18 juin 1991 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur le programme Eureka et la coopération technologique européenne, La Haye le 18 juin 1991.
Majesté,
- Monsieur le Président de la République de Finlande,
- Monsieur le Premier ministre,
- Mesdames, messieurs,
- Dans cette salle, depuis des siècles, se sont déroulés bien des événements historiques. Depuis la deuxième guerre mondiale, il m'est arrivé souvent d'y revenir et toujours pour des circonstances importantes. La première fois, je le rappelais tout à l'heure, c'était il y a quarante-trois ans. La construction de l'Europe, les rencontres internationales débordant du cadre de l'Europe ont le plus souvent trouvé dans ce pays, dans cette ville, dans cette salle, l'occasion de s'exprimer pour rassembler, organiser, prévoir. C'est pourquoi je veux dire mon plaisir d'être ici pour ce 5ème anniversaire d'Eureka.
- Je suis, comme vous tous, très attaché à la construction européenne, particulièrement à celle de la Communauté. Mais où se trouvent les frontières dès lors que la matière à traiter échappe à toute idée de frontière ? C'est le cas de la science, c'est le cas de la technologie, c'est le cas de l'environnement. La liste serait longue. Autant il est nécessaire que des pays, surtout lorsqu'ils doivent accepter des renonciations à leur souveraineté dans des domaines difficiles et importants, s'engagent en tant qu'Etats, autant dans certains domaines l'initiative des Etats mais aussi des particuliers, des associations, des entreprises ne peut s'arrêter à des limitations tout à fait arbitraires.
- C'est ce que j'ai pensé, rencontrant beaucoup d'autres esprits, en 1985 dans la situation qui a été rappelée aussi bien par M. Andriessen d'abord et par M. le Premier ministre Lübbers. Il faut se situer à l'époque, il n'y a pas si longtemps mais les choses vont si vite que l'on pourrait croire qu'entre le début d'Eureka et aujourd'hui, un demi siècle s'est passé. Une grande révolution a commencé depuis lors et autant on pouvait prévoir en 1985 que tous les pays qui, déjà, participaient du même état d'esprit pouvaient s'entendre, autant cela paraissait difficile, sinon même impossible avec une autre Europe dont les critères idéologiques, politiques, économiques et sociaux étaient aussi différents.\
Nous avons donc bâti Eureka pour les pays qui étaient en mesure de l'accepter sans imaginer que si rapidement, quatre ans après, il serait possible de concevoir une organisation pour l'Europe. C'est le point où nous en sommes et que doivent examiner les actuels responsables d'Eureka.
- Nous avons commencé pratiquement avec dix-neuf pays, les douze de la Communauté qui étaient naturellement les voisins, les amis, les partenaires habituels et sept autres pays. Ces six autres pays ont contribué de la même façon, sans se poser de question particulière et ont montré aussitôt une adaptation égale à ceux qui pourtant pratiquaient la solidarité depuis déjà une quinzaine d'années. Vous l'avez rappelé, monsieur le Premier ministre, de grandes entreprises technologiques occupaient l'esprit des Américains notamment, vous avez cité l'initiative de défense stratégique dont j'avais pensé tout de suite qu'elle avait quelque chose d'illusoire.
- Mais malgré tout, c'était très important pour les femmes et les hommes de science. On peut imaginer, en effet, qu'autour de la planète, il y ait une série de relais qui sachent tout et voient tout ce qui se passe. Et puisque c'était d'Amérique que partait cette initiative et qu'aussitôt on pouvait imaginer que beaucoup de brillants esprits auraient hâte de s'y joindre, cela fut pour nous un détonateur.
- Vous avez eu raison, monsieur le Premier ministre, tout à l'heure de célébrer l'innovation et moi je suis très partisan de l'initiative qui vient d'un peu partout, on ne peut pas régler cela par les moyens de la bureaucratie. Au moins pouvait-on faire l'effort et on l'a fait. Il est en train de réussir, de rassembler les intelligences, les moyens financiers, de relier les laboratoires, de se lancer dans l'étude des plus fines et des plus hautes technologies.
- L'exemple de la France, qui est celui que je connais m'avait démontré qu'il était vraiment nécessaire d'aller vite et c'est pourquoi dès ces années nous avons considérablement accru les moyens de la recherche française tout en sachant fort bien quelles étaient nos limites et qu'il convenait de les associer à celles des pays qui désireraient en faire autant.
- Les principes ont été rappelés. Il s'agit des entreprises, ces entreprises qui se consacrent à des recherches dites de pointe, de technologie de pointe, c'est-à-dire les meilleures, les plus audacieuses. Ces entreprises sont libres de faire ce qu'elles veulent mais lorsqu'elles décident de s'entendre pour tenter d'aller encore un peu plus loin dans la connaissance de la matière, elles ont parfois besoin d'une aide initiale, au moins que quelqu'un donne l'élan, qu'il soit possible de trouver des relais. Les mises de fonds des Etats ont été relativement modestes pour créer l'instrument initial à partir duquel de multiples entreprises ont commencé de s'associer. Comment a-t-on commencé en 1985 ? Comme tout commence : tout commence par la foi, la conviction de quelques-uns et le scepticisme général.
- Vous connaissez une autre façon de faire ? L'essentiel est d'arriver à traverser la zone d'ombre pour parvenir à la compréhension, à la lumière. Cela ne se produit pas toujours, que de projets mort-nés même s'ils étaient tout à fait nécessaires mais voilà cela n'a pas suivi ! D'autres réussissent, c'est cela la vie, Eureka représente sans aucun doute pour moi l'une des plus sûres réussites de l'Europe.\
C'est votre pays, madame, majesté, qui actuellement préside aux destinées d'Eureka. Les résultats étaient déjà sérieux quand vous en avez assumé la charge, ils se sont accrus au point d'apparaître comme de grands résultats.
- Je tiens à rendre hommage au pays hôte qui va bientôt quitter la présidence d'Eureka pour assurer celle de la Communauté. Je veux également saluer la présence de M. Koivisto, Président de la République de Finlande puisque c'est la Finlande qui prendra le relais.
- Je ne peux résister au désir de vous dire à quel point Eureka me tient à coeur.
- J'ai cité quelques raisons mais ce n'est pas spécialement l'instinct paternel qui s'exprime ! Je crois avoir développé le premier cette idée qui venait d'un peu partout. Je ne réclame pas de droits d'auteurs. Enfin, je suis très attaché à cette charte qui a permis de bâtir un espace européen de l'industrie et de la recherche.
- C'est vraiment un élément essentiel de la construction de l'Europe. Et la présence de toutes ces personnalités en ce jour, à La Haye, en est encore un témoignage.
- J'insiste sur ce point : par ses procédures et par ses critères Eureka constitue un cadre original : les entrepreneurs eux-mêmes échappant à toute autre règle que celle de leur décision. Pour être retenu, il faut qu'un projet soit novateur, il faut que le lien s'établisse entre les laboratoires, les entreprises et les universités. C'est un pari technologique difficile mais il s'agit de produire des services sur le marché mondial, de renforcer le tissu industriel européen, de stimuler la création d'emplois. Je peux dire que grâce à Eureka, notre continent reste à la pointe du développement.
- On me dit qu'il y a maintenant 500 projets nouveaux qui associent près de 2500 entreprises de toutes tailles, des organismes de recherche, des laboratoires, créant près de 25000 collaborations. Des petites et des moyennes entreprises y jouent un rôle actif. Tout cela va dans le sens souhaité il y a cinq ans.\
Dès 1985, les projets Eureka ont concerné des domaines très compétitifs. Ainsi le projet Famos qui prépare l'usine du futur en automatisant le montage de pièces dans certaines chaînes de production. Le programme Eurolaser qui améliorera les performances des lasers utilisés à la fois dans l'industrie et en médecine. Le projet Eurofar cherche à développer un avion à rotor basculant qui serait susceptible de bouleverser le marché du transport aérien. Un autre projet intitulé Halios fait que les industriels européens amélioreront l'équipement et les nouvelles technologies destinés aux navires de pêche pour augmenter leur rentabilité et leur sécurité.
- Je pourrais multiplier les exemples, rappeler que l'industrie européenne des composants électroniques est devenue très active grâce au programme Jessi. Il y aura bientôt pour l'Europe une télévision à haute définition.
- Tout cela fait que le label Eureka est devenu une distinction industrielle très recherchée. Voyez la multiplicité des directions prises. Il n'y a rien d'interdit pour l'esprit humain surtout lorsque sa connaissance scientifique lui permet de maîtriser toutes les techniques.
- Vous avez parlé de l'environnement, c'est pourquoi j'éviterai de m'y attarder. Environnement qui préoccupe les autorités néerlandaises particulièrement si j'en juge par un autre rendez-vous que nous avions dans la même ville il y a peu de temps et qui nous a permis de lancer un appel au monde entier pour protéger l'environnement.\
Alors huit pays ont successivement assuré la présidence d'Eureka - l'Allemagne fédérale, le Royaume-Uni, la Suède, l'Espagne, le Danemark, l'Autriche, les Pays-Bas - et chacun a fait avancer ce qui pourrait bien apparaître comme un lourd instrument mais qui reste agile, efficace. Je suis sûr que ce flambeau - si on veut prendre cette image un peu audacieuse par rapport à celle que j'évoquais un peu plus haut - sera dans de bonnes mains lorsque ce seront les mains du Président Koivisto.
- Eureka doit encore progresser. Grâce à la présidence néerlandaise et aux experts réunis autour de M. Dekker, nous disposons de nouvelles pistes de réflexion et de recommandations très intéressantes, avec de nouveaux grands projets dans les domaines de l'informatique, l'automobile, les usines du futur ou le traitement des déchets.
- N'oublions pas non plus l'application à certaines industries dont on sait l'importance : je pense à la médecine. Grâce à ce qui a été fait, on sera en mesure avec le développement d'ordinateurs plus avancés d'affiner les diagnostics vis-à-vis de troubles aussi graves que l'hépatite virale par exemple ou de certaines maladies sexuellement transmissibles.
- Songez aux industries de la langue. Grâce à cette industrie, la France dépassera les barrières qui la séparent et ces barrières linguistiques sont parmi les plus difficiles à franchir. Tout instrument comme une machine à traduire sera le bienvenu. On y travaille.
- Les constructeurs automobiles européens déjà associés autour du projet Prometheus vont continuer à travailler ensemble. Arrêtons-là. Chacun des orateurs pourrait compléter cette liste.\
Que les pays attachés à Eureka et qui y participent sachent bien qu'ils doivent poursuivre et approfondir leur oeuvre. Nous ne sommes qu'au début de notre chemin. Lorsque la France aura de nouveau à assurer la présidence, je puis vous assurer qu'elle le fera avec la même détermination que celle que l'on observe aujourd'hui alors que nous nous trouvons aux Pays-Bas.
- Non seulement je m'adresse ici aux pays qui sont déjà membres d'Eureka mais je pense aussi que va venir très bientôt le jour où les autres nous rejoindront. Ils ont beaucoup à apporter. Aucune exclusive n'est faite puisque la principale barrière, celle du mur, réelle ou idéologique a disparu. Eh bien, que tous viennent en se soumettant bien entendu aux règles déjà admises. Qu'ils viennent nous apporter leur façon de voir, leur technique. Que les entreprises soient choisies par leur talent en établissant des contrats qui réuniront d'une capitale à l'autre, ce qu'on appelle le continent européen.
- Voilà, c'est ce que j'attends de la prochaine étape. 1991, c'est cette année. 1995 et 1996 ce sera le prochain bail. Combien de pays d'Europe se rassembleront dans le pays d'accueil ce jour-là ? Je n'en sais rien. Je veux simplement leur dire : il n'y a d'interdit pour personne. L'intelligence et la culture avec la production en Europe seront capables de démontrer que sur cette terre, on peut bâtir l'universel, y contribuer suffisamment pour que les femmes et les hommes qui y vivent se sentent fiers d'eux.\
- Monsieur le Président de la République de Finlande,
- Monsieur le Premier ministre,
- Mesdames, messieurs,
- Dans cette salle, depuis des siècles, se sont déroulés bien des événements historiques. Depuis la deuxième guerre mondiale, il m'est arrivé souvent d'y revenir et toujours pour des circonstances importantes. La première fois, je le rappelais tout à l'heure, c'était il y a quarante-trois ans. La construction de l'Europe, les rencontres internationales débordant du cadre de l'Europe ont le plus souvent trouvé dans ce pays, dans cette ville, dans cette salle, l'occasion de s'exprimer pour rassembler, organiser, prévoir. C'est pourquoi je veux dire mon plaisir d'être ici pour ce 5ème anniversaire d'Eureka.
- Je suis, comme vous tous, très attaché à la construction européenne, particulièrement à celle de la Communauté. Mais où se trouvent les frontières dès lors que la matière à traiter échappe à toute idée de frontière ? C'est le cas de la science, c'est le cas de la technologie, c'est le cas de l'environnement. La liste serait longue. Autant il est nécessaire que des pays, surtout lorsqu'ils doivent accepter des renonciations à leur souveraineté dans des domaines difficiles et importants, s'engagent en tant qu'Etats, autant dans certains domaines l'initiative des Etats mais aussi des particuliers, des associations, des entreprises ne peut s'arrêter à des limitations tout à fait arbitraires.
- C'est ce que j'ai pensé, rencontrant beaucoup d'autres esprits, en 1985 dans la situation qui a été rappelée aussi bien par M. Andriessen d'abord et par M. le Premier ministre Lübbers. Il faut se situer à l'époque, il n'y a pas si longtemps mais les choses vont si vite que l'on pourrait croire qu'entre le début d'Eureka et aujourd'hui, un demi siècle s'est passé. Une grande révolution a commencé depuis lors et autant on pouvait prévoir en 1985 que tous les pays qui, déjà, participaient du même état d'esprit pouvaient s'entendre, autant cela paraissait difficile, sinon même impossible avec une autre Europe dont les critères idéologiques, politiques, économiques et sociaux étaient aussi différents.\
Nous avons donc bâti Eureka pour les pays qui étaient en mesure de l'accepter sans imaginer que si rapidement, quatre ans après, il serait possible de concevoir une organisation pour l'Europe. C'est le point où nous en sommes et que doivent examiner les actuels responsables d'Eureka.
- Nous avons commencé pratiquement avec dix-neuf pays, les douze de la Communauté qui étaient naturellement les voisins, les amis, les partenaires habituels et sept autres pays. Ces six autres pays ont contribué de la même façon, sans se poser de question particulière et ont montré aussitôt une adaptation égale à ceux qui pourtant pratiquaient la solidarité depuis déjà une quinzaine d'années. Vous l'avez rappelé, monsieur le Premier ministre, de grandes entreprises technologiques occupaient l'esprit des Américains notamment, vous avez cité l'initiative de défense stratégique dont j'avais pensé tout de suite qu'elle avait quelque chose d'illusoire.
- Mais malgré tout, c'était très important pour les femmes et les hommes de science. On peut imaginer, en effet, qu'autour de la planète, il y ait une série de relais qui sachent tout et voient tout ce qui se passe. Et puisque c'était d'Amérique que partait cette initiative et qu'aussitôt on pouvait imaginer que beaucoup de brillants esprits auraient hâte de s'y joindre, cela fut pour nous un détonateur.
- Vous avez eu raison, monsieur le Premier ministre, tout à l'heure de célébrer l'innovation et moi je suis très partisan de l'initiative qui vient d'un peu partout, on ne peut pas régler cela par les moyens de la bureaucratie. Au moins pouvait-on faire l'effort et on l'a fait. Il est en train de réussir, de rassembler les intelligences, les moyens financiers, de relier les laboratoires, de se lancer dans l'étude des plus fines et des plus hautes technologies.
- L'exemple de la France, qui est celui que je connais m'avait démontré qu'il était vraiment nécessaire d'aller vite et c'est pourquoi dès ces années nous avons considérablement accru les moyens de la recherche française tout en sachant fort bien quelles étaient nos limites et qu'il convenait de les associer à celles des pays qui désireraient en faire autant.
- Les principes ont été rappelés. Il s'agit des entreprises, ces entreprises qui se consacrent à des recherches dites de pointe, de technologie de pointe, c'est-à-dire les meilleures, les plus audacieuses. Ces entreprises sont libres de faire ce qu'elles veulent mais lorsqu'elles décident de s'entendre pour tenter d'aller encore un peu plus loin dans la connaissance de la matière, elles ont parfois besoin d'une aide initiale, au moins que quelqu'un donne l'élan, qu'il soit possible de trouver des relais. Les mises de fonds des Etats ont été relativement modestes pour créer l'instrument initial à partir duquel de multiples entreprises ont commencé de s'associer. Comment a-t-on commencé en 1985 ? Comme tout commence : tout commence par la foi, la conviction de quelques-uns et le scepticisme général.
- Vous connaissez une autre façon de faire ? L'essentiel est d'arriver à traverser la zone d'ombre pour parvenir à la compréhension, à la lumière. Cela ne se produit pas toujours, que de projets mort-nés même s'ils étaient tout à fait nécessaires mais voilà cela n'a pas suivi ! D'autres réussissent, c'est cela la vie, Eureka représente sans aucun doute pour moi l'une des plus sûres réussites de l'Europe.\
C'est votre pays, madame, majesté, qui actuellement préside aux destinées d'Eureka. Les résultats étaient déjà sérieux quand vous en avez assumé la charge, ils se sont accrus au point d'apparaître comme de grands résultats.
- Je tiens à rendre hommage au pays hôte qui va bientôt quitter la présidence d'Eureka pour assurer celle de la Communauté. Je veux également saluer la présence de M. Koivisto, Président de la République de Finlande puisque c'est la Finlande qui prendra le relais.
- Je ne peux résister au désir de vous dire à quel point Eureka me tient à coeur.
- J'ai cité quelques raisons mais ce n'est pas spécialement l'instinct paternel qui s'exprime ! Je crois avoir développé le premier cette idée qui venait d'un peu partout. Je ne réclame pas de droits d'auteurs. Enfin, je suis très attaché à cette charte qui a permis de bâtir un espace européen de l'industrie et de la recherche.
- C'est vraiment un élément essentiel de la construction de l'Europe. Et la présence de toutes ces personnalités en ce jour, à La Haye, en est encore un témoignage.
- J'insiste sur ce point : par ses procédures et par ses critères Eureka constitue un cadre original : les entrepreneurs eux-mêmes échappant à toute autre règle que celle de leur décision. Pour être retenu, il faut qu'un projet soit novateur, il faut que le lien s'établisse entre les laboratoires, les entreprises et les universités. C'est un pari technologique difficile mais il s'agit de produire des services sur le marché mondial, de renforcer le tissu industriel européen, de stimuler la création d'emplois. Je peux dire que grâce à Eureka, notre continent reste à la pointe du développement.
- On me dit qu'il y a maintenant 500 projets nouveaux qui associent près de 2500 entreprises de toutes tailles, des organismes de recherche, des laboratoires, créant près de 25000 collaborations. Des petites et des moyennes entreprises y jouent un rôle actif. Tout cela va dans le sens souhaité il y a cinq ans.\
Dès 1985, les projets Eureka ont concerné des domaines très compétitifs. Ainsi le projet Famos qui prépare l'usine du futur en automatisant le montage de pièces dans certaines chaînes de production. Le programme Eurolaser qui améliorera les performances des lasers utilisés à la fois dans l'industrie et en médecine. Le projet Eurofar cherche à développer un avion à rotor basculant qui serait susceptible de bouleverser le marché du transport aérien. Un autre projet intitulé Halios fait que les industriels européens amélioreront l'équipement et les nouvelles technologies destinés aux navires de pêche pour augmenter leur rentabilité et leur sécurité.
- Je pourrais multiplier les exemples, rappeler que l'industrie européenne des composants électroniques est devenue très active grâce au programme Jessi. Il y aura bientôt pour l'Europe une télévision à haute définition.
- Tout cela fait que le label Eureka est devenu une distinction industrielle très recherchée. Voyez la multiplicité des directions prises. Il n'y a rien d'interdit pour l'esprit humain surtout lorsque sa connaissance scientifique lui permet de maîtriser toutes les techniques.
- Vous avez parlé de l'environnement, c'est pourquoi j'éviterai de m'y attarder. Environnement qui préoccupe les autorités néerlandaises particulièrement si j'en juge par un autre rendez-vous que nous avions dans la même ville il y a peu de temps et qui nous a permis de lancer un appel au monde entier pour protéger l'environnement.\
Alors huit pays ont successivement assuré la présidence d'Eureka - l'Allemagne fédérale, le Royaume-Uni, la Suède, l'Espagne, le Danemark, l'Autriche, les Pays-Bas - et chacun a fait avancer ce qui pourrait bien apparaître comme un lourd instrument mais qui reste agile, efficace. Je suis sûr que ce flambeau - si on veut prendre cette image un peu audacieuse par rapport à celle que j'évoquais un peu plus haut - sera dans de bonnes mains lorsque ce seront les mains du Président Koivisto.
- Eureka doit encore progresser. Grâce à la présidence néerlandaise et aux experts réunis autour de M. Dekker, nous disposons de nouvelles pistes de réflexion et de recommandations très intéressantes, avec de nouveaux grands projets dans les domaines de l'informatique, l'automobile, les usines du futur ou le traitement des déchets.
- N'oublions pas non plus l'application à certaines industries dont on sait l'importance : je pense à la médecine. Grâce à ce qui a été fait, on sera en mesure avec le développement d'ordinateurs plus avancés d'affiner les diagnostics vis-à-vis de troubles aussi graves que l'hépatite virale par exemple ou de certaines maladies sexuellement transmissibles.
- Songez aux industries de la langue. Grâce à cette industrie, la France dépassera les barrières qui la séparent et ces barrières linguistiques sont parmi les plus difficiles à franchir. Tout instrument comme une machine à traduire sera le bienvenu. On y travaille.
- Les constructeurs automobiles européens déjà associés autour du projet Prometheus vont continuer à travailler ensemble. Arrêtons-là. Chacun des orateurs pourrait compléter cette liste.\
Que les pays attachés à Eureka et qui y participent sachent bien qu'ils doivent poursuivre et approfondir leur oeuvre. Nous ne sommes qu'au début de notre chemin. Lorsque la France aura de nouveau à assurer la présidence, je puis vous assurer qu'elle le fera avec la même détermination que celle que l'on observe aujourd'hui alors que nous nous trouvons aux Pays-Bas.
- Non seulement je m'adresse ici aux pays qui sont déjà membres d'Eureka mais je pense aussi que va venir très bientôt le jour où les autres nous rejoindront. Ils ont beaucoup à apporter. Aucune exclusive n'est faite puisque la principale barrière, celle du mur, réelle ou idéologique a disparu. Eh bien, que tous viennent en se soumettant bien entendu aux règles déjà admises. Qu'ils viennent nous apporter leur façon de voir, leur technique. Que les entreprises soient choisies par leur talent en établissant des contrats qui réuniront d'une capitale à l'autre, ce qu'on appelle le continent européen.
- Voilà, c'est ce que j'attends de la prochaine étape. 1991, c'est cette année. 1995 et 1996 ce sera le prochain bail. Combien de pays d'Europe se rassembleront dans le pays d'accueil ce jour-là ? Je n'en sais rien. Je veux simplement leur dire : il n'y a d'interdit pour personne. L'intelligence et la culture avec la production en Europe seront capables de démontrer que sur cette terre, on peut bâtir l'universel, y contribuer suffisamment pour que les femmes et les hommes qui y vivent se sentent fiers d'eux.\