17 septembre 1998 - Seul le prononcé fait foi
Message de M. Jacques Chirac, Président de la République, adressé aux participants à la conférence internationale sur les conséquences de la découverte du polonium et du radium, Paris le 17 septembre 1998.
La Pologne a pris l'heureuse initiative, à l'occasion du centenaire de la découverte du polonium et du radium par Pierre et Marie Curie, d'organiser une conférence internationale de très haut niveau, qui se propose de contribuer à la réflexion sur les conséquences pour l'humanité de cette découverte qui devait déboucher sur une révolution scientifique et, indirectement, permettre ce que l'on désigne désormais comme l'ère nucléaire.
Je suis très sensible au fait que sur une aussi courte période, en 1998 et 1999, la Pologne ait choisi d'honorer solennellement au nombre des siens, trois personnalités d'envergure mondiale et qui font la fierté de sa nation : Adam Mickiewicz, Marie Curie-Sklodowska et Frédérik Chopin.
Tous trois ont longuement séjourné en France et y ont réalisé une partie de leur oeuvre. C'est souligner à nouveau à quel point la France et la Pologne sont liées par leur histoire, l'intensité des relations de tous ordres qui se sont établies entre nos deux peuples et leur destin commun en Europe.
En France, comme en Pologne, Marie Curie-Sklodowska et son époux Pierre sont considérés comme des figures exemplaires, non seulement en raison de l'importance de leur découverte, mais également de la conception désintéressée et généreuse qu'ils avaient du rôle du savant et de la recherche scientifique. La République française a d'ailleurs, à la suite d'une initiative prise par mon prédécesseur, transféré au Panthéon les cendres de Marie et Pierre Curie le 20 avril 1995.
Marie Curie-Sklodowska, parce qu'elle a été très tôt reconnue par ses pairs scientifiques, dans un monde de la recherche qui était alors presque exclusivement masculin, est devenue, au tournant du siècle, une figure culte du féminisme naissant. Première femme professeur à la Sorbonne, elle sera aussi la première femme à recevoir deux fois le Prix Nobel.
Ce symposium se veut d'abord une réflexion collective sur les conséquences de la découverte du polonium et du radium dont Pierre et Marie Curie payèrent de leur santé, puis de leur vie. Sans doute vos débats vous conduiront-ils donc à renouveler notre interrogation sur le profond changement d'attitude intervenu dans nos opinions sur le rôle de la science.
Il y a un peu plus de 200 ans, à l'époque des Lumières, la science était une promesse de progrès de l'humanité. Il y a moins d'un siècle, et la popularité de Pierre et Marie Curie l'atteste, elle enflammait les imaginations et apparaissait le garant d'un avenir plus prospère. Les catastrophes de la fin de notre siècle et, plus récemment, l'accélération du progrès scientifique, touchant désormais aux frontières de la vie et de la morale, ont entraîné un retournement.
Pour beaucoup, le progrès scientifique est devenu dangereux pour l'humanité. Les scientifiques s'en inquiètent. Les politiques s'en préoccupent.
Mais chacun sait bien que l'on ne va pas désinventer la science et que le défi de notre époque est de vivre avec elle, d'anticiper ses conquêtes et d'en maîtriser les conséquences.
Je forme des voeux pour le succès de votre conférence qui permettra, à la veille du prochain siècle, d'examiner dans un esprit constructif et serein la contribution de la science aux progrès de l'humanité et à la consolidation de la sécurité internationale.\
Je suis très sensible au fait que sur une aussi courte période, en 1998 et 1999, la Pologne ait choisi d'honorer solennellement au nombre des siens, trois personnalités d'envergure mondiale et qui font la fierté de sa nation : Adam Mickiewicz, Marie Curie-Sklodowska et Frédérik Chopin.
Tous trois ont longuement séjourné en France et y ont réalisé une partie de leur oeuvre. C'est souligner à nouveau à quel point la France et la Pologne sont liées par leur histoire, l'intensité des relations de tous ordres qui se sont établies entre nos deux peuples et leur destin commun en Europe.
En France, comme en Pologne, Marie Curie-Sklodowska et son époux Pierre sont considérés comme des figures exemplaires, non seulement en raison de l'importance de leur découverte, mais également de la conception désintéressée et généreuse qu'ils avaient du rôle du savant et de la recherche scientifique. La République française a d'ailleurs, à la suite d'une initiative prise par mon prédécesseur, transféré au Panthéon les cendres de Marie et Pierre Curie le 20 avril 1995.
Marie Curie-Sklodowska, parce qu'elle a été très tôt reconnue par ses pairs scientifiques, dans un monde de la recherche qui était alors presque exclusivement masculin, est devenue, au tournant du siècle, une figure culte du féminisme naissant. Première femme professeur à la Sorbonne, elle sera aussi la première femme à recevoir deux fois le Prix Nobel.
Ce symposium se veut d'abord une réflexion collective sur les conséquences de la découverte du polonium et du radium dont Pierre et Marie Curie payèrent de leur santé, puis de leur vie. Sans doute vos débats vous conduiront-ils donc à renouveler notre interrogation sur le profond changement d'attitude intervenu dans nos opinions sur le rôle de la science.
Il y a un peu plus de 200 ans, à l'époque des Lumières, la science était une promesse de progrès de l'humanité. Il y a moins d'un siècle, et la popularité de Pierre et Marie Curie l'atteste, elle enflammait les imaginations et apparaissait le garant d'un avenir plus prospère. Les catastrophes de la fin de notre siècle et, plus récemment, l'accélération du progrès scientifique, touchant désormais aux frontières de la vie et de la morale, ont entraîné un retournement.
Pour beaucoup, le progrès scientifique est devenu dangereux pour l'humanité. Les scientifiques s'en inquiètent. Les politiques s'en préoccupent.
Mais chacun sait bien que l'on ne va pas désinventer la science et que le défi de notre époque est de vivre avec elle, d'anticiper ses conquêtes et d'en maîtriser les conséquences.
Je forme des voeux pour le succès de votre conférence qui permettra, à la veille du prochain siècle, d'examiner dans un esprit constructif et serein la contribution de la science aux progrès de l'humanité et à la consolidation de la sécurité internationale.\