Avec la mort de Théo Klein le 28 janvier, la France est en deuil d’un grand artisan de la paix et de la laïcité.

Arrière-petit-fils du grand rabbin de Colmar et fils d’un médecin, il naquit à Paris il y a près d’un siècle dans une famille qui subit de plein fouet la montée de l’antisémitisme et l’Occupation. Théo Klein était encore jeune scout lorsqu’il s’engagea dans la Résistance et participa avec son mouvement au sauvetage de centaines d’enfants juifs. Dès lors, le sens de l’engagement en faveur des autres ne le quitta plus.

Pendant ses études de sciences politiques puis de droit, il prit la responsabilité de l’Union des étudiants juifs de France. Devenu avocat, il mena une double carrière entre la France et Israël, dont il avait pris la nationalité pour « reconquérir son origine lointaine », avant de prendre la direction d’un grand cabinet d’affaires parisien sur les Champs-Élysées.

Son engagement personnel suivit le même crescendo : il présida le Conseil Représentatif des Institutions juives de France entre 1983 et 1989, lançant la tradition du dîner annuel qui convie le Président de la République ou le Premier ministre, et fut l’un des fondateurs et présidents du Congrès Juif Européen.

L’œil vif et la mèche en bataille, il était un esprit libre. Jamais il ne craignait d’être une voix discordante parmi la communauté juive. Il ne faisait pas mystère de sa proximité avec le socialisme et de son agnosticisme. Il n’hésitait pas non plus à critiquer la politique extérieure d’Israël, exprimant inlassablement le souhait qu’Israël reconnaisse l’État palestinien et qu’un dialogue respectueux reprenne.

Cet humaniste passionné d’histoire hébraïque présida longtemps le musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris. Lui qui se disait de culture française et de spiritualité juive nourrissait un amour aussi profond pour Israël que pour la France, qu’il conjuguait en une seule et même identité harmonieuse.

Le Président de la République est attristé du décès de ce ténor du judaïsme libéral dont la voix éclairée manquera au dialogue républicain. Il exprime à ses proches ainsi qu’à toute la communauté juive ses condoléances les plus sincères.

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