C’est pendant la guerre, encore adolescent, que le démon du théâtre l’avait saisi ; il renonça vite à un emploi qui l’ennuyait pour embrasser sa vocation de comédien après un passage remarqué par le Conservatoire d’art dramatique de Paris ; pendant soixante ans, il mena une carrière brillante à travers tous les genres et tous les styles, du cinéma populaire au théâtre classique, du boulevard au cinéma d’auteur, en passant par la télévision. Très vite, les Français l’aimèrent et ne purent plus se passer de lui.

Et pourtant, ce parcours étincelant fut celui d’un comédien qui ne céda jamais à l’extraversion ni aux facilités. Rarement la France aura connu un artiste aussi discret, puisant l’émotion dans la retenue et la pudeur. Chez lui, un regard et un sourire suffisaient pour exprimer le sentiment. Le timbre si particulier de sa voix, qu’avec le temps il apprit à voiler légèrement, possédait un charme immédiatement reconnaissable auquel succomba notamment Alain Resnais.

Chacun d’entre nous possède ses souvenirs de Claude Rich, que ce soit au théâtre ou au cinéma. Mais tous, nous partageons cette affection particulière qu’il suscitait, par son intériorité bienveillante, sa présence chaleureuse et attachante. Il fut de ces comédiens qui font sentir que la condition humaine est fragile et que la tendresse est un des remèdes au tragique.

Fin diseur, prodigieux conteur, homme d’amitiés fidèles, il fut pour nombre de comédiennes et de comédiens un modèle et un maître, sans jamais en tirer vanité. Il manquera bien sûr aux siens, mais aussi à toute la famille du cinéma et du théâtre, et assurément à tous les Français, qui aujourd’hui ont une pensée reconnaissante pour cette émotion particulière que lui seul savait apporter.

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