Le Président de la République a appris avec tristesse le décès de l’artiste Tomi Ungerer.

A la fois auteur-illustrateur d’albums célèbres pour enfants et pour adultes, caricaturiste, créateur d’affiches militantes et publicitaires ou encore faiseur d’objets, Tomi Ungerer assouvissait sa créativité et son gout de la provocation en jouant aussi bien avec les images et les mots, les formes et les couleurs, les histoires et les idées.

Né à Strasbourg en 1931, il est encore enfant durant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. Très vite, le dessin se révèle être pour lui davantage qu’un exutoire : ce fut son viatique. A 25 ans, il part tenter sa chance à New York avec peu d’argent en poche mais beaucoup de dessins dans la valise et d’idées dans la tête. Il travaille bientôt comme dessinateur pour les magazines les plus prestigieux tels que Harper’s Bazaar, Life et le New York Times et comme dessinateur publicitaire. 

Mais c’est en tant qu’auteur-illustrateur de livres pour enfants qu’il est le plus prolifique, publiant près d’une centaine de livres dont Les Trois brigands et Jean de la lune qui bousculent les codes du genre et réinventent ses personnages-types. Depuis, ce sont plusieurs générations qui ont été bercées par ses récits et habitées par ses dessins.

Tomi Ungerer était aussi un redoutable satiriste de la société et de la politique américaines. Il prenait ses crayons, comme d’autres prennent les armes ou la parole, pour combattre le consumérisme béat, la ségrégation raciale ou le nucléaire. Il avait tout particulièrement affûté ses mines pour dénoncer la guerre du Vietnam, comme dans cette affiche-choc où il représentait un vietnamien à qui l’on fait avaler de force la statue de la liberté. En quelques traits, en une image, tout est dit. Ses dessins incisifs et ses formules ciselées percutent l’œil, frappent l’esprit, marquent l’époque.

Tomi Ungerer publiait également des albums de dessins pour les adultes, pour lesquels il trempait ses crayons tour à tour dans l’acide et le souffre, passant de la critique sociale à l’érotisme le plus débridé, voire le plus sombre. Chez lui, les traits de crayons, les traits d’humour et les traits d’esprit se conjuguaient dans un art accompli de la subversion intelligente.

Tomi Ungerer a, durant des décennies, réinventé l’art d’auteur-illustrateur et le livre pour enfants. En Europe comme aux Etats-Unis, il a porté le génie français avec un trait unique et entre tous reconnaissable. Il a aussi profondément marqué la ville de Strasbourg, où un musée à son nom a ouvert en 2007, et qui avait, avec fierté, réaccueilli l’enfant prodige et prodigue. Son sourire, innocent et mélancolique, manquera à tous.

Le Président de la République salue un artiste qui a porté haut la fantaisie, l’humour, la tendresse et l’impertinence. Il présente à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

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