Il avait montré que le cœur de la Vendée pouvait aussi battre à gauche : Jacques Auxiette, ancien maire de La Roche-sur-Yon, conseiller général de Vendée et président régional des Pays de la Loire, nous a quittés à 81 ans. 

Son premier combat fut éducatif. En tant que professeur de mathématiques puis proviseur de lycée, ce hussard noir du XXe siècle mit toute son énergie à faire vivre l’égalité des chances, notamment à travers la gratuité des livres scolaires, qu’il fut l’un des premiers à instaurer, et par son engagement dans les syndicats d’enseignants. A ceux qui trébuchaient sur le sentier de l’école, il savait prodiguer un regard de confiance, des paroles de soutien, une poignée de main fraternelle qui les remettaient en selle et leur donnaient l’énergie de continuer. 

Les convictions qui animaient son quotidien professionnel nourrissaient aussi ses combats militants : entré au PSU en 1970, il adhéra au PS en 1973 et devint secrétaire de la section de La Roche-sur-Yon. Cette responsabilité le plaça en première ligne du camp socialiste pour les élections municipales yonnaises de 1977. Inlassable défenseur du rassemblement des forces de gauche, il avait développé des méthodes, un charisme, une compréhension intime des enjeux du terrain, qui lui permettaient de dépasser les clivages traditionnels et de remporter le siège de maire, prouesse notable dans ce qu’on surnommait dans les années 70 le « département le plus à droite de France ». L’oreille attentive à tous, il cultivait dans sa ville une proximité de tous les instants. Il y fut, durant 27 ans, un maire batisseur et bienveillant, le promotteur d’une ambition culturelle, urbanistique, solidaire, humaine. 
Trente ans durant, il fit souffler un vent nouveau dans toutes les enceintes de la politique vendéenne : de 1979 à 1985, il fut conseiller général du canton nord de La Roche-sur-Yon, poste qu’il quitta en 1986 pour devenir premier secrétaire fédéral de Vendée pendant quatre ans, tout en siégeant au conseil régional des Pays de la Loire à partir de 1979. 

Jacques Auxiette était un homme d’attachement et de fidélités. À sa ville de La Roche-sur-Yon d’abord, au point qu’en 2004, quand son élection à la présidence de la Région face à François Fillon l’obligea à rendre son écharpe de maire, il choisit de rester conseiller municipal, car c’était dans ses racines communales qu’il puisait la sève de son projet régional. À sa région des Pays-de-la Loire ensuite, dont il défendit ardemment le tracé, s’opposant haut et fort au rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne. Le redécoupage de la France devait faire primer à ses yeux le pragmatique sur l’historique ; aussi plaidait-il pour la création d'un Grand Ouest fondé non sur des considérations d’identité mais sur des problématiques d'efficacité. Grand aménageur du territoire, partisan d’un équilibre, il sut doter sa région d’infrastructures et de pôles de rayonnement à toutes les échelles, de l’école Albert Camus de Coulaines à l’Institut Supérieur du Tourisme des Sables-d’Olonne, de l’Abbaye de Fontevrault aux musées du Mans.   

Et parce que son sens de l’État ne se bornait pas à ses terres de l’Ouest, il trouvait encore le temps de s’engager dans des institutions nationales, comme administrateur de l’ENA dans les années 80 ou comme président du Groupement des autorités responsables de transport (GART) dans les années 90.

Le Président salue le parcours d’un élu régional d’envergure nationale, qui consacra sa vie au service de son territoire et de l’intérêt général. Il adresse à ses proches, aux Yonnais, aux habitants des Pays de la Loire, ses condoléances émues.
 

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