25 juin 1998 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de Monsieur Jacques Chirac, Président de la République, sur le développement des relations politiques, économiques et culturelles avec la Namibie, l'importance de l'aide au développement, et les relations entre l'Union européenne et les pays de l'ACP, Windhoek le 25 juin 1998.

Mes Chers compatriotes,
Je voudrais tout d¿abord vous saluer, vous saluer au nom des ministres français présents, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Coopération et de la Francophonie, vous dire aussi toute mon estime, parce que vous êtes une petite communauté, une communauté qui va, néanmoins, croissant et que l¿on peut considérer comme pionnière, en tous les cas, je le souhaite.
Je voudrais saluer nos parlementaires, sénateurs et députés, qui sont ici et qui sont les Présidents des groupes d¿amitié entre le Sénat et l¿Assemblée nationale, la Namibie, l¿Afrique australe.
Je voudrais remercier notre Ambassadeur, M. Baleine du Laurens, qui représente bien notre pays, qui s¿est donné beaucoup de mal pour organiser ce voyage et qui a parfaitement réussi, ce qui justifie la gratitude que je tiens à lui exprimer.
Et puis, ils ne sont pas là ou la plupart sont absents, parce qu¿ils travaillent et ils ont des contacts, je voudrais me réjouir qu¿un très grand nombre de chefs d¿entreprise français, de petites et de moyennes entreprises, venant de l¿ensemble du territoire national ou de grandes entreprises, ait tenu à venir avec nous pour nouer des contacts qui, je l¿espère, seront fructueux avec les chefs d¿entreprise de ce pays que nous connaissons mal et où nous sommes, au fond, mal connus et qui, pourtant, devrait pouvoir, avec la France, avoir une coopération, à tous les égards, beaucoup plus importante.
Ces chefs d¿entreprise ont eu des contacts toute la journée et les quelques échos, que j¿ai pu avoir, sont extrêmement positifs. J¿espère qu¿il en résultera des affaires, de bonnes affaires, entre la Namibie et la France.
Et je voudrais remercier un certain nombre de personnalités représentant le monde intellectuel et culturel français, j¿aperçois, ici, M. Yves Coppens. Je voudrais lui dire, là-aussi, tout le plaisir que j¿ai eu à ce qu¿il fasse avec Mme Sernut et M. Pickford ce geste symbolique qui consiste à voir montrer ce fameux crâne, le plus ancien d¿un Namibien, et qui est actuellement étudié par ses équipes.
Tout à l¿heure, à la conférence de presse que nous avons eue, le ministre de l¿Information, qui animait le débat, a demandé en fin de séance comment au fond on pourrait appeler cet homme dont vous avez découvert le crâne, dont Mme Sernut a couvert le crâne, qui est le plus ancien des Namibiens, alors cela m¿a un peu échappé, j¿ai dit on a qu¿à l¿appeler Sam...
Eh, bien ! Il a tout naturellement trouvé que c¿était une excellente idée, et je crains, cher Maître, qu¿il faille maintenant vous habituer à considérer que le plus ancien des Namibiens s¿appelle ainsi.
C¿est la première fois qu¿un Président de la République française vient en Namibie. Je voudrais que vous y voyiez une signification. La France a des relations très anciennes, très fortes avec beaucoup de pays africains, mais elle a aussi une grande ignorance d¿un certain nombre d¿autres. Si la France a une politique africaine qui est marquée par la fidélité, bien entendu, à ses anciens amis ou amis déjà anciens, elle a aussi une volonté d¿ouverture à des pays qu¿elle connaissait mal ou qui la connaissaient mal, au premier rang desquels se trouve la Namibie.
C¿est un peu le sens de notre voyage ici, à l¿occasion duquel j¿ai pu avoir de très intéressants et très longs entretiens avec le Président Nujoma et j¿ai été heureux, - je le connais depuis longtemps, j¿avais eu beaucoup d¿occasions de le rencontrer, de parler avec lui -, de le faire, ici, dans sa capitale.
Depuis son indépendance en 1990, la Namibie a parcouru un long et courageux chemin et il faut en avoir conscience. Elle a fait la réconciliation nationale et elle assume une bonne gouvernance, personne ne peut le contester. De ce point de vue, c¿est une certaine illustration de l¿Afrique en mouvement. Une Afrique avec laquelle, je le répète, nous devons avoir des relations de coopération, d¿amitié, de solidarité beaucoup plus fortes.
Cette solidarité doit s¿exprimer naturellement au plan bilatéral, elle doit aussi s¿exprimer au plan européen et, notamment, entre l¿Union européenne et la SADC. Une SADC, que l¿Afrique australe a eu la sagesse d¿organiser et de développer, qui est, à sa manière, une réflexion de la même nature que celle de l¿Union européenne ce qui, d¿ailleurs, m¿a amené à préciser que la France restait très attachée à l¿aide publique au développement qui est, sur le plan international, l¿application du principe de solidarité qui n¿est plus contestée dans aucun pays sur le plan national. Ce qui suppose notamment que, s'agissant du renouvellement de la convention de Lomé, nous soyons très attentifs à ne pas écouter les sirènes de ceux qui voudraient se désengager dans ce domaine.
Le "trade" est important, le commerce, l'investissement sont importants, mais l'aide aujourd'hui est encore absolument nécessaire, et je dirais de plus en plus nécessaire avec la globalisation, la libéralisation qui, si on ne les maîtrise pas, alors que ce sont des phénomènes inéluctables, conduiront à un nombre croissant de pauvres, de plus en plus pauvres, et à un nombre croissant de riches, de plus en plus riches. Ce n'est pas cela notre idéal de société planétaire. Il faut du dynamisme, il faut de la globalisation, il faut aussi de la solidarité. Et celle-ci s'exprime au travers de l'aide publique au développement.
La Namibie a des atouts importants et je voudrais qu'on les connaisse mieux en France. Elle a la stabilité politique. Elle a une bonne administration. Elle a des atouts économiques avec ses ressources naturelles, avec ses débouchés commerciaux, avec une gestion saine de ses affaires et c'est, je le répète, une entrée naturelle pour un pays comme la France, pour l'Europe aussi d'ailleurs dans l'Afrique australe et dans la SADC.
Le ministre des Affaires étrangères a signé, ce matin, un accord de protection et de promotion des investissements qui, je l'espère, sera de nature, là encore, à encourager nos investisseurs à venir ici prendre des risques, et à assumer les avantages d'une expansion économique.
La relation économique est fondée aussi sur la relation politique et la relation culturelle. Notre relation politique avec la Namibie est excellente. Nous avons soutenu, notamment dans les moments difficiles, ce fut le cas, en particulier, au moment de l'affaire des troupes cubaines avec l'Angola, le cas de mon prédécesseur, Monsieur Mitterrand. Nous avons continué à soutenir la Namibie et les autorités namibiennes le savent parfaitement. Donc, notre relation politique est très bonne.
Notre relation culturelle s'améliore. J'ai été heureux d'aller, tout à l'heure, dans une belle école à côté d'ici, la « Jan Jonker School » où j'ai vu un très grand nombre de jeunes qui apprenaient le français. J'ai été très heureux ce matin d'avoir pu participer avec le Président à la pose de la première pierre de notre nouveau Centre culturel, dû à une coopération entre la Namibie qui nous a fourni le terrain, un superbe terrain, bien placé, et la France qui construira le Centre. Ce qui me permet, d'ailleurs, de dire tout le bien que je pense de ce Centre aujourd'hui, et, sans aucun doute, demain, ce qui me permet de saluer et d'exprimer ma reconnaissance au directeur, que j'ai vu tout à l'heure, et qui doit être quelque part ici, il s'est mis dans un petit coin, modeste, alors que chacun sait l'initiative, l'imagination, la qualité du travail qu'il effectue ici. Nous aurons bientôt ce nouveau Centre qui sera un élément, un lien supplémentaire entre nos deux pays.
Bref, je dirais pour conclure que la Namibie est un pays politiquement stable, un pays économiquement solide et un pays ouvert sur son environnement régional. C'est un pays que nous avons trop négligé.
Le message que je ramènerai en France, sera un message d'encouragement aux investisseurs français et aux hommes d'affaires français à venir investir petites, moyennes ou grandes entreprises, ici. Et un message de confiance dans l'avenir de ce pays.
Voilà pourquoi, j'étais heureux aussi de venir saluer les pionniers que vous êtes dans cette action entre la France et l'Afrique australe.
Je vous remercie.