Fait partie du dossier : France 2030

Au cœur des transformations industrielles et écologiques engagées dans notre pays, une ambition forte : faire de la France le leader de l’hydrogène vert.

À Béziers, le Président Emmanuel Macron a rencontré les équipes d’une entreprise qui avance dans cette voie, Genvia et qui incarne l’ambition du plan France 2030.

Présenté par le Président de la République, le 12 octobre dernier, le plan d’investissement France 2030 doit en effet permettre d’accompagner les transitions dans nos secteurs d’excellence. Dans ce cadre, la France a mis en place une stratégie pour l’hydrogène décarboné dotée de 7 milliards d’euros que France 2030 doit permettre d’accélérer en y ajoutant près de 2 milliards d’euros.


(Re)voir l’intervention du Président de la République devant les équipes de Genvia :

16 novembre 2021 - Seul le prononcé fait foi

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Devenir le leader de l'hydrogène vert, voilà notre objectif avec France 2030 !

Merci beaucoup. Je suis très heureux et ému d’être parmi vous aujourd’hui, avec Mesdames les ministres. Je voudrais remercier Monsieur le maire, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Mesdames, Messieurs les élus de nous accueillir, et puis, vous remercier de nous accueillir ici parmi vous.

Moi, j’avais juste quelques mots, quelques convictions à échanger en venant vous voir aujourd’hui. Parce que c’est à la fois le mariage formidable d’une histoire industrielle française, et de l’avenir, de ce fameux projet France 2030, qu’on porte tous et toutes, et qui, pour moi, tourne autour de l’hydrogène, dont on va parler, mais de toutes les valeurs et de tout ce que vous représentez.

La première chose sur laquelle je voulais insister c’est l’esprit de résistance. Je sais que beaucoup d’entre vous êtes passés ces dernières années à travers des périodes qui ont été terriblement difficiles : d’inquiétudes, d’angoisses, pour certains peut-être de licenciements ou de peur d’être licencié. Et vous avez tenu. On est en train de sortir - nos masques montrent qu'on n'en est pas totalement sortis - d'une épidémie qui aurait pu à nouveau, on en parlait, mettre l'entreprise à terre. À chaque fois, vous avez tenu, nous avons tenu. Cet esprit de résistance, on ne doit pas s'en départir parce que même sur les combats à venir, on en aura besoin. Il est le fruit d'un état d'esprit, ici dans une ville, un territoire qui porte l'industrie dans ses gènes, dans son histoire, dans sa vocation. On est là parce que vous avez résisté à des chocs depuis des décennies multiples qui ont parfois frappé votre entreprise. C'est vrai, on l'évoquait, que le choc de 2015-2016 a été très dur, a détruit beaucoup d'emplois, et vous avez résisté. Nous avons résisté pendant cette crise avec le chômage partiel, l'activité partielle de longue durée, des mécanismes qui ont été mis en place, qui ont permis - je le redis ici, parce qu'on ne construit pas l'avenir si on ne sait pas résister quand les temps sont durs - qui ont évité de licencier, qui ont permis de garder les femmes et les hommes dans les usines et qui ont permis, et ça a été des choix collectifs et c'est le fruit de votre dialogue social, de maintenir les salaires parce que la collectivité permettait de s'engager à maintenir les emplois. Je le redis parce qu’on ne peut pas regarder l'avenir si on n'est pas capable de résister aux coups durs. Vous avez résisté aux coups durs et je pense que la Nation française a montré, dans la période que nous venons de traverser, que nous sommes en train de traverser, qu'on savait garder cet esprit de résistance. C'est la base de tout. Parce que c'est ce qui a permis de garder vos savoir-faire, c'est ce qui a permis de garder les compétences et les trésors qu'il y a dans notre industrie, qui sont les femmes et les hommes, et ce que vous savez faire. Ce n'est pas la peine de chercher à construire 2030-2040 si on a oublié ou perdu ces compétences-là.

La deuxième chose, le deuxième message que je voulais passer est au sujet de l'industrie. Le site où vous m’accueillez le montre et le dit à lui seul : la France de 2030, elle sera industrielle. Elle sera industrielle parce que nous avons besoin et nous continuerons à avoir besoin de produire. Je pense que quand on a imaginé qu'on pouvait avoir un pays où on ne produirait plus, on s'est trompé. Parce que produire, c'est ce qui permet de moins dépendre des autres, en tout cas de chercher les gens avec qui on a envie de faire des choses, mais de ne pas dépendre en totalité d'eux. C'est ce qui permet de continuer à créer des emplois, c'est ce qui permet de créer des emplois qualifiés, des emplois qu'on paye mieux que certains autres. Et c'est permettre aussi de tirer les services qui vont avec l'industrie. S’il n’y a plus d'industries, les services seuls ne fonctionnent pas. L'avenir français est industriel. Je veux le dire ici aussi parce que c'est un message qu'il faut marteler pour les jeunes générations, pour continuer à attirer aujourd'hui et à attirer demain. Ce que vous avez fait ici, ce qu'on a vu à l’instant, à travers le Flexible manufacturing system que vous m'avez montré, c'est au coeur de ce projet industriel que nous portons, et que, justement, la Nation française veut développer. Vous m'avez peut-être entendu parler quand j'ai parlé de France 2030, d'un grand projet qu'on a commencé en sortie de crise de robotisation. Vous me l'avez d'ailleurs dit vous-même, l'un et l'autre, il y a 20 ans-25 ans, on n'a pas tellement voulu robotiser dans notre pays. On a beaucoup moins robotisé que les Italiens ou que les Allemands. Le résultat est qu'on a beaucoup plus délocalisé parce qu'on n'a pas réussi à résister aux pays à très bas coûts de main-d'oeuvre. Nous sommes en train aujourd'hui d'accélérer à marche forcée la robotisation et la numérisation, mais parce qu'elle a un impact sur l'industrie qui est massif. Le premier, plusieurs d'entre vous me l'ont décrit, ça change la vie des opérateurs parce que c'est moins pénible, c'est moins difficile, parce que les tâches sont moins traumatisantes, parce qu'il y a moins d'accidents, et en quelque sorte, on est mieux au travail quand c’est robotisé. La deuxième chose, c'est que ça permet de mieux payer celles et ceux qui sont ainsi formés, on monte tout le monde en compétences. Et la troisième chose, il ne faut pas se tromper, c'est que ça permet de relocaliser maintenant. Ça n'enlève pas les pièces les plus compliquées qu'on avait gardées chez nous et qui continuent à être usinées avec des procédures qui sont très difficiles à robotiser ; ça permet de faire revenir de la production qui était très loin. Donc, oui, nous avons un avenir industriel qui passe par la robotisation qui est plus numérique, où il y a du bien-être au travail et qui change totalement le visage de l'industrie, où les rémunérations augmentent, et où on met fin à une histoire qui était déprimante et qu'on a tous entendue depuis des décennies, qui était cette histoire permanente des délocalisations où, forcément, on allait toujours se faire tailler des croupières par les pays à bas coûts. Ça n'est plus vrai grâce à cela. La robotisation et la numérisation, c'est ce qui va nous permettre de construire l'industrie du futur dans notre pays, une industrie où on travaille mieux, où le bilan carbone est amélioré, et où on redevient compétitif avec nos compétences. Je veux vraiment que vous en soyez convaincus autant que je le suis, parce que vous en avez fait ici la démonstration en faisant de Béziers le site d'excellence de tout le groupe et en réussissant maintenant à conquérir des parts de marché. Oui, la France de 2030 est une France industrielle parce qu'on va continuer massivement d'investir comme on l'a déjà fait avec le plan de relance en sortie de crise, mais beaucoup plus dans la robotisation, la numérisation de notre industrie.

Maintenant, là où j'ai besoin de vous, c'est qu'il faut continuer à garder les compétences et à former de plus en plus de jeunes. Et donc, c'est très important qu'on envoie collectivement ce message de confiance dans notre industrie, parce qu'on a besoin que les parents le comprennent et que les parents que vous êtes ou que vous serez, puissent se dire : « Mes enfants ont un avenir dans l'industrie ». Ils ont un avenir ici à Béziers, ils ont un avenir dans toutes les communes où il y a des sites industriels, précisément parce que dans 20 ans, 30 ans, on a su construire un nouveau modèle où on va continuer de produire ou produire un nouveau dans notre pays, des pièces pour notre industrie et l’industrie du monde entier. Ce n'est pas un rêve fou, c'est la réalité et vous l'avez montré ces dernières années.

Et puis, le troisième message que je voulais partager avec vous, qui est au coeur de votre projet de diversification - et là, je passe, si je puis dire, de Cameron Schlumberger à Genvia - c'est l'énergie, l'hydrogène. Alors, vous toutes et tous, depuis des années, avez toujours été entre l'industrie et le pétrole et le gaz, donc vous connaissez ce lien entre l'industrie et l'énergie. Ce lien va continuer parce qu'on ne fera de toute façon pas tourner nos pays sans énergie et sans produire. Sans produire, pour se déplacer, pour faire tourner nos usines, pour vivre. L'un des paris que toutes les grandes nations font, c'est celui de l'hydrogène. Parce que c'est ce qui va nous permettre justement de réduire nos émissions, c'est ce qui va nous permettre d'optimiser nos consommations, c'est ce qui va nous permettre de complètement transformer nos modèles avec justement, des nouvelles pratiques. Et là, c'est un continent nouveau qu'il y a devant nous. Et je veux saluer cet esprit à la fois de résistance que j'évoquais et cet esprit d'innovation qui va avec les industriels que vous êtes, qui avaient su bâtir ce partenariat avec le CEA et le Liten, le grand laboratoire du CEA, avec aussi plusieurs partenaires, Vicat, Vinci, la région pour justement créer Genvia qui est au coeur de ceux dans quoi nous croyons et qui est aussi un des projets de France 2030, l'hydrogène. Pourquoi est-ce que je crois autant à ce projet ? Je pense que vous avez ici une pépite d'avenir. D'abord parce qu'avec l'hydrogène, vous aurez la possibilité d'assurer nos déplacements, de produire, d'avoir de l'énergie à bas carbone et donc, de réconcilier l'aventure industrielle, la croissance économique avec la décarbonation de nos économies et la bataille pour le climat. Le fameux en même temps est possible grâce à ces innovations. Et donc, ce n'est pas moins consommer, ce n'est pas renoncer à des activités, ce n'est pas supprimer des choses. Non, c'est par l'innovation, réussir à concilier les deux.

La deuxième chose, c’est parce que grâce à ce que nous sommes, nous, Français, au fait que nous avons un nucléaire solide, installé, une base déjà qui produit de l'électricité très décarbonée. Nous pouvons produire de l'hydrogène sur notre sol beaucoup plus massivement que beaucoup d'autres. Là où les autres vont aller les chercher. Et donc, on a un avantage compétitif en tant que producteur d'hydrogène, qu’il y ait un formidable continent devant nous. Et Genvia a d'ailleurs aussi travaillé avec toute l'industrie, justement du nucléaire, sur certains sujets d'innovation à cet égard.

Et puis, le troisième point qui est clé, c'est que c'est un instrument de souveraineté. Vous le voyez tous en ce moment en payant la facture de gaz, un peu d'électricité compte tenu des formules de prix européens, quand on dépend des autres, on dépend des marchés mondiaux. Le nucléaire, fait qu'on dépend beaucoup moins que certains autres pays européens. Si nous nous mettons en situation d'être des grands producteurs d'hydrogène, de savoir les produire, d'avoir les process industriels et d'aller au bout de cette aventure, on construit aussi notre souveraineté énergétique, c'est-à-dire notre capacité pour nous-mêmes et pour nos enfants, à ne pas avoir des prix qui varieront tout le temps, à ne pas être dépendant d'une crise mondiale à tel ou tel endroit, d'une crispation géopolitique ou autre. Et donc, si nous savons être des leaders de la production de l'hydrogène de demain, alors nous construirons aussi la souveraineté énergétique de la France. La bataille pour l'hydrogène, c'est une bataille pour l'industrie, c'est une bataille pour se déplacer, c'est une bataille pour l'écologie et c'est une bataille pour la souveraineté.

Grâce aux innovations faites par le CEA, grâce à cette alliance que vous avez su faire, nous sommes en passe d'être des grands producteurs, justement, aussi de l'amont, c'est-à-dire du processus industriel qui permet, l'électrolyse et qui permet de produire ce fameux hydrogène grâce à notre électricité et qui permet, grâce à votre innovation, de stocker aussi l'hydrogène pour en refaire ensuite de l'électricité si besoin, ça, c'est une force immense. On a là, je pèse mes mots parce qu’oserais-je dire, ça fait plusieurs années que je crois dans le CEA et le Liten, et que quand j'étais ministre, j'avais essayé de vous aider. Vous avez une vraie pépite, une vraie pépite ici. Et donc, c'est pour ça que nous avons lancé des grands projets européens sur l'hydrogène.

Vous m'avez peut-être entendu l'année dernière avec la chancelière MERKEL, on a lancé un grand projet européen pour financer ces projets d'hydrogène et qu'avec France 2030, on va mettre, en plus de tout cela 1,9 milliard d'euros sur ces projets hydrogène. Et donc, ces 1,9 milliard d'euros, ils vont nous aider à construire ce qui est à proprement parler toute une filière, une filière qui va nous permettre, pour vous, d'usiner les pièces qui permettront de faire ces innovations géniales de Genvia, qui permettra ensuite de fournir ensuite des cimenteries, des aciéries, des industriels pour changer complètement leur processus, produire leur hydrogène, le stocker, reproduire de l’électricité et transformer le paysage de l’industrie française. Ce que je décris là n’est pas un rêve, ce sont des projets et vous êtes en train de les réaliser. Derrière ces projets, il y a du savoir-faire français, il y a de la recherche, il y a des investissements, et je remercie tous les acteurs ici présents, et il y a des emplois et des compétences de celles et ceux qui sont déjà là, des centaines d’emplois qu’on va pouvoir recruter en développant ce projet et de toutes celles et ceux qu’on doit pouvoir former à travers le temps pour le consolider, pour produire ces pièces et pour les maintenir. Et pour vous toutes et tous, ce seront aussi de nouveaux débouchés, comme vous en avez connu par le passé dans des secteurs qui étaient plus traditionnels.

Avec ces trois principes, ce que je veux simplement vous dire, c'est qu'il n'y a jamais de fatalité. Il y a eu des temps très difficiles et ce n'est pas à vous que je le dirai. Mais on ne répond jamais aux difficultés du temps en ayant la nostalgie d'un passé qui n'est plus, mais en redoublant de capacités à résister et à ne pas céder, mais à penser l'avenir dans ces dynamiques nouvelles.

C'est exactement ce que vous avez su faire au coeur de la crise ces dernières années. Et vous n'auriez pas tenu, on ne serait pas là pour en parler. Et c'est exactement ce que la France comme nation doit faire aujourd'hui. On sort d'une pandémie historique. Nous devons réinvestir au carré, bâtir cette France de 2030 pour justement construire cette nouvelle industrie décarbonée, cette nouvelle industrie plus souveraine et au coeur de celle-ci l'hydrogène comme solution, en quelque sorte, d'énergie, de réindustrialisation et de souveraineté.

Voilà les quelques convictions que je voulais partager avec vous pour vous dire que ce que vous avez fait ces dernières années était essentiel. Mais ce qu'on va tous bâtir ici dans les mois et les années qui viennent est historique. Historique. Et si on y arrive, ce n'est pas simplement la France de 2030 qu'on aura fait, mais une France qui ira beaucoup plus loin, comme celles et ceux qui nous ont précédés ont su nous livrer une nation avec cette force industrielle qui nous a permis de tenir si longtemps. Donc merci pour tout cela, merci pour votre courage, votre résistance, votre endurance, et merci aussi pour l'enthousiasme, l'esprit d'innovation, d'entreprise. Et vive cette France de 2030 qu'on va tous bâtir ensemble. En tout cas je suis très fier d'être parmi vous aujourd'hui.

Vive la République et vive la France !

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