Fait partie du dossier : Un État qui protège.

Le Président de la République, Emmanuel Macron, s'est rendu le 8 octobre 2019 à la Préfecture de Police de Paris pour rendre hommage aux victimes de l’attaque du 3 octobre 2019.

« Si l'émotion est si forte dans le pays à Paris, en province, c'est parce que chacun voit en eux un fils, une fille, un père ou une mère, un frère comme une sœur, un ou une amie. Quatre policiers sont tombés ce jeudi 3 octobre. Ils avaient fait le choix de porter l'uniforme. De consacrer leur vie à protéger les autres. Ils sont morts en service, au travail comme avant eux ceux qui depuis 2015 ont été victimes du terrorisme islamiste. »

Emmanuel Macron, 8 octobre 2019, Préfecture de Police de Paris.

(Re)voir la cérémonie :

6 décembre 2024 - Seul le prononcé fait foi

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DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE L'ATTAQUE À LA PRÉFECTURE DE POLICE DE PARIS

Mesdames et Messieurs,

7 minutes.

7 minutes ont suffi à plonger la Préfecture de Police de Paris dans un des drames les plus douloureux de son histoire. Et la France dans la stupeur et l'incompréhension.

Ce jeudi, dans les bureaux de la direction du renseignement, là même où l'Etat traque des terroristes et des criminels, un agent administratif en poste depuis plus de 15 ans, un collègue, a assassiné le major Damien ERNEST, le gardien de paix Anthony LANCELOT, l'adjoint administratif Brice LE MESCAM avant de s'en prendre à la gardienne de la paix Aurélia TRIFIRO qui allait succomber à ses blessures. Et puis une adjointe administrative à son tour, dont les jours heureusement ne sont plus en danger, et qui en cet instant est parmi nous.

7 minutes.

7 minutes ont suffi pour arracher la vie à quatre des vôtres. Et le tribut aurait été plus lourd encore si un gardien de la paix stagiaire ayant rejoint le métier depuis seulement 6 jours, n'avait fait preuve d'une maîtrise et d'un courage hors norme en neutralisant l'assaillant après les sommations requises. Ces murs vibreront longtemps de l'écho de ce geste comme il vibre encore de l'engagement des héros d'août 44 qui ont libéré Paris, comme il vibre encore de la présence des grands policiers et des grands préfets qui ont foulé les pavés de cette cour, de cette glorieuse histoire qui vous rend tous si fiers d'appartenir à cette institution républicaine qu'est la Préfecture de Police de Paris. Si fiers, ils l'étaient tous les quatre. Si fiers, nous le sommes d’eux aujourd'hui. En ce moment de deuil, je m'incline au nom de toute la Nation, devant la douleur des familles et des proches de ceux qui sont tombés. J'ai une pensée affectueuse pour les deux filles de Damien ERNEST, pour sa compagne avec qui il nourrissait des projets de mariage après tant de vie commune. Pour les deux jeunes filles d'Anthony LANCELOT. Pour le compagnon de Brice LE MESCAM. Pour le compagnon et les deux jeunes fils d'Aurélia TRIFIRO. Pour les familles, collègues, amis qui les ont tant aimés. La République sera toujours à vos côtés. Elle l'est dans cette épreuve. Elle le sera dans la durée. Je m'y engage. Je n'oublierai jamais les heures passées à vos côtés ce jeudi après-midi quelques instants après le drame. Les actes de courage. Les remords de certains, les tristesses, la conscience aiguë, le sens du devoir déjà, toujours. La fraternité et la solidarité qui rassemblèrent cette maison.  Quatre Français sont tombés ce jeudi 3 octobre.

Si l'émotion est si forte dans le pays à Paris, en province, c'est parce que chacun voit en eux un fils, une fille, un père ou une mère, un frère comme une sœur, un ou une amie. Quatre policiers sont tombés ce jeudi 3 octobre. Ils avaient fait le choix de porter l'uniforme. De consacrer leur vie à protéger les autres. Ils sont morts en service, au travail comme avant eux ceux qui depuis 2015 ont été victimes du terrorisme islamiste.

Je suis venu parmi vous pour m'incliner devant le sacrifice de vos quatre collègues, pour saluer notre héros, pour apporter le soutien de la Nation à la Préfecture de Police si durement éprouvée. Je suis venu parmi vous pour vous assurer que la lumière sera faite, les interrogations levées, les responsabilités établies. La justice passera comme il se doit.

Je suis venu parmi vous enfin pour que nous regardions la vérité implacable et en tirions toutes les leçons pour prendre devant vous l'engagement au nom de l'Etat, d'empêcher que se perpétue de telles dérives. Vos collègues sont tombés sous les coups d'un islam dévoyé et porteur de mort qu'il nous revient d'éradiquer. Et qu'un individu imprégné d'une telle idéologie puisse exercer dans le lieu où précisément l'on traque les individus dangereux, est inconcevable, inacceptable. Face au terrorisme islamiste nous mènerons le combat sans relâche. Les fonctionnaires de notre Préfecture de Police, l’ensemble des forces de sécurité, de renseignement sont bien sûr une part essentielle de la réponse. 59 attentats ont été déjoués grâce à eux, grâce à vous depuis maintenant six ans. Ce drame n’érode en rien la confiance que j'ai en vous, que la Nation place en vous, en votre professionnalisme, en votre engagement. Beaucoup a été fait durant toutes ces dernières années pour mieux repérer la menace, améliorer les informations, mieux identifier, suivre les individus, les traquer partout, en prison, dans nos services publics, dans les entreprises, fermer des écoles, dissoudre des associations. C'est pourquoi aussi vos moyens humains, technologiques, juridiques continueront-ils à être renforcés comme nous n'avons cessé de le faire, loi après loi, budget après budget.

Nous ne cesserons jamais de resserrer chaque instant un peu plus les mailles du filet - sans que cette traque, jamais, ne remette en cause les libertés de la République pour chaque citoyen, sans que le combat ne divise la Nation en voulant faire perdre raison à chacun. Ce n'est en aucun cas un combat contre une religion mais bien contre son dévoiement et ce qui conduit au terrorisme. Attaquer la racine, le terreau sur lequel prospère le terrorisme islamiste et ses vocations mortifères est tout aussi vital. Professeurs, fonctionnaires, médecins, bénévoles associatifs sont unis partout dans les lieux les plus sensibles de la République pour prévenir, détecter, agir contre la radicalisation. C'est un travail de longue haleine toujours trop lent mais un travail là aussi nécessaire dont nous ne céderons rien bien au contraire. Donner les moyens, faire adopter des lois, agir à la racine nous le faisons et le ferons toujours. Le gouvernement y est pleinement mobilisé avec méthode et détermination. Mais je veux aussi vous le dire avec force aujourd'hui les institutions seules ne suffiront pas. L'administration seule et tous les services de l'Etat ne sauraient venir à bout de l'hydre islamiste. Non c’est la Nation toute entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir. Nous ne l’emporterons que si notre pays qui est venu à bout de tant et tant d’épreuves dans l’histoire se lève pour lutter contre cet islamisme souterrain qui corrompt les enfants de France.

Une société de vigilance voilà ce qu’il nous revient de bâtir. La vigilance, et non le soupçon qui corrompt. La vigilance : l’écoute attentive de l’autre, l’éveil raisonnable des consciences. C’est tout simplement savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République. Une séparation. Cela commence par vous - forces de l’ordre, fonctionnaires, serviteurs de l’Etat. Je sais combien vous saurez vous engager pour repérer ces petits riens qui deviennent de grandes tragédies. L'Etat se doit d'être exemplaire, de se réarmer aussi moralement partout, de mieux former chacun pour ainsi agir.

C'est un changement profond dans l'État, dans le pays consistant à retrouver la sève des valeurs républicaines, l’éveil qui les accompagne, l'exigence qui les anime. Ne pas nous habituer, jamais. Trop souvent nous avons pleuré, parlé, pris des lois puis sommes revenus au quotidien comme si de rien n'était, comme si ce quotidien ne pouvait être habité lui par le pire. Or c'est ce qui est advenu ici-même. Ne pas nous habituer. Il nous revient de retrouver la force des vertus républicaines qui toujours l'ont emporté car ce qui se joue c'est bien le combat de toute une Nation contre ceux qui veulent menotter la liberté, les femmes, la civilité, contre ceux qui veulent diviser, séparer, manipuler.

Alors faisons bloc derrière nos forces de l'ordre non seulement lorsqu'elles sont meurtries par de tels drames mais lorsqu'elles agissent au quotidien. Faisons bloc sans relâche, contre l'islamisme, contre ces idéologies mortifères qui ne reconnaissent ni nos lois ni notre Droit ni notre façon de vivre. Faisons bloc pour l'unité de la Nation en sachant rassembler tous les Français quelles que soit leur confession, quelles que soient leurs convictions. Opposons à la haine, l'intransigeance républicaine ; à la terreur, l'irréductible esprit français de résistance ; à l'obscurantisme, l'amour de la raison et son exigence. Faisons bloc tous ici réunis, Nation tout entière.

Face au terrorisme islamiste : nous menons le combat, nous mènerons le combat, nous mèneront toujours le combat. A la fin, nous l'emporterons car nous avons cette force d'âme.

Nous le faisons pour nos morts, nous le faisons pour nos enfants, nous le faisons au nom de la Nation.

Vive la République, vive la France.

En images :

Un registre de condoléances est ouvert par la Préfecture de Police afin de recueillir vos messages à la mémoire des agents décédés.

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