27 mai 2018

Communiqué – Conférence internationale sur la Libye

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Une conférence internationale sur la Libye se tiendra sous l'égide des Nations unies le mardi 29 mai à Paris au Palais de l’Élysée.

En présence de la communauté internationale, le Président de la République accueillera à cette occasion les représentants du gouvernement libyen et une délégation d'acteurs politiques représentant les principales institutions de la Libye.

Les responsables libyens et la communauté internationale seront invités ce jour-là à s'engager dans la mise en œuvre d'une feuille de route politique inclusive, pour sortir de la crise qui affecte le pays et la région depuis plusieurs années.

Après sept ans de conflit et de tensions, cette conférence inédite - qui s'inscrit dans la continuité des efforts menés depuis 2011 par la communauté internationale et l'ONU - vise à ouvrir une nouvelle période de stabilité et de coopération, attendue par tout le peuple libyen.

30 mai 2018

Déclaration politique sur la Libye

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Recalling the commitment of the international community to support the peace, security, and stability of Libya;
Recalling that the current political and security situation in Libya is not sustainable;
Recalling the resounding call of all Libyans for credible, inclusive, and peaceful elections;
In accordance with the December 17, 2015 Libyan Political Agreement (LPA);
In accordance with the inclusive political roadmap presented at the United Nations (UN) on September 20, 2017, and endorsed by the international community:

Against the backdrop of a Libyan-owned process and the full engagement of all Libyan parties involved, we committed in Paris on May 29, 2018, under the auspices of the UN and in the presence of representatives of the international community, to work constructively with the UN to realize credible and peaceful elections as soon as possible and to respect the results of these elections when they occur. We further agreed to the following principles, in support of the UN’s efforts to stabilize Libya:

I. Recognition of the importance of developing a constitutional basis for elections and support for the United Nations Special Representative of the Secretary General (SRSG) as he consults with Libyan authorities on a proposal and timeline for adopting the constitution. The adoption of the constitution will be a key moment for the sovereignty of the Libyan nation.

II. Agreement on the organization of parliamentary as well as presidential elections, as determined by the SRSG, in consultation with the Government of National Accord (GNA), House of Representatives (HoR), High State Council (HSC), and High National Electoral Commission (HNEC). The parties have committed to set the constitutional basis for elections and adopt the necessary electoral laws by September 16, 2018 and hold Parliamentary and Presidential elections on December 10, 2018. Elections must be well-prepared with all the Libyan institutions, to advance the shared objective of stabilizing and unifying Libya

III. Commit solemnly to accept the requirements for elections outlined in the SRSG’s briefing to the UN Security Council on May 21, including a new session of voter registration for an additional period determined by the High National Election Commission in liaison with the UN. Libyan leaders commit to accept the results of elections, and ensure appropriate funds and strong security arrangements are in place. Those who violate or obstruct the electoral process will be held accountable.

IV. Agreement to work constructively with the UN to ensure that the required technical, legislative, political, and security conditions are in place for national elections, including the adoption and implementation of the requisite electoral laws by the HoR according to the adopted timeline, and the consultation mechanism with the High State Council (HSC) agreed on in the LPA.

V. Libya’s official security forces, with appropriate support and coordination from the UN as well as regional organizations and international community, will be responsible for safeguarding the electoral process and ensuring the right of all Libyans to peacefully and democratically express their will about the country’s future. Any obstruction or interference with the voting process will not be tolerated, and those responsible will be held accountable.

VI. Commitment to improve the atmosphere for national elections by all means possible, including by moving the seat of the HoR in line with the Constitutional Declaration, and working to eventually bring an end to duplication of government institutions and structures, and to encourage HoR and HSC to work immediately on unifying the Libyan Central Bank and other institutions.

VII. Commitment to support the United nations efforts in building professional, accountable, and unified military and security institutions, to encourage the ongoing Cairo dialogue, and to work constructively toward the unification of Libya’s military and security institutions.

VIII. Agreement to participate in an inclusive political conference to follow-up on the implementation of this statement, under the UN auspices and with respect for the timeframe and modalities determined by the SRSG, alongside with Libyan institutions.

As Libyan leaders make these commitments, the international community stands united in support of all Libyans as they work constructively with the UN toward credible, secure, and peaceful national elections and strive to realize a more prosperous future for the people of Libya through appropriate and substantial reforms to their economic model.

Joint Statement by Fayez al-Sarraj, Aguila Saleh, Khalid Meshri, Khalifa Haftar

 ***

Rappelant l’engagement pris par la communauté internationale de soutenir la paix, la sécurité et la stabilité en Libye ;
Rappelant que la situation politique et sécuritaire actuelle en Libye est intenable ;
Rappelant l’appel vigoureux de tous les Libyens en faveur d’élections dignes de foi, ouvertes à tous et pacifiques ;
Conformément à l’Accord politique libyen (APL) du 17 décembre 2015 ;
Conformément à la feuille de route politique sans exclusive présentée aux Nations Unies le 20 septembre 2017 et entérinée par la communauté internationale,

Dans le contexte d’un processus mené par les Libyens et du plein engagement de toutes les parties libyennes intéressées, nous nous sommes engagés le 29 mai 2018 à Paris, sous les auspices des Nations Unies et en présence de représentants de la communauté internationale, à œuvrer de manière constructive avec les Nations Unies en vue d’organiser dès que faire se pourra des élections dignes de foi et pacifiques, et à en respecter les résultats lorsqu’elles auront eu lieu. Nous sommes, en outre, convenus des principes ci-après à l’appui des efforts déployés par les Nations Unies pour stabiliser la Libye :

I. Reconnaissance de l’importance que revêt l’élaboration d’une base constitutionnelle pour les élections et soutien au représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies (RSSG) dans le cadre de ses consultations auprès des autorités libyennes portant sur une proposition de constitution et sur le calendrier de son adoption. L’adoption de la constitution constituera une étape essentielle pour la souveraineté de la nation libyenne.

II. Accord sur l’organisation d’élections législatives ainsi que présidentielles, dans les conditions arrêtées par le RSSG, en concertation avec le Gouvernement d’entente nationale (GEN), la Chambre des députés, le Haut conseil d’État (HCE) et la Haute Commission électorale nationale (HCEN). Les parties se sont engagées à mettre en place leur base constitutionnelle pour les élections et à adopter les lois électorales nécessaires d’ici le 16 septembre 2018, ainsi qu’à tenir les élections parlementaires et présidentielles le 10 décembre 2018. Ces élections devront avoir été bien préparées avec l’ensemble des institutions libyennes afin de promouvoir l’objectif partagé de stabiliser et d’unifier la Libye.

III. S’engager solennellement à accepter les conditions applicables aux élections telles qu’énoncées dans l’exposé présenté le 21 mai au Conseil de sécurité des Nations Unies par le RSSG, notamment une nouvelle campagne d’inscription sur les listes électorales pendant une durée complémentaire qui sera déterminée par la haute commission nationnale électoralehaute en concertation avec les Nations Unies. Les dirigeants libyens s’engagent à accepter les résultats des élections et à veiller à ce qu’un financement approprié et des dispositions solides en matière de sécurité soient mis en place. Ceux qui enfreindront ou entraveront le processus électoral auront à en rendre compte.

IV. Accord en vue d’œuvrer de manière constructive avec les Nations Unies pour faire en sorte que les conditions requises en matières technique, législative, politique et de sécurité soient réunies pour des élections nationales, notamment l’adoption et la mise en œuvre de la législation électorale requise par la Chambre des députés conformément au calendrier adopté, et le mécanisme de concertation avec le Haut conseil d’État (HCE) convenu dans le cadre de l’APL.

V. Les forces de sécurité libyennes officielles, avec le soutien approprié et la coordination des Nations Unies ainsi que des organisations régionales et de la communauté internationale, seront chargées de garantir le processus électoral et l’exercice du droit de tous les Libyens d’exprimer pacifiquement et démocratiquement leur volonté quant à l’avenir de leur pays. Aucune obstruction ni ingérence dans le processus de vote ne sera tolérée et les personnes responsables auront à en rendre compte.

VI. Engagement d’améliorer le climat en vue des élections nationales par tous les moyens possibles, notamment en transférant le siège de la Chambre des députés conformément à la Déclaration constitutionnelle, et en oeuvrant à mettre un terme au dédoublement des institutions et structures gouvernementales à terme, et encourager la Chambre des députés et le HCE, à s’employer immédiatement à unifier la Banque centrale de Libye et d’autres institutions.

VII. Engagement de soutenir les efforts déployés par les Nations Unies pour mettre en place des institutions militaires et de sécurité professionnelles, responsables et unifiées, d’encourager le dialogue en cours au Caire et d’œuvrer de manière constructive en vue d’unifier les institutions militaires et de sécurité de Libye.

VIII. Accord en vue de participer à une conférence politique ouverte à tous afin d’assurer le suivi de la mise en œuvre de la présente déclaration, sous les auspices des Nations Unies et conformément au calendrier et aux modalités arrêtés par le RSSG, de concert avec les institutions libyennes. Alors que les dirigeants libyens prennent ces engagements, la communauté internationale est unie dans son soutien à tous les Libyens qui œuvrent de manière constructive avec les Nations Unies en vue d’élections nationales dignes de foi, sûres et pacifiques, et aspirent à bâtir un avenir plus prospère pour le peuple de Libye grâce à des réformes appropriées et substantielles de leur modèle économique.

Déclaration conjointe de Fayez al-Sarraj, Aguila Saleh, Khalid Meshri, Khalifa Haftar.

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30 mai 2018

Transcription de la conférence de presse du Président de la République, Emmanuel Macron, sur la Libye

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Seul le prononcé fait foi

Elysée – Mardi 29 mai 2018

LE PRESIDENT : Mesdames et Messieurs,

Merci d’être là et après la lecture de la déclaration à laquelle nous venons d’assister et son approbation par tous, nous souhaitions tenir une conférence de presse. Je souhaitais commencer cette conférence de presse en exprimant la solidarité du peuple français à l’égard du peuple belge. Nous avons pendant notre réunion appris ce qui s’était passé ce matin en Belgique et la terrible attaque qui semble-t-il serait qualifiée de terroriste maintenant par le parquet. Il est tôt pour s’exprimer mais je voulais ici adresser toutes les condoléances et la solidarité du peuple français à l’égard de nos voisins belges.

Aujourd’hui s’est donc tenue une conférence importante qui est le fruit d’un travail de longue haleine, qu’à la fois le président SARRAJ, l’ensemble des parties prenantes libyennes, la communauté internationale et particulièrement le représentant des Nations Unies, Ghassan SALAME, mènent depuis des mois et des mois. En juillet 2017, nous avions tenu à La Celle-Saint-Cloud une première réunion où le président SARRAJ était présent avec le maréchal HAFTAR en présence du représentant SALAME qui commençait sa mission et qui avait permis de dégager des premières lignes de force. Un travail très important ensuite a été conduit sur le terrain qui a jalonné les mois précédents, en septembre le représentant Ghassan SALAME avait exposé ainsi après un été passé au travail avec l’ensemble des parties prenantes ses propositions et sa feuille de route qui avait été validées aux Nations Unies en marge de l’Assemblée générale et un très gros travail a été fait ces derniers mois.

La rencontre qui s’est tenue aujourd’hui est une rencontre historique parce qu’elle s’inscrit dans ce processus et qu’elle a été préparée de longue haleine par l’ensemble des parties prenantes et parce qu’elle a été accompagnée par l’ensemble de la communauté internationale qui a à connaître de cette situation. Nous avons tous partagé le même sentiment de responsabilité, d’urgence et d’engagement sur la nécessité d’aboutir rapidement à une solution politique en Libye. C’est la première fois que sous cette forme une telle réunion s’est tenue avec l’ensemble des responsables libyens, étape clé pour la réconciliation en Libye. Monsieur Fayez al-SARRAJ, président du Conseil présidentiel, monsieur Aguila SALEH, président de la Chambre des représentants, monsieur Khaled al-MISHRI, président du Haut Conseil d’Etat, et monsieur Khalifa HAFTAR, commandant général de l’Armée nationale libyenne, en présence de plusieurs délégations libyennes représentatives de composantes de la société libyenne.

C’est la première fois que sous ce format-là l’ensemble de ses dirigeants dont certains ne se reconnaissent pas mutuellement se sont réunis, ont accepté de travailler ensemble et ont ensemble, vous l’avez vu, approuvé une déclaration commune. C’est une étape essentielle, importante et qui rend possible ce qui maintenant va venir. C’est aussi la première fois qu’en leur présence nous avons rassemblé l’ensemble des membres de la communauté internationale sous l’ombrelle des Nations Unies qui ont à connaître de la situation libyenne, pays voisins, pays africains, pays Proche et Moyen-Orient, pays européens, organisations régionales, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies.

L’ensemble des pays qui parfois, il faut bien le dire, ces dernières années ont essayé de tirer les ficelles de la situation libyenne derrière les rideaux en jouant l’un contre l’autre, en se nourrissant des divisions, parfois des déstabilisations, ont accepté de travailler ensemble pour marquer aussi leur accord et soutenir ce travail conduit par les Libyens pour s’engager autour de cette feuille de route commune et de cette déclaration, c’est là aussi la première fois et c’est une avancée indispensable. Je veux saluer la qualité du travail qui a pu se faire avec l’ensemble d’entre eux et très bonnes relations que nous avons nouées et construites ces dernières semaines pour œuvrer en ce sens.

Ce travail est indispensable pour la Libye au premier chef, le peuple libyen aspire à la sécurité, à la stabilité, à vivre mieux et à pouvoir exprimer sa souveraineté. C’est ce que nous lui devons parce que parfois nous avons pu décider de nous substituer à sa souveraineté et ce faisant je crois que nous reconnaissons l’importance du peuple libyen, la dette que nous avons à son endroit et le travail que nous lui devons pour arriver à ce résultat.

Ensuite, ce sujet est important pour toute la région et la mobilisation de l’Union africaine, de la Ligue arabe en particulier et de tous les Etats voisins et de nombreux Etats africains l’a montré, aujourd’hui la situation en Libye est un problème de sécurité, de stabilité qui la dépasse et qui touche la plupart de ces pays avec des conséquences graves sur les pays voisins, sur tout le Sahel et une déstabilisation potentielle en Afrique mais aussi au Proche et Moyen-Orient. Et donc l’engagement de tous derrière une solution souveraine, inclusive en Libye est le témoignage de cette importance pour la sécurité collective et la stabilité de la région. Et puis cela nous touche aussi parce que nombre d’Etats européens ont eu à connaître des conséquences de la crise en Libye. Je pense à l’Italie qui a vécu ces derniers mois et ces dernières années une importante crise migratoire avec laquelle nous avons travaillé de manière exemplaire et je veux ici saluer l’engagement de l’Italie dans le travail qui a été fait mais elle a eu à connaître des conséquences directes de cette crise. Et tous les pays européens et la Haute représentante de l’Union européenne était également présente avec nous ont marqué leur engagement pour trouver une solution commune.

Les discussions qui se sont déroulées ce matin ont donc montré une volonté de s’engager sur des points précis. D’abord, un consensus sur la nécessité d’unifier les institutions gouvernementales, économiques et de sécurité à terme pour contribuer à l’affirmation pleine et entière de l’Etat libyen en mettant notamment fin à toutes formes d’institutions parallèles avec un processus progressif qui se fera et trouvera son plein aboutissement à l’issue du processus électoral mais surtout avec la décision, et nous l’avons conclue ce matin même, de nous donner un calendrier et une procédure. Et donc d’ici au 16 septembre, date importante pour le peuple libyen, soit d‘avoir acté un changement constitutionnel, soit sur la base de la déclaration constitutionnelle existante de pouvoir prendre le texte de loi électoral qui permettra d’organiser les élections. Et donc d’ici au 16 septembre il y a eu un engagement commun pour prendre les dispositions qui permettront d’organiser de manière satisfaisante un processus électoral, soit avec une nouvelle constitution, soit sur la base d’une loi électorale qui aura été dûment votée, les trois présidents et le maréchal HAFTAR se sont engagés sur cela, ce qui est essentiel parce qu’ils sont les acteurs qui rendront possible ce processus là où depuis des mois nous étions bloqués par les non-reconnaissances mutuelles et la capacité de l’un ou de l’autre à interrompre le processus.

Deuxième élément, c’est l’organisation pour le 10 décembre 2018 d’élections présidentielles et législatives et donc l’engagement sur la base de ce processus de redonner pleinement, sûrement au peuple libyen sa souveraineté et de lui permettre de l’exprimer à cette date. C’est un élément inédit mais je crois qu’il est à la hauteur aussi des attentes du peuple libyen lui-même. Le représentant spécial SALAME a fait plusieurs sondages qui ont montré la volonté des Libyens de s’engager dans ce processus, de pouvoir exprimer leur voix et de décider le plus vite possible. Ce texte va donc dans ce sens et vous sera présenté dans ses détails par monsieur SALAME dans quelques instants après que la lecture en a été faite devant nous il y a quelques instants à peine.

Avant de céder la parole à monsieur SALAME et le président SARRAJ je veux dire ici vraiment que la présence d’une vingtaine de pays, organisations régionales aux côtés des Nations Unies et des Libyens aujourd’hui témoigne de cette unité de la communauté internationale et du fait que nous avons un engagement unique derrière lequel nous allons œuvrer. Nous nous sommes tous engagés collectivement à soutenir les efforts, à respecter les engagements collectifs, c’est une étape à cet égard essentielle. Je veux ici remercier le travail remarquable qui a été fait depuis plusieurs mois par Ghassan SALAME, le représentant spécial de l’Organisation des Nations Unies. Je veux, Monsieur le Président SARRAJ, vous remercier aussi car dès le début vous avez pris vos responsabilités et accepté ce dialogue inclusif et rendu possible la réunion et le travail que nous avons conduits ensemble aujourd’hui. Maintenant nous avons des engagements clairs et précis, un calendrier, il a été formellement et officiellement approuvé par les parties prenantes, il a été soutenu par la communauté internationale, nous n’avons plus qu’à agir avec un seul objectif, l’intérêt du peuple libyen.

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