Il était l’incarnation de cette « droite mousquetaire » qui rêve en grand et défend ses valeurs avec panache. Le journaliste, écrivain et éditeur Denis Tillinac s’est éteint après avoir brandi toute sa vie l’étendard des permanences françaises.

Né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur les terres boisées de Corrèze, le jeune Denis fut un enfant turbulent, un « caractériel » confessait-il en titre de son ouvrage autobiographique, peut-être parce qu’il fut arraché très tôt à son village natal d’Auriac et qu’il grandit à Paris dans la nostalgie de sa province perdue. Il connut maints déboires scolaires, s’échappait à chaque heure de colle dans des mondes qu’il fabulait, et dessinait sur toutes les pages de ses cahiers les symboles de cette France éternelle qu’il aimait tant et qu’il défendit sa vie durant à la pointe de sa plume.

Il s’assagit ensuite sur les bancs de l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux, puis signa ses premiers articles dans les colonnes de La Montagne, de La Dépêche du Midi ou de Madame Figaro. Dans les années 1970, le jeune journaliste suivit un jeune politique, Jacques Chirac, qui sillonnait les terres de son fief corrézien. Les deux hommes découvrirent qu’ils partageaient l’amour de ce territoire et une certaine vision de la France : ce fut le début d’une grande amitié et d’un long compagnonnage. Et lorsque Jacques Chirac devint Président de la République, il fit de Denis Tillinac son représentant personnel dans diverses instances de la Francophonie.

Mais plus encore qu’en émissaire présidentiel, c’est en homme de lettres qu’il exprima son amour de la France et de sa langue. De récits en romans, d’essais en poésies, Denis Tillinac se fit le chantre de « l’âme française », de « l’antique ruralité » de notre pays, de nos campagnes et de nos villages. Il composa des odes à sa chère Corrèze et à l’histoire de France, consacra un ouvrage au « mystère » Simenon, à Gérard Cholley, légende du rugby à XV, et à la duchesse de Chevreuse, intrigante politique du XVIIe siècle. Il n’écrivait jamais sans passion, même les dictionnaires. Ainsi lui doit-on des Dictionnaires amoureux du catholicisme, de la France et de l’homme du 18 juin.

Conservateur revendiqué, Denis Tillinac n’aimait pas beaucoup notre époque, qu’il ne trouvait pas assez charnelle et trop amnésique. Lui aimait De Gaulle et Chirac, Chateaubriand et Dumas, les clochers et les coquelicots, les omelettes aux cèpes et les verres de Givry. Et il voulait que la France continue d’atteler ses rêves à la grandeur de son histoire et au panache de ses héros.

Avec la générosité d’un homme attentif aux talents des autres, il dirigea aussi pendant 16 ans la maison d’édition La Table ronde, dont le nom et la ligne seyaient bien à cette âme chevaleresque qui continuait hier encore à défendre la plume à la main, dans Valeurs actuelles ou Marianne, une certaine idée de la France.

Le Président de la République salue la mémoire d’un esprit vif et libre qui osa toujours penser à rebours de son temps. Il adresse ses condoléances respectueuses à sa famille, ses amis et ses lecteurs.

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