14 septembre 1993 - Seul le prononcé fait foi
Interview de M. François Mitterrand, Président de la République à la télévision du Kazakhstan le 14 septembre 1993, sur le développement des relations bilatérales et économiques entre la France et le Kazakhstan.
QUESTION.- Monsieur le Président, vous avez reçu à Paris les chefs de plusieurs Etats devenus indépendants après la dislocation de l'URSS. En même temps, jusqu'à présent, vous ne vous êtes rendu en visite qu'en Russie et dans les Pays baltes. Notons que votre prochaine visite au Kazakhstan est la première en Asie centrale. Quels sont les motifs de cette visite ?
- LE PRESIDENT.- Je pense que cela est dû à ce que j'estime être l'importance de votre pays, les relations que j'ai déjà entretenues avec le Président Nazarbaev, le rôle qu'il joue à la fois dans les Etats d'ancienne Union soviétique et dans le développement de l'Asie centrale et de l'ensemble des Etats de la région, enfin je n'ignore pas les capacités d'épanouissement remarquables du Kazakhstan, la manière dont ce pays est conduit et je suis très désireux de le connaître. En plus cela me donne l'occasion, comme je le fais avec vous ce soir, de saluer le peuple kazakh, et de lui dire les voeux que je forme pour lui au nom de la France.
- QUESTION.- Quel rôle, à votre avis, monsieur le Président, peut jouer au sein de la CEI et dans le monde le Kazakhstan, prenant en compte sa situation géographique et son potentiel économique ?
- LE PRESIDENT.- C'est une question à laquelle vous devriez répondre vous, et pas moi, qu'est-ce que vous attendez en effet de ce pays ? Mais vu de l'Europe occidentale, avec la connaissance que je puis avoir des affaires du monde, je pense que le Kazakhstan aujourd'hui représente l'un des Etats les plus stables et les plus prometteurs de ceux qui appartenaient à l'Union soviétique. C'est un pays qui est situé géographiquement entre les grands pays que sont la Chine, la Russie, tout proche de l'ensemble des pays de langue turque, des autres républiques musulmanes, aux confins de l'Europe et de l'Asie. Je pense que votre pays a ainsi toutes les chances de prendre rang parmi les pays importants du monde. Virtuellement, il a ces qualités-là et je sens dans la volonté de ses dirigeants et dans les qualités de son peuple la volonté d'utiliser tous ces atouts. Je considère donc que la place du Kazakhstan est une place qui devrait, auprès de quelques autres, mais d'une façon très éminente, lui permettre de prendre part à l'équilibre mondial dans les années qui viennent.\
QUESTION.- A ce titre, monsieur le Président, quel est votre point de vue sur la situation actuelle dans la CEI et les problèmes de la réforme de l'économie ?
- LE PRESIDENT.- Je pense que des pays comme les vôtres doivent résoudre un double problème, ce qui n'est pas une contradiction. A la fois celui de rester associé aux pays voisins, républiques qui ont entre elles des liens anciens, multiples et très forts et s'il ne faut pas faire de choses artificielles - naturellement c'est votre région à vous, dans laquelle vous devez vous développer - il vous faut travailler avec les républiques soeurs. En même temps vous devez affirmer votre souveraineté et votre identité. Ce n'est pas toujours facile pour un pays comme le vôtre où il y a des ethnies différentes, beaucoup de populations et surtout deux principales dont l'origine n'est pas la même mais qui sont maintenant habituées à vivre ensemble depuis longtemps. Il vous faut donc, à la fois, d'un côté être un état fédérateur pour l'ensemble des pays de la région et un peuple qui trouve et qui affirme son identité, le début d'une nation, c'est ce que vous êtes en train de faire.
- QUESTION.- Comme on sait, le Kazakhstan est en train de passer à une économie de marché. Qu'est-ce que la France attend de la coopération politique et économique avec le Kazakhstan ?
- LE PRESIDENT.- Politiquement, nous avons grand intérêt nous en France, à avoir des relations amicales avec le Kazakhstan, le plus grand intérêt. Cela a commencé, ce n'est pas d'aujourd'hui, mon voyage ne sera pas un point de départ, ce sera simplement comme un point d'orgue pour bien marquer l'importance que nous attachons à ces relations. Ce n'est pas nouveau mais nous pensons qu'un pays comme le vôtre doit avoir avec les pays d'occident des relations qui lui permettent de tirer profit des expériences qui s'y sont faites, de la technicité qui a été accumulée à travers les dernières décennies et sans que l'on puisse parler de prospérité en raison de la crise mondiale des pays occidentaux économiques, il n'empêche que nous avons un niveau de vie qui doit nous permettre de travailler avec vous pour le bien en même temps de la population de votre pays.
- Sur le plan économique, c'est à vous maintenant de prendre en charge ce que vous êtes et c'est une immense tâche que de passer de l'économie qui était la vôtre au sein de l'Union soviétique à celle d'un grand pays - je le répète, disposant de puissantes matières premières et des capacités d'un peuple laborieux - à une économie libérale avec aussi tous les dangers qu'elle représente. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, de s'abandonner aux lois de la jungle où les plus faibles perdent leurs avantages sociaux tandis que les plus forts s'enrichissent. Il faut que la puissance publique, l'Etat continue d'exercer son rôle et, bien entendu, dans une économie de marché, il faut une libre concurrence et permettre à l'initiative de se développer. Je souhaite que vous alliez dans ce sens.\
QUESTION.- Justement, monsieur le Président, que voudriez-vous souhaiter aux habitants du Kazakhstan à la veille de votre visite ?
- LE PRESIDENT.- D'abord, je me réjouis d'aller les voir. J'espère que j'aurai plusieurs occasions de rencontrer de nombreux représentants du Kazakhstan, même si ma visite est brève - vous savez ce que c'est qu'une visite d'état, elle ne permet pas de faire grand chose à l'intérieur d'un pays, on ne peut pas s'y attarder, il y a beaucoup de choses officielles, il y a des valeurs symboliques qu'il faut savoir respecter - j'attends de mes amis de là-bas qu'ils me fassent connaître le maximum de la diversité de votre peuple.
- Quant aux nombreux industriels qui m'accompagnent, je souhaite qu'ils poursuivent l'effort déjà remarquable entamé, car la France s'intéresse beaucoup au Kazakhstan, auquel il faut donner un élan nouveau pour que les investissements se multiplient et que toutes nos grandes industries de progrès puissent s'installer chez vous, naturellement dans le cadre de vos lois.\
- LE PRESIDENT.- Je pense que cela est dû à ce que j'estime être l'importance de votre pays, les relations que j'ai déjà entretenues avec le Président Nazarbaev, le rôle qu'il joue à la fois dans les Etats d'ancienne Union soviétique et dans le développement de l'Asie centrale et de l'ensemble des Etats de la région, enfin je n'ignore pas les capacités d'épanouissement remarquables du Kazakhstan, la manière dont ce pays est conduit et je suis très désireux de le connaître. En plus cela me donne l'occasion, comme je le fais avec vous ce soir, de saluer le peuple kazakh, et de lui dire les voeux que je forme pour lui au nom de la France.
- QUESTION.- Quel rôle, à votre avis, monsieur le Président, peut jouer au sein de la CEI et dans le monde le Kazakhstan, prenant en compte sa situation géographique et son potentiel économique ?
- LE PRESIDENT.- C'est une question à laquelle vous devriez répondre vous, et pas moi, qu'est-ce que vous attendez en effet de ce pays ? Mais vu de l'Europe occidentale, avec la connaissance que je puis avoir des affaires du monde, je pense que le Kazakhstan aujourd'hui représente l'un des Etats les plus stables et les plus prometteurs de ceux qui appartenaient à l'Union soviétique. C'est un pays qui est situé géographiquement entre les grands pays que sont la Chine, la Russie, tout proche de l'ensemble des pays de langue turque, des autres républiques musulmanes, aux confins de l'Europe et de l'Asie. Je pense que votre pays a ainsi toutes les chances de prendre rang parmi les pays importants du monde. Virtuellement, il a ces qualités-là et je sens dans la volonté de ses dirigeants et dans les qualités de son peuple la volonté d'utiliser tous ces atouts. Je considère donc que la place du Kazakhstan est une place qui devrait, auprès de quelques autres, mais d'une façon très éminente, lui permettre de prendre part à l'équilibre mondial dans les années qui viennent.\
QUESTION.- A ce titre, monsieur le Président, quel est votre point de vue sur la situation actuelle dans la CEI et les problèmes de la réforme de l'économie ?
- LE PRESIDENT.- Je pense que des pays comme les vôtres doivent résoudre un double problème, ce qui n'est pas une contradiction. A la fois celui de rester associé aux pays voisins, républiques qui ont entre elles des liens anciens, multiples et très forts et s'il ne faut pas faire de choses artificielles - naturellement c'est votre région à vous, dans laquelle vous devez vous développer - il vous faut travailler avec les républiques soeurs. En même temps vous devez affirmer votre souveraineté et votre identité. Ce n'est pas toujours facile pour un pays comme le vôtre où il y a des ethnies différentes, beaucoup de populations et surtout deux principales dont l'origine n'est pas la même mais qui sont maintenant habituées à vivre ensemble depuis longtemps. Il vous faut donc, à la fois, d'un côté être un état fédérateur pour l'ensemble des pays de la région et un peuple qui trouve et qui affirme son identité, le début d'une nation, c'est ce que vous êtes en train de faire.
- QUESTION.- Comme on sait, le Kazakhstan est en train de passer à une économie de marché. Qu'est-ce que la France attend de la coopération politique et économique avec le Kazakhstan ?
- LE PRESIDENT.- Politiquement, nous avons grand intérêt nous en France, à avoir des relations amicales avec le Kazakhstan, le plus grand intérêt. Cela a commencé, ce n'est pas d'aujourd'hui, mon voyage ne sera pas un point de départ, ce sera simplement comme un point d'orgue pour bien marquer l'importance que nous attachons à ces relations. Ce n'est pas nouveau mais nous pensons qu'un pays comme le vôtre doit avoir avec les pays d'occident des relations qui lui permettent de tirer profit des expériences qui s'y sont faites, de la technicité qui a été accumulée à travers les dernières décennies et sans que l'on puisse parler de prospérité en raison de la crise mondiale des pays occidentaux économiques, il n'empêche que nous avons un niveau de vie qui doit nous permettre de travailler avec vous pour le bien en même temps de la population de votre pays.
- Sur le plan économique, c'est à vous maintenant de prendre en charge ce que vous êtes et c'est une immense tâche que de passer de l'économie qui était la vôtre au sein de l'Union soviétique à celle d'un grand pays - je le répète, disposant de puissantes matières premières et des capacités d'un peuple laborieux - à une économie libérale avec aussi tous les dangers qu'elle représente. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, de s'abandonner aux lois de la jungle où les plus faibles perdent leurs avantages sociaux tandis que les plus forts s'enrichissent. Il faut que la puissance publique, l'Etat continue d'exercer son rôle et, bien entendu, dans une économie de marché, il faut une libre concurrence et permettre à l'initiative de se développer. Je souhaite que vous alliez dans ce sens.\
QUESTION.- Justement, monsieur le Président, que voudriez-vous souhaiter aux habitants du Kazakhstan à la veille de votre visite ?
- LE PRESIDENT.- D'abord, je me réjouis d'aller les voir. J'espère que j'aurai plusieurs occasions de rencontrer de nombreux représentants du Kazakhstan, même si ma visite est brève - vous savez ce que c'est qu'une visite d'état, elle ne permet pas de faire grand chose à l'intérieur d'un pays, on ne peut pas s'y attarder, il y a beaucoup de choses officielles, il y a des valeurs symboliques qu'il faut savoir respecter - j'attends de mes amis de là-bas qu'ils me fassent connaître le maximum de la diversité de votre peuple.
- Quant aux nombreux industriels qui m'accompagnent, je souhaite qu'ils poursuivent l'effort déjà remarquable entamé, car la France s'intéresse beaucoup au Kazakhstan, auquel il faut donner un élan nouveau pour que les investissements se multiplient et que toutes nos grandes industries de progrès puissent s'installer chez vous, naturellement dans le cadre de vos lois.\