19 mai 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. Valéry Giscard d'Estaing à la télévision, pour un message d'adieu aux Français après l'élection présidentielle, Paris, Palais de l'Élysée, mardi 19 mai 1981.

Après demain, je quitterai l'Elysée. Je viens, ce soir, vous dire très simplement au revoir.
- Je quitte mes fonctions en ayant conscience d'avoir apporté tous mes soins et tous mes efforts à ce que je jugeais essentiel. Je vous demande de vous souvenir de ceci. Pendant ces sept ans, j'avais un rêve : que la France devienne une nation forte et paisible, fraternelle pour tous les siens, et traitant d'égal à égal avec les grands dirigeants du monde. Pendant sept ans, la France a vécu en paix, sans souffrir de secousses intérieures graves, ni politiques, ni sociales.
- Toutes les élections ont eu lieu à leur date normale. La France est restée le pays de toutes les libertés. Le déroulement de l'élection présidentielle vient d'en apporter la preuve. Elle fait même partie de ce qui n'est plus qu'un ilôt de liberté dans un océan de contraintes.
- Chaque fois que nos forces ont eu à intervenir à l'extérieur, elles l'ont fait avec succès. Cela restera mon honneur de l'avoir décidé.
- Si notre pays n'a pas connu toute la prospérité que je voulais pour lui, nous avons maintenu pendant sept ans la solidité du franc `monnaie` £ limité le déficit budgétaire £ rétabli l'équilibre de la Sécurité sociale, et sauvé ainsi nos régimes sociaux.
- Je voulais aussi que les Français soient fiers de la France. Je me suis donné beaucoup de peine pour cela, en vous représentant à l'étranger. Chacun de vous, en franchissant nos frontières, pouvait être fier d'être Français.
- Nous avons lancé de grands projets. Notre programme d'indépendance énergétique, poursuivi sans défaillance, faisait l'admiration du monde.
- J'ai développé l'entente franco - allemande, pour consolider l'Europe.
- J'ai maintenu ouvert le dialogue pour la paix.\
Je remercie chaleureusement toutes celles et tous ceux d'entre vous qui m'ont apporté leurs suffrages, au nombre de 14600000 ! Des suffrages populaires, courageux, modestes £ des suffrages qui reconnaissaient l'effort accompli, et recherchaient le bien de la France.
- Merci à vous tous qui, de Valenciennes à Thionville, de l'Alsace à la Bretagne, des Antilles à la Réunion, de la Manche à la Lozère, de la Haute-Savoie au Var et à la Corse, m'ont aidé dans ma tâche et m'ont apporté leur enthousiasme et leur dévouement. La France continuera à avoir besoin de vous ! Chaque fois qu'il le faudra, je saurai pouvoir compter sur vous.
- En ce jour qui marque pour beaucoup le terme de grandes espérances, je sais que vous êtes nombreux à partager mon émotion. Sachez qu'un événement politique n'est qu'un maillon dans la chaine de notre longue histoire.
- A tous ceux qui m'ont suivi jusqu'au bout, je demande d'oublier les blessures du combat politique, pour ne retenir que l'attachement aux grands idéaux qui restent les nôtres, et la volonté de resserrer l'union chaque fois qu'elle est une condition du succès .
- Pour moi, je resterai attentif à tout ce qui concerne l'intérêt de la France. Tourné vers l'avenir et fort de l'expérience acquise, je ferai en sorte de me tenir à la disposition de mon pays, pour défendre les principes et les idées qui ont guidé ma vie, et inspiré mon action de sept ans.
- Avant de vous quitter, je vous souhaite bonne chance, à chacune et à chacun d'entre vous. Oui, bonne chance du fond du coeur, sans amertume vis-à-vis des uns, et avec une chaude reconnaissance pour les autres.
- Mes voeux vont aussi à celui que les Français ont choisi pour être le premier d'entre eux `François Mitterrand`.
- Et dans ces temps difficiles, où le mal rôde et frappe dans le monde, je souhaite que la providence veille sur la France, pour son bonheur, pour son bien et pour sa grandeur.
- Au revoir !\