19 février 1993 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur la coopération et les relations culturelles, linguistiques et économiques entre la France et le Portugal, Paris le 19 février 1993.
Monsieur le Président,
- Monsieur le Professeur,
- Mesdames et Messieurs,
- Notre présence ici s'explique aisément, vous allez dire tout ce qui est portugais est nôtre, c'est peut-être un peu excessif mais nous nous sentons si proches que je crois manquer peu d'occasions de nous rencontrer, vous qui venez assez souvent en France, pas encore assez souvent à mon goût. On peut, au travers des questions d'ordre culturel, mais aussi beaucoup d'autres qui examinent votre "quinzaine" - les grandes découvertes, les grandes aventures de l'esprit - considérer le Portugal comme l'un des plus anciens pays d'Europe constitués, une des plus anciennes Nations avec l'Angleterre, l'Espagne et la France, qui continue à la fin du XXème siècle de s'illustrer, d'être présent, de compter plus lourd que ne pourrait le démontrer sa population. Mais pas plus lourd que ne le démontre sa culture qui a des projections bien au-delà de ses propres frontières.
- Je suis très heureux d'accueillir madame et le Président Soares à la fois pour ce qui a été dit tout à l'heure, c'est-à-dire une très ancienne relation qui remonte à l'époque où nos amis étaient des exilés en France, où vous aviez besoin d'amitié et d'accueil, mais aussi à travers les péripéties de la vie politique, de la responsabilité internationale. On peut dire que nous nous sommes toujours trouvés en harmonie sur les grands choix, ceux de l'Europe bien entendu mais aussi tout ce qui touche à la vie mondiale. C'est ainsi que récemment encore il m'est arrivé de défendre un point de vue portugais mais qui dépasse le Portugal, à propos de Timor lors d'une rencontre internationale.\
Vous êtes chaque fois les bienvenus, vous êtes reçus ici comme des amis, presque des familiers, les Français vous connaissent et sont heureux de vous recevoir. D'autant plus que vous représentez une population dont on a déjà parlé, le Professeur Ruffié s'est excellemment exprimé d'abord, avant le Président Soares, sur la présence portugaise en France. Le grand nombre de travailleurs portugais qui vivent modestement, difficilement et qui nous apportent leur travail mais plus encore leurs vertus. On a raison de dire qu'il n'existe sans doute pas de groupe d'immigrés représentant un tel apport, un tel enrichissement pour le pays qui les reçoit.
- Je tiens à ce que cette rencontre soit l'occasion pour moi d'adresser cet hommage aux Portugais de France qui ne sont après tout qu'une expression du Portugal tout court. C'est vrai qu'ils s'intègrent fort bien mais ils restent Portugais. C'est normal, ils sont eux-mêmes les produits d'une si grande et d'une si vieille histoire.
- Ils n'ont pas abandonné ce qu'ils sont, ils ont bien raison et en même temps ils se sentent je crois tout à fait chez eux dans un pays comme le nôtre. En témoigne précisément l'oeuvre de ces artistes, peintres, sculpteurs que nous venons de voir qui sont des Portugais de France. Ils sont discrets, ils ont de la pudeur, ils ne le disent pas mais j'imagine que cela ne doit pas être facile tous les jours. Ils produisent des oeuvres de qualité et même parfois de très grande qualité qui s'inspirent de l'exemple vécu : celui de Viera da Silva que nous avons perdue il n'y a pas si longtemps qui était une amie personnelle de Mme et de M. Soares et avec laquelle j'entretenais des relations suivies très cordiales et qui nous a laissé un grand souvenir. Au moment de mourir elle a tenu à nous faire savoir que sa pensée était pour nous. Je pense que la présence du couple présidentiel illustre d'une façon très utile la grande présence des Portugais de France.
- En ce moment se déroule assurément toute une grande histoire, sur l'aventure, le rôle des Portugais dans l'histoire de la planète, de sa découverte, de sa possession, de son développement, de sa culture, de sa langue et j'ai été surpris car je l'ignorais que le portugais avait cessé d'être répandu par Radio France Internationale. J'apprends des choses tous les jours dont je suis responsable et encore, ils n'ont pas dit c'est à cause de vous mais en tous cas je vais m'en occuper bien que les moyens d'information en France étant libres ils sont également libres de faire des bêtises. Je ne pense pas que cela soit l'effet d'une rivalité linquistique parce qu'après tout nous sommes très fiers naturellement de la francophonie qui atteint pas mal de gens sur la terre mais nous sommes talonnés par les Portugais naturellement avec l'énorme apport du Brésil cela fait du monde et quelques autres en Afrique et en Asie. Il y a pratiquement autant de gens dans le monde qui parlent portugais alors peut-être est-ce l'effet d'une sourde rivalité. C'est vrai qu'il n'y a pas non plus assez d'enseignement du portugais en France. Il n'y a pas assez de traductions et j'observe qu'au Portugal beaucoup de textes sont publiés en français, et, encore récemment vous vouliez bien m'envoyer cher Mario Soares un témoignage de votre édition particulièrement de qualité rare, en langue française, d'oeuvres portugaises.\
Vous allez comme cela vous réunir pendant quinze jours. J'ai vu qu'il y avait tout un déroulement de rencontres sur des sujets passionnants et je voudrais à cet égard signaler la très efficace intervention dans ce domaine du Professeur Ruffié. Il fait partie de la petite cohorte de vrais savants dont l'esprit cherche toujours une vérité plus profonde, plus lointaine, moins accessible encore et il aura consacré sa vie à cette recherche en même temps qu'à cette connaissance. Et le fait qu'il se soit passionné pour la cause portugaise et franco-portugaise me fait le plus grand plaisir. En plus s'y ajoute le plaisir de m'avoir fourni l'occasion de le revoir en cette circonstance, ce dont je ne me plaindrai pas. Je vous souhaite pleine réussite.
- On a parlé de l'Europe, - je ne vais pas m'attarder - c'est vrai le Portugal et la France sont toujours très proches au moment des décisions importantes qui sont prises au sein de la Communauté. C'est vrai que cela n'a pas été si facile de faire accéder le Portugal et l'Espagne parce qu'en réalité ces deux pays ont des productions également concurrentes de celles de certaines régions françaises. Les hommes politiques qui m'avaient précédé pensaient que c'était électoralement imprudent que d'accepter des producteurs de vins cuits, des producteurs d'agrumes, etc. Il fallut en effet intervenir parce que, et c'était surtout vrai du côté de l'Espagne, un certain nombre de camions n'arrivaient pas à destination, c'était donc une petite guérilla à laquelle on a mis pratiquement fin, et les choses se passent mieux. Je n'entends que des éloges sur la participation portugaise à la construction de l'Europe.
- C'était une occasion de le dire. Je souhaite bonne chance à la quinzaine franco-portugaise. Je crois d'ailleurs que dans quelques jours j'aurai l'occasion de m'y retrouver. Je ne sais pas si je retrouverai le Président car il ne va pas s'installer à Paris ! En tous les cas je serai présent, je vous représenterai £ j'aurai donc de nouveau l'occasion de dire à mes amis portugais à quel point ils me sont chers.\
- Monsieur le Professeur,
- Mesdames et Messieurs,
- Notre présence ici s'explique aisément, vous allez dire tout ce qui est portugais est nôtre, c'est peut-être un peu excessif mais nous nous sentons si proches que je crois manquer peu d'occasions de nous rencontrer, vous qui venez assez souvent en France, pas encore assez souvent à mon goût. On peut, au travers des questions d'ordre culturel, mais aussi beaucoup d'autres qui examinent votre "quinzaine" - les grandes découvertes, les grandes aventures de l'esprit - considérer le Portugal comme l'un des plus anciens pays d'Europe constitués, une des plus anciennes Nations avec l'Angleterre, l'Espagne et la France, qui continue à la fin du XXème siècle de s'illustrer, d'être présent, de compter plus lourd que ne pourrait le démontrer sa population. Mais pas plus lourd que ne le démontre sa culture qui a des projections bien au-delà de ses propres frontières.
- Je suis très heureux d'accueillir madame et le Président Soares à la fois pour ce qui a été dit tout à l'heure, c'est-à-dire une très ancienne relation qui remonte à l'époque où nos amis étaient des exilés en France, où vous aviez besoin d'amitié et d'accueil, mais aussi à travers les péripéties de la vie politique, de la responsabilité internationale. On peut dire que nous nous sommes toujours trouvés en harmonie sur les grands choix, ceux de l'Europe bien entendu mais aussi tout ce qui touche à la vie mondiale. C'est ainsi que récemment encore il m'est arrivé de défendre un point de vue portugais mais qui dépasse le Portugal, à propos de Timor lors d'une rencontre internationale.\
Vous êtes chaque fois les bienvenus, vous êtes reçus ici comme des amis, presque des familiers, les Français vous connaissent et sont heureux de vous recevoir. D'autant plus que vous représentez une population dont on a déjà parlé, le Professeur Ruffié s'est excellemment exprimé d'abord, avant le Président Soares, sur la présence portugaise en France. Le grand nombre de travailleurs portugais qui vivent modestement, difficilement et qui nous apportent leur travail mais plus encore leurs vertus. On a raison de dire qu'il n'existe sans doute pas de groupe d'immigrés représentant un tel apport, un tel enrichissement pour le pays qui les reçoit.
- Je tiens à ce que cette rencontre soit l'occasion pour moi d'adresser cet hommage aux Portugais de France qui ne sont après tout qu'une expression du Portugal tout court. C'est vrai qu'ils s'intègrent fort bien mais ils restent Portugais. C'est normal, ils sont eux-mêmes les produits d'une si grande et d'une si vieille histoire.
- Ils n'ont pas abandonné ce qu'ils sont, ils ont bien raison et en même temps ils se sentent je crois tout à fait chez eux dans un pays comme le nôtre. En témoigne précisément l'oeuvre de ces artistes, peintres, sculpteurs que nous venons de voir qui sont des Portugais de France. Ils sont discrets, ils ont de la pudeur, ils ne le disent pas mais j'imagine que cela ne doit pas être facile tous les jours. Ils produisent des oeuvres de qualité et même parfois de très grande qualité qui s'inspirent de l'exemple vécu : celui de Viera da Silva que nous avons perdue il n'y a pas si longtemps qui était une amie personnelle de Mme et de M. Soares et avec laquelle j'entretenais des relations suivies très cordiales et qui nous a laissé un grand souvenir. Au moment de mourir elle a tenu à nous faire savoir que sa pensée était pour nous. Je pense que la présence du couple présidentiel illustre d'une façon très utile la grande présence des Portugais de France.
- En ce moment se déroule assurément toute une grande histoire, sur l'aventure, le rôle des Portugais dans l'histoire de la planète, de sa découverte, de sa possession, de son développement, de sa culture, de sa langue et j'ai été surpris car je l'ignorais que le portugais avait cessé d'être répandu par Radio France Internationale. J'apprends des choses tous les jours dont je suis responsable et encore, ils n'ont pas dit c'est à cause de vous mais en tous cas je vais m'en occuper bien que les moyens d'information en France étant libres ils sont également libres de faire des bêtises. Je ne pense pas que cela soit l'effet d'une rivalité linquistique parce qu'après tout nous sommes très fiers naturellement de la francophonie qui atteint pas mal de gens sur la terre mais nous sommes talonnés par les Portugais naturellement avec l'énorme apport du Brésil cela fait du monde et quelques autres en Afrique et en Asie. Il y a pratiquement autant de gens dans le monde qui parlent portugais alors peut-être est-ce l'effet d'une sourde rivalité. C'est vrai qu'il n'y a pas non plus assez d'enseignement du portugais en France. Il n'y a pas assez de traductions et j'observe qu'au Portugal beaucoup de textes sont publiés en français, et, encore récemment vous vouliez bien m'envoyer cher Mario Soares un témoignage de votre édition particulièrement de qualité rare, en langue française, d'oeuvres portugaises.\
Vous allez comme cela vous réunir pendant quinze jours. J'ai vu qu'il y avait tout un déroulement de rencontres sur des sujets passionnants et je voudrais à cet égard signaler la très efficace intervention dans ce domaine du Professeur Ruffié. Il fait partie de la petite cohorte de vrais savants dont l'esprit cherche toujours une vérité plus profonde, plus lointaine, moins accessible encore et il aura consacré sa vie à cette recherche en même temps qu'à cette connaissance. Et le fait qu'il se soit passionné pour la cause portugaise et franco-portugaise me fait le plus grand plaisir. En plus s'y ajoute le plaisir de m'avoir fourni l'occasion de le revoir en cette circonstance, ce dont je ne me plaindrai pas. Je vous souhaite pleine réussite.
- On a parlé de l'Europe, - je ne vais pas m'attarder - c'est vrai le Portugal et la France sont toujours très proches au moment des décisions importantes qui sont prises au sein de la Communauté. C'est vrai que cela n'a pas été si facile de faire accéder le Portugal et l'Espagne parce qu'en réalité ces deux pays ont des productions également concurrentes de celles de certaines régions françaises. Les hommes politiques qui m'avaient précédé pensaient que c'était électoralement imprudent que d'accepter des producteurs de vins cuits, des producteurs d'agrumes, etc. Il fallut en effet intervenir parce que, et c'était surtout vrai du côté de l'Espagne, un certain nombre de camions n'arrivaient pas à destination, c'était donc une petite guérilla à laquelle on a mis pratiquement fin, et les choses se passent mieux. Je n'entends que des éloges sur la participation portugaise à la construction de l'Europe.
- C'était une occasion de le dire. Je souhaite bonne chance à la quinzaine franco-portugaise. Je crois d'ailleurs que dans quelques jours j'aurai l'occasion de m'y retrouver. Je ne sais pas si je retrouverai le Président car il ne va pas s'installer à Paris ! En tous les cas je serai présent, je vous représenterai £ j'aurai donc de nouveau l'occasion de dire à mes amis portugais à quel point ils me sont chers.\