22 octobre 1996 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur les liens entre la France et Israël, le rôle de la communauté française et le rôle de la France pour favoriser l'avènement d'une "paix juste et durable" au Proche-Orient, Tel-Aviv le 22 octobre 1996.

Messieurs les ministres,
- Monsieur l'ambassadeur,
- Madame,
- Messieurs les Présidents des Groupes d'amitié France Israël de l'Assemblée nationale et du Sénat,
- Messieurs les délégués au Conseil supérieur des Français à l'étranger,
- Mes chers compatriotes,
- Je suis heureux de vous rencontrer ce soir, au terme de ma visite officielle en Israël, au cours de laquelle j'ai tenu à apporter aux dirigeants de ce pays, à ses habitants, le message d'amitié et de solidarité de la France.
- Amitié : il ne m'est pas nécessaire, devant vous, de rappeler les liens qui unissent la France à l'Etat d'Israël depuis la création de celui-ci. Liens parfois étroits, parfois distendus, mais jamais remis en cause, jamais reniés d'un côté ou de l'autre. La sécurité d'Israël a toujours été une préoccupation essentielle de la France. Elle le reste, parce que la France souhaite profondément la pleine intégration de ce pays au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen.
- Amitié et solidarité : personne ne peut imaginer que la France, depuis si longtemps présente dans cette partie du monde, se détourne des problèmes qui s'y posent, et ne joigne pas ses efforts à tous ceux qui sont faits pour ramener la paix sur cette terre déchirée. Notre pays souhaite agir au service de la paix, au Proche-Orient comme partout dans le monde. Mais ici, dans cette région, la France, qui entretient d'étroits contacts avec les différents acteurs du processus, peut, plus que d'autres, y jouer un rôle, y encourager le dialogue et tenter de rapprocher les points de vue, de favoriser l'avènement de cette "paix juste et durable" recherchée depuis tant d'années.
- Je ne répéterai pas ce que j'ai dit à Haïfa concernant l'action que la France et l'Europe souhaitent mener au Proche-Orient. Vous mesurez quotidiennement combien il est nécessaire de tout faire pour que s'éloigne enfin le spectre de la violence et du terrorisme. Pour assurer la complète sécurité d'Israël. Pour que ses frontières cessent de constituer des zones de tension et laissent librement passer voyageurs et marchandises, travailleurs et capitaux.
- Comme avec l'Egypte et la Jordanie, Israël doit parvenir à un traité de paix avec le Liban et la Syrie. Nous le souhaitons et nous y contribuerons autant que nous le pourrons.
- Dans le même esprit et avec la même inquiétude du temps qui passe et des risques qui persistent, nous appelons instamment nos amis israéliens et palestiniens à retrouver les voies d'un dialogue confiant, et à préparer un avenir de la coopération entre partenaires égaux en droits et en devoirs. Je crois que ce langage, que j'ai tenu hier au président Assad et que je tiendrai demain au président Arafat, a été bien compris en Israël.
- Chacun sait que la sécurité des uns et des autres ne peut pas être garantie par la force. Si les accords antérieurs ne sont pas respectés, il n'y aura pas de paix possible. Et s'il n'y a pas de paix, il n'y aura pas de sécurité.
- Bien entendu, avec le président Weizman et avec le Premier ministre Nétanyahou, nous avons aussi parlé des relations franco-israéliennes. Celles-ci se portent bien et ne demandent qu'à se développer davantage, qu'il s'agisse d'échanges commerciaux, d'investissements ou encore de coopération scientifique. La langue française est pratiquée par un nombre considérable d'Israéliens. Son enseignement est satisfaisant. Seule manque encore l'adhésion d'Israël à la francophonie. Nous la souhaitons et le plus tôt sera le mieux.\
Ces perspectives d'échanges accrus, de coopération progressant dans tous les domaines, c'est bien entendu, pour une grande part, sur vous, mes chers compatriotes, qu'elles reposent.
- Dans cet esprit, je voudrais saluer vos principales organisations, l'UFE et l'ADFE, vos associations d'anciens combattants, la Chambre de commerce et d'industrie Israël France. Je salue aussi vos délégués au Conseil supérieur des Français à l'étranger qui vous représentent dignement au Conseil.
- Je salue également M. Didier Bariani, président du Groupe d'amitié France Israël de l'Assemblée nationale, et M. Philippe Richert, président du Groupe d'amitié France Israël du Sénat, qui m'ont accompagné dans ce voyage. J'ai souhaité associer à mon déplacement en Israël, M. Henri Hadjenberg, président du CRIF et M. Jean Kahn, président du Consistoire central, qui représentent à mes côtés la communauté juive de France. Cette communauté, la deuxième par le nombre, dans le monde, en dehors d'Israël, joue un rôle majeur dans notre pays. Ces Français, qui ont tant donné à la France sont, bien sûr, charnellement attachés à Israël. Ils sont un lien privilégié dans les relations entre les deux pays. Ce soir, à vos côtés, ils symbolisent tout ce qui peut exister de spécifique et de si fort entre la France et Israël et je veux les en remercier.
- Mais c'est d'abord à chacun et à chacune d'entre vous que je souhaite dire ma gratitude, pour son action, ici en terre d'Israël, au service de la France, au service de l'amitié franco israélienne.
- La plupart d'entre vous sont, à la fois, citoyen israélien et citoyen français. Un certain nombre se sentent également chez eux dans le pays qui les a vus naître. Cette situation privilégiée, c'est une chance pour la France.
- Continuez à être ces témoins, ces messagers des solidarités méditerranéennes dont nous avons tant besoin.
- Continuez à donner de notre pays une image forte, dynamique, l'image d'un pays qui se tient résolument aux côtés d'Israël dans sa marche vers la paix et la prospérité.
- Vive la République !
- Vive la France !.\