avons prise ensemble, vous l'avez rappelé, à Montauban. Vous nous aviez fait l'amitié de venir en sommet bilatéral le 15 mars 2021 et à Montauban, nous avions pris des décisions importantes. Je vois nos parlementaires qui sont là et qui le savent ô combien avec cette décision, en particulier pour la binationalité qui était tant attendue et qui est entrée en vigueur le 1ᵉʳ avril 2022. Avec aussi un hommage aux combattants de la liberté espagnole et aux centaines de milliers d'exilés républicains espagnols qui se sont installés en France et ont contribué, ainsi que leurs descendants, à la vitalité de notre pays. Et nous avions acté ce traité, ce traité de Barcelone, qui s'ancre dans ce contexte, cette histoire et ces liens d'amitié exceptionnels. 

En effet, entre nos peuples, il y a toujours eu une histoire très intriquée, presque en quinconce. Parce que si on regarde le temps long, la construction de l'État royal, l'expansion impériale, le moment républicain, nos histoires se sont toujours faites comme cela en regard, jamais totalement synchrones, l'une parfois étant en avance sur l'autre, et réciproquement. Mais cette histoire légèrement désynchronisée nous a toujours fait cheminer ensemble et a nourri, je dois le dire, une fascination réciproque pour les aventures, les combats, la culture et l’histoire que nous avons bâties. 

Entre les peuples français et espagnol, il y a aussi le lien entre les responsables politiques et des choix, des coopérations plus récentes qui ont été si importantes. Notre coopération a aussi été forgée, rappelons-le, autour de la lutte conjointe et victorieuse contre le terrorisme et en particulier l'organisation terroriste ETA, qui est un travail commun aujourd'hui réorienté vers la lutte contre les nouvelles filières de terrorisme et où cette coopération intime en termes de sécurité nourrit aussi notre partenariat. Elle figure d'ailleurs en bonne place dans notre traité. 

Maintes fois, nous avons pu constater la densité de notre dialogue politique qui couvre à peu près tous les volets de coopération entre nos deux pays. Et le Traité d'amitié et de coopération que nous venons de signer va permettre d'approfondir et de structurer beaucoup de ces chemins. Il a permis à nos ministres de travailler ensemble. Il permet évidemment de rénover notre cadre de coopération de défense. Le cadre existant datait de 1983. Il permet de bâtir des coopérations accélérées en matière d'interconnexion ferroviaire, électrique, gazière, hydrogène. Ces derniers mois ont été féconds en la matière puisque nous avons ensemble bâti BarMar, qui est une innovation importante et renforce la coopération économique. 

Le total de nos échanges a avoisiné 80 milliards d'euros l'an passé. Le commerce de l'Espagne avec la France équivaut à ses échanges avec l'ensemble du continent américain, Nord et Sud combinés et donc, nous sommes des partenaires essentiels l'un pour l'autre. Nos deux pays ont une forte présence de filiales d'entreprises de part et d'autre des Pyrénées, contribuant au développement de nos activités. Et donc, avec ce traité, nous allons nous appuyer sur des réunions régulières du forum d'affaires et renforcer des coopérations industrielles qui sont déjà fortes, mais que nous allons accélérer en matière d'hydrogène, de cloud, de microélectronique et bâtir là-aussi de nouveaux projets. Notre coopération dans la recherche et dans l'industrie, pleinement conforme d'ailleurs à l'agenda européen qui est le nôtre, sera aussi renforcée. 

En matière d'agriculture, vous l'avez également évoqué. Et puis, en matière également éducative, culturelle, universitaire et de recherche, là aussi, comme nous en sommes convenus lors du sommet de Montauban, nous voilà entrés dans une année de célébration conjointe du cinquantenaire de la mort de PICASSO, ce géant de l'art européen et international. Nous aurons l'occasion tous les deux ensembles de découvrir l'exposition PICASSO-KAHNWEILER tout à l'heure. Dans le cadre du traité d'amitié, nous allons renforcer, ce faisant, la coopération entre nos musées et entre les villes de France et d'Espagne sur les sujets culturels ou de résidence d'artistes qui sont ô combien importantes. Dans le domaine éducatif, nous allons encore plus loin pour renforcer les dispositifs éducatifs bilingues et biculturels franco-espagnols, des mécanismes de filière bilingue et de reconnaissance de nos baccalauréats et dans le domaine de la formation, la mise en réseau de campus de métiers, là aussi ô combien importante. 

En matière de sécurité, je le disais, la coopération est exemplaire. Nous allons la renforcer en bâtissant là aussi des coopérations nouvelles pour lutter contre l’ensemble des réseaux et des passeurs. Je serais trop long si je voulais être exhaustif sur l’ensemble de ce que nous couvrons. Mais au fond, nous allons renforcer massivement la relation bilatérale, la structurer, lui donner un cadre nouveau et lui permettre d'être encore plus efficace qu'elle ne l'est aujourd'hui. 

Ccelle-ci vient nourrir notre coopération au sein de l'Union européenne. 37 ans après l'adhésion de l'Espagne à la Communauté économique européenne, le constat qui s’impose, c’est celui d'une immense proximité de vues entre nous sur toutes les grandes orientations, la même conception d'une Europe sûre de ses valeurs de démocratie et d'Etat de droit ; celle d'une Europe plus souveraine, porteuse d'un agenda de puissance, mieux armée aussi, dans la concurrence acharnée qui est celle du monde d'aujourd'hui. Une Europe qui a su résister face à la pandémie, au choc de la guerre, à ses conséquences énergétiques et économiques. Et donc, cette communauté de vues, ce traité va aussi la renforcer et ceci intervient dans un contexte où, je dois le dire, ensemble, nous avons, avec l'agenda de Versailles, beaucoup consolidé cette approche commune de la souveraineté européenne, de l'autonomie stratégique européenne et six mois avant que l'Espagne ne préside notre Conseil de l'Union européenne. C'est pourquoi c'est aussi pour nous si important d'avoir ce moment de convergence et de consolidation. 

Et donc, nous allons aussi, par cette meilleure coopération, servir notre action commune sur les grands sujets. Vous l'avez rappelé, la guerre en Ukraine et l'agression russe face à laquelle nous avons décidé ensemble, de développer une politique d'aides à l'Ukraine dans tous les domaines, mais aussi une diplomatie préparant la paix et consciente de cette nécessité de bâtir des équilibres durables dans notre territoire. Coopération capacitaire sur le SCAF, par exemple, pour parler des avions de combat du futur, coopération opérationnelle comme nous l'avons eu, et je vous en remercie encore dans le Sahel et comme nous continuerons de la voir à travers la réorganisation de notre action sur le continent africain, mais également sur le plan maritime, qu'il s'agisse de la Méditerranée ou de l'Océan Indien. 

Bâtissons aussi une coopération exemplaire en matière énergétique, à court terme, pour continuer de protéger nos populations, nos industries, face aux chocs de l'énergie, pour consolider des politiques d'achats communs sur le plan gazier, pour bâtir également une réforme du marché électrique, vous l'avez rappelé, qui est ô combien importante pour préserver notre compétitivité à moyen long terme ; et puis faire converger nos politiques en matière d'hydrogène, diversification d'import, production sur notre sol d'un hydrogène bas carbone. C'est la même convergence de vues que nous voulons avoir dans le contexte économique qui est le nôtre, pour répondre aux défis posés à la fois par la guerre et ses conséquences, et par la politique dont il faut saluer les finalités, à la fois de compétitivité, de relance d'un agenda de verdissement de son économie, des États-Unis d'Amérique, mais qui n'est pas sans conséquence sur le nôtre. J'ai pu le dire il y a quelques semaines en allant à Washington, si l'Europe ne réagit pas, l'accélération du verdissement de l'économie américaine signifiera la désindustrialisation de notre continent. 

Et donc, nous partageons aussi cette volonté de bâtir une plus grande ambition européenne pour répondre à ce triple objectif : la transition climatique et énergétique, l’industrialisation de notre continent et son autonomie stratégique. Pour ce faire, il nous accélérer sur les économies vertes, avoir une vraie stratégie made in europe et réussir à bâtir une politique de simplification, d’investissement, massive avec des instruments très simples, très lisibles pour nos entreprises, utilisant à la fois des financements nationaux et européens, et permettant d’utiliser mieux et plus rapidement certain des financements que nous avons déjà décidé tout en ouvrant de nouveaux chantiers. C’est cette ambition que nous portons à travers ce traité et qui est je le crois au ô combien importante pour l'avenir de notre Europe. 

Voilà quelques-uns des axes sur lesquels je voulais insister, mais en m'inscrivant dans le droit fil de tout ce que vous avez dit Monsieur le Président, mon cher Pedro. Au fond, ce chemin franco-espagnol est un chemin d'amitié, d'affinités électives au service d'une histoire qui nous dépasse, de peuples qui le font vivre chaque jour, mais aussi au service d'une ambition européenne, celle d'un continent qui chérit la paix, la prospérité, le choix de justice sociale et de transition climatique qu'il a décidé. Et ces équilibres, ce sont ceux que nous portons. Et donc c'est aussi un choix éminemment politique et nous le faisons ensemble. 

Merci de nous accueillir aujourd'hui avec ton Gouvernement, à Barcelone, pour ce traité de Barcelone, dans ce lieu magnifique. Merci des échanges nourris que nous avons pu avoir et surtout merci collectivement de l'action pour le mettre en œuvre que nous mènerons dans les prochains mois et prochaines années entre nos deux pays mais aussi en Europe. Merci. 

À l'issue du Sommet franco-espagnol, le Président Emmanuel Macron s'est ensuite rendu au lycée français de Barcelone pour s'adresser à la communauté française résidant en Catalogne.

Réécouter le discours :

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DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN L’HONNEUR DE LA COMMUNAUTE FRANÇAISE DE CATALOGNE.

Heureux de vous retrouver. 

Mesdames et Messieurs les ministres, 
Monsieur l’ambassadeur, 
Monsieur le député des Français établis hors de France, 
Madame la Sénatrice des Français établis hors de France, 
Monsieur le député, 
Mesdames et Messieurs les conseillers de Français de l’étranger, 
Mesdames et Messieurs les consuls généraux, 
Mesdames et Messieurs les proviseurs et membres du réseaux éducatif Français en Espagne, 
Mesdames et Messieurs les consuls honoraires, 
Mesdames et Messieurs les présidentes et présidents d’associations, 
Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, conseiller du commerce extérieur, 
Chers compatriotes, merci d’être là. 

Je suis très heureux de vous retrouver dans cette ville qui, et je vais y revenir, vient d’accueillir notre 27ème sommet bilatéral, notre premier traité de coopération et d’amitié aussi surprenant que ça puisse paraître, mais qui surtout fait vivre la relation bilatérale par tant de liens humains que vous représentez. Artistes, intellectuels, entrepreneurs, entrepreneuses, lycéens, étudiants, enseignants dans tous les secteurs, les Françaises et les Français sont dans cette ville qui, je dois le dire, a toujours exercé une fascination certaine sur notre pays et des talents novateurs qui sont attirés autour de Barcelona Supercomputing Center ou le cluster FrenchTech, je le sais très vibrants ici, jusqu'aux Français qui ont en quelque sorte contribué au renouveau de cette ville. N'oubliez jamais les ancêtres de Gaudi avaient quitté leur Auvergne natale pour s'installer ici. 

Au fond, les 25 000 inscrits au registre consulaire et au moins le double de résidents puisque c'est toujours pareil, les 25 000, c'est les chiffres du consulat. Les chiffres des manifestants, c'est beaucoup plus. Et en l'espèce, la réalité c'est sans doute plutôt 50 000. Les rangs sont grossis régulièrement par l'arrivée de nouvelles familles de nomades numériques, sans compter les centaines de milliers de touristes qui viennent ici vous rejoindre. Et je veux donc vous saluer toutes et tous, saluer aussi tous les Français de la circonscription consulaire de Catalogne, d'Aragon, des Baléares et l'ensemble des Françaises et des Français vivant en Espagne. 

Cette communauté humaine, d'abord, elle était très en avance sur nos liens politiques et c'est aussi pour ça que nous avons fait ce traité parce qu'au fond, ce que vous faites vivre à travers la relation, si je puis dire, quotidienne depuis tant et tant d'années, est beaucoup plus en avance que ne l'était la structuration de la relation politique. C'est une communauté solidaire, engagée dans la vie de la cité et je veux ici vous féliciter notamment pour l'opération de distribution des plateaux repas aux personnes isolées que vous avez organisé pendant les confinements liés à la pandémie. 

C'est une communauté bouillonnante de culture. Notre institut français plus que centenaire, fut un bastion de la liberté pendant le franquisme, fait prospérer les initiatives comme les festivals de cinéma et de théâtre francophone avec aussi nos associations de Français de l’étranger. Nous avons eu une parenthèse enchantée, merci encore monsieur le directeur, un instant aux côtés de Picasso et Kahnweiler et c’était un formidable hommage aussi à ce que cette culture croisée signifie ici. 

Vous êtes aussi le fer de lance de nos liens économiques avec la Catalogne, notre premier partenaire commercial parmi les régions espagnoles avec qui nous concluons plus d’un quart des échanges commerciaux entre nos deux pays et je veux ici saluer les représentants de cette importante communauté d’affaires qui sont parmi nous aujourd’hui : grands groupes industriels dans les secteurs de la chimie, la pharmacie, de l'automobile, des services. Nombreux travailleurs indépendants, start-ups ou encore des volontaires internationaux en entreprises qui représentent à eux seuls la moitié du contingent présent en Espagne. La France possède le plus grand nombre d'entreprises étrangères en Catalogne, devant l'Allemagne même, sans compter les multiples entreprises créées par les Français résidents. Et rappelons qu'à l'inverse, nous avons certains de nos fleurons qui ont été créés ici. Danone pour n'en citer qu'un, créé par l'entrepreneur espagnol Isaac CARASSO et qui, là aussi, vient sceller ce lien. Je l'évoquais tout à l'heure rapidement mais notre FrenchTech qui a, ici, une communauté extrêmement active, marque aussi et scelle ce lien entre Barcelone et la France et évidemment rendant encore plus fort le lien entre nos deux pays. 

De part et d'autre des Pyrénées, ces liens ont également prouvé leur vigueur dans le domaine de la santé. L'Hôpital de Cerdagne est le prototype encore unique d'un type de coopération transfrontalière européenne, riche de promesses parce qu'il permet précisément de développer des infrastructures de qualité dans des zones de population moins denses, ce qui montre, là aussi, un chemin concret pour l'Europe. 

Et puis enfin, parce que Barcelone est une grande ville universitaire et scientifique, je tenais à saluer nos étudiants français qui représentent parfois jusqu'à 70 % de certaines promos en kinésithérapie ou en dentaire et tous nos lycéens. Certains d'entre eux ont passé leur bac en France, d'autres sont issus de ce réseau des écoles françaises qui est l'un des grands atouts de notre rayonnement culturel, linguistique et qui compte non moins de cinq éléments en Catalogne, dont l'école Lesseps, héritière de l'école fondée par Ferdinand de Lesseps quand il était consul général à Barcelone, ainsi que le lycée français de Barcelone, qui fêtera en 2024 son centenaire avec ses 3 000 élèves et que je remercie très chaudement de son accueil. Monsieur le proviseur et toute l'équipe. Merci infiniment. Les deux tiers des bachibacs se passent en Catalogne, qui est également au sommet du podium espagnol pour le nombre de certifications de langue française, confirmant son rôle de vivier de la francophonie. C'est l'une des choses très concrètes que nous avons justement renforcée. 

Alors si je suis devant vous aujourd'hui et que je tenais à vous saluer en rendant hommage à la force et la vitalité de cette communauté française qu'ici vous représentez, c'est, comme je vous le disais, avant toute chose, parce que nous avons tenu ce 27ᵉ Sommet bilatéral et que nous avons signé ce premier traité de coopération et d'amitié. Nous l’avons décidé le 15 mars 2021 à Montauban lors du précédent sommet. 

Et à Montauban, nous avions décidé aussi quelque chose qui, je le sais, était attendu par beaucoup d’entre vous, relayé par vos parlementaires : l’accord facilitant la double nationalité franco-espagnole. Il a été signé à Montauban, il est le symbole par excellence de la force de nos liens humains, il est entré en vigueur le 1er avril 2022 à l’issue de nos ratifications respectives et il est venu simplifier pour beaucoup de binationaux les règles, la manière justement de vivre cette identité partagée, ce qui nous empêche pas de continuer à œuvrer pour améliorer les choses et je sais qu’il y a beaucoup de simplifications qui sont attendues sur les prolongations de titre et des choses très concrètes pour votre vie quotidienne sur lesquelles nous continuons de nous battre, et nous avons eu à cet égard une très bonne discussion qui me rend optimiste pour les semaines et les mois qui viennent. 

A Montauban, nous avions décidé donc de ce traité, je veux remercier les ministres, l’ensemble des équipes et conseillers qui ont œuvré et qui nous ont permis d’aboutir aujourd’hui. Et ce traité, au fond, vient renouveler, renforcer, solidifier notre lien bilatéral dans à peu près tous les domaines dans lesquels vous travaillez. Il rénove notre coopération de défense, le cadre existant datait de 1983. Il porte aussi sur les sections internationales espagnoles en France et dans les établissements de l'enseignement français à l'étranger, avec la consolidation du modèle et de la force que j’évoquais à l'instant. Il porte des avancées substantielles en termes de coopération culturelle, au-delà de cette année Picasso que nous avons décidé et qui, en septembre dernier, a été ouverte par la ministre avec son homologue. Il acte un renforcement des coopérations éducatives, universitaires, renforcement de nos coopérations en matière agricole, sur le plan de la souveraineté, renforcement de nos coopérations en termes de connexion ferroviaire, électrique, d'hydrogène vert, et puis sur de nombreuses innovations qui vont nous permettre de réussir ensemble la construction du modèle de demain, celui d'une transition énergétique et environnementale qui va permettre de continuer à créer des emplois. Là aussi, nous avons décidé de renforcer très nettement nos coopérations et de bâtir et de structurer la relation économique autour d'un forum économique et d'affaires qui aura un rôle beaucoup plus structuré et régulier. Sur les questions de programmes militaires, au-delà du SCAF où l'Espagne est étroitement associée pour cet avion futur de combat, là aussi nous avons développé des programmes capacitaires ensemble, et sur les grands sujets du moment une concertation étroite, une méthode nouvelle. 

Cette méthode franco-espagnole, avec des consultations politiques régulières, l'association de part et d'autre de ministre, et notre ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a veillé à ce point et je l'en remercie, pour justement créer une concertation, eh bien, va permettre d'élaborer cette méthode de manière durable et de faire que l'Espagne devient le troisième pays avec lequel la France a signé un traité d'amitié comparable en Europe. 

Dimanche, nous fêterons les 60 ans du traité de l'Élysée. Longtemps, l'Allemagne fut le seul pays avec lequel nous avions ce type de relation, cette forme de lien, ces formats réguliers, ces échanges de ministres. J’ai décidé il y a quelques années de le faire avec l’Italie, c’est le Traité du Quirinal, que nous avons signé pendant la période de Covid. Le troisième pays avec lequel nous élaborons cette même stratégie est l’Espagne. Et je crois que c’est le signe d’abord de ce que vous représentez et de la vitalité de la réalité de nos liens humains et dans tous les domaines, mais aussi c’est la trace de l’importance de ce lien pour la construction européenne à un moment absolument essentiel de cette aventure. Parce que nous signons en effet ce traité. Nous tenons ce sommet six mois avant que l'Espagne ne prenne la présidence du Conseil de l'Union européenne. Elle aura, on le sait, à prendre des décisions fortes comme la France l'a fait il y a un an et a cheminé pour faire avancer nombre de nos projets que nous avons en commun sur tous les domaines que je viens d'évoquer. C'est aussi pourquoi ce sommet, cet accord nous permet de consolider sur beaucoup de sujets une méthode commune. 

Je crois que nous avons ensemble cette volonté de soutenir l'Ukraine face à l'agression russe dans la période que nous connaissons sans relâche, avec clarté et force, de tenir les sanctions, mais aussi de trouver un chemin pour bâtir une paix juste et durable au moment et dans les conditions que les Ukrainiens auront choisies. Mais en considérant aussi que c'est aux Européens d'être là et de savoir mener, si je puis dire, ce chemin vers la paix. Nous avons décidé ensemble de bâtir une réponse coordonnée sur les questions énergétiques, la réforme du marché de l'électricité essentielle pour faire baisser le prix de l'électricité de manière durable dans nos pays. L'hydrogène bas carbone, qui tient compte des choix qui ne sont pas forcément les mêmes de part et d'autre des Pyrénées, tout renouvelable ou renouvelable et nucléaire de notre côté, et qui va nous permettre de sortir de la dépendance aux énergies fossiles et de bâtir plus d'autonomie stratégique. Et donc, une volonté ensemble de préparer l'avenir en continuant à créer des emplois. 

Volonté commune aussi de répondre aux défis géopolitiques qui nous est posé par le choix américain de l'Inflation Reduction Act, qui va créer un vrai choc, et si l'Europe ne réagit pas dans les prochaines semaines, pourrait conduire à une désindustrialisation de notre continent. Et là aussi, en franco-espagnol, nous allons porter une voix forte, réagir vite avec de l'ambition, investir, simplifier pour convaincre nos industriels que sur le sol européen, les innovations, les solutions industrielles de demain peuvent se bâtir. Parce que le défi de notre continent, et ça, nous en sommes convaincus l'un et l'autre, et de continuer à innover, à réindustrialiser, à créer des emplois, en portant la transition écologique et en répondant aux défis climatiques et de la biodiversité. 

Mais comme diraient certains, en faisant en même temps, et en ne choisissant pas en quelque sorte de troquer l'un pour l'autre, parce que c'est le seul moyen de pouvoir financer durablement le modèle social européen et en particulier le modèle social ambitieux que nous avons, et en Espagne et en France. Et nul ne sait financer durablement un modèle social et bâtir son indépendance sans créer de richesse. Et nul ne saurait créer de richesse dans le siècle qui s'ouvre en continuant de polluer ou de dégrader la situation de notre planète. Et donc c'est ce triptyque que nous allons poursuivre par cette coopération, et que nous allons porter au niveau européen. Ensemble, nous voulons bâtir cette autonomie stratégique qui nous permet de relever ces défis. 

Et puis enfin, l'Espagne et la France portent le même attachement aux valeurs démocratiques et à l'Etat de droit. Et dans une Europe qui, parfois tâtonne, hésite, où la confusion des esprits peut créer des systèmes d'équivalence inattendus, je crois qu'avec fermeté, notre rôle est de rappeler ce que nous sommes, d'où nous venons et ce pourquoi nous combattons. Ce n'est jamais un acquis, la démocratie ou l'Etat de droit. Et quand on s'habitue à ces valeurs, à ce qui en découle et au fond, aux équilibres de nos vies, dans des sociétés démocratiques, on les laisse être fragilisées par d'autres. Et je crois que la vocation de nos deux pays, ce que nous défendons, c'est aussi de rappeler l'importance de ces combats. 

Alors ici comme dans le reste du monde, pour servir cette cause, à la fois bilatérale, européenne, je veux remercier l'ensemble des équipes de l'ambassade, Monsieur l'ambassadeur et du Consulat général de France qui est au service de la Communauté française, et vous dire que nous continuerons les efforts à vos côtés. Un effort de proximité par le renforcement de notre réseau consulaire avec, pour la première fois depuis 20 ans, une augmentation des moyens humains pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, l'amélioration des procédures, notamment par la dématérialisation, par l'augmentation du nombre de pièces d'identité établies pour simplifier la vie de nos compatriotes à l'étranger et le déploiement de France consulaire y participera ; solidarité avec une attention particulière apportée à l'accompagnement des associations de Français de l'étranger, aux investissements sociaux, aux demandes de bourses scolaires qui ont été au nombre de 450 ici cette année, et influence qui passe évidemment par vous, par nos élus, nos conseillers du commerce extérieur, mais aussi par l'école, les écoles, avec l'objectif ambitieux et je remercie nos ministres de le porter, du doublement des élèves dans les établissements d’enseignement français dans le monde pour atteindre 700 000 élèves d’ici à 2030. Et je fais l’engagement de nos parlementaires sur cet objectif et la poursuite de nos réformes mais aussi de l’accompagnement, de l’amélioration des conditions de travail et de notre capacité à faire ainsi avancer le rayonnement de la France. 

C’est en effet pour nous un moyen de diffuser nos valeurs, notre langue, notre culture, notre force. Et donc, je veux vous remercier de porter une part de ces ambitions ici. Je veux remercier évidemment l'ensemble du personnel de l'ambassade et de nos consulats, ici même, Monsieur L'ambassadeur, pour tout ce travail, mais vous remercier chacune et chacun qui êtes des ambassadeurs à votre niveau et à portée d'âme et de contact. Parce que chacune et chacun, vous défendez des bouts de France, une représentation de la France, notre histoire et l'image qui est la nôtre ici. Et c'est une chose éminemment importante à mes yeux. Et donc merci de faire vivre, mais au-delà de ça, de continuer à faire avancer l'amitié entre nos deux pays, les valeurs et l'histoire, la culture qui la sous-tend et l'ambition que nous portons pour l'amitié entre l'Espagne et la France et pour notre Europe. Merci à toutes et tous. 

Vive l'amitié entre l'Espagne et la France ! 
Vive la République et vive la France !

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