31 décembre 1999 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration radiotélévisée de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la solidarité de la nation en faveur des victimes des intempéries et de la marée noire et sur les défis du progrès à l'aube de l'an 2000, Paris le 31 décembre 1999.
Mes chers compatriotes,
Je voudrais d'abord exprimer ma sympathie à toutes celles et à
tous ceux qui vivent ces derniers jours de 1999 dans l'épreuve.
Je pense aux nombreuses victimes de la tempête et à toutes les
familles endeuillées dont nous partageons la peine. Je pense à nos
concitoyens cruellement touchés dans leur vie quotidienne, à ceux
dont les biens ont été détruits, à ceux qui craignent pour leur
activité et leur emploi, à ceux qui souffrent de voir notre
patrimoine, notre littoral, nos forêts, nos monuments, défigurés.
Je vous redis mon émotion mais aussi ma fierté devant
l'exceptionnel élan de solidarité qui anime tant de bénévoles et
d'associations mobilisés aux côtés des services publics civils et
militaires et des élus.
En ces heures difficiles, nous ressentons profondément la fragilité
des choses, la précarité de ce qui nous semblait acquis. Nous
voyons combien tout peut être parfois remis en cause du fait de
l'inconscience des hommes ou du déchaînement des éléments
naturels.
Nous mesurons aussi l'importance du rôle de l'Etat dans notre
société. Un Etat sur lequel pèsent des responsabilités
essentielles : le service public, la sécurité, la solidarité. Un Etat
auquel il appartient de prévoir, de faire face, d'assurer la
coordination des moyens du pays.
Nous mesurons surtout le prix de l'aide fraternelle, du soutien
spontané, de la main tendue, qui sont le ciment de la Nation.
Au moment où nous touchons aux portes de l'An 2000, rien n'est
décidément plus moderne, plus nécessaire, plus solide, que le
sentiment d'appartenir à une même communauté et d'être
responsables les uns des autres. La France blessée veut se
retrouver rassemblée et fraternelle. Parce que nos compatriotes
ont toujours su, dans l'épreuve, faire parler leur coeur, je voudrais
dire merci à tous les Français.
*
Mais ce soir, nous vivons ensemble un moment fort et singulier.
Ce qui paraissait très lointain et qui a longtemps symbolisé le
futur, l'an 2000, est devenu contemporain, immédiat. Je suis sûr
que beaucoup d'entre vous vont vivre ces instants avec un peu
d'émotion, un peu d'étonnement, une certaine appréhension
parfois, née du sentiment que s'achève une époque dont on
possédait les clés, dont on maîtrisait les règles et les habitudes.
Je comprends ces mouvements de l'âme. Pourtant, j'ai confiance.
La France franchira les obstacles comme elle l'a toujours fait au
long de son histoire pour peu qu'elle soit fidèle à elle-même.
*
Même si le passé est bien présent dans notre mémoire, je ne
m'attarderai pas sur le siècle qui s'achève. Siècle de progrès sans
précédent. Pour la santé, l'éducation, les conditions de vie. Pour
les libertés, la vie démocratique, la situation des femmes, les
solidarités. Mais aussi siècle d'horreurs, de tragédies, de
convulsions, qui a vu deux guerres mondiales, le Goulag, les
dictatures totalitaires. Et la Shoah.
Ce soir, ce qui importe, c'est l'avenir, notre avenir, celui de nos
enfants. Le progrès va se poursuivre, avec ses hésitations, avec
ses limites que nous mesurons bien face aux événements récents
qui nous invitent à l'humilité. Progrès de la science. Progrès des
communications entre les hommes. Progrès de la médecine : un
grand nombre des enfants qui vont naître cette année verront l'an
2100.
Ces progrès ne prendront tout leur sens que s'ils bénéficient à
l'homme, à tous les hommes. Le XXIème siècle doit être le siècle
de l'éthique. Je sais que bien des tragédies, aujourd'hui, font
douter de cette espérance. Pourtant, de plus en plus, les Nations
s'accordent pour mieux faire respecter les Droits de l'Homme,
pour défendre la liberté et la dignité humaines. Un nouvel ordre
international s'affirme peu à peu. Demain, il ne devra plus y avoir
de repos pour les criminels contre l'humanité. Et, au nom de la
France, en votre nom, c'est le combat difficile que je mène chaque
jour.
A l'intérieur de chaque nation, une exigence se fait entendre,
toujours plus forte, pour que les avancées de la science soient
orientées vers le bien de l'homme et ne se retournent jamais contre
lui : je pense, par exemple, aux manipulations génétiques ou au
clonage.
De même, dans le domaine de l'environnement, les peuples ne
veulent plus que la course à la productivité épuise la planète. La
responsabilité de tous ceux qui dans le monde dégradent le
patrimoine naturel doit être recherchée et sanctionnée car il s'agit
du patrimoine que nous léguerons à nos enfants.
Même si le monde change comme il n'a jamais changé, la
modernité ne doit pas nous diviser. Elle doit profiter à chacun.
*
Nous réussirons. Nous réussirons, parce que nous avons pris des
décisions qui engagent et qui garantissent notre avenir.
Nous avons choisi ensemble de faire grandir la France dans
l'Europe. Une Europe qui nous garantit la paix. Une Europe qui
nous permet de peser davantage dans le monde.
Nous avons choisi aussi de prendre part à la mondialisation, d'en
prendre toute notre part. Mais une mondialisation maîtrisée,
organisée, respectueuse de l'environnement, capable de prendre
en compte les aspirations des hommes et capable de faire reculer
la pauvreté. Ce sera tout le sens du combat de la France dans les
grandes négociations à venir.
*
Mes chers compatriotes,
Nous avons en commun certaines valeurs.
La volonté de donner à chacun sa chance pour que notre société
soit plus allante, plus mobile, plus optimiste.
L'exigence de solidarité. Une solidarité plus responsable où
chacun s'efforcerait de prendre sa part du contrat.
L'attachement à la famille, parce qu'elle est chaleur, entraide,
sécurité.
Le désir d'être utile, de trouver sa place dans la société, de
donner autour de soi, de se réaliser.
La tolérance, qui ne doit pas être renoncement à ses convictions,
mais respect de l'autre.
L'esprit républicain et le sens de l'intérêt général, qui imposent
que l'Etat conserve toute sa place pour dire le droit, le faire
respecter, avec autorité, avec justice.
Gardons ces exigences. Gardons ces valeurs. En les faisant vivre,
nous serons plus forts pour aborder les temps qui viennent.
La France change. Elle doit le faire au rythme du monde. En étant
fidèle à son génie propre, elle saura conjuguer le changement et la
cohésion sociale, l'esprit d'initiative et la sécurité, la modernité et
le bien vivre ensemble.
*
Mes chers compatriotes, je mesure l'honneur et la responsabilité
qui m'échoient de m'adresser à vous ce soir, alors que notre nation
franchit le cap du siècle.
La France a plus de mille ans, riches de fièvres, de passions,
d'enthousiasmes. Elle continue, comme hier, à ouvrir et à
défricher les chemins du monde. Le nouveau siècle est à inventer,
plus fraternel, plus volontaire. Il aura les couleurs que nous lui
donnerons. La France sera ce que nous voudrons qu'elle soit. Une
Nation unie, vivante, solidaire, ouverte, qui n'accepte aucune
fatalité, car, dans un monde où rien n'est figé, l'avenir dépend de
nous. L'avenir dépend de notre capacité à construire, à créer, à
rêver ensemble les voies de l'aventure humaine.
A chacune et à chacun d'entre vous, Françaises et Français de
métropole, d'Outre-mer, de l'étranger, je souhaite très
chaleureusement une bonne et une heureuse année 2000.
Je voudrais d'abord exprimer ma sympathie à toutes celles et à
tous ceux qui vivent ces derniers jours de 1999 dans l'épreuve.
Je pense aux nombreuses victimes de la tempête et à toutes les
familles endeuillées dont nous partageons la peine. Je pense à nos
concitoyens cruellement touchés dans leur vie quotidienne, à ceux
dont les biens ont été détruits, à ceux qui craignent pour leur
activité et leur emploi, à ceux qui souffrent de voir notre
patrimoine, notre littoral, nos forêts, nos monuments, défigurés.
Je vous redis mon émotion mais aussi ma fierté devant
l'exceptionnel élan de solidarité qui anime tant de bénévoles et
d'associations mobilisés aux côtés des services publics civils et
militaires et des élus.
En ces heures difficiles, nous ressentons profondément la fragilité
des choses, la précarité de ce qui nous semblait acquis. Nous
voyons combien tout peut être parfois remis en cause du fait de
l'inconscience des hommes ou du déchaînement des éléments
naturels.
Nous mesurons aussi l'importance du rôle de l'Etat dans notre
société. Un Etat sur lequel pèsent des responsabilités
essentielles : le service public, la sécurité, la solidarité. Un Etat
auquel il appartient de prévoir, de faire face, d'assurer la
coordination des moyens du pays.
Nous mesurons surtout le prix de l'aide fraternelle, du soutien
spontané, de la main tendue, qui sont le ciment de la Nation.
Au moment où nous touchons aux portes de l'An 2000, rien n'est
décidément plus moderne, plus nécessaire, plus solide, que le
sentiment d'appartenir à une même communauté et d'être
responsables les uns des autres. La France blessée veut se
retrouver rassemblée et fraternelle. Parce que nos compatriotes
ont toujours su, dans l'épreuve, faire parler leur coeur, je voudrais
dire merci à tous les Français.
*
Mais ce soir, nous vivons ensemble un moment fort et singulier.
Ce qui paraissait très lointain et qui a longtemps symbolisé le
futur, l'an 2000, est devenu contemporain, immédiat. Je suis sûr
que beaucoup d'entre vous vont vivre ces instants avec un peu
d'émotion, un peu d'étonnement, une certaine appréhension
parfois, née du sentiment que s'achève une époque dont on
possédait les clés, dont on maîtrisait les règles et les habitudes.
Je comprends ces mouvements de l'âme. Pourtant, j'ai confiance.
La France franchira les obstacles comme elle l'a toujours fait au
long de son histoire pour peu qu'elle soit fidèle à elle-même.
*
Même si le passé est bien présent dans notre mémoire, je ne
m'attarderai pas sur le siècle qui s'achève. Siècle de progrès sans
précédent. Pour la santé, l'éducation, les conditions de vie. Pour
les libertés, la vie démocratique, la situation des femmes, les
solidarités. Mais aussi siècle d'horreurs, de tragédies, de
convulsions, qui a vu deux guerres mondiales, le Goulag, les
dictatures totalitaires. Et la Shoah.
Ce soir, ce qui importe, c'est l'avenir, notre avenir, celui de nos
enfants. Le progrès va se poursuivre, avec ses hésitations, avec
ses limites que nous mesurons bien face aux événements récents
qui nous invitent à l'humilité. Progrès de la science. Progrès des
communications entre les hommes. Progrès de la médecine : un
grand nombre des enfants qui vont naître cette année verront l'an
2100.
Ces progrès ne prendront tout leur sens que s'ils bénéficient à
l'homme, à tous les hommes. Le XXIème siècle doit être le siècle
de l'éthique. Je sais que bien des tragédies, aujourd'hui, font
douter de cette espérance. Pourtant, de plus en plus, les Nations
s'accordent pour mieux faire respecter les Droits de l'Homme,
pour défendre la liberté et la dignité humaines. Un nouvel ordre
international s'affirme peu à peu. Demain, il ne devra plus y avoir
de repos pour les criminels contre l'humanité. Et, au nom de la
France, en votre nom, c'est le combat difficile que je mène chaque
jour.
A l'intérieur de chaque nation, une exigence se fait entendre,
toujours plus forte, pour que les avancées de la science soient
orientées vers le bien de l'homme et ne se retournent jamais contre
lui : je pense, par exemple, aux manipulations génétiques ou au
clonage.
De même, dans le domaine de l'environnement, les peuples ne
veulent plus que la course à la productivité épuise la planète. La
responsabilité de tous ceux qui dans le monde dégradent le
patrimoine naturel doit être recherchée et sanctionnée car il s'agit
du patrimoine que nous léguerons à nos enfants.
Même si le monde change comme il n'a jamais changé, la
modernité ne doit pas nous diviser. Elle doit profiter à chacun.
*
Nous réussirons. Nous réussirons, parce que nous avons pris des
décisions qui engagent et qui garantissent notre avenir.
Nous avons choisi ensemble de faire grandir la France dans
l'Europe. Une Europe qui nous garantit la paix. Une Europe qui
nous permet de peser davantage dans le monde.
Nous avons choisi aussi de prendre part à la mondialisation, d'en
prendre toute notre part. Mais une mondialisation maîtrisée,
organisée, respectueuse de l'environnement, capable de prendre
en compte les aspirations des hommes et capable de faire reculer
la pauvreté. Ce sera tout le sens du combat de la France dans les
grandes négociations à venir.
*
Mes chers compatriotes,
Nous avons en commun certaines valeurs.
La volonté de donner à chacun sa chance pour que notre société
soit plus allante, plus mobile, plus optimiste.
L'exigence de solidarité. Une solidarité plus responsable où
chacun s'efforcerait de prendre sa part du contrat.
L'attachement à la famille, parce qu'elle est chaleur, entraide,
sécurité.
Le désir d'être utile, de trouver sa place dans la société, de
donner autour de soi, de se réaliser.
La tolérance, qui ne doit pas être renoncement à ses convictions,
mais respect de l'autre.
L'esprit républicain et le sens de l'intérêt général, qui imposent
que l'Etat conserve toute sa place pour dire le droit, le faire
respecter, avec autorité, avec justice.
Gardons ces exigences. Gardons ces valeurs. En les faisant vivre,
nous serons plus forts pour aborder les temps qui viennent.
La France change. Elle doit le faire au rythme du monde. En étant
fidèle à son génie propre, elle saura conjuguer le changement et la
cohésion sociale, l'esprit d'initiative et la sécurité, la modernité et
le bien vivre ensemble.
*
Mes chers compatriotes, je mesure l'honneur et la responsabilité
qui m'échoient de m'adresser à vous ce soir, alors que notre nation
franchit le cap du siècle.
La France a plus de mille ans, riches de fièvres, de passions,
d'enthousiasmes. Elle continue, comme hier, à ouvrir et à
défricher les chemins du monde. Le nouveau siècle est à inventer,
plus fraternel, plus volontaire. Il aura les couleurs que nous lui
donnerons. La France sera ce que nous voudrons qu'elle soit. Une
Nation unie, vivante, solidaire, ouverte, qui n'accepte aucune
fatalité, car, dans un monde où rien n'est figé, l'avenir dépend de
nous. L'avenir dépend de notre capacité à construire, à créer, à
rêver ensemble les voies de l'aventure humaine.
A chacune et à chacun d'entre vous, Françaises et Français de
métropole, d'Outre-mer, de l'étranger, je souhaite très
chaleureusement une bonne et une heureuse année 2000.