Retour aux sources… Que fait la France au Sahel ?

La France est présente au Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), à la demande de ses chefs d'État, depuis 2014 via l’opération Barkhane. Son objectif principal : aider ces pays à lutter contre les groupes terroristes qui gangrènent la zone.

Mais pas seulement. Une réponse purement sécuritaire ne suffirait pas à mettre fin aux problèmes structurels de la région qui ont provoqué la crise. La réponse doit aussi se faire au niveau économique, éducatif, sanitaire, institutionnel.

C’est pourquoi, en plus de notre présence militaire, nous menons des actions visant à accompagner le dialogue entre toutes les parties prenantes de la région, à favoriser l’accès de la population aux services de base et à créer les conditions de leur autonomie.

Depuis 6 ans, nous avons obtenu des victoires : nous avons fait reculer l’ennemi, neutralisé leurs chefs, récupéré des territoires qui étaient entre leurs mains, mené de nombreuses actions de développement pour les populations locales. 

Face aux critiques qui avaient pu naître ces dernières années sur la présence française au Sahel, le Président Emmanuel Macron avait souhaité s’assurer que la présence de notre pays était toujours désirée par les pays en question. Cette question a fait l’objet d’un Sommet dédié il y a six mois : le Sommet de Pau

Ce Sommet s’était conclu par une réaffirmation commune à ce que la France maintienne, aux côtés des pays sahéliens, son engagement dans la région pour lutter contre les groupes terroristes.
 

Une internationalisation nécessaire de la crise.

Depuis six mois, des avancées fortes ont été obtenues : l’élimination de hauts-gradés des groupes terroristes, la récupération de territoires, un meilleur partage de renseignements, le rédéploiement des armées. 

Nous pouvons l’affirmer : face aux terroristes, le rapport de force a été inversé !

Cette dynamique positive, il nous faut aujourd’hui la poursuivre et l’amplifier. Et nous avons pour ce faire besoin de mener une action plus forte et plus solidaire. C’est pourquoi des forces spéciales européennes viendront dans les semaines qui viennent prendre le relai des 600 soldats français que nous avions déployé en plus dans la région il y a six mois.

Au-delà de l’effort militaire, c’est le retour de l’État, des administrations, des services publics que nous allons poursuivre au Sahel, notamment en formant des magistrats, des préfets, des policiers, des juges. Ce sera notre priorité pour stabiliser la région, car une paix durable passe par le développement.

L’Europe s’engage, aux côtés de la France et des États sahéliens, pour parvenir à la stabilité du continent africain et à notre sécurité collective.

« La victoire est possible. Elle est déterminante pour l’équilibre de l’Afrique et de l’Europe. »

Emmanuel Macron, 30 juin 2020, Sommet de Nouakchott 

Écoutez le discours du Président lors de la conférence de presse à Nouakchott :

30 juin 2020 - Seul le prononcé fait foi

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CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AUX CÔTÉS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE MAURITANIENNE ET DU PRESIDENT DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL

Merci beaucoup, Monsieur le Président.

Je voudrais, avant toute chose, remercier le Président GHAZOUANI pour son accueil et pour nous avoir permis de nous retrouver ici, à Nouakchott, dans ces temps particulièrement difficiles et éprouvants. Je veux avant toute chose vraiment saluer la remarquable organisation des autorités mauritaniennes de ce sommet, mais aussi de tout le travail de lutte contre la pandémie du Covid-19. Nous avons pu le constater aujourd'hui et chacun d'entre nous, tout est mis en œuvre pour que la situation soit pleinement maîtrisée.

Je profite de cette occasion pour aussi dire toute la solidarité de la France et du peuple français à l'égard du peuple mauritanien et de tous les peuples du Sahel face à cette pandémie, ses conséquences sanitaires mais aussi ses conséquences économiques et sociales que nous sommes en train de vivre et que nous allons vivre dans les prochains mois. C'est pour cela, vous le savez, que j'ai tenu à ce que l'Europe, puis le G20, se mobilisent aux côtés de l'Afrique pour faire face à ce défi sans précédent dès le début de la crise. Dès le mois de mars, nous avons lancé cette initiative pour l'Afrique permettant d'avoir un volet sanitaire, la lutte contre le Covid, avec en particulier les tests, les traitements dès qu'ils seront disponibles, une mobilisation pour le vaccin quand il sera disponible, mais aussi tout un volet économique, le moratoire que nous avons obtenu pour la première fois dans notre histoire des intérêts et de la dette pour les pays africains et la volonté d'aller vers une annulation de dette partout où c'est utile. Je crois que cette mobilisation doit se poursuivre et nous avons d'ailleurs eu un échange avec l'ensemble de nos collègues sur ce que devait être la solidarité entre l'Europe et plus largement les pays développés et l'Afrique après Covid. Celle-ci doit s'accélérer.

Je crois qu'on a tous ressenti notre propre vulnérabilité pendant cette crise, nous la ressentons encore et nous avons à cœur de montrer cette solidarité. Dans les actions très concrètes que nous avons menées, nous avons aussi pu mesurer la force, la créativité, l'efficacité des solutions mises en place en Afrique. Je veux ici vous dire que la France continuera, sur ce volet comme les autres, d'être aux côtés de la Mauritanie, du Sahel et de l'ensemble du continent africain.

Nous nous sommes retrouvés donc ici à Nouakchott, comme nous en étions convenus à Pau il y a 6 mois, après un sommet qui avait permis de recentrer les choses pour en faire le point. Je dois remercier à nouveau le Président GHAZOUANI, mais l'ensemble des Présidents du G5 Sahel pour leur mobilisation et leur présence, remercier aussi Monsieur Moussa FAKI et l'Union africaine pour sa présence et son engagement à nos côtés, et j'étais heureux que nous ayons la présence physique à nos côtés du Président du gouvernement espagnol, Pedro SANCHEZ. Je pense que c'est très important de manifester ce faisant l'engagement aussi de l'Espagne dans cette coalition, cette lutte contre le terrorisme et pour le développement, et de toute l'Union européenne puisque nous avons eu une visioconférence qui a associé la Chancelière Angela MERKEL, le Président Giuseppe CONTE, le Président Charles MICHEL et le Secrétaire général des Nations unies, Antonio GUTERRES.

Tout ça démontre une chose, s'il était besoin : la coalition que nous avons annoncée à Pau il y a 6 mois est en place. L'Europe, ses institutions comme ses Etats membres, nos partenaires, y compris américains, les pays voisins sont tous au rendez-vous.  Ils sont à vos côtés car nous sommes convaincus que la victoire est possible au Sahel et qu'elle est déterminante pour l'équilibre en Afrique et en Europe. Nous sommes en train d'en retrouver le chemin grâce aux efforts qui ont été faits ces 6 derniers mois. Nous avons beaucoup réorganisé les choses.

Nous avons amélioré notre efficacité dans la lutte contre le terrorisme, mieux partagé l'information, réussi le centre unique et de coordination à Niamey et eu des résultats spectaculaires, en particulier dans les dernières semaines. Dans la région des Trois frontières, des zones ont été reprises aux groupes terroristes. Les armées se redéploient. Le rapport de forces a été inversé. Cette dynamique, nous devons maintenant la conforter et l'amplifier avec, dans les semaines qui viennent, les forces européennes qui, au travers de l'initiative Takuba, vont prendre le relai des renforts français que nous avions déployés en janvier, 600 soldats additionnels qui venaient de Côte d'Ivoire. La mission européenne EUTM va reprendre ses actions de formation et étendre son champ géographique avec une implication très forte de l'Espagne et de l'Allemagne, vraiment. De nouveaux équipements financés par l'Union européenne et par d'autres partenaires comme les États-Unis vont être livrés et le terrain que nous avons repris ne sera pas cédé.

Dans ce combat, nous nous devons d'être exemplaires. C'est le sens des engagements forts qui ont été pris aujourd'hui par mes homologues sahéliens. Face aux faits graves qui ont été rapportés, des enquêtes seront menées et la France, comme elle l'a déjà fait, est disposée à appuyer ces enquêtes, qui doivent être menées à leur terme. Nous nous sommes rejoints sur cet impératif : le Sahel ne doit pas plonger dans un cycle de violence et de représailles. C'est précisément ce que cherchent les groupes terroristes et ce qu'ils ont réussi à faire dans le passé.

Les populations Peuls, en particulier, ne sont l'ennemi de personne. Je salue la détermination de mes homologues sahéliens à enrayer tous les amalgames. Cela a été dit très clairement autour de la table. Nous n'avons qu'un ennemi : le terrorisme islamiste dans toute la région. À la lumière de nos échanges et des progrès accomplis depuis 6 mois, la France poursuivra son engagement au Sahel.

De nouvelles étapes, de nouveaux jalons ont été fixés. Notre engagement fera l'objet d'une nouvelle évaluation au début de l'année 2021, qui sera notre prochaine clause de rendez-vous.

D'ici là, les efforts de la coalition que nous avons mise en place vont monter en puissance au-delà de l'effort militaire, c'est le retour de l'Etat, des administrations, des services aux populations que nous allons poursuivre au Sahel et c'est l'enjeu des prochaines semaines et des prochains mois, nous avons eu l'occasion de le souligner dans l'ensemble des Etats concernés, le retour des services publics, le retour de l'administration pour stabiliser les populations. C'est le sens, en particulier, de l'alliance pour le Sahel, dans laquelle l'Espagne a accepté de jouer un rôle leader, et je l'en remercie. Ce sont des préfets, des magistrats, des policiers, des juges qui nous permettront de véritablement renverser la situation. En concertation avec nos partenaires européens qui étaient aujourd'hui présents dans notre échange, c'est cet effort qui sera notre priorité dans les temps à venir.

Enfin, je tenais à dire également que nous avons profité de ce sommet pour aborder la situation politique à Bamako avec le Président Ibrahim Boubacar KEITA. Nous soutenons les efforts entrepris par la CEDEAO, qui ont permis de faire émerger les recommandations pour une sortie de crise. En pleine adéquation avec le Président KEITA, dont je salue une fois encore la détermination et le courage, nous nous sommes tous rejoints sur l'urgence de mettre en oeuvre rapidement les mesures visant à apaiser le climat politique.

Voilà ce que je souhaitais rapporter de nos discussions et vous remercier à nouveau, cher Président, pour votre accueil et la tenue de ce sommet, qui montre que la lutte contre le terrorisme ne s'arrête pas même en période de Covid, mais dire aussi la solidarité qui est la nôtre à l'égard de la Mauritanie et de tout le Sahel en cette période si difficile.

Merci, Président. 

Retrouvez le communiqué final :

30 juin 2020 - Déclaration

Communiqué final - Sommet de Nouakchott

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1. Sur invitation de S.E.M. Mohamed Cheikh El GHAZOUANI, Président de la République Islamique de Mauritanie, Président en exercice du G5 Sahel, les Chefs d’État des pays membres du G5 Sahel et le Président de la République française se sont réunis ce jour 30 juin 2020 à Nouakchott, en vue de faire le point de la mise en œuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau (France), tenu le 13 janvier 2020, et d’évaluer la situation au Sahel.
 

2. Etaient présents à ce Sommet les Chefs d’Etat ci-après :

  • S.E.M. Emmanuel MACRON, Président de la République française ;
  • S.E.M. Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad ;
  •  S.E.M. Issoufou MAHAMADOU, Président de la République du Niger ;
  • S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali ;
  • S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, Président du Burkina Faso.
  • S.E.M. Pedro SANCHEZ, Premier Ministre du Royaume d’Espagne ;

 

3. Le Sommet a enregistré la participation de :

  • S.E.M. Moussa Faki MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine ;
  • S.E. Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

4. Ont également pris part au Sommet, par visioconférence :

  • S.E.M. Charles MICHEL, Président du Conseil européen ;
  • S.E. Madame Angela MERKEL, Chancelière de la République Fédérale d’Allemagne ;
  • S.E.M. Giuseppe Conte, Président du Conseil des Ministres de la République Italienne ;
  • S.E.M. Antonio GUTERRES, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies ;

5. Ce Sommet marque une nouvelle étape dans le suivi des engagements communs pris à Pau. Il s’inscrit dans un contexte international marqué par des développements majeurs, notamment la persistance des attaques terroristes au Sahel et la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, avec des risques réels sur la stabilité au Sahel et dans la sous-région. Cette stabilité est aussi mise à rude épreuve par la pandémie de la COVID-19 dont l’impact économique et social se fait déjà cruellement sentir.

6. Au-delà de son lourd bilan humain et sanitaire, la pandémie affecte gravement les économies des pays du G5 Sahel déjà fragiles, avec un risque de contraction sérieuse du Produit Intérieur Brut (PIB) pouvant aller, pour certains Etats, de 7% à 8% en 2020. L’organisation physique du présent Sommet dans de telles circonstances est en soi une preuve de résilience et de persévérance face à cette crise sans précédent. Tout en réaffirmant leur détermination à déployer tous les moyens nécessaires pour venir à bout de ce fléau, les Chefs d’Etat expriment leur solidarité aux familles éplorées et adressent leurs souhaits de prompt rétablissement à tous les malades.

7. Tout en remerciant tous les partenaires qui ont déjà manifesté leurs soutiens aux Plans de riposte élaborés par les pays du G5 Sahel, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont saisi cette opportunité pour renouveler leur appel à l’annulation de la dette extérieure des pays du G5 Sahel, tel que formulé dans la « Déclaration de Nouakchott sur la pandémie de COVID-19 » issue de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel du 27 avril 2020.

8. Examinant la mise en œuvre de la Feuille de route de Pau en lien avec l’évolution de la situation dans l’espace du G5 Sahel, les Chefs d’Etat ont salué les efforts accomplis par l’ensemble des acteurs aussi bien des États sahéliens que de leurs partenaires internationaux. Ils ont rendu un vibrant hommage aux victimes civiles et militaires des conflits en cours au Sahel. Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont rappelé que les allégations d’exactions par des éléments des forces de défense et de sécurité feront l’objet d’enquêtes et, si les faits sont avérés, de sanctions exemplaires.

9. Les Chefs d’Etat se sont félicités du lancement officiel de la « Coalition pour le Sahel » le 28 avril dernier dans le cadre d’une visioconférence entre l’Union européenne et le G5 Sahel et de la tenue de la première réunion ministérielle de cette coalition le 12 juin 2020. Ils ont salué la forte participation de l’ensemble des partenaires du G5 Sahel à cette réunion, et ont appelé à la consolidation de ladite Coalition, ainsi qu’à la détermination de son architecture et des outils de sa gouvernance, en étroite collaboration avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel.

10. La lutte contre le terrorisme se poursuit avec détermination et une meilleure cohérence d’ensemble.  

Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué l’engagement des effectifs supplémentaires de la Force Barkhane au cours du dernier semestre et l’opérationnalisation du Mécanisme de Commandement conjoint facilitant la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Barkhane. Ils se sont félicités de la reprise d’opérations soutenues dans la zone des Trois frontières, des succès enregistrés par les forces nationales, la Force conjointe et les forces internationales. En outre, ils ont salué la neutralisation du chef d’AQMI le 3 juin 2020 dans la région de Tessalit par la Force Barkhane et ses alliés.

Les Chefs d’Etat ont salué, une fois encore, le succès de l’opération éclair « Colère de Boma » dans la région du Lac Tchad au mois d’avril 2020 contre les factions de Boko Haram qui imposent un autre front au Tchad et au Niger, méritant également l’attention de la communauté internationale.

Les Chefs d’État ont noté la persistance d’un second front dans la zone du Lac-Tchad au Niger et au Nigeria et un renforcement des capacités terroristes locales dans ces zones, remettant en cause les résultats obtenus lors de l’opération « Colère de Boma ». Ils ont également noté l’extension de la menace terroriste en direction de la Côte d’Ivoire suite à l’attaque récente de la garnison ivoirienne de Kafolo.

Les Chefs d’Etat ont exprimé leur préoccupation face à l’expansion de la menace terroriste dans la sous-région et ont souligné l’urgence d’une action collective et énergique en vue de l’éradiquer.

Les Chefs d’Etat ont noté avec satisfaction la redynamisation progressive du cadre d’échange, d’analyse et d’exploitation coordonnées des renseignements à travers le processus d’institutionnalisation de Plateformes Nationales de Coopération en Matière de Sécurité (PCMS).

11. Le renforcement des capacités militaires des Etats se poursuit et demeure crucial.

Les Chefs d’Etat ont salué l’engagement et le rôle déterminant de l’Union européenne en matière de conseil, de formation, d’équipement et d’infrastructures. Ces efforts sont valorisés et mis en cohérence dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S).

Tout en saluant l’engagement et les apports des autres partenaires, notamment des Etats-Unis, les Chefs d’Etat ont insisté sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’appui en équipements des Forces de défense et de sécurité des États membres du G5 Sahel et de la Force conjointe. Ils ont également encouragé l’élargissement et la diversification des activités de soutien de tous les partenaires à tous les pays membres du G5 Sahel, y compris en matière de formation, en fonction des besoins et spécificités de chacun.

12. Le retour de l’Etat et des administrations dans les zones fragiles est engagé.

Les Chefs d’Etat ont pris note du redéploiement progressif des administrations et du retour de certains déplacés dans leurs localités d’origine à la faveur des opérations de sécurisation. Ils ont relevé que des efforts restent à faire, non seulement pour le retour effectif des populations, mais aussi pour la mise en œuvre de programmes de développement entravée ou retardée avec la survenue de la pandémie du coronavirus.

Ils ont souligné l’importance de mener à bien, dès que possible, des initiatives à l’échelle régionale, nationale et locale, en faveur du dialogue intercommunautaire, de la réconciliation et du traitement des questions de fond sur le partage des ressources ou les litiges fonciers.

Les Chefs d’Etat soutiennent l’engagement permanent et multiforme de l’Union européenne à travers des missions de renforcement de capacités des forces de sécurité intérieures (EUCAP) en partenariat avec les agences des Nations-Unies, notamment l’Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), et estiment que cet engagement doit être renforcé pour l’ensemble des pays du G5 Sahel.

13. La mobilisation des ressources pour le développement de l’espace G5 Sahel se poursuit.

Tout en se félicitant des efforts faits jusqu’ici par certains partenaires, les Chefs d’Etat rappellent l’importance du Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) pour les populations du Sahel et pour la lutte contre le terrorisme et invitent la Communauté internationale à libérer l’ensemble des fonds promis lors du Sommet de Nouakchott du 6 décembre 2018.

Les Chefs d’Etat se sont également félicités de la mise en place d’une approche territoriale intégrée en cohérence avec le Cadre d’Actions Prioritaires Intégré (CAPI) du G5 Sahel, adopté lors du Sommet de février 2020 à Nouakchott, et appellent à sa mise en œuvre diligente.

En outre, les Chefs d’Etats se sont félicités de la nouvelle dynamique impulsée par la tenue de l’Assemblée générale de l’Alliance Sahel le 25 février 2020 à Nouakchott, et ont salué la poursuite de la mise en œuvre des projets du Programme de Développement d’Urgence (PDU) par l’Alliance Sahel.

Conscients que la crise au Sahel est aussi une question de développement, les Chefs d’Etat ont salué la tenue, le 16 juin 2020, de la réunion des Ministres en charge du développement des pays membres du G5 Sahel qui s’est penchée sur l’exécution du PIP. Ils ont instruit lesdits Ministres d’accélérer la mise en œuvre des programmes de développement, en coordination avec les partenaires du G5 Sahel.

14. Tout en se félicitant de la dynamique positive enclenchée, les Chefs d’Etat ont souligné le besoin d’intensification du combat sur tous les fronts des forces nationales et internationales contre les groupes terroristes et ont appelé à la poursuite de la mise en œuvre de la Feuille de route de Pau et du Plan d’action de la Force conjointe du G5 Sahel.

A cet égard, les Chefs d’Etat ont renouvelé leur engagement à ne tolérer aucune violation des droits de l’homme, et au respect du droit international humanitaire. A cet effet, ils se sont engagés à renforcer la judiciarisation des champs des opérations, notamment en poursuivant la montée en puissance de la composante prévôtale des armées nationales et de la Force conjointe, et l’adhésion de l’ensemble des forces de défense et de sécurité au cadre de conformité en matière des Droits de l’homme.

15. Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont plaidé pour un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel. Ils ont exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par la France et les Etats-Unis, ainsi que celui de la MINUSMA au bénéfice de la Force conjointe du G5 Sahel. Ils ont salué les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la MINUSMA en 2020, et d’un contingent de 3000 hommes de l’Union africaine. Ils ont, en outre, salué le renouvèlement et le renforcement du mandat de la MINUSMA.

16. Conscients du fait que l’action de la Force conjointe du G5 Sahel s’inscrit dans une perspective de long terme dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué les propositions faites par le Secrétaire Général des Nations Unies pour son renforcement et réitéré leur demande pour un financement pérenne de la Force, ainsi que l’octroi d’un mandat sous le Chapitre VII de la charte des Nations-Unies. Dans l’attente, ils ont salué le soutien logistique apporté par la MINUSMA dans le cadre d’un mécanisme de financement coordonné par l’Union européenne et sollicité de nouvelles contributions pour soutenir l’action des forces nationales et régionales du G5 Sahel afin qu’elles acquièrent leur autonomie et s’approprient la situation sur le terrain.

17. Les Chefs d’Etat ont réitéré leur soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Sur le volet sécuritaire, ils se sont félicités de la reprise du processus de Désarmement Démobilisation Réintégration (DDR) et du retour des premières unités des Forces armées maliennes reconstituées (FAMAR) au Nord, qui reste cependant à finaliser à Kidal. Sur les volets politique, institutionnel et de développement, ils ont constaté des progrès notables mais insuffisants, et ont appelé à la poursuite des efforts des différentes parties.

Les Chefs d’Etat ont également salué l’initiative de la CEDEAO d’envoi d’une mission ministérielle au Mali afin de trouver une issue pacifique à la situation préoccupante que traverse le pays.

17. Les Chefs d’Etat ont noté avec satisfaction la dynamique positive du G5 Sahel dans la mise en œuvre de la stratégie pour le développement et la sécurité (SDS) et la perspective d’aboutissement de la réforme du Secrétariat exécutif du G5 Sahel en 2020.

18. Les Chefs d’Etat ont exprimé leur profonde gratitude à Son Excellence Monsieur Mohamed Cheikh El GHAZOUANI, Président de la République Islamique de Mauritanie, au Gouvernement et au peuple mauritaniens, pour l'hospitalité généreuse, l’accueil authentiquement africain et l’attention dont ils ont été l’objet tout au long de leur séjour à Nouakchott. Ils lui ont également adressé leurs félicitations pour l’important dispositif mis en place pour prémunir les participants dans ce contexte de pandémie de Covid 19.

19. Le prochain Sommet se tiendra courant 2021 dans un pays du G5 Sahel. La Coalition pour le Sahel y sera associée. Le suivi des engagements inclura les Ministres en charge du développement en plus de ceux des Affaires étrangères et de la Défense.

Écoutez la déclaration du Président Emmanuel Macron à son arrivée au Sommet de Nouakchott en Mauritanie :

30 juin 2020 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président de la République à l'aéroport de Nouakchott, Mauritanie

Bonjour Messieurs-dames. Heureux d’être à Nouakchott pour cette journée et pour ce premier déplacement non-européen depuis le début de la crise du Covid.

C’est d’abord respecter un engagement, celui qui avait été pris à Pau, de faire le point, six mois plus tard, sur les avancées, mais c’est aussi tenir un engagement de solidarité à l’égard du continent africain, à l’égard du Sahel et à l’égard de la Mauritanie.

Solidarité face au Covid, dans la lutte contre le Covid, vous le savez, dès le mois de mars, la France a souhaité lancer une initiative forte dans le cadre du G20 d'abord, puis en convainquant beaucoup de nos partenaires en solidarité pour l'Afrique. Cette initiative, je l'ai relayée avec beaucoup de mes amis, dont le président mauritanien. Nous l’avons discutée avec le bureau de l'Union africaine et elle a permis, en convainquant aussi beaucoup de membres du G20, d'avoir une initiative en matière sanitaire avec les Africains pour accéder aux tests, aux traitements, dès qu'ils seront disponibles, aux vaccins, dès qu'ils existeront pour permettre aussi au continent africain d'être aidé sur ces systèmes de soins primaires et puis, qui a permis de lancer une initiative inédite, j'ai dit avec un objectif : l'annulation des dettes partout où c'est nécessaire et qui a commencé avec, pour la première fois dans l'histoire du G20, la décision d'avoir un moratoire sur les intérêts et le principal de la dette des pays africains à l'égard de tous les membres du G20, donc Chine incluse. Cette avancée, nous voulons la consolider. C'est aussi pour ça que je suis là aujourd'hui.

Ensuite, solidarité face au terrorisme. Nous le savons, la région a été touchée et continue à l'être par les attaques terroristes qui justifient d'ailleurs la présence de l'armée française, comme de plusieurs autres armées, à la demande des pays du Sahel et en leur côté. Donc, nous allons faire le point aujourd'hui sur l'avancée des travaux que nous avions décidés à Pau, sur le plan de la lutte contre le terrorisme, de la consolidation justement des armées du Sahel sur le plan du retour de l’État partout dans le Sahel et sur le plan du développement et des projets concrets que nous souhaitons mettre en place avec l'Alliance pour le Sahel. Nous avons, durant ces 6 derniers mois, connu de vrais succès dans la lutte contre le terrorisme, avec la neutralisation de chefs redoutés qui ont été sanglants pour toute la région et qui ont fait beaucoup de mal aux populations civiles parce que nous avons réussi à améliorer notre organisation en matière de sécurité et de partage de l'information, parce qu'il y a eu une vraie montée en gamme de l'intervention des armées sahéliennes. Le matériel a aussi été livré. L'engagement est là. Nous devons faire davantage en matière de retour de l’État et dans beaucoup de régions, il est important que la consolidation de l’État soit maintenue. Je pense en particulier à ce qui doit être fait au Mali, au Burkina, dans un contexte, on le sait, très compliqué. Et donc, ce sont tous ces efforts que nous allons poursuivre et c'était pour véritablement consolider ces acquis que je suis là aujourd'hui.

C'est un message d'engagement de la France, de solidarité, solidarité contre le virus, solidarité contre le terrorisme. Et puis, c'est aussi cette volonté que je porte depuis maintenant un peu plus de trois ans, dire que quand la France s'engage, c'est l'Europe qui s'engage avec elle. Nous aurons tout à l'heure le président du gouvernement espagnol. Nous aurons en conférence avec nous la chancelière MERKEL, avec laquelle j'étais hier en Allemagne, mais aussi le président du Conseil italien, le président justement du Conseil européen. C'est aussi notre volonté d’européaniser la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et donc c’est une solidarité de l'Europe à l'égard de l'Afrique. Ce sont des projets entre l'Europe et l'Afrique que nous devons continuer de développer.

Merci à vous. Je voulais vraiment avoir un message d'amitié à l'égard de tous mes amis mauritaniens et sahéliens. Nous savons combien cette pandémie est difficile et je pense beaucoup à toutes les Mauritaniennes, tous les Mauritaniens, tous les Sahéliens. On est à leurs côtés. On continuera de l'être. Nous avons aussi vécu et nous continuons de vivre durement cette crise et vous le faites avec beaucoup de courage. 

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Sommet de Pau

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