Patrick Devedjian, le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui fut ministre à plusieurs reprises sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, a succombé cette nuit au coronavirus.

La France perd un homme politique engagé qui mit sa grande culture, son immense connaissance du droit et sa passion de la liberté au service de son territoire et de la Nation.

Né à Fontainebleau d’un père ayant fui le génocide arménien et d’une mère native de Boulogne-sur-Mer, Patrick Devedjian construisit son engagement politique à droite. Après un engagement nationaliste qu’il considéra comme « l’erreur de jeunesse » d’un homme rejetant de toutes ses forces l’affrontement entre chrétiens et musulmans dans le contexte de la guerre d’Algérie, l’étudiant en droit à la faculté d’Assas devint un avocat redouté, précis et éloquent. Mais les tribunaux ne suffirent bientôt plus au juriste. Lui qui plaidait des causes individuelles voulut mener des combats collectifs, investir les agoras. Ce fut l’origine de son engagement politique.

Il avait rejoint la droite par les idées : imprégné de la pensée de Raymond Aron, il créa en 1970 la revue Contrepoints qui, sous le titre de Commentaire, continue aujourd’hui à structurer la vie intellectuelle française. Il s’engagea pleinement en politique par les territoires : membre de l’UDR, ce proche de Charles Pasqua qui contribua à rédiger les statuts du RPR, se lança dès 1977, à la conquête de sa ville, Antony. Elu maire en 1983, puis réélu à trois repris, la transformation de sa commune fut son grand œuvre, qui ne cessa de l’inspirer dans ses fonctions.

Député à partir de1986, Patrick Devedjian s’affirma peu à peu comme l’un des plus brillants ténors de la droite républicaine en faisant résonner dans l’hémicycle son verbe haut et juste. Membre de la commission des finances, il devint un spécialiste reconnu du budget de l’Etat autant que des questions institutionnelles – il fut cinq ans durant rapporteur du budget de la Justice.

C’est donc logiquement qu’en 2002, après un long compagnonnage avec Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian fut nommé par le Président Jacques Chirac Ministre des libertés locales auprès du Ministre de l’Intérieur. A ce poste, il fut un des inspirateurs de l’acte 2 de la décentralisation qui consacra, dans notre texte fondamental, « l’organisation décentralisée de la République ».

Fidèle à Nicolas Sarkozy, il suivit ce dernier à Bercy et devint en 2004 Ministre de l’Industrie avant d’être nommé en 2008 Ministre chargé du plan de relance et de contribuer au redressement de l’économie française après la crise financière.

Ces hautes fonctions ne détournèrent jamais Patrick Devedjian de son enracinement local : sa ville, son département. Président des Hauts-de-Seine depuis 2007, il y déploya son âme de bâtisseur et sa force visionnaire en œuvrant tout à la fois sur le plan économique – en créant l’établissement public Paris la Défense, sur le plan institutionnel – en s’impliquant dans le projet du Métropole du Grand Paris et en engageant le rapprochement avec le département des Yvelines, et sur le plan culturel – en portant les grands projets de la Seine Musicale à Boulogne Billancourt, de l’Arena de Nanterre et bien sûr celui du musée du Grand Siècle dans la caserne de Sully à Saint-Cloud, auquel il tenait tant.

S’il avait le goût de l’action, Patrick Devedjian avait aussi la passion des idées : ses tribunes, ses ouvrages témoignent de l’œuvre d’un esprit libre qui voulut toujours penser la droite dans la nuance et la complexité. Lui qui, n’oubliant jamais ses origines, avait l’Arménie au coeur aimait profondément la France, sa culture, son imaginaire, ses services publics : ses derniers mots publics furent pour les personnels soignants qui, jusqu’au bout, l’aidèrent à lutter contre le virus et pour les agents du département des Hauts-de-Seine, mobilisés au service de ses administrés.

Le Président de la République adresse à son épouse Sophie, à ses quatre enfants, à ses petits-enfants ainsi qu’à ses proches, ses sincères condoléances.

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