5 septembre 1997 - Seul le prononcé fait foi
Conférence de presse conjointe de MM. Jacques Chirac, Président de la République et Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, Président de la République islamique de Mauritanie, sur les relations franco-mauritaniennes, la proposition française d'ouvrir les pays méditerranéens à la Mauritanie et la politique de coopération avec l'Afrique, Nouakchott, le 5 septembre 1997.
M. LE PRESIDENT MAAOUYA OULD SID'AHMED
TAYA - Mesdames et Messieurs, je voulais au début de cette
conférence, vous dire combien nous sommes heureux d'accueillir
Monsieur le Président de la République, Jacques Chirac, et les
membres de la délégation qui l'accompagnent.
Nous sommes heureux aussi de vous accueillir, vous journalistes.
Vous savez que notre pays est très ouvert. On dit qu'il est très
hospitalier également. Je vous prie de profiter de cette hospitalité.
Nous vous recevons avec le coeur, puisque vous accompagnez le
Président de la République qui est très cher à nous-mêmes, à notre
peuple. Je suis très heureux de cette visite et de l'impact qu'elle
aura sur les rapports entre la France et la Mauritanie. Vous savez
que nos relations sont excellentes. La visite du Président de la
République en cette période le prouve.
Je vous remercie
LE PRESIDENT - Je voudrais d'abord saluer l'ensemble des
représentants de la presse, présents ici, et remercier très
chaleureusement pour son accueil, d'abord le Président de la
République islamique de Mauritanie, et puis, au-delà de sa
personne, les habitants, notamment, de Nouakchott qui nous ont
réservé un accueil particulièrement sympathique et chaleureux et, je
dois le dire, qui nous a beaucoup touché, qui a beaucoup touché la
délégation française et, notamment, le Ministre des Affaires
étrangères et moi-même.
C'est mon cinquième voyage en Afrique. Je voulais témoigner ici,
de l'estime, du respect que la France a pour les efforts accomplis
par la Mauritanie, par ses dirigeants, à la fois dans le domaine de la
démocratisation, du développement et de la coopération,
coopération interne en Afrique et coopération intercontinentale
avec, notamment l'Union Européenne et, bien entendu, la France,
compte tenu des relations privilégiées qui existent depuis longtemps
entre nos deux pays.
Pendant notre entretien, nous avons évoqué naturellement, les
relations bilatérales. Nous y reviendrons peut-être en répondant
aux questions le Président Ould Taya et moi-même. Nous avons
évoqué les problèmes régionaux, d'abord ceux du Moyen-Orient,
du processus de paix, de sa mise en cause, les problèmes du
Maghreb et ceux plus généralement, de l'Afrique.
Enfin, nous avons évoqué la position de la France vis-à-vis de
l'Afrique compte tenu de tel ou tel débat qui s'était ouvert, ici ou là
sur l'engagement de la France, sa détermination et ses modalités à
l'égard de l'Afrique. De ce point de vue, j'ai indiqué au Président
de la République, qu'il n'y avait aucune espèce de modification de
la France à l'égard de l'Afrique, même si, évidemment, les
modalités de la coopération évoluent au fil des ans, avec l'évolution
politique, économique, sociale des pays respectivement concernés.
Voilà ce que nous avons discuté, mais nous sommes tous prêts
maintenant à répondre à vos questions.
QUESTION - Monsieur le Président, vous avez parlé ce matin
avec le Premier Ministre israélien. Est-ce qu'il vous a donné
l'impression que l'on est à la veille d'une guerre au Moyen-Orient,
ou d'une escalade sur le front syro-libanais ? Est-ce que vous en
avez parlé avec le Président mauritanien ?
LE PRESIDENT - Bien entendu, c'est un sujet que nous avons
évoqué avec le Président de Mauritanie, qui est un homme écouté,
qui, à juste titre, a la réputation d'être un sage et dont les jugements
sont appréciés en Afrique comme au Moyen-Orient ou dans les
pays arabes. Nous avons exactement la même analyse et nous
sommes naturellement très inquiets du processus de désagrégation
de la mise en oeuvre des accords de paix.
Nous sommes naturellement tout à fait contre le terrorisme et
favorables à une lutte sans merci à l'égard des terroristes d'où qu'ils
viennent, où qu'ils soient. Nous sommes également convaincus que
les bases de l'accord de paix telles qu'elles avaient été arrêtées à
Oslo et acceptées par les deux parties, doivent être respectées. La
crise actuelle, notamment les tragédies qui viennent de se passer,
ne doivent pas conduire à l'escalade. L'épreuve doit être maîtrisée
une fois de plus. Je crois que la volonté des principaux dirigeants,
de ce point de vue, est nette. Ils ne veulent pas d'escalade. Je le
crois. C'est en tous les cas les sentiments que j'ai retirés de mes
contacts, ce matin, qui étaient des contacts téléphoniques, avec le
Premier Ministre israélien, le Premier Ministre libanais et le
Président Arafat.
Je ne crois pas à une escalade, notamment, pour répondre à votre
question plus précisément sur le front syro-libanais.
QUESTION - Monsieur le Président, à propos de cette crise du
Proche-Orient, vous avez dernièrement préconisé une initiative
franco-américaine. Quel espoir fondez-vous sur cette initiative ?
Où en est-elle ?
LE PRESIDENT - Il s'agissait là du problème du Liban. Vous
savez qu'il y a un groupe qui comprend à la fois la Syrie, le Liban et
Israël ainsi que la France et les Etats-Unis qui co-président ce
groupe. Depuis qu'il a été créé, c'est-à-dire, je crois à peu près un
an, il a tout de même permis d'éviter que certaines situations ne
deviennent des drames au Sud Liban.
L'initiative que nous avons prise était simplement avec les
Américains de mettre en garde contre toute remise en cause de ce
groupe. Les réactions qui ont été obtenues à notre initiative ont été
positives et le groupe continue de travailler dans la difficulté, mais
c'est un élément de paix. Vous savez, dans cette crise, l'initiative
américaine est indispensable, mais chaque jour davantage, on
s'aperçoit qu'elle est nécessaire mais pas suffisante et qu'il faut une
initiative européenne qui s'y ajoute compte tenu des difficultés que
connaît le processus de paix.
QUESTION - Monsieur le Président, est-ce qu'à l'occasion de
cette visite vous avez l'intention d'annoncer une nouvelle politique
notamment en relation avec la Mauritanie dans son double
contexte.
LE PRESIDENT - Nous connaissons la double personnalité de la
Mauritanie qui est à la fois africaine et maghrébine et nous en avons
toujours tenu compte. Je vous rappelle que c'est à l'initiative de la
France que, dans le cadre de nos discussions au sein de l'Union
européenne, alors que ce n'était pas prévu au départ, nous avons
souhaité, qu'en raison de cette appartenance maghrébine, la
Mauritanie soit -à part entière, pour le moment, elle est
observateur, mais je souhaite qu'elle le devienne dès que la
situation sera meilleure au Proche-Orient en particulier- membre de
l'ensemble euro-méditerranéen, même si les côtes
méditerranéennes de la Mauritanie ne sont pas très importantes.
Donc, nous tenons toujours compte de ce double aspect des
choses. C'est vrai également pour la coopération et, nous n'avons
pas du tout l'intention de l'oublier.
QUESTION - Monsieur le Président, la Mauritanie doit être un
espace de paix, de coopération et de développement, plusieurs
initiatives ont été prises dans ce sens. Comment jugez-vous ces
initiatives ? Quelles perspectives s'ouvrent devant le dialogue
euro-méditerranéen ?
LE PRESIDENT - La Méditerranée a été longtemps une rupture.
Nous voudrions qu'elle soit aujourd'hui un pont entre les pays qui
l'entourent y compris, je le répète, la Mauritanie, en raison du
caractère que j'évoquais tout à l'heure.
Nous avons souhaité la réunion de Barcelone qui a été la première
et nous espérions que cette initiative pourrait se développer très
vite, puisque nous avions même espéré que la réunion suivante se
tiendrait au niveau des Chefs d'Etat et de gouvernement. Puis, le
processus de paix au Moyen-Orient s'est dégradé, et cela a rendu
les choses plus difficiles. Mais, nous espérons, qu'il s'agit là d'une
période transitoire et qu'avec une solution au Moyen-Orient, avec
une amélioration de la situation en Algérie, nous jouerons
effectivement un ensemble qui pourra déterminer, en commun, les
conditions du développement de la paix et de la stabilité. C'est
pourquoi nous tenons beaucoup à ce que la Mauritanie en fasse
partie.
QUESTION - Monsieur le Président, Monsieur Jospin a parlé,
avant qu'il n'arrive, d'une nouvelle politique africaine. Quelles seront
les grandes priorités de cette politique ? Qu'est-ce que la France
pourrait faire de concret pour ces millions d'enfants et de femmes
qui souffrent dans les territoires arabes occupés, en Irak et dans la
région des grands lacs ?
LE PRESIDENT - Tout d'abord je voudrais dire que la France
n'a pas l'intention de changer de politique africaine et encore moins
de se désengager en Afrique. Je le dis très clairement, et en
présence du Ministre français des Affaires Etrangères, qui d'ailleurs
connaît très bien et aime l'Afrique également. Elle n'a pas l'intention
de se désengager ou de changer sur le plan financier. La France est
et restera avec une aide de coopération constante, le premier pays
donneur d'aide à l'Afrique subsaharienne. Et elle le restera. De la
même façon, la France, au sein de l'Union européenne, combat et
jusqu'ici, victorieusement, pour le maintien de l'aide européenne au
développement de l'Afrique. C'est ce qui c'est passé, il y a deux
ans à Cannes, quand on a renouvelé le Fonds européen de
développement, alors que certains pays européens voulaient se
désengager fortement. Je rappelle que sur les quinze pays
européens, la France, maintenant, depuis Cannes, assume un peu
plus de 25% à elle toute seule, du financement du Fonds européen
de développement. Et elle n'a pas l'intention de remettre cela en
cause. De la même façon, elle continuera à se battre au sein du G7
qui devient peu à peu le G8 pour que d'une part les flux d'aides
publiques, malgré la tentation au désengagement de certains pays,
soient maintenus, et la France soutient activement les organisations
internationales, à ce sujet. Et deuxièmement, pour que le problème
de la dette, et notamment la dette des pays les plus endettés soit
réglé de façon humaine, légitime, solidaire. Donc sur ce plan que
j'appelle financier et économique, au sens large du terme, il n'y aura
aucune espèce de changement dans la politique de la France.
Il en va de même sur le plan de son engagement militaire. La
France a des bases en Afrique, elle les maintiendra. Et elle les
maintiendra avec le même potentiel militaire. Simplement, la France
a fait une réforme importante qui l'a conduite à professionnaliser
son armée et donc à supprimer petit à petit, jusqu'en 2001 ou
2002, le service militaire, et ce que nous appelons le contingent.
Par conséquent, le nombre des militaires va se réduire partout,
partout où il y a de l'armée française, le nombre des militaires va
être réduit et ces militaires seront des professionnels. Leur capacité
d'actions ou de réactions, leur capacité de projections resteront les
mêmes ou seront, en général, améliorées, mais le nombre de
militaires par définition, puisqu'il n'y aura plus le contingent, va
diminuer. Et c'est là, je crois, qu'il y a eu en Afrique une
incompréhension. Donc la France ne se désengagera pas sur le
plan militaire en Afrique, c'est très clair.
En revanche, la France adapte, en permanence, sa politique. Je
l'avais dit très clairement, lors de mon premier voyage en Afrique,
dans les discours que j'avais prononcés, il y a deux ans. Le
gouvernement actuel, et notamment le Secrétaire d'Etat délégué
auprès du Ministre des Affaires étrangères, chargé de la
Coopération et aussi de la Francophonie, l'a dit très clairement
aussi. Nous adaptons nos moyens. Ce qui était politiquement, je
dirais, possible, admis, il y a vingt ans, ne l'est plus aujourd'hui. La
France ne veut plus faire d'ingérence ou de ce qui est considéré
aujourd'hui comme de l'ingérence dans les affaires des pays
africains. Elle a des accords de défense qu'elle entend bien
respecter, naturellement, mais elle ne veut plus faire d'ingérence, ce
qui a été le cas dans le passé, mais c'était un autre temps, et
d'autres méthodes sur lequel je ne fais aucun commentaire. Mais
aujourd'hui, la France n'a pas l'intention, ne veut pas faire
d'ingérence dans les affaires intérieures des pays africains. Ce qui
conduit, je le répète, à adapter effectivement notre position et la
position que nous avons adoptée, par exemple, en Centrafrique, en
facilitant la mise en place de la MISAB, c'est-à-dire d'une armée
comprenant des contingents de six pays africains, la position que
nous avons prise dans la crise qui se déroule actuellement, hélas, à
Brazzaville, est un témoignage, naturellement de cette politique.
Donc il n'est pas question pour la France de se désengager de
l'Afrique. Il est simplement question de continuer le combat dans le
monde, pour la solidarité, et d'adapter, naturellement, nos
méthodes au temps moderne.
Alors sur le deuxième point, ce qui peut être fait dans les crises,
nous faisons ce que nous pouvons. Ce n'est pas facile
naturellement.
QUESTION - Monsieur le Président quelle évaluation faites-vous
du processus de démocratisation en Mauritanie ? Quelle est la
contribution que vous pouvez apporter à ce processus ? Que
compte faire la France, par ailleurs, face à l'infiltration ou à la
montée en puissance de l'influence américaine sur le continent
africain ? Que pense, également, faire la France en faveur des
femmes et des enfants qui souffrent en Irak et en Libye ? Quelle
peut être la résolution humanitaire de la France à cet égard ?
LE PRESIDENT - Sur le processus de démocratisation, nous
avons un jugement très positif, je vous l'ai déjà dit, et ce n'est pas
toujours facile dans des pays qui changent en quelque sorte de
mode de vie et qui restent attachés à leurs traditions légitimes.
Alors, il n'appartient pas à la France d'apporter un jugement ou
d'aider à la démocratisation, en revanche, il lui appartient de
répondre aux demandes qui peuvent être faites dans le cadre de la
coopération, par tel ou tel pays, et pour ce qui concerne la
Mauritanie, par exemple, il y a une coopération entre nos juristes,
qui est extrêmement active, et qui, d'ailleurs est mutuellement
enrichissante, qui nous permet de mieux connaître les problèmes
auxquels la Mauritanie est confrontée, et qui permet à la Mauritanie
de bénéficier d'une certaine réflexion, émanant de juristes français.
Il y a comme cela une coopération en matière de justice, une
coopération qui n'est pas négligeable, qui est même importante. Il
ne s'agit pas de nous ingérer, mais de coopérer entre amis.
Vous parlez de l'intérêt des Etats-Unis pour l'Afrique, moi je vais
vous dire très franchement : plus les Américains s'intéresseront à
l'Afrique et mieux cela vaudra. A condition que ce soit un intérêt
qui soit accompagné ou manifesté par les moyens nécessaires au
développement de l'Afrique. L'Amérique est un pays extrêmement
important sur le plan de l'aide mondiale, l'année dernière elle
n'arrivait qu'en troisième position, en valeur absolue, pour l'aide
mondiale au développement, après le Japon et la France, ce n'est
pas normal. Je crois qu'il est dans l'intérêt de tout le monde et dans
la vocation de ce très grand pays, que sont les Etats-Unis, de
s'intéresser davantage, notamment par une aide plus importante au
développement des pays qui en ont besoin. D'autant que l'histoire
des cinq derniers siècles fait qu'il est légitime que les Etats-Unis
aient un oeil attentif et fassent les gestes qui s'imposent, pour ce qui
concerne le développement de l'Afrique qui a, elle-même
beaucoup participé, au développement des Etats-Unis.
S'agissant de l'Irak, nous nous réjouissons que la résolution 986,
qui prévoit l'échange nourriture contre pétrole, et vous savez que
nous avons beaucoup milité pour cela, ait pu être prorogée de six
mois et nous espérons que cette résolution continuera à être
prorogée.
QUESTION - Monsieur le Président, plusieurs hommes
politiques, dont des leaders des partis politiques en Algérie et le
Secrétaire général de l'ONU veulent que la Communauté
internationale contribuent à la recherche d'une solution pacifique en
Algérie. Qu'en pensez-vous ?
LE PRESIDENT - Moi je crois que la solution pacifique viendra
des Algériens eux-mêmes. Si les autorités algériennes souhaitent
une coopération, alors il appartiendra au monde, à la Communauté
internationale de tendre une main amicale à l'Algérie. Et cela ne
peut être qu'à sa demande. La solution du problème algérien se
trouve en Algérie.
QUESTION - Monsieur le Président, lors de vos entretiens, nous
avons appris malheureusement le décès de Mère Térésa, en Inde.
Je voulais savoir ce que cela vous inspirez ? Et une semaine après
le décès de la Princesse de Galles, je voulais savoir ce que vous
pensiez des combats humanitaires qu'avaient choisis de mener ces
deux femmes ?
LE PRESIDENT - J'ai déjà dit les sentiments que m'inspirait le
drame dont la Princesse de Galles a été victime.
S'agissant de Mère Térésa que j'avais eu le privilège de rencontrer,
elle incarnait parfaitement ce don de soi et cette vertu de solidarité
qui est aujourd'hui dans le monde moderne une nécessité. Nous
sommes un monde où non seulement comme cela a toujours existé,
il y a beaucoup d'exclus, mais nous sommes un monde où, on le
sait, grâce à la rapidité de la communication, la misère est d'autant
plus insupportable, si j'ose dire, qu'elle est connue par ceux qui
peuvent faire quelque chose. Cela est la caractéristique du monde
moderne. Or, il faut bien le dire, les hommes sont égoïstes par
nature, plus ou moins. Ils ont besoin qu'on leur montre la voie.
Mère Térésa était l'une de celles et de ceux qui, par leur coeur, par
leur dévouement, par leur amour des autres, par leur don de leur
personne aux plus défavorisés et aux exclus, ont montré la voie. On
ne peut que, au moment où elle est partie, lui témoigner un immense
respect, une immense reconnaissance et exprimer une très grande
tristesse.
QUESTION - Monsieur le Président, permettez-moi de revenir
sur l'Afrique. Vous avez dit tout à l'heure qu'il n'y a pas de
désengagement français en Afrique, ni de changement de politique.
Certains analystes estiment toutefois que les pays de l'Est sont en
train de détourner l'Europe occidentale de ses préoccupations
africaines. Qu'en est-il exactement Monsieur le Président ?
LE PRESIDENT - Vous voulez dire que l'Europe se tournerait
davantage vers l'Est que vers le Sud ?
QUESTION - Aux dépens de l'Afrique.
LE PRESIDENT - Non, ce ne sera pas le cas. Naturellement il y
a une vocation de l'Europe à se réunir et la nécessité pour l'Union
Européenne de participer par une bonne coopération avec les pays
de l'Est européen à ces retrouvailles de la famille européenne. Mais
je vous l'ai dit, pour la France, cela ne saurait se faire au détriment
de l'Afrique, c'est tout à fait clair. Je répète, s'agissant de
l'engagement financier, économique, la France ne changera pas et
ne diminuera pas sa participation à la coopération et sera un
combattant permanent et tenace pour le maintien ou le
développement de la coopération entre le monde des pays riches,
notamment l'Union Européenne et l'Afrique.
Je voudrais simplement dire un mot en terminant. J'ai été vraiment,
je vous l'ai dit tout à l'heure, extrêmement touché par l'accueil du
Président et l'accueil que nous a réservé la population de
Nouakchott et peut-être d'ailleurs de quelques autres cités. Je
voudrais les remercier très, très chaleureusement et leur dire que
nous avons été très touchés. Mais je trouve qu'il était légitime que
l'on souligne que notre arrivée devait être fêtée, puisque nous avons
amené la pluie. Vous aurez remarqué que les premières gouttes de
pluie sont tombées au moment même où nous sortions de l'avion.
Cela est un signe important qui marque bien la vraie solidarité, la
vraie amitié entre la Mauritanie et la France.
Je vous remercie.
TAYA - Mesdames et Messieurs, je voulais au début de cette
conférence, vous dire combien nous sommes heureux d'accueillir
Monsieur le Président de la République, Jacques Chirac, et les
membres de la délégation qui l'accompagnent.
Nous sommes heureux aussi de vous accueillir, vous journalistes.
Vous savez que notre pays est très ouvert. On dit qu'il est très
hospitalier également. Je vous prie de profiter de cette hospitalité.
Nous vous recevons avec le coeur, puisque vous accompagnez le
Président de la République qui est très cher à nous-mêmes, à notre
peuple. Je suis très heureux de cette visite et de l'impact qu'elle
aura sur les rapports entre la France et la Mauritanie. Vous savez
que nos relations sont excellentes. La visite du Président de la
République en cette période le prouve.
Je vous remercie
LE PRESIDENT - Je voudrais d'abord saluer l'ensemble des
représentants de la presse, présents ici, et remercier très
chaleureusement pour son accueil, d'abord le Président de la
République islamique de Mauritanie, et puis, au-delà de sa
personne, les habitants, notamment, de Nouakchott qui nous ont
réservé un accueil particulièrement sympathique et chaleureux et, je
dois le dire, qui nous a beaucoup touché, qui a beaucoup touché la
délégation française et, notamment, le Ministre des Affaires
étrangères et moi-même.
C'est mon cinquième voyage en Afrique. Je voulais témoigner ici,
de l'estime, du respect que la France a pour les efforts accomplis
par la Mauritanie, par ses dirigeants, à la fois dans le domaine de la
démocratisation, du développement et de la coopération,
coopération interne en Afrique et coopération intercontinentale
avec, notamment l'Union Européenne et, bien entendu, la France,
compte tenu des relations privilégiées qui existent depuis longtemps
entre nos deux pays.
Pendant notre entretien, nous avons évoqué naturellement, les
relations bilatérales. Nous y reviendrons peut-être en répondant
aux questions le Président Ould Taya et moi-même. Nous avons
évoqué les problèmes régionaux, d'abord ceux du Moyen-Orient,
du processus de paix, de sa mise en cause, les problèmes du
Maghreb et ceux plus généralement, de l'Afrique.
Enfin, nous avons évoqué la position de la France vis-à-vis de
l'Afrique compte tenu de tel ou tel débat qui s'était ouvert, ici ou là
sur l'engagement de la France, sa détermination et ses modalités à
l'égard de l'Afrique. De ce point de vue, j'ai indiqué au Président
de la République, qu'il n'y avait aucune espèce de modification de
la France à l'égard de l'Afrique, même si, évidemment, les
modalités de la coopération évoluent au fil des ans, avec l'évolution
politique, économique, sociale des pays respectivement concernés.
Voilà ce que nous avons discuté, mais nous sommes tous prêts
maintenant à répondre à vos questions.
QUESTION - Monsieur le Président, vous avez parlé ce matin
avec le Premier Ministre israélien. Est-ce qu'il vous a donné
l'impression que l'on est à la veille d'une guerre au Moyen-Orient,
ou d'une escalade sur le front syro-libanais ? Est-ce que vous en
avez parlé avec le Président mauritanien ?
LE PRESIDENT - Bien entendu, c'est un sujet que nous avons
évoqué avec le Président de Mauritanie, qui est un homme écouté,
qui, à juste titre, a la réputation d'être un sage et dont les jugements
sont appréciés en Afrique comme au Moyen-Orient ou dans les
pays arabes. Nous avons exactement la même analyse et nous
sommes naturellement très inquiets du processus de désagrégation
de la mise en oeuvre des accords de paix.
Nous sommes naturellement tout à fait contre le terrorisme et
favorables à une lutte sans merci à l'égard des terroristes d'où qu'ils
viennent, où qu'ils soient. Nous sommes également convaincus que
les bases de l'accord de paix telles qu'elles avaient été arrêtées à
Oslo et acceptées par les deux parties, doivent être respectées. La
crise actuelle, notamment les tragédies qui viennent de se passer,
ne doivent pas conduire à l'escalade. L'épreuve doit être maîtrisée
une fois de plus. Je crois que la volonté des principaux dirigeants,
de ce point de vue, est nette. Ils ne veulent pas d'escalade. Je le
crois. C'est en tous les cas les sentiments que j'ai retirés de mes
contacts, ce matin, qui étaient des contacts téléphoniques, avec le
Premier Ministre israélien, le Premier Ministre libanais et le
Président Arafat.
Je ne crois pas à une escalade, notamment, pour répondre à votre
question plus précisément sur le front syro-libanais.
QUESTION - Monsieur le Président, à propos de cette crise du
Proche-Orient, vous avez dernièrement préconisé une initiative
franco-américaine. Quel espoir fondez-vous sur cette initiative ?
Où en est-elle ?
LE PRESIDENT - Il s'agissait là du problème du Liban. Vous
savez qu'il y a un groupe qui comprend à la fois la Syrie, le Liban et
Israël ainsi que la France et les Etats-Unis qui co-président ce
groupe. Depuis qu'il a été créé, c'est-à-dire, je crois à peu près un
an, il a tout de même permis d'éviter que certaines situations ne
deviennent des drames au Sud Liban.
L'initiative que nous avons prise était simplement avec les
Américains de mettre en garde contre toute remise en cause de ce
groupe. Les réactions qui ont été obtenues à notre initiative ont été
positives et le groupe continue de travailler dans la difficulté, mais
c'est un élément de paix. Vous savez, dans cette crise, l'initiative
américaine est indispensable, mais chaque jour davantage, on
s'aperçoit qu'elle est nécessaire mais pas suffisante et qu'il faut une
initiative européenne qui s'y ajoute compte tenu des difficultés que
connaît le processus de paix.
QUESTION - Monsieur le Président, est-ce qu'à l'occasion de
cette visite vous avez l'intention d'annoncer une nouvelle politique
notamment en relation avec la Mauritanie dans son double
contexte.
LE PRESIDENT - Nous connaissons la double personnalité de la
Mauritanie qui est à la fois africaine et maghrébine et nous en avons
toujours tenu compte. Je vous rappelle que c'est à l'initiative de la
France que, dans le cadre de nos discussions au sein de l'Union
européenne, alors que ce n'était pas prévu au départ, nous avons
souhaité, qu'en raison de cette appartenance maghrébine, la
Mauritanie soit -à part entière, pour le moment, elle est
observateur, mais je souhaite qu'elle le devienne dès que la
situation sera meilleure au Proche-Orient en particulier- membre de
l'ensemble euro-méditerranéen, même si les côtes
méditerranéennes de la Mauritanie ne sont pas très importantes.
Donc, nous tenons toujours compte de ce double aspect des
choses. C'est vrai également pour la coopération et, nous n'avons
pas du tout l'intention de l'oublier.
QUESTION - Monsieur le Président, la Mauritanie doit être un
espace de paix, de coopération et de développement, plusieurs
initiatives ont été prises dans ce sens. Comment jugez-vous ces
initiatives ? Quelles perspectives s'ouvrent devant le dialogue
euro-méditerranéen ?
LE PRESIDENT - La Méditerranée a été longtemps une rupture.
Nous voudrions qu'elle soit aujourd'hui un pont entre les pays qui
l'entourent y compris, je le répète, la Mauritanie, en raison du
caractère que j'évoquais tout à l'heure.
Nous avons souhaité la réunion de Barcelone qui a été la première
et nous espérions que cette initiative pourrait se développer très
vite, puisque nous avions même espéré que la réunion suivante se
tiendrait au niveau des Chefs d'Etat et de gouvernement. Puis, le
processus de paix au Moyen-Orient s'est dégradé, et cela a rendu
les choses plus difficiles. Mais, nous espérons, qu'il s'agit là d'une
période transitoire et qu'avec une solution au Moyen-Orient, avec
une amélioration de la situation en Algérie, nous jouerons
effectivement un ensemble qui pourra déterminer, en commun, les
conditions du développement de la paix et de la stabilité. C'est
pourquoi nous tenons beaucoup à ce que la Mauritanie en fasse
partie.
QUESTION - Monsieur le Président, Monsieur Jospin a parlé,
avant qu'il n'arrive, d'une nouvelle politique africaine. Quelles seront
les grandes priorités de cette politique ? Qu'est-ce que la France
pourrait faire de concret pour ces millions d'enfants et de femmes
qui souffrent dans les territoires arabes occupés, en Irak et dans la
région des grands lacs ?
LE PRESIDENT - Tout d'abord je voudrais dire que la France
n'a pas l'intention de changer de politique africaine et encore moins
de se désengager en Afrique. Je le dis très clairement, et en
présence du Ministre français des Affaires Etrangères, qui d'ailleurs
connaît très bien et aime l'Afrique également. Elle n'a pas l'intention
de se désengager ou de changer sur le plan financier. La France est
et restera avec une aide de coopération constante, le premier pays
donneur d'aide à l'Afrique subsaharienne. Et elle le restera. De la
même façon, la France, au sein de l'Union européenne, combat et
jusqu'ici, victorieusement, pour le maintien de l'aide européenne au
développement de l'Afrique. C'est ce qui c'est passé, il y a deux
ans à Cannes, quand on a renouvelé le Fonds européen de
développement, alors que certains pays européens voulaient se
désengager fortement. Je rappelle que sur les quinze pays
européens, la France, maintenant, depuis Cannes, assume un peu
plus de 25% à elle toute seule, du financement du Fonds européen
de développement. Et elle n'a pas l'intention de remettre cela en
cause. De la même façon, elle continuera à se battre au sein du G7
qui devient peu à peu le G8 pour que d'une part les flux d'aides
publiques, malgré la tentation au désengagement de certains pays,
soient maintenus, et la France soutient activement les organisations
internationales, à ce sujet. Et deuxièmement, pour que le problème
de la dette, et notamment la dette des pays les plus endettés soit
réglé de façon humaine, légitime, solidaire. Donc sur ce plan que
j'appelle financier et économique, au sens large du terme, il n'y aura
aucune espèce de changement dans la politique de la France.
Il en va de même sur le plan de son engagement militaire. La
France a des bases en Afrique, elle les maintiendra. Et elle les
maintiendra avec le même potentiel militaire. Simplement, la France
a fait une réforme importante qui l'a conduite à professionnaliser
son armée et donc à supprimer petit à petit, jusqu'en 2001 ou
2002, le service militaire, et ce que nous appelons le contingent.
Par conséquent, le nombre des militaires va se réduire partout,
partout où il y a de l'armée française, le nombre des militaires va
être réduit et ces militaires seront des professionnels. Leur capacité
d'actions ou de réactions, leur capacité de projections resteront les
mêmes ou seront, en général, améliorées, mais le nombre de
militaires par définition, puisqu'il n'y aura plus le contingent, va
diminuer. Et c'est là, je crois, qu'il y a eu en Afrique une
incompréhension. Donc la France ne se désengagera pas sur le
plan militaire en Afrique, c'est très clair.
En revanche, la France adapte, en permanence, sa politique. Je
l'avais dit très clairement, lors de mon premier voyage en Afrique,
dans les discours que j'avais prononcés, il y a deux ans. Le
gouvernement actuel, et notamment le Secrétaire d'Etat délégué
auprès du Ministre des Affaires étrangères, chargé de la
Coopération et aussi de la Francophonie, l'a dit très clairement
aussi. Nous adaptons nos moyens. Ce qui était politiquement, je
dirais, possible, admis, il y a vingt ans, ne l'est plus aujourd'hui. La
France ne veut plus faire d'ingérence ou de ce qui est considéré
aujourd'hui comme de l'ingérence dans les affaires des pays
africains. Elle a des accords de défense qu'elle entend bien
respecter, naturellement, mais elle ne veut plus faire d'ingérence, ce
qui a été le cas dans le passé, mais c'était un autre temps, et
d'autres méthodes sur lequel je ne fais aucun commentaire. Mais
aujourd'hui, la France n'a pas l'intention, ne veut pas faire
d'ingérence dans les affaires intérieures des pays africains. Ce qui
conduit, je le répète, à adapter effectivement notre position et la
position que nous avons adoptée, par exemple, en Centrafrique, en
facilitant la mise en place de la MISAB, c'est-à-dire d'une armée
comprenant des contingents de six pays africains, la position que
nous avons prise dans la crise qui se déroule actuellement, hélas, à
Brazzaville, est un témoignage, naturellement de cette politique.
Donc il n'est pas question pour la France de se désengager de
l'Afrique. Il est simplement question de continuer le combat dans le
monde, pour la solidarité, et d'adapter, naturellement, nos
méthodes au temps moderne.
Alors sur le deuxième point, ce qui peut être fait dans les crises,
nous faisons ce que nous pouvons. Ce n'est pas facile
naturellement.
QUESTION - Monsieur le Président quelle évaluation faites-vous
du processus de démocratisation en Mauritanie ? Quelle est la
contribution que vous pouvez apporter à ce processus ? Que
compte faire la France, par ailleurs, face à l'infiltration ou à la
montée en puissance de l'influence américaine sur le continent
africain ? Que pense, également, faire la France en faveur des
femmes et des enfants qui souffrent en Irak et en Libye ? Quelle
peut être la résolution humanitaire de la France à cet égard ?
LE PRESIDENT - Sur le processus de démocratisation, nous
avons un jugement très positif, je vous l'ai déjà dit, et ce n'est pas
toujours facile dans des pays qui changent en quelque sorte de
mode de vie et qui restent attachés à leurs traditions légitimes.
Alors, il n'appartient pas à la France d'apporter un jugement ou
d'aider à la démocratisation, en revanche, il lui appartient de
répondre aux demandes qui peuvent être faites dans le cadre de la
coopération, par tel ou tel pays, et pour ce qui concerne la
Mauritanie, par exemple, il y a une coopération entre nos juristes,
qui est extrêmement active, et qui, d'ailleurs est mutuellement
enrichissante, qui nous permet de mieux connaître les problèmes
auxquels la Mauritanie est confrontée, et qui permet à la Mauritanie
de bénéficier d'une certaine réflexion, émanant de juristes français.
Il y a comme cela une coopération en matière de justice, une
coopération qui n'est pas négligeable, qui est même importante. Il
ne s'agit pas de nous ingérer, mais de coopérer entre amis.
Vous parlez de l'intérêt des Etats-Unis pour l'Afrique, moi je vais
vous dire très franchement : plus les Américains s'intéresseront à
l'Afrique et mieux cela vaudra. A condition que ce soit un intérêt
qui soit accompagné ou manifesté par les moyens nécessaires au
développement de l'Afrique. L'Amérique est un pays extrêmement
important sur le plan de l'aide mondiale, l'année dernière elle
n'arrivait qu'en troisième position, en valeur absolue, pour l'aide
mondiale au développement, après le Japon et la France, ce n'est
pas normal. Je crois qu'il est dans l'intérêt de tout le monde et dans
la vocation de ce très grand pays, que sont les Etats-Unis, de
s'intéresser davantage, notamment par une aide plus importante au
développement des pays qui en ont besoin. D'autant que l'histoire
des cinq derniers siècles fait qu'il est légitime que les Etats-Unis
aient un oeil attentif et fassent les gestes qui s'imposent, pour ce qui
concerne le développement de l'Afrique qui a, elle-même
beaucoup participé, au développement des Etats-Unis.
S'agissant de l'Irak, nous nous réjouissons que la résolution 986,
qui prévoit l'échange nourriture contre pétrole, et vous savez que
nous avons beaucoup milité pour cela, ait pu être prorogée de six
mois et nous espérons que cette résolution continuera à être
prorogée.
QUESTION - Monsieur le Président, plusieurs hommes
politiques, dont des leaders des partis politiques en Algérie et le
Secrétaire général de l'ONU veulent que la Communauté
internationale contribuent à la recherche d'une solution pacifique en
Algérie. Qu'en pensez-vous ?
LE PRESIDENT - Moi je crois que la solution pacifique viendra
des Algériens eux-mêmes. Si les autorités algériennes souhaitent
une coopération, alors il appartiendra au monde, à la Communauté
internationale de tendre une main amicale à l'Algérie. Et cela ne
peut être qu'à sa demande. La solution du problème algérien se
trouve en Algérie.
QUESTION - Monsieur le Président, lors de vos entretiens, nous
avons appris malheureusement le décès de Mère Térésa, en Inde.
Je voulais savoir ce que cela vous inspirez ? Et une semaine après
le décès de la Princesse de Galles, je voulais savoir ce que vous
pensiez des combats humanitaires qu'avaient choisis de mener ces
deux femmes ?
LE PRESIDENT - J'ai déjà dit les sentiments que m'inspirait le
drame dont la Princesse de Galles a été victime.
S'agissant de Mère Térésa que j'avais eu le privilège de rencontrer,
elle incarnait parfaitement ce don de soi et cette vertu de solidarité
qui est aujourd'hui dans le monde moderne une nécessité. Nous
sommes un monde où non seulement comme cela a toujours existé,
il y a beaucoup d'exclus, mais nous sommes un monde où, on le
sait, grâce à la rapidité de la communication, la misère est d'autant
plus insupportable, si j'ose dire, qu'elle est connue par ceux qui
peuvent faire quelque chose. Cela est la caractéristique du monde
moderne. Or, il faut bien le dire, les hommes sont égoïstes par
nature, plus ou moins. Ils ont besoin qu'on leur montre la voie.
Mère Térésa était l'une de celles et de ceux qui, par leur coeur, par
leur dévouement, par leur amour des autres, par leur don de leur
personne aux plus défavorisés et aux exclus, ont montré la voie. On
ne peut que, au moment où elle est partie, lui témoigner un immense
respect, une immense reconnaissance et exprimer une très grande
tristesse.
QUESTION - Monsieur le Président, permettez-moi de revenir
sur l'Afrique. Vous avez dit tout à l'heure qu'il n'y a pas de
désengagement français en Afrique, ni de changement de politique.
Certains analystes estiment toutefois que les pays de l'Est sont en
train de détourner l'Europe occidentale de ses préoccupations
africaines. Qu'en est-il exactement Monsieur le Président ?
LE PRESIDENT - Vous voulez dire que l'Europe se tournerait
davantage vers l'Est que vers le Sud ?
QUESTION - Aux dépens de l'Afrique.
LE PRESIDENT - Non, ce ne sera pas le cas. Naturellement il y
a une vocation de l'Europe à se réunir et la nécessité pour l'Union
Européenne de participer par une bonne coopération avec les pays
de l'Est européen à ces retrouvailles de la famille européenne. Mais
je vous l'ai dit, pour la France, cela ne saurait se faire au détriment
de l'Afrique, c'est tout à fait clair. Je répète, s'agissant de
l'engagement financier, économique, la France ne changera pas et
ne diminuera pas sa participation à la coopération et sera un
combattant permanent et tenace pour le maintien ou le
développement de la coopération entre le monde des pays riches,
notamment l'Union Européenne et l'Afrique.
Je voudrais simplement dire un mot en terminant. J'ai été vraiment,
je vous l'ai dit tout à l'heure, extrêmement touché par l'accueil du
Président et l'accueil que nous a réservé la population de
Nouakchott et peut-être d'ailleurs de quelques autres cités. Je
voudrais les remercier très, très chaleureusement et leur dire que
nous avons été très touchés. Mais je trouve qu'il était légitime que
l'on souligne que notre arrivée devait être fêtée, puisque nous avons
amené la pluie. Vous aurez remarqué que les premières gouttes de
pluie sont tombées au moment même où nous sortions de l'avion.
Cela est un signe important qui marque bien la vraie solidarité, la
vraie amitié entre la Mauritanie et la France.
Je vous remercie.