25 janvier 1997 - Seul le prononcé fait foi

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Message de M. Jacques Chirac, Président de la République, adressé aux membres de l'Institut français de la mer, sur la formation des jeunes aux métiers de la mer, sur l'aide à la construction navale et sur l'opposition de la France au programme européen sur la pêche, Bordeaux le 25 janvier 1997.

Une nouvelle fois, il m'est agréable de m'adresser aux membres de l'Institut Français de la Mer, cet Institut qui, sous la présidence éclairée de M. Jean Morin durant de nombreuses années, et maintenant de M. Alain Grill, apporte tellement à la réflexion sur la vocation maritime de notre pays.
- C'est à l'occasion de vos 15èmes journées, au Palais du Luxembourg en septembre 1994, que j'avais souligné l'urgence de redonner à la France une grande ambition maritime.
-Avec la croissance continue du commerce par voie de mer, notre pays devrait retirer de sa situation géographique privilégiée des bénéfices considérables pour son économie. Cela n'a malheureusement pas toujours été le cas, et c'est pourquoi le gouvernement a pris, depuis le printemps 1995, un grand nombre de mesures constituant une politique maritime claire et ambitieuse, guidée par une double préoccupation d'aménagement du territoire et surtout d'emploi.
- Dans cet esprit, je vous félicite d'avoir centré les travaux de ces 17èmes journées sur le thèmes des métiers de la mer. Lors des voeux que j'adressais récemment aux forces vives de la Nation, je souhaitais que les professionnels en activité ou retraités et leurs associations mettent leur expérience au service des jeunes générations, tout particulièrement pour leur recherche d'emploi. Les métiers de la mer sont par excellence des métiers de jeunes. Il faut les faire connaître et les faire reconnaître. Je tiens donc à saluer l'initiative de l'Institut Français de la Mer qui invite les professionnels des cinq marines à procéder, en liaison avec les milieux de l'enseignement, à un recensement des métiers, de leur formation et des perspectives de développement que telle ou telle profession peut offrir.
- Voilà une belle façon d'oeuvrer en faveur de l'ambition maritime à laquelle j'ai appelé notre pays.\
C'est pour donner corps à cette ambition qu'à ma demande, le gouvernement a mis en place, dans des délais très rapides, le dispositif des quirats pour relancer les investissements maritimes. Celui-ci monte bien en puissance : deux fois plus de projets que prévus ont été déposés, représentant 4 milliards d'investissements et 400 emplois à terre comme en mer. L'outil est donc bien adapté aux besoins et propre à assurer l'indispensable renouvellement et accroissement de notre marine marchande. C'est un signe fort pour nos entreprises, pour nos ports, pour l'ensemble des personnels de la filière.
- Mais il est aussi souhaitable que ces nouvelles dispositions bénéficient aux ouvriers français de la construction navale qui, aujourd'hui, travaillent à 90 % pour des clients étrangers. De ce point de vue, la prochaine commande par "Services et Transports" de deux paquebots aux Chantiers de l'Atlantique, financée selon le régime quirataire, est une excellente nouvelle.\
L'effort a porté aussi sur d'autres secteurs, et d'abord celui de la pêche et des cultures marines, activité économique génératrice de près de 100000 emplois et indissociable de la vie sur notre littoral.
- La loi d'orientation sur la pêche va donner à cette activité un cadre juridique, économique et social rénové, pour mieux faire face aux mutations en cours et exploiter ses incontestables atouts : une production diverse et de grande qualité, des hommes compétents et attachés à leur métier.
- Mais l'avenir de la pêche se détermine aussi à Bruxelles, en particulier avec le prochain programme d'orientation pluriannuel. J'ai dit très nettement à plusieurs reprises, et encore tout récemment à Mme Emma Bonino, que les propositions de la Commission n'étaient pas acceptables en l'état pour la France. Elles signeraient l'arrêt de mort de plusieurs de nos ports. Les intérêts légitimes de nos pêcheurs seront l'Europe, elle aussi, retrouve une grande ambition maritime, qui lui permettra de projeter son influence politique culturelle et économique au-delà des mers, là où va s'inscrire de plus en plus l'histoire du monde.
- Ainsi, le temps du renouveau maritime est bien venu. Je compte sur l'Institut Français de la Mer pour continuer d'en éclairer la marche.\