15 mars 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Lettre de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, adressée à Monseigneur Marc Stenger, Evêque de Troyes, sur la situation en Irak, notamment le sort des chrétiens irakiens, le 15 mars 2008.


Monseigneur,
J'ai bien reçu le courrier que vous m'avez fait parvenir au nom de toute la délégation qui vous a accompagné en Irak. Soyez assuré que j'en ai pris connaissance avec une grande attention. Mes collaborateurs m'ont également rendu compte de l'échange que vous avez eu avec eux.
Je sais que l'Église de France a décidé de s'associer particulièrement aux chrétiens d'Irak à l'occasion des cérémonies religieuses de la Semaine sainte. C'est une manière de répondre à leur demande de soutien spirituel, qui figure au premier rang des besoins qu'ils vous ont exprimés au cours de votre visite.
La situation des chrétiens en Irak est douloureuse, comme vient de le rappeler si tragiquement la mort de Mgr Faraj Rahou, archevêque chaldéen de Mossoul, dont le corps a été retrouvé jeudi dernier, treize jours après son enlèvement. J'ai été profondément bouleversé par ce crime odieux, que la France a condamné avec la plus grande vigueur.
L'étroitesse des liens qui unissent la France aux Églises et communautés d'Orient - dont l'histoire même se confond avec les origines du christianisme - est ancienne et particulière. Traditionnellement, notre pays entretient avec les chefs des Eglises d'Orient, qui constituent un pont vers l'Europe et contribuent au dialogue des cultures au Moyen-Orient, des échanges réguliers, au plus haut niveau. J'entends m'inscrire pleinement dans cette tradition et continuer à la faire vivre. C'est pourquoi l'un des premiers gestes du Ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, en se rendant à Bagdad en août dernier, fut de rencontrer, à ma demande, sa Béatitude Emmanuel III Delly, Patriarche de Babylone des chaldéens.
Comme vous, je considère que l a présence de chrétiens en Irak est fondamentale, aussi bien pour des raisons historiques que pour faire obstacle à la tentation suicidaire du repli sur soi et des communautarismes à l'oeuvre dans cette région du monde. Pour cette raison, la France veut aider les chrétiens d'Irak d'abord à demeurer sur place, tout comme elle aidera ceux qui ont dû fuir leur pays.
Au-delà de la situation spécifique des chrétiens, la crise que connaît l'Irak depuis cinq ans est d'une extrême gravité. Une violence aveugle frappe chacun, sourde ou directe, toujours cruelle et sans distinction, qu'il soit musulman, chrétien, yézidi, mandéen, mazdéen...
Cette situation nous préoccupe profondément. J'ai donc souhaité, avec le Ministre des affaires étrangères, que la France se réengage en Irak. Notre pays ne peut rester indifférent à un tel drame.
Devant la souffrance si grande qui frappe l'Irak, c'est à toutes les victimes irakiennes que je pense avec vous. Je souhaite que toutes les communautés puissent trouver leur place au sein d'un Irak uni, démocratique et pacifié, qui garantisse à chaque Irakienne et à chaque Irakien l'exercice des libertés civiles et de culte.
C'est l'objectif que la France soutient et à la réalisation duquel elle s'emploie, en lien avec ses partenaires européens et avec la communauté internationale tout entière. La résolution de la crise irakienne requiert la mobilisation de toutes les énergies. La France ne ménage pas ses efforts pour contribuer à trouver l'issue la plus rapide possible.
En vous priant de transmettre à vos fidèles les voeux que je forme pour le rétablissement de la paix et de la sécurité en Irak, au bénéfice de toutes les communautés et plus particulièrement celles qui sont les plus vulnérables et les plus menacées, je vous prie d'agréer, Monseigneur, l'assurance de mes sentiments les meilleurs.