1 janvier 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, en hommage aux agents du service public des transports, de l'énergie, de la santé et de la sécurité, à Paris le 1er janvier 2008.

Bonjour à tous,
Vous êtes les premières personnes que j'ai tenu à recevoir à l'Elysée en ce 1er janvier. En vous invitant ici, je veux vous dire mes remerciements et, naturellement, ceux du pays tout entier.
Tous ici, vous étiez mobilisés cette nuit, pendant que la plupart de nos concitoyens se retrouvaient en famille ou entre amis pour fêter la nouvelle année. Parce que vous étiez là, parce que vous avez veillé sur eux, vous leur avez permis de passer ces réjouissances en toute tranquillité.
Comme chaque jour et chaque nuit de l'année, vous avez, en ce Nouvel An, accompli votre mission au service des autres. C'est dans cet engagement, dans ce dévouement, que les valeurs du service public prennent tout leur sens, avec ses servitudes, son humilité mais aussi sa grandeur.
Vous êtes à chaque instant auprès de nos concitoyens dans leur vie quotidienne. Dans les moments heureux comme dans les moments difficiles.
Ceux que vous servez ne vous voient pas forcément mais ils savent que vous êtes à leurs côtés et qu'ils peuvent compter sur vous. C'est ce lien si particulier qui vous unit à la population. C'est ce qui force le respect et c'est ce qui vous vaut la considération d'un grand nombre de Français.
Vous les agents de la RATP et les cheminots, vous les avez accompagnés au cours de cette soirée. Vos trains, vos RER, vos métros, vos bus, vos tramways ont permis les retrouvailles et ont permis à chacun de rentrer dans son foyer.
Je suis venu vous voir cette année à la SNCF, sur le site du Landy. Cela faisait un quart de siècle qu'un Président de la République ne l'avait pas fait. C'était pour moi une manière de vous dire l'attachement que j'ai pour votre entreprise, qui occupe une place à part dans le coeur des Français car elle fait partie de notre patrimoine, de notre quotidien, de notre avenir. Et je suis fier qu'aujourd'hui, vos talents et vos compétences nous permettent de projeter le savoir-faire français partout dans le monde.
Je veux dire à vos collègues de la RATP que j'ai bien l'intention d'aller également à leur rencontre. Sans les 45 000 hommes et femmes de la RATP, qui transportent chaque jour 10 millions de voyageurs, Paris et l'Ile-de-France n'auraient pas le visage qu'on leur connaît. Votre réseau de transports urbains, le troisième le plus important du monde après New York et Tokyo, les autres pays nous l'envient.
En cette nuit de fête, où chaleur et lumière se répandent dans les maisons et dans les rues, il fallait, comme toutes les nuits, que vous, les gaziers, et vous, les électriciens, vous soyez à vos postes. Les Français savent d'expérience quel est votre dévouement. Je pense en particulier à la tempête de 1999, il y a huit ans, jour pour jour, où vous avez remis le pays en marche, en un temps record.
Quand je suis venu vous voir en octobre, à la centrale nucléaire de Penly et sur le site de stockage de gaz de Gournay-sur-Aronde, j'ai pu admirer vos compétences, votre professionnalisme, votre culture de la sécurité. Ce sont de précieux atouts pour la France, qui nous permettent d'être des leaders mondiaux en matière énergétique.
Et puis vous, les médecins, les infirmières, les aides-soignants, tous les personnels de santé, vous étiez présents en cette nuit de Réveillon pour veiller sur vos patients, pour traiter les urgences, pour écouter ceux qui souffrent. Car la solitude, qu'on connaît trop souvent lorsqu'on est affaibli, elle est encore un peu plus forte en cette nuit particulière, quand le reste du monde paraît - je dis paraît - en fête. C'est parfois dans ces moments là que le désespoir vous envahit. Il faut alors qu'une main se tende pour éviter que l'on soit submergé et il y a de nombreuses mains, ici présentes, qui se sont tendues.
Chaque visite d'un hôpital ou d'un lieu de soins est pour moi un moment qui compte. Car c'est un contact nécessaire avec la souffrance, avec l'humanité, avec le dévouement du service public. J'ai pu le constater à Dunkerque, à Zuydcoote, à Dax, à Bordeaux, au Kremlin-Bicêtre, à l'Hôtel-Dieu ou encore à Necker-Enfants Malades à Paris. Partout, j'ai rencontré des personnels, partageant un même objectif : la qualité et la sécurité des soins. C'est un objectif avec lequel vous ne transigez pas. 2008 sera une année importante pour l'hôpital, je sais parfaitement les attentes qui sont les vôtres.
Je veux également rendre hommage au Samu social, aux associations, les bénévoles, qui ont préféré cette nuit, par solidarité, être aux côtés de ceux qui avaient besoin d'eux. Arpentant nos rues dans le froid, répondant aux appels téléphoniques, apportant un peu de réconfort par un repas chaud ou une tasse de café. Vous êtes allés vers les autres, vers des gens que vous ne connaissiez pas mais pour lesquels votre présence était ce qu'il y avait de plus précieux en cet instant. Au-delà de l'aide matérielle que vous leur avez apportée, le message que vous leur avez transmis est un message de fraternité. La fraternité, c'est un message d'espoir.
Et puis, il y a vous, policiers, gendarmes et pompiers, Mme la ministre de l'Intérieur, Chère Michèle, qui avez veillé sur la sécurité de tous. Je sais d'expérience que cette nuit, parmi toutes les nuits de l'année, c'est une nuit qui compte pour un ministre de l'Intérieur, pour un Directeur général de la Police, pour un Directeur général de la Gendarmerie ou pour un Préfet de Police. Celle que vous venez de passer ne fait pas exception à la règle. Vous avez donc répondu aux appels, si nombreux, que vous avez reçus et vous avez contenu les débordements. Parce que parfois, malheureusement, ce qui devrait être une fête prend des allures sauvages, d'autant plus détestables qu'il s'agit d'une violence gratuite et programmée. Et ce sont les policiers, les gendarmes qui protègent les plus faibles, les victimes, et c'est grâce aux policiers et aux gendarmes que l'on peut sanctionner les responsables de ces actes. La violence gratuite, elle est inacceptable.
Pour prévenir et contrôler les velléités de certains voyous - au fond les années passent et j'ai envie de les appeler par leur nom : des voyous, qui veulent transformer la rue et leurs quartiers, où les gens ne demandent qu'à vivre, en champ d'affrontements - eh bien, nous avons été bien heureux d'avoir 25 000 policiers et gendarmes engagés sur le terrain, dont 6 500 personnels des forces mobiles. Je veux leur dire qu'ils ont fait un travail remarquable.
Le bilan de cette nuit est satisfaisant, il y a eu globalement moins de départs de feux volontaires et quasiment - soyez-en félicités - aucun affrontement entre bandes ou avec les forces de police. Le nombre des blessés du côté des forces de sécurité est très faible et on ne peut que s'en réjouir.
La nuit du 31 décembre, c'est aussi malheureusement les accidents de la route avec de jeunes vies brisées. Le système des secours à la personne est tout entier en alerte. Je connais la somme de dévouement que cela représente, pas seulement un soir de l'année mais toute l'année.
J'ai également voulu que des policiers et des sapeurs-pompiers qui ont affronté les violences urbaines de Villiers-le-Bel soient parmi nous aujourd'hui. Je veux rappeler qu'à Villiers-le-Bel, 150 d'entre vous ont été blessés dont 81 blessés par tir d'arme à feu. Votre présence ici est une nouvelle fois pour moi l'occasion de dire mon respect, ma reconnaissance pour votre détermination, le calme et le courage dont vous avez fait preuve au cours de ces journées. Votre attitude a été exemplaire, vous avez évité l'escalade que certains recherchaient. Je veux vous dire que je suis fier de vous, que je n'oublierai pas, que la France n'oubliera pas, ce que nous vous devons et le prix de vos sacrifices. 81 membres des Forces de Sécurité sur lesquels on a tiré et qui ont été blessés, aucun qui n'a répondu. Je peux quand même dire que l'on peut être fier de notre police et de notre gendarmerie. Ce ne sont pas tous les pays qui peuvent dire cela. Je sais que l'enquête avance et j'ai bon espoir que les assassins - car lorsque l'on tire sur quelqu'un, on est un assassin - qui ont utilisé des armes de chasse pour tirer sur des policiers seront rapidement traduits devant la justice. Je rappelle à la ministre et au Directeur général de la Police : demandez tous les moyens nécessaires, les coupables doivent être arrêtés et déférés devant la justice. Je n'accepterai jamais d'être le Président de la République d'un pays où des voyous et des assassins tirent sur des fonctionnaires. Et la meilleure réponse, c'est d'aller les chercher et de leur demander des comptes. Je sais que cela progresse, croyez que j'en suis ravi. Ce n'est pas parce qu'on est fonctionnaire que l'on doit accepter de se faire tirer dessus, se faire insulter ou se faire manquer de respect. Je le dis d'ailleurs pour tous les fonctionnaires qui sont ici et tous les fonctionnaires de France. Quelque soit la situation de détresse dont laquelle se trouve celui ou celle qui fait cela, ce n'est pas une raison pour s'en prendre à la personne qui est au guichet ou qui est auprès de vous pour vous apporter le secours dont vous avez besoin. A un moment, il faut quand même remettre les choses à l'endroit.
Enfin, je veux saluer nos militaires, qui eux aussi, accomplissent une des plus belles missions qui soient, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières. En ce 1er janvier, je pense à nos troupes. Quand même, les Français doivent savoir que nous avons plus de 10 000 hommes et femmes aujourd'hui loin de leurs foyers, déployés sur des théâtres extérieurs, au Kosovo, en Bosnie, au Liban, en Afghanistan. Il faudrait quand même dire à ceux qui sont étonnés que je me sois rendu en Afghanistan en disant que l'on resterait là-bas pour lutter contre le terrorisme : quand on voit ce qui s'est passé dans le pays d'à côté, l'assassinat lâche de cette femme courageuse par des barbares, croyez-vous que c'était vraiment le temps que l'on quitte l'Afghanistan, alors que cela s'est passé dans le pays d'à côté ? Que ceux qui ont critiqué, réfléchissent un petit peu à ce qui se passe dans le monde et à la nécessité que nous avons de combattre les terroristes et ne pas laisser le terrain à ceux qui portent une barbarie moyenâgeuse. Nous avons des soldats en Côte d'Ivoire, en Somalie, au Tchad, en République centrafricaine, au Congo, et parfois jusqu'au sacrifice de leur vie, ils servent la France pour la défendre et maintenir la paix dans le monde. Alors à tous ceux qui sont aujourd'hui loin de nous, je veux dire la fierté de la France tout entière et notre reconnaissance pour leur engagement à servir.
Merci à tous d'être là aujourd'hui, merci à tous d'avoir veillé sur nous la nuit dernière. Vous êtes plutôt en forme pour des gens qui ont travaillé comme cela.
J'espère que vous allez maintenant profiter d'un moment de repos bien mérité et que vous pourrez partager ce début d'année avec ceux qui vous sont chers et que vous aimez et qui ont dû s'inquiéter pendant cette nuit de la Saint-Sylvestre.
Je souhaite à chacun d'entre vous, ainsi qu'à vos familles et à vos proches, une très belle année 2008. Je vous souhaite beaucoup de bonheur, bonheur professionnel et bonheur personnel. Et si jamais par extraordinaire, certains ne rencontraient pas dans l'année 2008 que du bonheur - un truc extraordinaire qui n'arrive jamais - je souhaite à ceux-là la force de surmonter les épreuves de la vie et de trouver auprès d'eux l'affection, l'amitié de la famille ou d'amis dont on a besoin. C'est ce que je vous souhaite de tout mon coeur. Et je souhaite pour la France que nous devenions un pays où personne ne considère que le malheur soit une fatalité et que chacun se dise : si je me donne du mal, je pourrai m'en sortir.
Voilà ce que je souhaite pour notre pays. Que l'on devienne une société aussi juste que chacun qui se donne du mal se dise, cela peut aussi être bon pour moi.
On est assez en forme pour un 1er janvier.Bonne année à tous.